tag:blogger.com,1999:blog-64026603982540744752024-03-05T05:44:42.458+00:00Le goût des archives : vieux papiers, vitriol et rose bonbonUn blog d'historienne...la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.comBlogger207125tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-30112077180156997702013-12-17T17:41:00.001+00:002014-12-05T20:57:40.525+00:00"Parents, je vous hais". "Parents, vous êtes en train de détruire votre enfant. Pour cela, je vous hais". Ces mots, j'aimerais pouvoir les dire, les hurler. Les crier comme on crie en cas de danger imminent. <br />
<br />
Il faudrait parfois, que je les dise, ces mots. Mais ce n'est pas une chose à faire. Toute vérité n'est pas bonne à dire, me répétait-on, quand j'étais enfant. La violence est mauvaise, ne cesse-t-on d'expliquer à nos élèves. Alors je ne vais pas montrer le mauvais exemple, même exténuée et à bout de forces, à bout de nerfs. C'est ici que j'explose, sur un blog que les intéressés ne liront jamais.<br />
<br />
De toute façon ce serait inutile. <br />
<br />
J'ai croisé des parents ce soir, dans les couloirs. La journée n'a pas été facile. Juste 8 heures de travail, dont cinq heures de cours, et deux particulièrement, de lutte, contre des élèves. Deux heures en tout cas à rôder dans la classe, à ne rien laisser passer pour éviter que ça ne dérape. Il faut avoir enseigné devant des classes difficiles pour imaginer combien une seule heure peut épuiser, nerveusement, moralement. Durant la cinquième heure, un élève m'a fait un doigt d'honneur. Je suis fatiguée à l'avance de devoir réagir, porter plainte. Mais je ne peux laisser passer, même si je n'ai plus l'énergie pour réagir, en tout cas, pas ce soir. <br />
<br />
J'ai donc vu des parents ce soir, quantités de parents, même. Les premiers, je les ai salués. Puis, après en avoir vu deux en particulier, épuisée, je suis passée, sans rien dire, visage fermé. D'habitude , malgré ma fatigue et mon état, à tous ces parents, j'aurais au moins adressé un "bonsoir". Mais pas ce soir. Rien n'est bon ce soir. N'étant pas professeur principal, je n'étais pas chargée de remettre en main propre les bulletins, comme cela se fait dans ma ZEP (pardon, je ne suis plus à la page, aujourd'hui on dit RRS. Ça ne change rien, juste le nom, mais notre époque aime ça, les changements de noms. À défaut de changer la réalité, on en change l'image. Hypocrisie contemporaine). Donc, j'ai croisé des parents et je n'étais pas censée leur parler.<br />
<br />
J'ai juste vu deux parents que je n'aurais donc pas dû voir, au sens où cela n'était pas prévu et où cela aurait été préférable. Ça me fait penser que je ne les ai pas vus pour la rencontre parents-professeurs. Pourquoi, je n'en sais rien.<br />
<br />
Je les ai vus, car j'aime profiter des occasions, pour dire un mot aux parents des élèves qui sont sur la mauvaise pente. Quand je peux appeler, j'appelle. Si je les vois, je les retiens le temps de leur dire un mot. En général, cela se passe très bien, les parents comprennent. Et dans les jours qui suivent, leur enfant se reprend, un peu. <br />
<br />
Ceux-là, il aurait mieux valu que je ne les vois pas. Ce soir, j'ai envie de hurler "parents, je vous hais!". Oh pas tous les parents. Il y en a beaucoup de formidables, des quantités qui réussissent très bien à éduquer leur enfant et en font des créatures merveilleuses. Il y en a beaucoup aussi qui luttent, même si leur enfant n'est pas facile. Il y en a à qui je ne jetterais jamais ni la première pierre, ni les suivantes, et pourtant, Zeus sait que leur enfant a déjà mal tourné et peut nous retourner une classe en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je ne leur dirai rien car il ne sert à rien d'accabler des malheureux. <br />
<br />
Parents, je vous hais, je vous hais si...<br />
<br />
Si vous apprenez à votre enfant, qu'aux insultes il faut répondre par l'insulte, aux coups par les coups.<br />
<br />
Si vous apprenez à votre enfant que ce n'est pas de sa faute, mais ce sont les autres qui ont commencé, qui, déjà, ne se conduisent pas bien. <br />
<br />
Si vous accablez ceux qui tentent, contre vents et marrée, de faire grandir votre fils, de l'élever vers des savoirs nouveaux, vers des horizons insoupçonnés. Si vous accablez les enseignants, qui font ce qu'ils peuvent, pauvres humains qu'ils ont le tort d'être.<br />
<br />
Si vous justifiez l'incurie de votre enfant par la soi-disant peur qu'il soit maltraité, parce qu'il sera le boloss.<br />
<br />
Vous vous trompez. Vous trompez votre enfant. Vous le détruisez et vous détruisez notre travail, à nous enseignants. Ce soir vous me détruisez moralement. <br />
<br />
Tout ce que l'on peut faire pour votre enfant, vous le retournez contre nous. On décrocherait la lune pour vous et votre précieuse progéniture (qui insulte, qui fréquente volontairement les pires, qui ne fait rien de la sainte journée), vous trouveriez moyen de la juger décevante, la lune, pas assez ronde, pas assez brillante.<br />
<br />
Vous m'avez dit ce soir "On a mis notre fils dans une classe de merde". Mais ouvrez les yeux!<br />
<br />
Cette "classe de merde" n'est ce qu'elle est qu'à cause d'enfants comme le vôtre. <br />
<br />
Vous parlez avec le plus grand irrespect de l'ancien principal, devant votre enfant. Mais comment voulez-vous que votre enfant respecte les adultes, dans et hors l'établissement? Viendra le jour où votre fils estimera pouvoir vous insulter, en usant du même libre arbitre que vous croyez pouvoir utiliser. Vous connaissez les règles mais vous estimez en l'espèce ne pas avoir à les respecter. Prenez garde, monsieur, votre fils fera pareil. <br />
<br />
Selon vous, c'est à cause de lui, le principal, que votre fils chéri est dans cette classe et qu'il a ces résultats-là. Bien sûr. Attribuer la responsabilité du bulletin de votre fils à quelqu'un parti depuis six mois. Que ne faut-il pas entendre. Un jour il faudra arrêter de se cacher derrière son petit doigt. Votre fils ne travaille pas parce qu'il a décidé de faire ainsi. Plusieurs travaillent en classe, lui ne fait rien, sauf quand je l'y oblige personnellement. Plusieurs travaillent à la maison. Lui ne fait rien. Ah j'oubliais, ils ne sont pas persécutés par les autres. Je peux l'affirmer, en raison de l'extrême vigilance que nous portons, tous, adultes de l'établissement, à ces situations. <br />
<br />
Vous, Madame, vous m'avez accusée de vous avoir fait attendre un quart d'heure, un soir, il y a deux mois. Mon Dieu. Un quart d'heure. Ce soir-là, pendant vingt minutes, j'ai fait le bras de fer avec des élèves collés pour manquements divers à leurs devoirs d'élève. Je suis sortie cinq minutes trop tard, honte à moi.<br />
<br />
Tout y est passé ce soir. Comment? Il y avait l'éducateur chargé de prévention violence avec moi en classe cet après-midi, pour s'assurer que le contrôle de la classe de votre fils se passerait bien? Mais quelle honte! "Quand j'étais élève, il n'y avait pas ça!" Vous nous reprochez donc de mettre en place des moyens pour que votre fils travaille dans de bonnes conditions? Dites-moi que c'est un cauchemar, que vous n'existez pas, Monsieur. Dites-moi que je vais me réveiller.<br />
<br />
Devant l'absence de travail à la maison, un collègue de maths estime inutile de donner du travail à la maison? Mais quelle honte! "ça prouve que même les profs ont renoncé avec cette classe". Ce qui est faux. <br />
<br />
Merci Monsieur, de mépriser le travail que nous essayons de faire, envers et contre tout dans cette classe. Je devais justement voir le principal pour mettre en place un projet pour cette classe, quelque chose pour les faire réfléchir sur l'importance de la scolarité, sur les règles de vie en société. Merci de mépriser nos efforts. Merci d'achever de nous briser. Parce qu'en agissant comme vous l'avez fait monsieur, en éduquant votre fils comme vous le faites, c'est nous et c'est lui que vous brisez.<br />
<br />
Je n'ai pas de haine pour mes élèves, même les pires. À vrai dire, je n'en ai même pas pour vous. Mais j'en ai pour l'immense stupidité dont vous faites preuve et qui vous aveugle, qui est à l'œuvre et qui détruira votre fils. Il aurait pu être quelqu'un de tellement bien.<br />
<br />
Quelle tristesse.<br />
<br />
Sans l'appui des parents, tout notre travail est vain.<br />
<br />
<br />
<br />la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-13956329789321585922013-08-21T11:06:00.000+01:002013-08-22T08:29:20.267+01:00Quant un enseignant fait exploser le rapport de la cour des comptes "Gérer les enseignants autrement"... <div style="text-align: justify;">
À lire si ce n'est pas déjà fait, cet article d'un collègue - <a href="http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/52-le-fabuleux-rapport-de-la-cour-des-comptes" target="_blank">clic</a> - (celui-là même qui avait si affreusement dupé ses élèves en pourrissant un peu le web...) décortiquant soigneusement un des derniers rapports rendus par la cour des comptes. Pour aller vite, il a refait le travail que la cour aurait dû faire, qu'un journaliste aurait dû faire, qu'un chercheur en sciences de l'éducation aurait dû faire... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Conclusion de ce article (pour vous motiver à le lire, tant il est instructif): </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
"Que peut-on bien conclure ? Il s’agit d’un rapport uniquement à charge contre les enseignants"</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
- l'augmentation des moyens financiers du système éducatif français n'est pas un scandale parce qu'elle aurait été accompagnée de la baisse du nombre d'élèves - ce nombre stable entre 2000 et 2009 a augmenté depuis 2009. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
- cette augmentation "s’explique mécaniquement par la part des pensions de retraite de plus en plus importante dans les dépenses d’éducation"</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
- en valeur relative, la France fait partie des rares pays dont les dépenses publiques d’éducation ont diminué entre 2000 et 2009. La dépense relative de la France n’est donc pas excessive mais simplement moyenne. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
- "pour des résultats scolaires dans la moyenne, la France dépense beaucoup
moins jusqu’à la fin du premier cycle du secondaire que la moyenne des
pays de l’OCDE (...)"</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
- pour des questions (non négligeables) de différence démographiques par rapport à ses voisins, "le système éducatif français, sans briller, est donc économique et plutôt efficace (...) Rien n’est plus faux que d’affirmer que « <i>la France consacre à
l’éducation des moyens comparables, voire supérieurs, à des pays qui
assurent mieux la réussite de leurs élèves</i> » (p. 135)".</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il y a même des vrais morceaux rigolos dans ce rapport : </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
La Cour n’hésite pas à présenter un graphique caricatural (p. 110) qui
souligne en rouge vif l’augmentation du nombre des enseignants et la
baisse du nombre des élèves depuis 1993. Ce graphique montre pourtant à
partir de 2002 une baisse continue du nombre d’enseignants dans le
second degré et même une reprise à la hausse du nombre des élèves à
partir de 2008.</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3VgVYdK5Jf0TwJ1GU0dvUM2ymGt_VyIWEWMYSdILLryXMyuNu3SV4_J-LY6JXmBuw-vd8ZF9qgDgS46AxDNbyPsx-ZtgqaMno8CTNAxNAJcUPKKyLJMiPFg5azRZvLRoVcND8hC0Cpto/s1600/graphique_cours_comptes.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="346" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3VgVYdK5Jf0TwJ1GU0dvUM2ymGt_VyIWEWMYSdILLryXMyuNu3SV4_J-LY6JXmBuw-vd8ZF9qgDgS46AxDNbyPsx-ZtgqaMno8CTNAxNAJcUPKKyLJMiPFg5azRZvLRoVcND8hC0Cpto/s400/graphique_cours_comptes.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je ne sais pas, moi, quitte à être malhonnête jusqu'au bout, j'aurais coupé le graphique pour éviter de montrer l'évolution depuis 2002 que le commentaire écrit ignore superbement... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
"Mais surtout ces chiffres sont grossièrement trompeurs : il s’agit à nouveau de valeurs relatives" puisqu'il s'agit d'un indice basé sur les chiffres de 1993, donnés de ce fait comme valeur de référence... </div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<br />
La Cour omet de le rappeler mais le taux d’encadrement en France est le plus bas de l’OCDE</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
Les élèves sont de plus en plus nombreux à accéder au niveau Terminale et à obtenir le Bac... Des élèves beaucoup plus nombreux
jusqu’au Bac supposent des professeurs plus nombreux dans le second
degré, en particulier avec des filières professionnelles par définition
plus coûteuses en postes (filières nombreuses, classes réduites pour des
raisons matérielles).<br />
[l]e graphique [de la cour des comptes] montre pourtant tout le contraire</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
Peu importe ces chiffres. Les véritables intentions de la Cour des comptes se dévoilent peu à peu : « <i>Une
gestion améliorée des ressources humaines de l’éducation nationale,
dans le contexte fortement dégradé des finances publiques françaises,
est une nécessité</i> » (p. 112). Par « <i>gestion améliorée</i> » il faut comprendre « <i>évolution de la masse salariale</i> » (sic), doux euphémisme pour désigner une « <i>baisse globale des effectifs</i> » (p. 113).</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
Et pour quelle raison la Cour insiste-t-elle sur la rémunération la plus
élevée relevée dans son étude et dont elle donne le décompte précis ?
C’est qu’un montant exceptionnel de 107.339€ pour un professeur de CPGE
(p. 81) est sans doute plus propre à frapper l’imagination qu’une
rémunération de 21.612€ en début de carrière dans le premier degré et
qu’il faut calculer soi-même à partir de l’annexe p. 167.</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
Et enfin, à propos de la rémunération des enseignants<br />
la Cour prend des précautions oratoires et utilise le conditionnel
(qu’elle n’utilise pas à propos de l’évolution des dépenses ou des
performances du système éducatif français) : « <i>Les enseignants français <b>auraient connu</b> une perte
de pouvoir d’achat sur les trois niveaux d’enseignement considérés,
entre -7,0 et -8,3 % depuis 2000, alors que le pouvoir d’achat des
enseignants des autres pays <b>serait</b> en moyenne en hausse, dans l’OCDE, comme dans les pays européens.</i> » (p. 104)</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'analyse continue sur les préconisations de la cour, je vous en laisse prendre connaissance. En ces temps de réception de la feuille d'impôts sur le revenu, je ne suis pas en train de réclamer nécessairement une hausse de ma rémunération. L'étude de l'ensemble des salaires montre d'ailleurs que le problème est général et non particulier ni aux enseignants ni à la fonction publique. Mais cette analyse montre bien un des travers de notre système politique: gouverner d'après les rapports statistiques (auxquels on fait dire ce dont on a envie) en découpant nos vies en morceaux, ici l'éducation nationale, là les hôpitaux publics... sans saisir le problème des dépenses gâchées dans sa globalité. La réforme des universités n'a pas amélioré leur fonctionnement, il n'y a toujours pas assez de crédit pour embaucher ni pour payer les heures supplémentaires faites par les enseignants titulaires (qui n'ont pas le choix) tandis qu'ils perdent un nombre monstrueux d'heures en réunions " de concertation" pour refaire tous les deux ans les "maquettes" c'est-à-dire l'offre de formation... Mais pendant ce temps, dans les labos, on en est encore à l'application du principe "dépensons tous les crédits de fonctionnement sinon l'année prochaine nous en aurons moins"... Découpons, découpons les problèmes, je vous dis... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Bonne lecture! </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-18944700256117978342013-05-23T20:14:00.000+01:002013-08-16T13:31:54.465+01:00"Sale pute!" <div style="text-align: justify;">
Pendant que les lecteurs du Figaro réclament que les professeurs travaillent plus...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
"Sale pute!" </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'insulte a claqué. Jordan a encore fait parler. Les paroles s'envolent, sauf quand elles sont inscrites dans un rapport d'incident. Un de plus. Cette fois, ce n'était pas pour moi. Je l'ai appris bien après, en même temps que la nouvelle de la sanction. 8 jours d'exclusion. 8 jours pendant lesquels nous, les professeurs et quelques poignées d'élèves tranquilles, allons respirer, travailler tranquillement. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
8 jours. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
L'outrage à agent public est un outrage à l'égard d'une personne chargée d'une fonction publique ou dépositaire de l'autorité publique. Il constitue un délit du code pénal français pouvant être puni de 6 mois d'emprisonnement ferme et de 7 500 euros d'amende.</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Jamais appliqué, sauf - peut-être - quand la victime est un magistrat. Alors que dit le code de l'éducation? En cas de violence verbale, le code de l'éducation prévoit une "procédure disciplinaire", ce qui peut désigner aussi bien un, deux, trois jours d'exclusion (ou plus), qu'une exclusion définitive. C'est à la discrétion de la direction. Quand j'avais eu droit au très élégant "Ta mère la p***te" en septembre, l'élève était parti en atelier relai pendant quelques semaines. Il ne fallait pas trop attendre. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J'espérais que Jordan partirait sous d'autres cieux. Je suis fatiguée de le voir harceler un de ses camarades, fatiguée de le voir frapper ses camarades (mais ce n'est qu'un jeu, n'est-ce pas). Oui, j'ai fait mon travail, rapport, rapport, rapport... Mon pouvoir s'arrête là. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et puis j'ai déjà Yilmaz et Bakir sur les bras, sans oublier Doanay. Alors si Jordan se calme pendant l'heure, accepte de se limiter à ses menus travaux de découpage et de coloriage, dans un silence relatif, c'est déjà ça. Je me demandais pourquoi Jordan était beaucoup plus calme depuis une semaine. Presque docile. Aussi improbable que de voir un mamouth en tutu. Maintenant, j'ai compris. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je ne parlerai pas de mon quartette improbable de filles toujours à traîner dans le couloir et à glousser, qui se transforment pour deux d'entre elles, Imen et Fadime, en plantes vertes dès qu'elles ont posé un pied dans ma classe. La troisième, Sara, est plutôt douée par rapport aux autres filles du quartette, mais l'âge bête la frappe de plein fouet et elle a renoncé à tout travail sérieux. C'est une gentille fille au fond, juste infiniment pénible. Dans quelques années, ça ira mieux, si le retard qu'elle est en train de prendre ne la plombe pas pour le lycée. Quant à Tugché, Tugché... elle hésite, suivant tantôt Imen, tantôt Sara quand elle arrête ses bêtises et se met à travailler exceptionnellement dans la dernière demie-heure du contrôle. Mais sans avoir appris, c'est difficile pour les deux, surtout pour Tugché qui est loin d'avoir les capacités - normales - de Sara. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Imen est une énigme. Je me demande si elle est profondément stupide, ou si elle fait semblant. Hélas, je ne crois pas qu'elle fasse semblant. Je ne sais même pas si c'est la stupidité le problème. C'est un mélange d'incapacité complète et d'ego tellement surdimensionné que ça en devient incroyable. Ce matin, elle m'a regardé pendant une bonne minute, la tête hochée, l'oeil en coin, façon coquette qui veut séduire, sans bouger. Quand je lui donne une feuille, elle la prend en se contorsionnant, avec forces minauderies, m'envoie une oeillade et soupire un merci qui ressemble à un miaulement. Mais cela n'a rien à voir avec une stratégie de séduction. Et c'est là que je me dis qu'elle peut être intelligente. Elle joue le rôle de la ravissante idiote, jusqu'à l'outrance. Ça l'occupe. Peut-être que ça détourne l'attention, on ne peut pas la prendre au sérieux. Je me demande quel univers familial a pu donner cette créature. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Son seul défaut majeur est sa totale incapacité à se taire. Fadime, sa grande copine, ne partage pas tout à fait ce travers. Elle est muette comme une carpe la plupart du temps. J'imagine que derrière, il y a des parents qui ne souffriraient pas le moindre mot dans le carnet, alors elle se tient à carreau. En revanche, la famille ne semble pas accorder le moindre intérêt au bulletin de note. Je fais garderie, avec elle aussi. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Filles et garçons, en majorité Turcs ou d'origine turque, ne se parlent pas dans cette classe, à l'exception de deux des sérieux, non Turcs, qui parlent à peu près à tous. Il faut en même temps pouvoir supporter la grossièreté de certains. Dire qu'ils sont mal dégrossis, c'est encore un euphémisme. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le jeu de Yilmaz, Bakir et Doanay en ce moment, ce sont les
bruits de bouche. Bruits d'animaux, bruits de moteur, respirations
fortes façon râles amoureux - j'imagine qu'ils cherchent à me faire
rougir, je suis une femme jeune, je vais sans doute comprendre l'allusion et
m'énerver. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Sinon, ils parlent entre eux, à travers la classe, à mi-voix,
mais cela forme un tapis sonore gênant pour les autres qui tentent de
travailler. Enfin, "les autres". Les quatre autres qui veulent travailler. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Solitude. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Même une heure de contrôle demande une attention de tous les instants. Pas moyen de corriger une copie pendant l'heure. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et ce n'est qu'une heure. Après, arrive ma "bonne" classe de 5e. L'ambiance est pourrie, mais cette classe réunit des élèves "capables de" ou bien réellement sérieux. Et quelques cas lourds, mis ici pour leur donner leur chance, s'ils font des efforts. Il y a la minette agressive jusqu'à l'incorrection complète dès que, lasse de voir que le travail n'est toujours pas fait, je lui demande son carnet. Travail pas fait. C'est monnaie courante dans les autres classes, nettement moins dans celle-ci. C'est tellement courant qu'au lieu de sanctionner de tels manquements, je récompense le travail fait à la maison. Une note de principe, 5 points sur 20, coef 0,5 à qui ouvre son cahier à la maison.<br />
Il y a les bavards pathologiques. Les grandes grues bêbêtes, plus intéressées par leur maquillage et la comparaison de leurs sacs à main que par leur bulletin.<br />
Et heureusement, il y a mon curieux qui me bombarde de questions sur l'église au Moyen Âge. Ce genre d'élève est ma consolation. Il est seulement encore un peu immature, mais la raison lui viendra plus vite qu'à celle avec laquelle il se chamaille fréquemment. Parce qu'Océane est sans doute l'élève la plus vulgaire, la plus insolente et la plus insupportable de toute la classe, voire de toutes mes classes. Egocentrée, couvée par ses parents - qui commencent à s'en mordre les doigts, vu qu'elle ne les traite pas mieux que ses professeurs -, absentéiste dès qu'elle a le moindre bobo, incapable de se taire ni de supporter la moindre contrainte, elle ne cesse de geindre et de contester, me parlant encore moins bien qu'à son chien... Vous voyez Giselle, celles des caprices, racontés par la comtesse de Ségur? Les mêmes causes produisant les mêmes effets, j'ai en face de moi une autre Giselle. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et puis les 5e, ceux de l'autre 5e, qui m'ont tuée. Incontrôlables. Obtenir le silence et leur attention est une gageure. Mais je refuse de les laisser aller. Avec eux, j'ai un retard énorme dans mon programme. Tellement de temps perdu à faire du maintien de l'ordre. Il y en a deux, là-dedans, qui relèvent de l'hôpital psychiatrique. Incontinent de la parole et du geste, de grands mouvements et un débit de parole, réellement ininterrompu. Ils parlent seuls, ou entre eux, tombent à l'occasion de leur chaise à force de remuer, s'insultent ou débitent un chapelet d'ordures. Ce matin, j'ai failli avoir une mini guerre de religion, parce que nous faisons le chapitre sur la chrétienté médiévale, ce qui ne plaisait pas à mes 5e musulmanes, réclamant un cours sur l'islam. Cours qui a déjà eu lieu en début d'année. Un de mes deux ultra-agité, sans doute d'origine croate, a aussitôt enfilé le rôle du chrétien outragé. Bras de fer d'une heure, je les laisse sortir avec des envies de violence. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Puis encore une 6e, pas la pire. Des gamins gentils mais remuants qui ne se rendent pas compte que je n'en peux déjà plus après trois heures. Que je suis tellement fatiguée en trois heures que j'en serais presque à m'effondrer en larmes, juste de fatigue, je veux du silence, plus de cris, plus d'irrespect, plus d'injures, plus d'égo en furie, plus de mépris ni d'indifférence pour le savoir. Où est passée l'humanité... Je ne sais plus. </div>
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<br /></div>
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Pause déjeuner. J'allais oublier le rdv avec les parents d'un élève de 6e passé en commission éducative. Le rdv hebdomadaire. Des parents désespérés, à peu près aussi à bout avec leur rejeton que moi avec mes classes ce midi. Et là, la claque jaillit. On calme la mère, je me tais, je laisse la famille demander des comptes au môme qui en une semaine a accumulé insulte xénophobe, incitation au vol, gifle sur un camarade, exclusions de cours et autres joyeusetés. 12h30, il faut mettre fin à l'entretien. Je dois déjeuner, à 13h20, ça sonnera, il faudra reprendre, encore une 6e, celle dont je suis PP (professeur principal). Celle que je ne peux tenir qu'en jouant le rôle d'une sorcière affreuse. Il faut dire que les filles de cette classe sont redoutables dans le rôle de harpies. Pour un mot de travers, elles sont capables de hurler à pleins poumons et de se battre comme n'oseraient pas les poissonnières des anciennes Halles. Avant les dernières vacances, je ne sais pour quel motif, leurs hurlements ont rempli la cage d'escalier, sur trois étages. Cette semaine, c'est une histoire de liste des beautés et des laiderons de la classe, répandue via Face de bouc qui alimente les pleurs et la furie de mes charmantes petites 6e. Le reste de la classe ne vaut guère mieux, à quelques exceptions près. Mais ils ont quand même réussi à intégrer que ma classe n'est pas leur terrain de jeu, en général. À grand renfort de punitions, de mots dans le carnet, d'appel aux parents voire de convocations, j'ai peu à peu réussi à obtenir une ambiance de travail. Mais mon tas de conjugaison reste souvent posé sur le bureau, bien en évidence. Parfois, je me dis que je dois terroriser les élèves normaux, égarés dans ces classes.<br />
Petite lumière, hier, une petite de cette 6e infernale m'a demandé si, en fin d'heure, elle pouvait venir me réciter sa leçon, qu'elle savait sur le bout des doigts. La même qui n'apprenait pas ses leçons au premier trimestre, pauvre petite perdue dans une famille qui s'est recomposée, un peu perdue mais aimée par une mère et un beau-père aussi attentifs qu'on pourrait l'espérer. Pas si perdue, petit rayon de soleil. </div>
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Cinq heures de cours aujourd'hui. Un résumé d'article à écrire en anglais, une matinée de samedi encore au collège après le mercredi après-midi d'hier consacré aux oraux d'histoire des arts (en 3e), quatre paquets de copies à corriger pour lundi, au moins deux chapitres complets à préparer de toute urgence, plus les questions brèves que j'ai éliminées dans l'après-midi. Ma bonne 5e m'a surprise. Ils connaissent presque tous l'organisation de l'église au Moyen Âge. En revanche, les 4e de ce matin sortiront du collège sans savoir placer Napoléon ni la IIIe République sur une frise, sauf les quatre mêmes. Qu'y puis-je? </div>
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Mais il paraît que je dois travailler plus. Enfin, ce sont les lecteurs du Figaro qui le disent... </div>
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<br />la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-71472068787942849722013-03-20T20:37:00.003+00:002013-03-20T20:37:23.457+00:00Un mercredi ordinaire (l'art d'être utile)<div style="text-align: justify;">
Une matinée ordinaire. </div>
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4 heures de cours. Deux premières à peu près correctes, enfin, une. Durant la deuxième, avec ma 6e faible, nous avons avancé avec la vitesse d'un escargot asmathique. Il s'agissait de décrire deux photos du paysage urbain de Strasbourg. À peine un tiers avait fait le travail à la maison. Bref. </div>
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Récréation de 10 heures, pas le temps de prendre le pause, la course comme d'habitude. J'arrive juste pour cueillir une 5e en pleine explosion. Le mascara a dégouliné sous les larmes. Elle crie, elle éructe, en pleine rage. J'essaie de la raisonner, elle se débat. Les autres tournent autour, curieux de savoir ce qui c'est passé. </div>
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Il faut la calmer, l'isoler d'abord, faire monter les autres. Excédée, je pousse, je hausse le ton, ordonnant à tous de monter sans m'attendre avec la grâce et la douceur de Nicholson dans <i>Full metal jacket</i>. Plus ou moins de bon gré, je réussis à traîner ma bombe vers l'infirmerie, elle n'est pas en état de suivre le cours, seulement d'hurler sa haine "je vais niquer sa mère, sa soeur, sa grand-mère...!" Je crois que toute la famille de l'ennemi(e?) y est passé. Une querelle, une de plus. Avec un peu de chance, demain, elle s'en souviendra à peine et évoquera l'affaire en gloussant de rire. </div>
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Dernière heure. Hélas, Jordan n'a pas eu l'heureuse idée aujourd'hui de s'auto-exclure. Il tente bien dès le couloir une escapade vers la vie scolaire (ou la sortie plutôt) mais quand je lui fais comprendre qu'il ne partira pas sans fiche officielle d'exclusion, ses velléités d'échappée belle s'évanouissent. C'est fou le pouvoir d'un morceau de papier. En attendant, il cherche - comme d'habitude - à changer de place, en vain - comme d'habitude, en s'installant de préférence à côté d'un autre qui n'attend que cela pour se distraire. Évidemment, hors de question pour lui de fournir le moindre travail. Pour cela il faudrait qu'il ait son livre. Mais comme d'habitude... a pas. Même noter la leçon, mais quelle idée! Je refuse de le lâcher, il doit copier la moitié seulement. Je le recolle de près, à la sonnerie, et le contraint à ressortir son agenda pour noter le travail. Sans la moitié du cours ni les questions sur le document, c'est purement symbolique. </div>
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Pendant l'heure Yilmaz n'a pas cessé de parler, pas du cours, non, mais avec Bakir qui a l'énergie d'une moule. Je change Bakir de place (au passage, Yilmaz ne reste pas deux fois à la même place en cours, la notion de plan de classe relevant pour lui de l'arbitraire professoral qui risque de provoquer des contestations sans fin, tout comme l'autorité en général). Les bavardages continuent à travers la classe. Je ne calme Yilmaz qu'en sortant une fiche d'exclusion que je remplis tranquillement. Évidemment, le cours s'arrête pendant ce temps. </div>
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En même temps, entre les deux exclusions définitives, les absents pour absence d'envie, les absents pour voyage scolaire, les non-francophones néo-arrivants pas encore scolarisés en classe, je tente de faire travailler onze élèves sur les vingt de la classe complète. Les ennuis étaient prévisibles avec ce groupe dès le début de l'année, les effectifs ont donc été allégés d'emblée. Par la force des choses, ils ont encore été allégés depuis. A force de collectionner des rapports d'incidents (insultes, refus de respecter le personnel, dégradations, jeux dangereux), l'un est parti sous d'autres cieux, pourrir un autre établissement après un échec en atelier relai. Le deuxième a été éjecté après avoir sorti tout son vocabulaire ordurier sur un collègue. Quand je dis tout, c'est tout. Brassens à côté serait passé pour un petit joueur. </div>
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Onze élèves? Non, je travaille sérieusement avec deux élèves, quatre en en poussant deux autres. </div>
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L'attention des autres est à peu près nulle. Pourtant il est question de l'iPod, produit choisi dans le manuel pour parler de la mondialisation et des échanges de marchandises (programme de géographie). Je parlerais du XVIIIe siècle, je pourrais comprendre. Même pas. </div>
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Je sors à midi en me sentant vraiment utile à l'humanité. En passant, je tombe sur une collègue en train de gérer la dernière connerie de sa dernière classe: un élève a mis de la colle dans l'oeil d'un autre. Parents contactés. Pas disponibles. Pas d'administration, à midi tout est fermé. Heureusement les infirmières sont là. Ambulance. </div>
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Il est 12h15, je referme la grille. Monde de fous. </div>
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<br />la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-90132989296754263592013-03-04T08:00:00.000+00:002013-03-06T15:14:00.302+00:00"Le problème, Madame, c'est juste qu'on est fainéants"<br />
ZEP. J'en ai vu des acronymes à la con. Mais celui-ci est sans doute le plus juste qui soit.<br />
<br />
<b>Car les difficultés des élèves </b>ne tiennent aucunement dans une supposée incapacité intellectuelle.<br />
<br />
Le problème n'est assurément pas simple et les difficultés scolaires d'un enfant n'ont pas toujours les mêmes causes que celles de son copain, même si des histoires semblables les rapprochent.<br />
<br />
Dans ma ZEP, ils ne sont pas vraiment méchants avec les adultes. Enfin, pas en général. Agressifs, régulièrement. Souriants, souvent, aussi. Entre eux, oui, ça cogne, ça insulte, ça reproduit ce que l'on voit à la maison ou dans la rue.<br />
<br />
Avec les adultes, peu de violence physique en tout cas. Quand la soupape ne tient plus, des insultes peuvent voler. Bien plus souvent ce sont des insolences, une grande difficulté à se situer par rapport aux adultes. Là encore, ce n'est jamais simple, ce ne sont pas toujours les mêmes histoires.<br />
<br />
Si violence à l'école il y a - formule rhétorique, car en ZEP, la violence multiforme est quasi permanente - elle n'est que rarement imputable à l'école. N'en déplaise à Debarbieux qui entonne souvent son couplet sur la souffrance des enseignants en échec, on demande seulement à l'école de régler des problèmes qui la dépassent de très loin.<br />
<br />
<b>On enferme à l'école</b> des mômes blessés dans leurs propres familles, qui traînent à 11 ou 13 ans déjà des casseroles ahurissantes, et on en attend des solutions magiques en s'étonnant quand sortent des écoles des éclats de voix ou des coups. De qui se moque-t-on?<br />
<br />
Ils ne sont pas bêtes mes élèves, oh que non! Enseigner est un plaisir, avec eux comme avec mes étudiants de l'année dernière. De vous à moi, cela m'étonne et me ravit. Je craignais l'ennui, le désespoir face à leur orthographe chavirante.<br />
<br />
En même temps, rien ne ressemble plus à un élève qui ne sait rien qu'un autre élève qui ne sait rien. Tous les deux peuvent placer Louis XIV au XIVe siècle sans même voir où est le problème. Que le premier élève ait 18 ans ou le second 11 ne change rien à l'affaire. Ce qui est intéressant, quelque soit le niveau, c'est d'amener un élève d'un point A à un point B. Apprendre à faire à coup sûr une dissertation impeccable ou apprendre à placer l'Antiquité au bon endroit sur une frise chronologique, peu importe.<br />
<br />
L'avantage, c'est que ça m'a obligé à me replonger un peu dans les grandes étapes de la préhistoire --- que je n'ai jamais étudié, sauf vite fait pour l'oral de l'agrég au cas où je tomberais dessus lors de l'épreuve de culture générale. Tout ça pour disserter finalement sur tout autre chose, du genre "Des Afro-américains aux Africains-Américains au XXe siècle". Avoir de la chance ou ne pas en avoir, telle est la question.<br />
<br />
Le problème des élèves en ZEP n'est évidemment pas leur capacité intellectuelle. Ils sont vifs - très... groumph -, curieux, d'assez bonne composition, au moins jusqu'en 4e. À cet âge-là, hélas, la plupart des élèves se transforme en adolescent ou timide jusqu'à la pathologie ou casse-c****lle puissance mille. Ils sont souvent surprenants, autant que fainéants.<br />
<br />
<b>Ah! Leur fainéantise. Fainéants, nous le sommes tous.</b> Et assurément, nous le serions comme eux, si nous pouvions ne rien faire sans en payer le prix. J'ai mis face à leur incurie certains de mes élèves. Je leur ai donné à passer deux fois le même devoir, avec entre deux, une correction, sachant que je privilégie l'apprentissage des leçons, sans lesquelles on ne peut rien en histoire. Et aussi parce que nombre d'élèves ne comprennent simplement pas jusqu'aux textes les plus simples et sont incapables de formuler une phrase simple (sujet, verbe, complément, majuscule et point) en 5e. Leur donner des questions sur un texte, leur donner une image à décrire, c'est les plomber. C'est tout sauf mon but. D'abord leur donner confiance.<br />
La deuxième fois, ils avaient appris la correction - c'est-à-dire le cours qui n'avait pas été appris la première fois. Moyenne de la classe quadruplée. Aux devoirs suivants, les leçons n'étaient pas plus apprises qu'au premier. Et ce n'est pas faute de les obliger à apprendre un tout petit peu chaque jour. Trois élèves dans la classe se sont mis au travail. Les autres m'ont dit avec un grand sourire "Le problème, Madame, c'est juste qu'on est fainéants"'. <br />
<br />
<b>On ne fait boire un âne qui n'a pas soif </b>- et Dieu sait que les ânes sont intelligents. On ne peut instruire un élève qui n'est pas soutenu ou qui ne va pas bien. Si l'école n'est pas valorisée ou si les échecs ont été accumulés depuis longtemps, si faire des efforts n'est pas systématiquement valorisé, si l'école fait peur parce qu'elle peut donner la réussite mais que les parents y ont échoué... <br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Ironie, mon chef m'a mis en garde contre la tentation de vouloir les sauver, oeuvre vouée à l'échec. Je les aime bien, mes élèves, mais là où il se trompe, c'est que je ne veux pas les sauver parce qu'on ne sauve jamais les gens malgré eux. Ça, je l'ai appris de mes années d'enseignement à l'université après avoir essayé moults stratégies. <br />
<br />
Pourtant c'est le même qui m'explique que nos pires trublions sont mieux au collège que dans la rue, aussi il faut les garder coûte que coûte. Le moins de conseils de disciplines que possible. Quitte à sacrifier les autres.<br />
<br />
Ainsi l'école s'enfonce à vouloir ou devoir régler des problèmes qui la dépasse. Je ne suis pas là pour les sauver, mais pour leur tendre la main. À eux de la saisir. Sauf que ce n'est pas simple. <br />
<br />
<b>Si l'école est un devoir,</b> comment peut-elle être une chance? Elle est contrainte ou chance, pas les deux à la fois. À contraindre tous les adolescents à rester assis jusqu'à 16 ans ou à tout le moins, à ingurgiter des savoirs de gré ou de force, on ne peut que dégoûter nombre d'entre eux. Et le "plaisir" à l'école comme solution miracle est illusoire, car il est conséquence et non préalable, comme l'artisan a le plaisir de la belle ouvrage, après avoir bien peiné au travail. Plaisir d'autant plus grand que la peine a été grande. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.<br />
<br />
Mais tous ne sont pas faits pour emprunter les mêmes chemins et il faut laisser toujours une porte ouverte. Aujourd'hui, toute issue est condamnée jusqu'à 16 ans, à l'exception de filières type SEGPA pour les élèves ayant de très importants problèmes d'apprentissage ou de quelques filières de pré-professionnalisation à partir de la 4e ou de la 3e. <br />
<br />
Leur faire comprendre qu'il faut peiner pour acquérir, mais qu'il n'y a pas qu'une seule voie, une seule manière... Et c'est le contraire que l'on fait. Comment s'étonner? <br />
<br />
<br /></div>
la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-88089799853814701632013-02-25T08:00:00.000+00:002014-12-06T10:41:20.295+00:00Bienvenue en ZEP!<div style="text-align: justify;">
Bienvenue en ZEP!<br />
<br />
En entendant ces mots, je suis restée une seconde sous le coup de la surprise. Ce n'est pas tant le contenu de la formule qui me laisse pantoise que les circonstances.<br />
<br />
Cela fait plusieurs mois que j'y suis maintenant, en "ZEP". Je suis dans le bureau de la CPE, la conseillère principale d'éducation. Un bureau que j'aimerais fréquenter un peu moins. Non que la maîtresse des lieux soit désagréable. Elle parle beaucoup, elle bondit, exige, crie à l'occasion. Toujours en mouvement. Le calme, ce n'est pas son truc. Reste à savoir si c'est par nature ou par nécessité. Une déformation liée au métier ou une personnalité exubérante. Parler, parler, parler, avec les élèves - dénouer les conflits, obtenir des excuses, exercice terriblement formel, faire réfléchir, enfin essayer. Appeler les parents, </div>
<div style="text-align: justify;">
"Oui, je sais, votre fils dort, il est 10h du matin, oui mais non, vous me l'amenez tout de suite! </div>
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- ...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Si, Madame! Tout de suite! </div>
<div style="text-align: justify;">
- ...</div>
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- Non, pas à 13h30! Il avait cours à 8h! Et nous le garderons ce soir jusqu'à 17h30, en pénalité pour son retard de ce matin!" </div>
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Imaginez au bout de vagues protestations d'un père ou d'une mère qui ne sait plus ou n'a jamais su qu'il avait autorité sur son rejeton. </div>
<div style="text-align: justify;">
"Vous me l'amenez ou bien je vais le chercher!"</div>
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En général, les parents cèdent. Ils ne sont pas habitués à ce ton - sauf peut-être de la part de Mme N.<br />
<br />
Ne jamais être surpris de rien en ZEP. Même pas des quelques parents qui n'imaginent pas qu'ils peuvent --- non, qu'ils doivent --- éduquer leurs enfants. Leur préparer des repas chauds et à heure fixe. Un foyer. Des règles de vie. Un coin à soi pour travailler au calme et ne pas leur offrir seulement comme espace de travail le tapis du salon où braille en permanence la télé. Un peu de confiance mais pas trop non plus. Préserver leur enfance. Est-ce le manque de modèle parentaux que ces adultes reproduisent? Dans mon quartier, enfin, celui de mon bahut, être mère c'est avoir un statut. On échappe à la mauvaise réputation, parce qu'une maman, c'est respectable. Alors on est mère très tôt. D'un enfant, de deux, de trois... </div>
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<br /></div>
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À hauteur de professeur, la première misère des quartiers populaires n'est pas économique. Les enfants que l'on voit ne manquent pas nécessairement d'argent. Les parents ne sont pas riches, mais il n'est pas rare d'entendre qu'ils se saignent aux quatre veines pour que leurs enfants aient des week-ends, de petits cadeaux, un téléphone dernier cri... pas comme eux, à leur âge, qui n'ont rien eu de tout cela. Il y a la mère d'origine arabe qui travaille pour que sa fille ait tous ces petits plaisirs qu'elle n'a pas eu. Qui panique de la moindre histoire où sa fille serait impliquée et en même temps la piste dans le bus. Comment lui faire comprendre que cet argent n'est pas nécessaire, qu'elle ne corrigera pas sa propre enfance en pourrissant sa fille de gadgets? Que cette petite fille a bien plus besoin d'un peu de temps pour qu'on suive son travail et en même temps un petit peu de confiance pour la responsabiliser? </div>
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<br /></div>
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Dans l'échelle du pire, il y a l'enfant qui n'aurait pas dû être là. Celui-ci, bien des années après, n'a pas de chambre à lui - il était si fragile, on craignait que... Le père, au chômage depuis vingt ans, désespéré et dépressif, qui se torture à ressasser ses malheurs et qui, en les ressassant, entraîne sans le vouloir ses enfants dans la spirale de l'échec. Il parle comme on se confesse, le regard baissé et toute sa souffrance au bord des lèvres. La "maladie" de la mère, ce petit qui n'était pas attendu, qui 11 ans après n'a toujours pas de place au foyer, mais ce n'est pas qu'on ne l'aime pas, vous comprenez, c'est qu'on ne peut pas faire plus, l'appartement est si petit et l'aîné n'est pas gentil avec lui, vous comprenez... Mais bientôt le grand va partir, bientôt cela ira mieux. Hélas, parfois, bientôt c'est trop tard, aussi. Pauvre môme qui n'a même pas un coin à lui, un étranger dans sa famille,
que l'on rudoie parce qu'il laisse ses affaires traîner partout. Le
comble. </div>
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<br /></div>
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Il y a ceux qui, voyant de loin leur fils ouvrir ses cahiers pendant une demie-heure, se convainquent que les devoirs sont faits. Ou qu'ils sont faits dans la chambre, leur fils y reste d'ailleurs consciencieusement le soir. Ils oublient juste que dans la chambre, il y a une télé, offerte pour le récompenser de ses efforts à l'école. Enfin, pour l'encourager à travailler, parce que ce n'est pas un foudre de guerre. Il y a cette mère qui élève ses fils comme si elle était seule, capable de me dire
calmement "à la maison, j'ai trois enfants, mon mari et mes deux fils.
Aucun ne sait résister aux tentations". À bout de force, après des mois d'alerte et de négociation avec son mari, elle réussit à le convaincre qu'il faut envoyer le fils en pensionnat, parce qu'à la maison, ce n'est plus possible. </div>
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Et puis il y a les parents courage. Des mères isolées qui s'épuisent au travail, peu ou pas qualifiées, mal rémunérées, jusqu'à pas d'heure. ll y a celle qui tient aussi strictement que possible des fils remuants. Un coup de fil ou un entretien transforme son numéro 3, joyeux drille, en clown triste. Le clown se tient un mois puis glisse à nouveau en douceur sur la mauvaise pente. Avec cette mère, la première conversation avait commencé comme une attaque en règle contre moi, la prof, qui ne comprenait pas ce que c'était que d'avoir des enfants, la preuve, je donnais des rendez-vous le samedi. Comment lui dire?... Menue à en être maigre, elle élève trois fils, ses fils pour de vrai cette fois, en serrant la vis par crainte des bêtises --- elle sait par expérience que les bougres ont de la ressource en la matière --- et en s'épuisant à son travail d'aide soignante. Il faut compatir, prêcher et espérer que le prêche sera utile.<br />
<br />
Et si ce n'est pas devant un père ou une mère, dépassés et pas toujours francophones, alors on prêche devant le grand frère ou la grande soeur - celle-là, la seule de la famille à "s'en être tiré" qui aimerait bien aller faire son BTS à 60 bornes de là. Mais le père n'aime pas l'idée que sa fille aille étudier seule à 18 ans. C'est la même qui évoque avec la CPE ce que sont devenus les anciens du collège, de quoi faire l'inventaire de tous les dealers de la ville... D'accord, cette grande soeur, ce grand frère ne sont pas les responsables légaux mais puisque l'on n'a pas le choix... </div>
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Cette autre mère encore, très jeune, on devine une adolescence compliquée qu'elle n'arrive pas à quitter, un compagnon en prison et déchu de ses droits. Une petite fille, sa petite fille, qui part en vrille, teste les adultes, cherche le conflit. </div>
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<br />
Il y a la mère pleine de gentillesse mais qui ne sait pas trop y faire avec l'ordinateur, alors c'est Facebook et les querelles de filles dans le quartier, et jusque dans le collège. Les défis et les bêtises à 11 ans. Et comme maman ne sait rien, on s'en moque, on lui parle comme si elle, la mère, était la petite fille. Mais c'est la petite fille de 11 ans qui pleure encore la nuit en faisant des cauchemars, depuis que son papa est parti de la maison.<br />
<br />
Souvent il faut faire ses devoirs seul à la maison, car quand la mère rentre, il est tard, c'est presque l'heure d'aller au lit. J'en vois qui diront encore qu'il est anormal qu'une mère travaille. S'ils ont une solution pour faire face à l'abandon par le père, je suis sûre que ces mères seront preneuses. Messieurs les pharisiens, laissez là vos pierres et passez donc votre chemin.<br />
<br />
Faire ses devoirs seul, ou ne pas les faire. J'ai --- entre cent autres --- un marmot comme cela dans une de mes classes. Il fait ses devoirs seul. Une discussion avec la mère m'a fait comprendre qu'elle a une très mauvaise image de l'école. "Il ne faut pas qu'il y passe trop de temps", m'a-t-elle répondu quand j'insistais pour que Jérémie soit inscrit à l'aide aux devoirs, histoire de ne pas le laisser seul à la maison. Pauvre petiot qui empeste le tabac, tout autant que ses cahiers, mais qui s'accroche, plus ou moins bien selon les jours.</div>
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<br />
Dans les quartiers pauvres, contrairement à ce qu'agitent le Front national ou l'UMP, ceux qu'on voit le plus, ce sont les parents qui s'épuisent au travail, légal ou pas légal. Leur obsession, garder leur travail, quitte à y laisser leur santé.<br />
<br />
C'est un maçon qui prend des chantiers dans toute la région, part à 6h et rentre à 19h, un maçon qui n'a plus de tendons aux mains à force d'accidents. Qui a franchi les frontières, il y a quelques années, en clandestin sans doute, qui a sans doute aussi tout connu de la guerre de l'ex-Yougoslavie et de la misère. Il parle tout juste français. Il est sans doute illettré, ce qui a permis à son fils de le rouler dans la farine et dans les grandes largeurs... quoi de mieux que de profiter de l'ignorance de son père pour lui faire écrire des mots qu'il ne comprenait pas?<br />
<br />
La mère, on ne la voit pas. Il paraît que les instituteurs l'ont vue, il y a quelques années. Depuis, elle s'est radicalisée et ne sort plus de chez elle seule ni sans se couvrir de longs voiles noirs, les mains gantées. C'est à peine si on apperçoit les yeux. Un jour, exceptionnel, le principal a réussi à la faire venir jusque dans son bureau, lors d'une énième bêtise du fils.<br />
<br />
À la maison, le père n'a pas l'habitude de prendre de gants, lui, une semaine d'exclusion à la maison, et le fils n'a durant ces sept jours qu'un repas par jour, mais la dose de coups de ceinture. Ce père oublie trop souvent que son enfant est encore trop jeune pour faire seul la différence entre justice et loi du plus fort, trop jeune pour entendre un certain vocabulaire. Ce fils qui reproduit probablement ce qu'il voit de son père. Qui sait que les menaces de son père --- le renvoyer "là-bas" --- resteront en l'air. Cela donne une petite crapule musclée qui joue les gros bras pour le premier qui a insulté le Coran ou un copain. Et qui mate à la récréation, avec ses copains, les derniers pornos sur son téléphone. À 11 ans, c'est un peu tôt, pourtant. <br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Le plus consternant, ce sont les
parents qui sur réagissent quand des enseignants les appellent, parce qu'entendre
parler de leur enfant est une honte. Mais sauf si nous allons au devant d'eux, le
carnet n'est pas signé, les devoirs ne sont pas vérifiés. Un enfant
ne doit pas faire parler de lui. Ils s'en occupent donc peu, sauf quand l'honneur de la famille est atteint. Et même pas pour une histoire d'allumettes. L'honneur atteint, ça commence avec un coup de fil du collège. Hélas, ces enfants-là sont les mêmes
qui feraient n'importe quoi pour attirer l'attention de leurs parents.
Et ils le font. C'est alors un combat muet qui s'engage, à qui détestera
l'autre le plus fort. Les regards, les échanges non verbaux crient la violence : "Tu me fais honte!" hurlent les uns. "Tu ne me regardes pas!" répondent les autres. <br />
<br />
Pour d'autres, le collège est une sorte de garderie, la garderie de l'honneur de leur fille, celui aux allumettes, cette fois. Peu importe les résultats, son attitude en classe, il faut surtout qu'elle ne traîne pas dans le quartier et rentre à l'heure. Au bout, un mariage, une vie au foyer, peut-être en France, peut-être ailleurs. L'origine des parents joue bien peu, en dehors de la maîtrise de la langue pour les enfants. J'en ai connu des parents comme ça qui étaient on ne peut plus "Français". Bien des histoires évoquées ici pourraient être des morceaux de la mienne, à quelques détails près, quelques détails clé.<br />
<br />
Suspicion de violences, mais comment faire? Des signalements au procureur? Il y en a tant. Et puis, sans preuve... Et tellement d'affaires classées sans suite. À quoi bon? Juste des paroles, des allusions. L'arme? Des claques, des coups de ceinture. Voire de marteau.<br />
<br />
Parents frappés, épuisés, enfants blessés et pour longtemps. <br />
<br />
Alors pour un rien, et on se fait appeler "Maman" par ces mômes --- et je ne parle pas des petits 6e --- sans que l'on sache vraiment si c'est un acte sincère ou une petite manipulation de la part de gosses déjà rompus aux astuces de tout genre, pour obtenir ce qu'ils veulent. Même si la seule seule chose nécessaire, un cadre stable et affectueux, ne leur sera jamais donné. Ce qu'ils ont vécu n'excuse certainement pas tout. Mais comment leur en vouloir? Il y a un grincheux qui me dit que je suis victime du syndrome de Stockholm. Peut-être bien. Pauvres mômes quand même.<br />
<br />
Ce qui est sûr, c'est que la misère n'a pas le visage qu'on lui imagine tant qu'on ne l'a pas croisée. Et cette misère-là n'est pas économique.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Pour tous ceux-là, le quartier, c'est leur famille. La rue est plus chaleureuse que l'appartement familial. Le collège, leur repaire, où ils pensent trouver de quoi compenser dans leur tête et dans leur coeur le manque de repères.<br />
<br />
L'école, lieu de perdition. Ou lieu de survie. Pas comme à la maison où on fait ses punitions pour agitation en classe ou bavardage, par terre, devant la télé des parents. Ou alors on supplie les adultes du collège de les laisser rester là, plutôt que de rentrer à la maison. Et surtout on joue les caïds, pour cacher ses blessures ou parce qu'être un loup pour les autres est le penchant naturel de l'homme.<br />
<br />
Tout cela en entraînant dans sa chute le petit frère ou la petite soeur, qui ne va pas nous faire la honte de devenir un intello. <br />
<br />
Car, eux, ils sont durs, ils sont malins, pas des boloss. Ils ne sont pas comme ces petits mignons qui transpirent l'amour et la gentillesse, l'envie de réussir à l'école, de faire plaisir aux parents et aux professeurs. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Spirale infernale. </div>
<br />
<br />la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-23573897548063662522013-02-24T08:00:00.000+00:002013-02-24T08:00:02.504+00:00Le dernier exploit de la FCPE face aux vilains méchants profs<div style="text-align: justify;">
Le gouvernement veut expérimenter la possibilité de laisser aux parents
le choix de la décision d’orientation en fin de 3ème. </div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
« L’objectif est
de promouvoir une orientation choisie et non subie en fin de 3ème et de
mieux reconnaître la place des parents dans les processus d’orientation
»</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Le choix de la voie d’orientation </div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
« donnera lieu à un dialogue
renforcé avec l’équipe pédagogique afin d’accompagner au mieux l’élève
et sa famille dans son choix… Ce dialogue se poursuivra jusqu’à
l’entretien avec le chef d’établissement lorsque la proposition du
conseil de classe diffère du choix de la famille. Mais le choix final
reviendra à la famille »</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Cette possibilité sera expérimentée dès la
rentrée 2013 « dans différents territoires ».</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'article complet <a href="http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2013/02/22022013Article634971123189873056.aspx" target="_blank">ici</a> sur le site du café pédagogique. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Une collègue a des élèves de ce profil-là, envoyés en seconde et première pro, qui se plaignent haut et fort
d'être là contraints et forcés, alors qu'ils voulaient aller en
"général". On les a donc méchamment obligés à venir dans une section
pleine d'avenir sur le plan professionnel et bien payée qui plus est.</div>
<div style="text-align: justify;">
Bien sûr, ils ont traversé le collègue à 10 ou moins de moyenne (notes de vies scolaire incluse) mais si <i>on</i> les avait laissés aller en 2nde générale "ils auraient travaillé". Peu
importe qu'ils ne l'aient pas fait pendant 4 ans de collèges, qu'ils
aient une écriture d’illettrés, fassent en moyenne 3 fautes par mot,
n'aient aucune idée de la syntaxe et assimilent Hitler à "un gars de
l'ancien temps qui n'aimait que les blonds et tuait les autres".<br />
<br />
Dieu merci, cette profonde injustice qui fout en l'air leur scolarité et leur avenir va enfin être réparée.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un dernier extrait:</div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
Aujourd'hui, "en cas de désaccord, un entretien est proposé à la famille
par le chef d'établissement. Le chef d'établissement peut assortir sa
décision de faire droit à la demande d'orientation de l'élève de la
condition que celui-ci s'engage à suivre un dispositif de remise à
niveau.. Si le désaccord persiste, le chef d'établissement doit motiver
sa décision et la famille dispose de trois jours pour faire connaître
son choix de recourir à une commission d'appel. La décision de celle-ci
est définitive". Les taux de désaccord tournent autour de 2% des élèves
de troisième, si l'on en croit les chiffres officiels du ministère. Cela
concerne surtout des garçons. L'écart entre les demandes des familles
et les décisions tend à se réduire au vu de ces chiffres. <b>Mais
d'autres études ont montré un profond ressentiment d'élèves des filières
professionnelles pour leur orientation en fin de 3ème. On sait
d'ailleurs que c'est là que se créent la majorité des situations de
décrochage.</b> Le gouvernement se rallie donc à une demande de la FCPE de laisser le dernier mot aux familles.</blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Bien sûr! Ce sont les vilaines équipes pédagogiques qui font exprès de ne pas
écouter les pauvres nélèves et c'est pour ça, parce qu'ils sont
malheureux de ne pas avoir été écouté que ces pauvres nélèves
décrochent! Bon sang mais bien sûr!<br />
<br />
Le coup du pianiste qui risque de mourir du cancer du poumon, quoi...<br />
<br />
Et
si les pianistes avaient de plus forts risques de mourir du cancer
poumon parce qu'ils jouent pour la plupart dans des piano-bars... Nan,
pas envisagé. <br />
</div>
<div style="text-align: justify;">
Et si les élèves décrochaient parce que, quelque soit
la filière, ils n'ont jamais acquis le niveau suffisant et les habitudes
de travail... Nan, pas envisagé. </div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
On n'est pas sortis de l'auberge... </div>
la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-71236939932320165462013-02-18T08:00:00.000+00:002013-02-25T20:32:06.375+00:00Nettoyage par le vide.<div style="text-align: justify;">
Un mois après la rentrée, soit plus de cinq semaines après avoir soigneusement tout transbahuté d'un bout à l'autre de la France ou pas loin, j'ai fait du tri dans mes cartons. J'ai consciencieusement mis à la poubelle tous les papiers de l'IUFM que j'avais gardé de mon année de stage. Je ne les avais pas conservés par nostalgie mais bien plus par peur de balancer des choses utiles quand je reviendrai dans le secondaire.<br />
<br />
Un mois après la rentrée, donc, j'ai tout jeté. Des pages et des pages noircies à la main ou à la photocopieuse et qui ne me servaient à rien face à mes classes. J'ai tout au plus gardé quelques compilations d'âneries notées lors d'une matinée d'ennui dans la salle de la ZEP qui nous servait de zoo, pardon, de lieu d'observation des fauves en action.<br />
<br />
J'appréhendais beaucoup cette rentrée. Je craignais des tas de choses, qui bien sûr ne se sont pas réalisées, d'où ce grand ménage.<br />
<br />
"Tu sais, toi, tu es une intellectuelle, tu n'es pas faite pour le collège!" c'est ce que l'on m'avait balancé pendant mon année de stage. Intellectuelle, donc pas faite pour le collège. Mes collègues actuels ont bien apprécié.<br />
<br />
Mais on est un con. On en tout cas était ma conseillère pédagogique. De cette engeance-là qui vous donne des conseils en pédagogie en manquant cruellement du tact le plus élémentaire. Des conseils en pédagogie du genre "Tu sais (main sur le coeur, profonde inspiration, attention, c'est l'heure des confidences), tu sais, l'idéal, c'est que tu leur apprennes le moins de choses possible". Entendez, que le professeur apprenne le moins de chose possible aux élèves. Ils doivent construire eux-mêmes leur savoir. De la part d'une ancienne élève d'une célèbre historienne qui cause régulièrement sur France Cul, c'est fort. Oui mais voilà, les voies du pédagogisme sont impénétrables.</div>
<div style="text-align: justify;">
La même encore qui, voyant que j'avais perdu pied face aux élèves, trois semaines après la rentrée, a pris soin de me dire "Oh maintenant, il n'y a plus rien à faire". Ce qui ne m'a laissé d'autre solution que de sortir seule du merdier que j'avais laissé s'installer. J'en ai gardé l'expérience de l'échec face à une classe, de la peur au ventre avant d'aller en cours et des larmes que l'on ravale face aux élèves que l'on voudrait fuir à tout prix. Je sais comment ça se passe et que cela puisse revenir continue à me faire un peu peur.<br />
<br />
Je craignais avant tout de ne pas supporter l'indifférence voire le mépris des collègues --- boarf, une thésarde, une étudiante attardée, quoi --- et les adolescents. Pour la crainte de l'indifférence ou du mépris, voir plus haut. Pour le reste, là encore, pesait un reste délicieux de mon année de stage. Passer de la prépa agrég à des 5e, ça a été rude. Les enfants dans mon entourage étaient très jeunes, pas encore adolescents. La fameuse crise d'adolescence censée frapper tout le monde, je n'ai pas souvenir l'avoir connu. Je me suis renfermée un peu plus sur moi, j'ai réglé mes problèmes et mes fringales d'adolescente à grand renfort de chocolat et de mouchoirs. Chez moi, les enfants obéissaient, malheur à celui qui n'aurait pas filé droit et fait parler de lui au collège. Le problème, contrairement à ce qu'avait dit un maître ès formatage lors de cette chère année de stage, ce n'était pas d'être, nous les enseignants, tous d'anciens bons élèves. Rares sont ceux qui ont été bons dans toutes les matières. Mon problème, c'était mon passé de petite fille trop sage. De bosseuse aussi, celle qui s'en est sorti alors que rien n'était gagné, même pas le droit de faire des études loin de la maison parentale quand on est une fille et que l'on a 18 ans.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Solitude. Au secours.<br />
<br />
Le mépris et la peur. La crainte du mépris et la peur que ça ne recommence, puisqu'ils, les élèves, étaient annoncés comme épuisants.<br />
<br />
Mais une année de ZEP, ce n'est jamais tout à fait ce que l'on croyait. La seule chose qui était sûre, c'est que j'avais des cartons inutiles à balancer.<br />
<br />la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-15676958298902907012013-02-07T20:17:00.001+00:002013-02-07T20:23:10.206+00:00Les bonnes résolutions... (bonne année 2013, au fait!)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX3Cf5zB9hI7B543qvy6sPpO8b2zCNpa9hJtc3PrntQ2Qn2boP6-3Ruv-ZB1F4B0GQhJ2Ln5wobYbyPScm7SPD0yFeGxFBGg3d00yha3MHkTIq3Bos8WuyNU-NJac6LZIpjMQfE2DEQSM/s1600/Nekyia_Staatliche_Antikensammlungen_1494_n2.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX3Cf5zB9hI7B543qvy6sPpO8b2zCNpa9hJtc3PrntQ2Qn2boP6-3Ruv-ZB1F4B0GQhJ2Ln5wobYbyPScm7SPD0yFeGxFBGg3d00yha3MHkTIq3Bos8WuyNU-NJac6LZIpjMQfE2DEQSM/s320/Nekyia_Staatliche_Antikensammlungen_1494_n2.jpg" width="310" /></a></div>
Durant les dernières vacances, j'avais écrit une série de billets, du prêt à publier au niveau du prêt à manger qui me nourrit depuis des mois. Même pas eu le temps. Improbable, n'est-ce pas, pourtant...<br />
<br />
Une journée ordinaire...<br />
<br />
***<br />
<br />
Lever 6h15. Premier cours 8h. Ranger les élèves, qui devraient l'être depuis plusieurs minutes, mais rebelles, ils refusent. Monter, premiers cris, obtenir un rang à peu près calme dans le couloir, les minutes passent.<br />
<br />
Entrer, allumer l'ordinateur, lancer les logiciels pour afficher les cours - ne pas leur tourner le dos, le moins possible - et pour faire l'appel, sans tarder.<br />
<br />
La "vie scolaire" attend les premiers signalements d'absence pour appeler les parents, tirer les élèves du lit, en dépit des parents.<br />
<br />
Répéter pour la millième fois depuis septembre "Sortez-vos affaires!" "Vous êtes dans une classe, on se calme et on se tait!" Ils attendent debout, d'autres déjà assis attendent aussi, se retournent et bavardent en m'ignorant complètement.<br />
<br />
Les consignes les plus élémentaires ne sont pas enregistrées, il faut répéter. "Qu'est-ce que je viens de dire? "Ahmed! Ooooh! Ahmed! Oui! On se tait!" "Océane! Quelles sont les règles?! On sort le cahier, le livre, la trousse!"<br />
<br />
Lutter, à chaque minute, les mettre au travail le plus vite possible. Le dossier rouge, celui des interrogations quotidiennes, il est 8h10, vite, cinq minutes pour vérifier que la leçon <strike>n'</strike>a <strike>pas</strike> été apprise.<br />
<br />
<br />
Quelle était la leçon d'hier avec cette classe? Je regarderais bien sur le cahier de texte électronique, mais le temps de lancer Windows, ouvrir la session, ouvrir Firefox, ouvrir ma session internet, les minutes passent. Je regarde sur un cahier. Afficher la question au tableau en surveillant les éventuels fraudeurs. Laisser cinq minutes...<br />
<br />
Pendant ce temps ouvrir le diaporama pour le cours, Internet fonctionne, ça y est je peux faire l'appel. Cinq mois après la
rentrée, les élèves n'ont pas intégré une consigne simple, répondre "présent" car
du fond de la salle, les voix ne portent guère, surtout sur fond de brouhaha.<br />
<br />
Ramasser les interrogations. Faire revenir cahiers et manuels sur les tables. Un oeil sur le cahier de texte électronique. Ouvrir les manuels.<br />
<br />
Dire la page, répéter la page, l'afficher au tableau, répéter encore, une fois, deux fois, trois fois. Réclamer que les derniers livres pas ouverts ou pas sortis le soient. Répéter encore la page.<br />
<br />
"Antony!"<br />
"Sarah!"<br />
<br />
"ON SE TAIT!" <br />
<br />
Là, le scénario varie. Selon l'heure, les incidents qui ont eu lieu pendant la récréation, l'interclasse si la journée est avancée, la séance peut être infernale ou studieuse (c'est rare). Lutter toujours, les faire lire, décrire des documents, le graal est atteint quand en lisant un texte comme celui-ci<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
Durant les 50 dernières années, Addis Abeba, la capitale éthiopienne, a vu sa population passer de 100.000 à 3,5 millions d’habitants. Seulement 5% des déchets qui y sont collectés sont recyclés. Le reste est souvent entraîné vers les rivières et pollue ainsi l’eau. Ce qui provoque bien souvent des intoxications alimentaires, car 60% de l’agriculture urbaine utilise ces eaux usées.</blockquote>
<br />
...ils réussissent à répondre à la question "Quelle a été l'évolution de la population d'Addis Abeba depuis les 50 dernières années?" et "quelles sont les conséquences?" <br />
<br />
Tous parlent sans lever la main, sauf les deux ou trois gentils qui ont intégré la consigne et attendent en silence, main levée.<br />
<br />
Les autres parlent tous comme s'ils étaient seuls, indifférents aux consignes.<br />
<br />
Une gentille, autorisée à répondre...<br />
<br />
Mais c'est soudain l'explosion
de colère de Jason qui vient de se faire insulter, crie en se levant,
Arkan lui répond que Jason a commencé "il m'a dit "Ta soeur, c'est une pute!", et crie à son tour encore plus fort, crier pour les séparer, rétablir le
calme très relatif.<br />
<br />
Mais les piailleries et les bavardages remontent. <br />
"Attila, retourne-toi!"<br />
- Mais Madame! Il m'a appelé!"<br />
- Et alors?!"<br />
<br />
Je le foudroie du regard, Attila tourne la tête comme une girouette, il ne sait plus, il ne sait pas ce qu'il doit faire, il ne sait plus ce qu'il faisait et pourquoi il se fait engueuler. Continuer à parler, rater une blague, se faire engueuler, qu'est-ce qu'on était en train de faire? Il décide de faire semblant, pour éviter les ennuis<br />
<br />
"Madame, quelle page?" "Madame, moi! Moi!... Mais c'était quoi la question?"<br />
<br />
Attila, perdu, cherche la page. Agacée, je lui redonne la page en même temps que quatre voisins et me détourne "Zoé, reprenez votre réponse!".<br />
<br />
Avancer péniblement. Corriger la formulation,<br />
"Non, Zoé, pourquoi dire 'la déforestation, elle a évolué' ? On dit 'La déforestation a évolué'.<br />
"La déforestation a évolué de 100 000 à 3,5 millions"<br />
"Bon, Zoé, 'La déforestation a évolué' ce n'est pas très heureux, pas très clair, quel mot pourrait-on utiliser?"<br />
Pour l'aider au tableau, je dessine des flèches qui montent et qui descendent. Le cours se poursuit. <br />
<br />
L'exercice se termine, pas le temps de mettre la correction par écrit. Tant pis. Passer à la rédaction du cours à apprendre, qu'ils leur reste quelque chose de la séance. La "trace écrite" absconse et si pédagogiquement correcte, très IUFMesque. J'ai des parents non-francophones pour beaucoup, "trace écrite", je me marre. "Leçon", apprendre la leçon, je sais qu'ils comprennent tous, élèves comme parents. Pendant qu'ils copient, écrire les leçons à faire pour la prochaine fois. <br />
<br />
Ça sonne. Obliger Bilal à copier les devoirs "mais il y a Pronote!" "Non, Pronote n'est pas là pour remplacer votre agenda, vous prenez les devoirs à faire", il bâcle.<br />
<br />
Vite fait, je note le contenu de la séance et les devoirs à faire dans le cahier de texte, je range le bureau, et je sors vite calmer la nouvelle classe qui crie dehors. Les ranger, répéter les consignes "On se calme!"... c'est reparti.<br />
<br />
Une heure, deux heures, récréation pas le temps de descendre prendre une pause, un élève à chapitrer, remplir le cahier de texte électronique, prendre connaissance d'un mail urgent d'un collègue, de la direction, de la vie scolaire, vérifier les photocopies pour la classe suivante, vérifier l'état de la salle, prendre un papier à descendre pour un collègue, ça resonne, nouvelle classe, les ranger, calmer les cris en montant...<br />
<br />
***<br />
<br />
Il est 19 heures. Je me suis effondrée sur le canapé, le regard vide devant la télévision.<br />
<br />
Six heures de cours, aujourd'hui, je suis vidée. Une pause d'un peu plus d'une heure à midi. Quand il n'y a pas une réunion à 12h30, un parent à voir, l'agent de prévention violence pour faire le point (et alors c'est un repas au lance pierre en 10 minutes), c'est un miracle.<br />
<br />
Une heure pendant laquelle nous vidons notre sac, notre fatigue, les nouvelles sur l'état des classes le matin, les heures difficiles à anticiper. Parler, se parler, évacuer notre colère, notre fatigue, notre impuissance contre la violence, la misère et la bêtise. <br />
<br />
Ça sonne. C'est reparti. <br />
<br />
Il est 19 heures. Je n'en peux plus. Mon cartable reste dans l'entrée. Depuis une semaine, un petit
livre me suit dans mon sac, je n'ai pas dépassé la première page. Je n'attends qu'une chose, une heure décente pour me coucher. Sinon, tous les soirs, je poserais mon cartable et m'effondrerais sur mon lit en rentrant.<br />
<br />
Mais il faut manger, un peu. Même plus l'énergie pour cuisiner, j'ouvre le frigo, prends ce qui est prêt. Cuire des pâtes, pppfff, trop compliqué.<br />
<br />
21h30, se coucher, sinon demain je serai crevée, traînant mes valises. Moins réactive, je me laisserai déborder. Se coucher, oublier. En attendant demain.<br />
<br />
<br />
6h15. Nouvelle journée. Sisyphe, pour quel crime as-tu été condamné?<br />
<br />
<br />la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-13028103980370834452012-08-08T18:08:00.001+01:002012-08-09T16:41:14.465+01:00À la BnF (Richelieu), t'es pas Parisien? Tu crèves !<div style="text-align: justify;">
Mon titre est un peu violent, il est cependant à la hauteur de l'exaspération qui m'a prise le jour où j'ai eu l'idée - tout à fait saugrenue n'est-il pas - de vouloir prendre en photo les 100 pages de registre manuscrit qui me restaient à lire. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Précisons tout de suite que le manuscrit en question a été écrit par
quelqu'un qui n'a plus mal aux dents depuis longtemps. Les droits d'auteur pour un bidulle du 17e siècle, il faut les
chercher. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
"Ah mais non Madame c'est-pas-possib'</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah? Mais pourquoi, s'il vous plaît?</div>
<div style="text-align: justify;">
- Parce que le règlement dit 40 pages maximum.</div>
<div style="text-align: justify;">
- ... (long silence et air héberlué) Quel que soit le nombre de pages du manuscrit? Parce que voyez-vous mon manuscrit fait négligemment 1400 pages, pas 140, nan, 1400. Un zéro en plus. </div>
<div style="text-align: justify;">
- Ah oui, mais c'est le règlement. </div>
<div style="text-align: justify;">
(je crois que je vais emplafonner quelqu'un de la BnF un jour, avec leurs règlements, bref)</div>
<div style="text-align: justify;">
- 'tendez, 'tendez, 'tendez, vous êtes en train de me dire que je n'aurai jamais droit en tout et pour tout qu'à 40 de mes 1400 pages. </div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui. </div>
<div style="text-align: justify;">
- Or donc, comme vous me voyez je quitte Paris, là, je déménage - hypothèse pure -, je ne serai plus toutes les semaines à Paris, donc les archives de [la BnF] Richelieu, pour moi, c'est fini, F I N I ? </div>
<div style="text-align: justify;">
- (air surpris en face de la gentille dame, si si au fond, je suis tombée sur une gentille) Euh... oui. C'est comme ça, c'est...</div>
<div style="text-align: justify;">
- oui je sais, merci, le règlement (au cas où je l'aurais oublié, <i>in petto</i>)</div>
<div style="text-align: justify;">
- vous êtes sûre qu'il n'est pas numérisé? </div>
<div style="text-align: justify;">
- (grand sourire carnassier) Oui. S'il était numérisé, je ne l'aurais pas sur ma table et je ne viendrais pas depuis des jours et des jours relever page après page son contenu (<i>in petto</i> encore, le masochisme a des limites, même chez un chercheur qui trouve). Bon, alors, qu'est-ce qu'on fait? J'imagine que pour les photocopies c'est la même limite? </div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui oui (avec un air désolé). Mais vous avez le service de reprographie.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui oui oui, mais étant donné leurs tarifs et leurs délais, non, on va oublier, mes frais ne sont pas payés par mon laboratoire. Je suis doctorante et on m'a déjà bien expliqué que si je photocopiais une thèse c'était pour ma pomme. Une fois ça va. Et mon mari n'est pas millionnaire. 300 euros que cela "m'a" coûté il y a 10 ans pour un registre moitié moins grand que celui-ci. Nan, ça ne va pas être possible. Même 100, non merci. Bien. Je vais donc renouveler ma question: qu'est-ce qu'on fait? Est-ce que je peux me mettre dans un coin avec un dictaphone pour ne pas gêner les lecteurs, je relève vite-fait le contenu en murmurant dans mon appareil et...</div>
<div style="text-align: justify;">
- ah ça il faut voir avec l'accueil.</div>
<div style="text-align: justify;">
- c'est très aimable à vous, l'accueil, j'en viens, ils m'ont dit de venir vous voir. </div>
<div style="text-align: justify;">
- mais vous soyez, ici ce n'est pas possible, il n'y a pas de place ici pour ça. </div>
<div style="text-align: justify;">
- bon. Donc il n'y a aucune solution? </div>
<div style="text-align: justify;">
- je suis vraiment désolée, Madame... Mais ce n'est pas moi...</div>
<div style="text-align: justify;">
- Oui, je sais bien, ce n'est pas contre vous. Mais ça ne change rien à mon problème"</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Là j'ai tourné les talons, de peur de m'énerver. Ça n'aurait aidé en rien, et effectivement elle n'y est pour rien. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je suis dans un état de fureur qui m'arrive rarement. Pas tant pour mes 100 pages. Mais pour un autre registre, 800 pages que je pensais benoîtement exploiter après la thèse pour un dossier prodigieux. Je viens d'apprendre que soit je gagne au loto (et auquel cas je peux habiter en région parisienne autre chose que le 2 pièces dans lequel j'étouffe depuis des années) soit à de semblables fins je divorce et épouse un millionnaire (vu le prix des appartements parisiens, il me faudra bien ça sans la moindre exagération), soit encore je m'assoie sur mon projet.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le truc pompom on the cake, c'est qu'à la BnF Tolbiac, j'ai shooté un imprimé du XVIIe siècle sans que personne ne trouve rien à redire ce qui ne me semble pas anormal. Because droits d'auteurs aussi trèèèès limités, forcément. Et pourtant il y a aussi un service de reprographie qui n'a pas envie de perdre des clients ou je radote? </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il y a bien une interjection qui me vient à l'esprit mais ce serait grossier. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je n'arrive pas à m'en remettre. C'est à peu près aussi hallucinant dans un genre différent que ce qui est arrivé à une amie sur le point d'accoucher et qui disait avoir eu la proposition de colles l'année suivante dans une prestigieuse prépa. Jusqu'au moment où elle a eu l'innocence de dire qu'elle allait avoir un rejeton. Pouf, ah oui mais non, là, non, ça ne serait pas raisonnable de lui proposer des colles l'année suivante dans de telles conditions. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Alors Mesdames, épousez des millionnaires, n'envisagez JAMAIS de quitter Paris et n'ayez surtout pas de mômes, sinon les portes se fermeront devant vous. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Heureusement que dans les centres d'archives en provinces (et mêmes aux archives nationales) ils sont moins... moins... Ouais je vais me taire, encore un qualificatif en forme d'oiseau qui me vient à la bouche. Faut dire qu'ils sont souvent déserts, pour les centres provinciaux (au moins ceux que je fréquente), alors si en plus ils font *** les lecteurs... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je crois que je cauchemarde, là. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<i>édit: il semblerait - pas encore de certitude - que depuis 10 ans les prix du service de reprographie ont sérieusement baissé, puisqu'il semble que cela fonctionne désormais ou à la page ou par forfait. Mais 90 euros pour un manuscrit que l'on peut prendre soi-même en photo, j'ai quand même du mal. Alors que je suis prête à laisser un exemplaire de mes photos à disposition de la bibliothèque. Bref.</i>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-61590469921333484662012-07-31T13:48:00.001+01:002012-07-31T13:50:18.003+01:00Alerte : la destruction de l'escalier de la bibliothèque nationale à nouveau programmée !<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
Voici déjà le milieu de l'été et j'ai été bien silencieuse, une fois de plus. La raison est très ordinaire, rédaction, rédaction, il n'y a que cela comme explication. Je mets en parenthèse tout ce qui n'est pas la thèse (et je n'ai pas longuement ruminé ces rimes). </div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
C'est une urgence qui m'a décidée à revenir en coup de vent ici, puisque je viens d'apprendre qu'à ce jour, il est à nouveau question de la
destruction de l'escalier d'honneur de la BnF. Le changement de
gouvernement a en quelque sorte mis fin à la suspension accordée par
Frédéric Mitterand. La directrice générale de la BNF, Jacqueline
Sanson, n'aurait pas caché lors d'une réunion récente que la destruction
était à nouveau à l'ordre du jour... <br />
<br />
La précédente mobilisation
avait permis de le sauver; il faut, je crois, continuer et obtenir
cette fois l'assurance que cet escalier sera entièrement sauvegardé et
de manière définitive. <br />
<br />
En 2009, une association comprenant
notamment l'historien Jean-Pierre Babelon, spécialiste de l'histoire de
Paris, avait évité le pire (voir ici un <a href="http://www.latribunedelart.com/la-destruction-planifiee-de-l-escalier-d-honneur-de-la-bibliotheque-nationale-article001518.html" target="_blank">premier billet de la tribune de l'art</a> suivi <a href="http://www.latribunedelart.com/l-escalier-de-pascal-a-la-bnf-sera-sans-doute-sauve-article002545.html" target="_blank">d'un autre annonçant que l'escalier était provisoirement sauvé</a> en 2009). </div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
Pourquoi cette obstination? D'après le blog La tribune de l'art</div>
<blockquote class="tr_bq" style="font-family: inherit;">
Pour justifier sa suppression, les architectes lui trouvent tous les défauts. <b>Trop
massif, il est « grand par la dimension plus que par le caractère » ;
il empêche de « constr[uire] une vision à grande échelle ». Il n’est «
ni lisible depuis l’entrée Richelieu où il fait face abruptement à un
mur, ni utile depuis l’entrée Vivienne où il fait obstruction à
l’entrée de la salle ovale ». </b>Quand on veut tuer son
chien... On ne comprend vraiment pas pourquoi le ministère de la
Culture a jugé bon, en 1983, d’inscrire sur l’Inventaire supplémentaire
un monument aussi peu intéressant.<br />
Il est évident que l’escalier
occupe un espace important et que son articulation avec le reste du
bâtiment n’est pas parfaite. Cela justifie-t-il pour autant sa
démolition ? Labrouste n’en est pas l’auteur. Et alors ? Son
architecte, Jean-Louis Pascal, Grand Prix de Rome en 1866, successeur
de Labrouste, et à qui l’on doit notamment la salle Ovale, est un bon
architecte.<br />
Enfin, on objecte que l’escalier a été transformé en
1987 pour installer une batterie d’ascenseur, faisant passer la volée
supérieure de gauche à droite. Nul ne peut se prévaloir de ses propres
turpitudes : l’altération par la Bibliothèque nationale, quatre ans
après son inscription, d’un escalier du XIXe siècle, ne l’autorise pas
à le démolir vingt ans plus tard.</blockquote>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
Mais tout est à nouveau à faire! Je pense qu'une nouvelle pétition circulera bientôt à nouveau et je vous inviterai à ce moment-là à la signer ! En attendant, faites circuler au maximum l'information ! <br />
<br />
Cet
escalier est beau, il est classé. Outre sa valeur artistique, il a
aussi marqué des générations de chercheurs comme en témoignait <a href="http://quidnovimarnie.canalblog.com/archives/2010/01/29/16717155.html?t=1343305993814#c50869016" target="_blank">ce
blogueur</a> en 2009: </div>
<blockquote class="tr_bq" style="font-family: inherit;">
Cet escalier est historique, cet escalier est beau, cet escalier est
monumental... simplement, depuis 1866, il a été emprunté – et continue
de l'être jusqu'à nouvel ordre – par des chercheurs jeunes ou vieux se
rendant au cabinet des manuscrits, par des visiteurs passionnés ou
novices désireux de découvrir les merveilles du cabinet des médailles
ou les expositions importantes installées dans la Galerie Mazarine. <br />
<br />
De
la maîtrise au doctorat, j'ai gravi bien souvent ces marches adoucies
par le tapis rouge moelleux pour me rendre au cabinet des manuscrits
... et à chaque fois j'ai ressenti la grandeur et la noblesse de ce
lieu de savoir grâce à ces vénérables degrés. </blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: inherit; text-align: justify;">
<a href="http://www.latribunedelart.com/IMG/jpg/Escalier_Bnf.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="239" src="http://www.latribunedelart.com/IMG/jpg/Escalier_Bnf.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
Cet escalier conduit d'une part au très beau cabinet des médailles et antiques et d'autre part à la salle de consultation des manuscrits occidentaux de la bibliothèque nationale de France. <br />
<br />
Si vous ne
connaissez pas le cabinet des médailles, il mérite réellement la
visite. Très peu connu, pas du tout valorisé par la BnF (qui a envisagé
de le fermer d'ailleurs - il n'a même pas un catalogue !), sauf très récemment par de grandes affiches sur le bâtiment en rénovation, il est
pourtant gratuit. Sa collection est exceptionnelle: ce sont les
anciennes collections royales, nationalisées à la Révolution et
enrichies depuis par des dons. Il y a une collection impressionnante de
vases grecs à figures, des intailles et des monnaies fabuleuses, le
célèbre trône de Dagobert, des ivoires gravés de toute beauté et
célèbres aussi.</div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
Une présentation<a href="http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_expositions/f.monnaies_medailles_antiques.html?seance=1223908124609" target="_blank"> ici - clic</a> (quand même ! à défaut de catalogue ) </div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
<b>Encore une fois, parlez-en, faites-circulez et en attendant la pétition, écrivez à la BnF, je vous en prie, <a href="http://www.bnf.fr/fr/outils/a.ecrire.html" target="_blank">en cliquant ici</a>. </b></div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-family: inherit; text-align: justify;">
</div>
<br />
<a href="http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_expositions/f.monnaies_medailles_antiques.html?seance=1223908124609" rel="nofollow" target="_blank"><br /></a>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-25340962566416402192012-05-11T16:30:00.002+01:002012-06-09T09:08:50.575+01:00Futur chômeur ou la chronique du désespoir<div style="text-align: justify;">
Volontairement, je n'ai pas fait de billet pendant la campagne présidentielle, notamment parce que la politique n'a pas sa place ici. Or je risquais fort de déraper, étant donné que les programmes des candidats donnaient largememt matière à critique. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Maintenant, c'est fini, je peux jouer. Oui mais non. Je suis d'une humeur trop triste pour cela. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est l'été, enfin presque, c'est surtout la saison des copies. Qui m'enthousiasment, pour certaines, et me navrent, pour d'autres. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Extrait (d'une mauvaise, sinon...) copie de première année après le bac:</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
L'histoire regroupe les monuments historiqu<b>e</b> parcouru<b>e</b> par ordre chronologique. Elle est répertori<b>é</b> par des dates qui ont marqué l'histoire. Elle a début<b>er</b> avec <b>c</b>es rois et <b>c</b>es monarchies, puis avec <b>c</b>es pr<b>è</b>sidents et <b>c</b>es républiques. Elle a eu<b>e</b> d'abord les guerr<b>e</b> civil<b>s</b>, celle des Vendé<b>e</b>s ou celle des Camisards. <b>Où</b> le peuple lutt<b>er</b> contre les inégalités <b>avec</b> les autorités. <b>Celle où</b> la population lutt<b>er</b> pour ces terr<b>e</b> comme celle de la première ou seconde guerre mondia<b>l</b>. Entre la France et les nazis. </blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je vous épargne la graphie qui montre à quel point l'écrit est une pratique très rare pour cet étudiant. Je vous épargne aussi les commentaires sur le fond.<br />
<br />
Alors, en consultant les anciens, enseignants ou non, j'ai appris qu'il y a trente ans déjà, bien sûr, des bacheliers avaient déjà un don particulier pour attirer les fautes comme les aimants les aiguilles. Bon. Donc n'attendez pas de moi que je dise que le niveau baisse, la seule chose que je sais, c'est qu'il est loin d'être satisfaisant - quel doux euphémisme. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je suis navrée par ces copies. J'essaie de me consoler avec les bonnes feuilles, celles qui montrent que l'on a travaillé pour quelque chose. En vérité, il faudrait que j'enseigne le français et non l'histoire à la majorité de mes étudiants. Et l'histoire, seulement à ceux qui auraient validé une sorte de certificat attestant de leur maîtrise de la langue française. Enseigner l'histoire à ceux qui savent qu'une phrase se compose d'un sujet, d'un verbe et d'un complément, cela a du sens. Aux autres, cet enseignement apporte peu voire rien. Il ne leur apportera en tout cas pas un diplôme. C'est le chômage qui les attend, car du moindre des employés, l'on attend au moins la maîtrise du français. Des fautes sur le CV et ce dernier part à la poubelle. Car n'en déplaise aux adeptes de la réforme de l'orthographe, palet et palais, cela n'a pas du tout le même sens. Donc niveler par le bas ne sert à rien, sauf à scier la branche et déboussoler les élèves. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je suis fatiguée. Je me sens inutile, complètement inutile. Je suis fatiguée de ramer à contre-courant, d'appeler nos gouvernants - comme tant d'autres collègues - à l'aide, en vain, en vain, en vain. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Établir une note éliminatoire au brevet, un certificat, enfin quelque chose qui certifie de la maîtrise de la langue, est-ce si difficile? Quand aura-t-on ce peu de compassion dont les élèves ont tant besoin? Je ne suis pas professeur de français, ce n'est pas mon métier. À quoi sert le socle des connaissances - intéressant sur le papier - sauf à constater que tant et tant d'élèves ne maîtrisent pas l'essentiel? À quoi sert-il si l'on laisse passer en classe supérieure un enfant dès le primaire "parce qu'il est déjà grand pour son âge, alors vous comprenez, il sera malheureux s'il redouble". Le faire redoubler sans rien mettre en oeuvre de plus pour le repêcher, possible que ça ne serve à rien, possible que ça crée de la souffrance, c'est certain même. Alors il faut des classes de remise à niveau, il faut un vrai soutien et pas cette vaste blague que l'on appelle accompagnement personnalisé. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Quel ministre de l'éducation gouvernera enfin en consultant d'autres conseillers que des gens qui n'ont pas mis les pieds dans une salle de classe une fois dans leur vie ou depuis des années? Quel ministre gouvernera sans compulser les statistiques des rapports mais en écoutant d'abord les enseignants du primaire et du collège? Ce soir, j'en pleurerais de découragement. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Combien faudra-t-il encore de générations d'enfants broyées pour que l'on réagisse? Combien? La lutte contre le chômage est une urgence? Alors l'enseignement en est une autre. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Monsieur Peillon, puisque l'on dit que ce sera vous notre ministre... Monsieur Peillon, ayez pitié. Oh pas des enseignants, je n'en demande pas tant. Depuis quand un ministre de l'éducation a-t-il défendu ses enseignants?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais ayez au moins pitié des enfants. Ceux-là qui ne sont pas des cobayes, retirez-les des mains des apprentis sorciers. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Est-ce si difficile de ne pas considérer qu'un enfant a besoin de méthodes éprouvées et non pas de servir d'objet d'expérience pour chercheurs en mal de notoriété ou avides de sujets d'étude? </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Combien de temps faudra-t-il attendre encore? Si seulement nos dirigeants avaient un peu de compassion. Juste un tout petit peu. </div>
<br />
<br />
<br />
<br />la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-65974367423646851802012-04-11T20:48:00.002+01:002012-04-12T11:12:19.424+01:00C'est le printemps !<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwwos4OEEC-2ObQR4k3MkeocK1h7HeH04oajLTp7OiOYvTbFx8na6VAwR1ogxBDmzM255W7UdSiVZ3SP5CBe6VFlVlN4glH2QzUHrnowy4LJv7hCrhiKnMYPd7oQQMSYl-vnxv8SKpCKA/s1600/Marmotte+sur+rocher.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="230" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwwos4OEEC-2ObQR4k3MkeocK1h7HeH04oajLTp7OiOYvTbFx8na6VAwR1ogxBDmzM255W7UdSiVZ3SP5CBe6VFlVlN4glH2QzUHrnowy4LJv7hCrhiKnMYPd7oQQMSYl-vnxv8SKpCKA/s320/Marmotte+sur+rocher.jpg" width="320" /></a></div>Youpi ! C'est le printemps !<br />
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">Humm, je sais, j'ai hiberné et pas qu'un peu. Mais ce n'est pas parce que j'étais au fond de ma grotte que je n'ai rien fait. Je frôle les 160 pages pour la première partie (bon, la deuxième stagne à 80, va falloir s'y mettre), preuve que refuge au fond de ma grotte ou pas, j'ai fait des choses. Ma directrice qui est une crème (enfin, c'est mon opinion en ce moment) me rassure en me disant que les premiers chapitres sont les plus difficiles à écrire... Satisfaction suprême, mon plan de thèse pour la première partie est aux petits oignons (trois chapitres, trois parties, trois sous-parties etc. On est vicieux ou on ne l'est pas). </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">J'ai tellement cru que c'était le printemps ces derniers jours, que je me suis un peu trop découverte. Me voici donc à profiter de mes pseudos vacances de printemps... en gardant le silence. Si ça, ce n'est pas de la conscience professionnelle... Mine de rien, parler au magasinier de la bibliothèque ou à la boulangère et ne sortir qu'un misérable souffle rauque, c'est... déroutant. Et puis ça fait mal. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">En même temps, il est heureux que cela m'arrive pendant les vacances des étudiants, étant donné que je n'ai quasiment que des cours magistraux à assurer en ce moment. Un TD aphone, ce n'est vraiment pas terrible. Un jour, bravache, (cette année-là, mon poste était loin de mon domicile, je dormais donc sur place) j'ai voulu me forcer à aller faire cours. J'ai donc parlé pour assurer mes cours de la journée, alors que je sentais bien que ma voix déclinait. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">(parenthèse) En temps ordinaire, je suis quelqu'un d'assez calme. Sauf quand ma voix est menacée. Là, je deviens une furie face au médecin "Docteur, faites quelque chose, n'importe quoi, m'en fiche, mais IL ME FAUT ma voix pour lundi!" Évidemment ça se passe le samedi (la conscience professionnelle, vous dis-je), je dois courir à la recherche du médecin de garde qui, ne me connaissant pas, a doublement des motifs sérieux pour me prendre pour une folle. En général, je suis suffisamment énergique pour le convaincre (une fois il y en a un qui m'a traitée comme une pestiférée, masque, gants, distance de sécurité, c'était en pleine épidémie de grippe). Et je ressors avec une graaaaande ordonnance. Pastilles, bains de bouche désinfectant, anti-inflammatoire, paracétamol, sirop contre la toux et j'en passe et des meilleurs... N'empêche que quand je suis assez docile pour suivre les consignes (silence complet pendant deux jours où je dois communiquer avec une ardoise) c'est drôlement efficace.(fin de la parenthèse)</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Ce jour-là, je n'ai pas voulu écouter la petite voix qui me disait, "fais gaffe, demain, tu as encore toute une journée de cours à assurer". Ouaich. Qui a eu l'air fin le lendemain matin en se réveillant? </div><div style="text-align: justify;">Test voix: "..." </div><div style="text-align: justify;">Rien. </div><div style="text-align: justify;">Merde. </div><div style="text-align: justify;">Mais vraiment, rien. </div><div style="text-align: justify;">J'avais l'air malin en arrivant dans la salle de cours et en murmurant "Je vais faire bref, comme vous l'entendez, je ne peux vraiment pas faire cours. On se retrouve la semaine prochaine, je vous dirai comment nous rattraperons..." Et zou je suis rentrée chez moi - en passant par la case médecin avant de prendre le train sinon c'était mort pour une consultation en revenant chez moi - et je me suis mise sous la couette jusqu'au lendemain. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Ces derniers jours, j'ai égaré mon ardoise et pas voulu aller chez le médecin un samedi. Oui, parce qu'une fois de plus, c'était un samedi que ça a commencé. Bref. J'ai parlé à mon chat, résultat, voix en sucette depuis deux jours. Et ce n'est pas fini. Enfin, le plus gros est passé, Zeus merci. Parce que rédiger quelque chose de vaguement logique dans un état fébrile qui n'est pas dû au stress du calendrier, je ne sais pas si vous avez essayé ce n'est pas terrible. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Du coup je me suis rabattue sur une thèse à lire. Cela m'a permis de découvrir un petit outil génial pour annoter et surligner les pdf. Ça court peut-être les rues quand on est adepte de Windows, mais pour les autres, c'est moins banal. Moi qui ai usé des dizaines et des dizaines de fluos (je devrais dire centaines, je les achetais en gros) pendant mes études, j'ai trouvé le surligneur qui ne s'use jamais. L'extase... La première. Parce que la deuxième, c'est de n'avoir rien à imprimer. L'appartement est déjà saturé de livres (pourtant pas si nombreux, j'vous jure) et de classeurs de thèse et d'articles en tous genres. Pas la peine d'en rajouter. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Bon, ce n'est pas le tout j'ai encore au moins un chapitre et demi à lire, et un article à vérifier. Et demain, une dizaine de livres à passer en revue, une sous-sous-sous partie à refondre et déplacer, relire la sous-sous partie 2 et 3, attaquer vite fait le chapitre 2 en réorganisant la 3e sous-partie et après-demain, si Zeus est avec moi, je termine le 3e chapitre (rééquilibrage du plan et écriture d'une sous-sous-partie, je sens que je ne vais pas m'amuser...)</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Avec tout ça, je devrais déjà en être au chapitre 4, moi. Grrraoumph. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-4799627887850614902011-11-29T09:00:00.001+00:002011-12-03T21:49:06.520+00:00Comment le ministère tente (très sérieusement) de récupérer l'aura de Jacqueline de Romilly<div style="text-align: justify;">Il ne faut être surpris de rien. Mais alors vraiment de rien, dès que ça vient du ministère. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Aussi le ministère de l'éducation nationale a créé - sans rire et pourtant, ça a l'air d'un gag, la couleur d'un gag, l'énormité du gag - le Prix Jacqueline de Romilly "pour valoriser les initiatives pédagogiques innovantes en langues et cultures de l'Antiquité". Les candidatures sont ouvertes jusqu'au 12 février 2012.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Je crois que je ne vais pas m'en remettre. </div><div style="text-align: justify;"></div><div style="text-align: justify;">Se faire poursuivre jusque dans sa tombe par des pédagogogistes à la noix, alors que l'on a défendu pendant toute sa vie la transmission de la culture antique par un enseignement classique dans tous les sens du terme... Consternant. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Une réaction d'enseignants de lettres classiques sur <a href="http://www.fabula.org/actualites/une-reaction-a-la-creation-d-un-prix-jacqueline-de-romilly-par_48059.php" target="_blank">le site Fabula (à lire)</a>. Je vais essayer de me remettre de cette nouvelle, mais je ne garantis rien. </div>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-27835440352876425152011-11-28T18:00:00.008+00:002011-11-28T18:00:02.255+00:00Les Inrocks: paroles de profs en plein burn-out<div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;">à lire ici: </div><div style="text-align: justify;">http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/73417/date/2011-11-25/article/petages-de-profs/</div><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;"> ou là: </div><div style="text-align: justify;"> </div><blockquote class="tr_bq"><div style="text-align: justify;">Personne ne prend garde à Lise Bonnafous. Il est 10 heures ce 13 octobre, c'est la récré. Des centaines d'élèves se répandent dans la cour du lycée Jean-Moulin de Béziers. Sous le préau, la prof de maths s'asperge d'essence et s'immole par le feu. Le rectorat et le ministère invoquent la "dérive personnelle" d'une personne fragile et planquent illico ses cendres dans le placard à cadavres de l'Education nationale. Ses proches s'indignent, parlent d'une prof "consciencieuse, compétente, courageuse, aimant son travail", d'un acte de désespoir quasi sacrificiel.<br />
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Le 14 octobre, Lise Bonnafous, 44 ans, succombe à ses blessures. Le même jour, un enseignant de 33 ans tue une policière à coups de sabre et un salarié d'un lycée de Cachan se défenestre devant ses élèves. A chaque drame, même réponse : l'affaire est privée. Circulez, y a rien à voir.<br />
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Il n'existe aucune statistique officielle fiable sur les suicides et le burn-out dans l'Education nationale. Le syndicat Sud Education monte dossiers et groupes de discussions sur le sujet. Ses détracteurs l'accusent de récupérer des faits divers à des fins syndicales.<br />
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"Il faut arrêter avec le soi-disant massacre des innocents, les enseignants ne sont pas si malheureux et il y a d'autres problèmes", rapporte un grand spécialiste de l'école qui préfère garder l'anonymat. <br />
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C'est aussi l'état d'esprit de la hiérarchie.<br />
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La psychiatre Brigitte Font Le Bret soigne ceux qui ont mal au travail et n'est pas de cet avis. Après avoir dénoncé les pratiques managériales mortifères de France Télécom (Pendant qu'ils comptent les morts, La Tengo Editions), elle s'inquiète pour l'école : "Les profs remplissent ma salle d'attente. Le burn-out, au-delà du syndrome d'épuisement, est une souffrance éthique : les profs culpabilisent car ils ont le sentiment de faire du mauvais travail."<br />
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Après la sidération qui a suivi l'acte désespéré de Lise Bonnafous, la parole se libère. "La profession est d'ordinaire réservée, justifie Aude Van Kerckhove, du Snes Créteil. Mais avec les suppressions de postes, les classes surchargées et la réforme de l'évaluation qui donne tout pouvoir aux chefs d'établissement, les profs sont à bout." Les jeunes enseignants l'inquiètent particulièrement : "Les stagiaires, c'est une boucherie." La réforme de la formation des profs les a propulsés à plein temps et quasi sans préparation devant les élèves.<br />
<br />
Aurélie*, 28 ans, a survécu mais en a " vraiment chié". Cette prof d'espagnol a failli tout lâcher quand, dans la même journée, un élève l'a bousculée, un autre lui a dit "suce ma bite", une autre a déchiré son devoir et un dernier lui a lâché : "Votre cours, c'est de la merde." Prête à craquer, elle appelle un surveillant. Un collègue lui conseille de s'arrêter, l'autre de se remettre en selle. Elle rempile. Une des jeunes collègues d'Aude a éclaté en sanglots dans ses bras quelques jours après Béziers. Et si un jour c'était moi, se demandent les jeunes profs ? Babet aurait aimé se poser cette question.<br />
<br />
En novembre 2009, cette prof des écoles fait un burn-out. "On ne voit pas les signaux, on fonce tête baissée, passionnée par le métier qui prend aux tripes, on pense que ça n'arrive qu'aux autres", raconte-t-elle, la voix fatiguée. Elle n'a jamais vu de médecin du travail. Dans sa région, il y en a un pour deux départements. Depuis 2005, elle se sentait de plus en plus épuisée et déprimée.<br />
<br />
"Avant, l'école avait bonne réputation, nous étions fiers de faire notre métier", lâche-t-elle. <br />
<br />
Un jour, Babet s'assoie en face de ses petits élèves et c'est le trou noir. Le verdict de la psy tombe : "Usée." "A 50 ans, ça fait un drôle d'effet", reprendelle. Après trois ans d'arrêt, elle vient de reprendre à plein temps. "Je vais tenir jusqu'à la retraite, je ne sais pas comment."<br />
<br />
Nina ne veut pas finir comme ça. A 29 ans, elle essaie de se réorienter. Dynamique, voix forte, déterminée, elle a tout d'une bonne prof d'histoire-géo. Depuis quatre ans, elle exerce dans un collège de Seine-Saint-Denis. "Un trou" coincé entre le RER, la nationale et la cité. "A l'entrée en sixième, presque aucun des élèves ne sait lire correctement, raconte-t-elle. Ici, le collège unique ne fonctionne pas, tout est un combat : enlever les casquettes, les blousons, sortir leurs affaires... Quand ils en ont." En 2011, elle ne termine pas l'année scolaire.<br />
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"Je tenais depuis deux ans comme un vrai Robocop et j'ai fini par faire un burn-out."<br />
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Un matin de printemps, Nina s'échine à mettre en rang ses troisièmes surexcités. Un "grand" de 1,90 mètre la bouscule. "J'ai reculé sinon il m'aurait pété la gueule", se souvient-elle. Le conseil de discipline exclut l'élève. Deux jours plus tard, Nina fait classe. Un oeuf s'écrase sur sa tête. Elle range ses affaires et ne reviendra plus. Arrêt maladie. Le premier mois, elle ne pense plus du tout au travail. Le deuxième, elle rêve qu'elle défonce ses élèves à coups de batte. "Le sang gicle, c'est hyper réaliste... La Journée de la jupe (film dans lequel le personnage d'Isabelle Adjani prend ses élèves en otage - ndlr) nous fait fantasmer, tout comme le Taser", rigole-t-elle. Puis, sérieuse :<br />
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"Les camps militaires de Ségolène Royal, j'étais pas contre. De toute façon, c'est la prison qui les attend. C'est affreux de penser ça, hein ?" <br />
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Elle se calme. Derrière la brutalité des propos, Nina sait que 223 000 lycéens viennent de sortir sans diplôme du système scolaire. Qu'une partie de ses élèves suivent ce chemin. Que ce sont les plus mal lotis, les plus pauvres. Que c'est l'échec de l'Education nationale et qu'elle ne veut pas en être. "Dans la cité, les profs ne servent à rien, on prend la poussière, on donne le brevet aux analphabètes pour atteindre les objectifs du ministère. Certains ont baissé les bras, notent large, ne font jamais de rapport d'incident. Moi, quand un élève me fait chier, c'est rapport illico." Sauf que les rapports d'incident, son proviseur ne voulait pas en entendre parler.<br />
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"Des profs se faisaient traiter de pute ? Cette ordure répondait : 'Mais madame, dans le 93, c'est culturel.' Il a tout étouffé pour que le rectorat lui file ses primes et sa mutation dans le Sud."<br />
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Bruno a des sanglots dans la voix. Dans son lycée, six profs sur soixante sont en congé longue durée. "Personne ne s'en inquiète car les chefs d'établissement veulent faire carrière donc plaire au rectorat et aux parents d'élèves qui, eux, ne veulent pas entendre parler des problèmes." Les techniques pour faire taire les profs ? "La notation administrative, par exemple : si on se plaint des élèves, notre note en autorité/ rayonnement stagne ou baisse, donc notre promotion ralentit et on ne passe plus qu'à l'ancienneté", explique Bruno.<br />
<br />
Il y a trois ans, ce prof d'électronique a fait un burn-out. A 49 ans, il craint de ne jamais se remettre. Il se sent inutile. "Je passais mon temps à préparer des cours pour les intéresser mais on fait de la garderie." A bout, Bruno demande à changer de discipline. Son inspecteur lui répond que c'est dur de trouver un remplaçant. "Et qu'à deux ans de la retraite, il ne voulait pas s'embêter, précise Bruno. Entre collègues c'est chacun sa merde, on est un mauvais prof si on n'y arrive pas." Alors il pleure dans sa voiture avant les cours. Jusqu'au jour où il entre en classe et ne comprend plus où il se trouve. Aujourd'hui, l'idée de croiser ses élèves le pétrifie. Son rapport administratif stipule que son burn-out est sans lien avec l'exercice de la fonction.<br />
<br />
"La dépression n'est pas une maladie du travail", explique-t-il. <br />
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A trente kilomètres de son lycée, un prof s'est ouvert le ventre dans sa classe avec un couteau, "son dossier stipule que son congé longue durée est non imputable au service".<br />
<br />
"Il m'a tuée." Karima crie quand elle en parle. Le 29 septembre, cette prof des écoles s'écroule sur son lieu de travail après avoir avalé des médicaments. "Je suis une passionnée", explique cette Maszep (maître d'aide et de soutien en zone d'éducation prioritaire). Son poste aurait du être supprimé mais les parents d'élèves se sont mobilisés. "Ça a contrarié mon inspecteur. A la rentrée j'ai senti que ça allait barder", raconte-t-elle. Il la terrifie tellement qu'elle avait déjà failli se jeter du deuxième étage l'année d'avant.<br />
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"Il exerce un management par la peur et la menace. Pour lui, les instits sont des nuls à mettre au pas." <br />
<br />
A la rentrée, pendant un mois, elle a été maintenue à l'inspection pour travailler sur les évaluations de l'année précédente. "Pour rien, ils ne s'en serviront pas... Alors que les élèves avaient besoin de moi."</div>Anne Laffeter </blockquote>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-6501326468736249882011-11-27T16:39:00.000+00:002011-11-27T16:39:40.589+00:00Le Moyen Âge sur le bout du nez...<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjc4wIj5LZcyJ5HjRVPd4gPrSpuuxfwNQqjHKTOa5XV7X8ReKVrBiLl2YoaRdvzkJjYByEbblcsF5kFs1mZsDhXT3uwD4gJQ5aE1vbAYomXf3FGvjpLPxEAQdmzAJ3acgA0CbwYsGaATmg/s1600/9782251381114FS.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjc4wIj5LZcyJ5HjRVPd4gPrSpuuxfwNQqjHKTOa5XV7X8ReKVrBiLl2YoaRdvzkJjYByEbblcsF5kFs1mZsDhXT3uwD4gJQ5aE1vbAYomXf3FGvjpLPxEAQdmzAJ3acgA0CbwYsGaATmg/s320/9782251381114FS.gif" width="223" /></a></div>Noël approche... Et si vous offriez un livre d'histoire? La mise à jour du diaporama est en cours, en attendant, voici un ouvrage intéressant sans être trop difficile à aborder, Chiara Frugoni, <i>Le Moyen Âge sur le bout du nez</i>... <br />
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<div style="text-align: justify;"><blockquote class="tr_bq">Les boutons, les binocles, la boussole, l’arbre généalogique, la poudre, à canon ou d’artifice, les cartes, à jouer ou géographique, le Père Noël ou l’université : la vie d’aujourd’hui est faite d’inventions médiévales.<br />
S’agit-il de s’habiller ? Il faut du goût, mais aussi une culotte, des pantalons, et quelques boutons pour fermer le tout ! D’organiser son agenda ? Sans les chiffres arabes et le papier cela serait bien compliqué. S’agit-il de manger ? Sans spaghetti, sans macaroni, sans blé moulu tout court, nos repas seraient tristes… et sales car dépourvus de fourchette. Bref, sans les mille et une découvertes de ces siècles curieusement qualifiés d’obscurs, notre quotidien serait digne du Purgatoire, ou plutôt de l’Enfer, car le Purgatoire est lui aussi né au Moyen Age, de même que le Carnaval.<br />
Dans ces pages au style alerte et à la documentation précise, Chiara Frugoni fait revivre sous un angle inédit la période médiévale. </blockquote></div><br />
Bonne lecture ! la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-31099751730997726442011-11-22T18:50:00.001+00:002011-11-22T18:51:18.207+00:00Henri IV !Le choc du soir. Mais un vrai, un gros.<br />
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Disons-le tout net, il y a très très peu de sites valables en histoire. Pour l'époque moderne, à part Persee.fr et Cairn.info, c'est simple, il n'y en a aucun que je puisse recommander à des étudiants.<br />
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Et là... en cherchant des gravures, je tombe sur ce site, cette merveille, ce prodige, ce miracle du net: <a href="http://www.henri-iv.culture.fr/">http://www.henri-iv.culture.fr/</a><br />
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La musique est merveilleuse, les textes d'une grande qualité (site du ministère de la culture, réalisé par des historiens.<br />
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Une merveille vous dis-je...<br />
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J'en suis toute émue...la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-82756260960844570532011-11-22T10:29:00.002+00:002011-11-24T21:03:00.644+00:00Réformer l'évaluation des enseignants<div style="text-align: justify;">Ces derniers jours est tombée l'annonce d'une réforme majeure pour l'éducation nationale. Voici la dépêche AFP (Emmanuel DEFOULOY):</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><blockquote class="tr_bq">PARIS — Le ministère de l'Education nationale veut réformer profondément l'évaluation et l'avancement des enseignants pour la rentrée 2012, des projets aux allures de chiffons rouges pour les syndicats qui les jugent impraticables et à nouveau conçus pour faire des économies.<br />
Révélé mardi par le site du Café pédagogique, ce projet prévoit la fin de la traditionnelle double notation des enseignants: l'administrative par le chef d'établissement et la pédagogique, la plus importante pour la carrière, par l'inspecteur régional, formé dans la discipline des collègues qu'il inspecte.<br />
A la place, tous les enseignants du primaire comme du secondaire seraient évalués lors d'un entretien, tous les trois ans, avec leur "supérieur hiérarchique direct": le chef d'établissement en collège et lycée, "l'inspecteur compétent" dans les écoles, selon les termes du projet.<br />
L'enseignant serait évalué sur sa discipline, comme c'est le cas aujourd'hui, mais aussi suivant trois autres critères: "sa capacité à faire progresser chaque élève", "sa pratique professionnelle dans l'action collective de l'école ou de l'établissement, en lien avec les parents d'élèves" et "la qualité du cadre de travail (...), notamment le respect mutuel et l'égalité entre tous les élèves".<br />
Enfin, l'évaluation déterminerait l'évolution du salaire: les grilles d'avancement seraient "modifiées en profondeur", les trois types d'avancement existants "remplacés par un rythme unique" et "l'avancement accéléré" dépendrait de l'évaluation.<br />
Aussitôt divulgué, le projet a été qualifié de "totalement inacceptable" et de "déclaration de guerre" par le Snes-FSU, principal syndicat du secondaire. Il appelle à une grève en collèges et lycées le 12 ou le 13 décembre, en fonction de ce que décidera une intersyndicale réunie jeudi.<br />
Son homologue du primaire, le SNUipp-FSU, "s'opposera à une conception managériale basée sur un mérite largement arbitraire qui entraînerait individualisme et division des équipes".<br />
Les syndicats de la FSU, y compris celui des chefs d'établissement, jugent que ceux-ci n'ont pas les compétences pour évaluer le travail pédagogique et disciplinaire. Et ils doutent qu'il soit possible de corréler l'évaluation des enseignants aux progrès des élèves.<br />
Mais au-delà de l'évaluation elle-même, ce sont les aspects salariaux qui cristallisent les critiques de l'ensemble des syndicats.<br />
"Le projet ministériel est d'abord l'occasion de réaliser des économies budgétaires sur la rémunération des enseignants en les alignant sur le rythme d'avancement le plus défavorable", a écrit jeudi l'Unsa Education dans une lettre au ministre de l'Education nationale, Luc Chatel.<br />
Pour le Sgen-CFDT, qui pourtant "salue la disparition de l'inspection individuelle", "il faut absolument déconnecter la question de l'évaluation des modalités d'avancement qui doit se faire au même rythme pour tous".<br />
Selon étude récente de l'OCDE, les salaires des enseignants français, hors primes, sont déjà parmi les plus bas des pays comparables.<br />
Il s'agit de "projets de textes précis" pour "une mise en oeuvre à la rentrée 2012", a précisé à l'AFP Josette Théophile, directrice générale des ressources humaines (DGRH) du ministère.<br />
M. Chatel a pour sa part insisté mercredi sur les discussions à venir avec les syndicats : "Je n'ai aucun décret sur mon bureau prêt à être signé. Il n'est pas question de prendre en catimini un décret, un arrêté, sans qu'il y ait eu de concertation".</blockquote><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"> Le <a href="http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/decreteva.pdf" target="_blank">texte du décret est ici</a>. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Cette réforme sans concertation avec les principaux intéressés est inacceptable. Non, l'évaluation actuelle des enseignants n'est pas satisfaisante. Parmi les inspecteurs, trop nombreux sont ceux qui donnent à fond dans les innovations pédagogiques absurdes, celles-là même qui sont motivées avant tout par le culte du "progrès" dont la première conséquence est de prendre les élèves pour des cobayes. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Mais faire évaluer les enseignants par les chefs d'établissement, qui au mieux, sont compétents dans une matière qu'ils n'enseignent plus depuis plusieurs années, non ! C'est d'autant moins réaliste qu'ils ont déjà des journées de 10 heures quand ils sont consciencieux. Qui garantira l'indépendance de l'évaluation? Que se passera-t-il si l'on refuse la réunionite ? Notre travail est et reste l'enseignement de disciplines. Ce n'est ni d'être animateur de centre de loisir, ni nounou, ni G.O. Encore moins employé d'une super-entreprise managée par un(e) DRH et dont l'unique raison d'être serait l'innovation pédagogique tous azimuts et la réalisation d'objectifs hebdomaires visant à toujours plus de rentabilité et de satisfaction des clients.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">L'objectif des enseignants reste, n'en déplaise aux projets ahurissants de gauche et de droite, d'apprendre à lire, écrire, compter; d'apprendre aux élèves les connaissances essentielles en histoire, en géographie, en sciences, en arts etc.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Pas d'évaluer des compétences par des smileys pour ne pas traumatiser nos petits chéris qu'il ne faut pas brusquer.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Pour signer la pétition contre cette réforme, c'est ici :</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><a href="http://retraitduprojetevaluation.net/">http://retraitduprojetevaluation.net/</a></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">À faire circuler le plus largement possible ! Bien loin de SOS éducation, il s'agit vraiment de sauver un système scolaire où ce sont les enfants qui deviennent des souris de laboratoire!</div>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-76596438042644665702011-11-17T11:17:00.002+00:002011-11-18T20:50:32.556+00:00C'est l'histoire d'un lapin...Aujourd'hui, dix litres de café, une pomme et un sandwich... avec cette page, <a href="http://addal.u-strasbg.fr/fun.html" target="_blank">d'une asso des doctorants</a>, pour essayer de rire un peu, malgré le programme de la journée. L'histoire du lapin est parfaite !<br />
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En prime le jeu de la thèse en français:<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgq0sM0ZowZQ0npLfjxLeEvG43Th1Cx1CmRwjUohi6CdVSu9LIuSUeVk-o7AHCcUq9xOUoqCJBERCuEXtszeiPXrUUfx6kX3uWdk1iBcvJE6SNoGStkqB7Ew3gxaD1bWJdOn3nyKcHVX4w/s1600/le_jeu_de_la_these1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="458" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgq0sM0ZowZQ0npLfjxLeEvG43Th1Cx1CmRwjUohi6CdVSu9LIuSUeVk-o7AHCcUq9xOUoqCJBERCuEXtszeiPXrUUfx6kX3uWdk1iBcvJE6SNoGStkqB7Ew3gxaD1bWJdOn3nyKcHVX4w/s640/le_jeu_de_la_these1.jpg" width="640" /></a></div>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-40725766807463620692011-11-10T08:02:00.003+00:002011-11-18T20:53:09.565+00:00Les profs ces fainéants...<div style="text-align: justify;">Ce matin, j'avais dans mon courrier le pire et le meilleur. Une fois n'est pas coutume, commençons par le meilleur, la thèse d'un ami qui m'arrivait toute fraîche, un régal en perspective.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Le pire, un lien pour un blog, <a href="http://ketamine.over-blog.com/" target="_blank">celui de Ketamine</a>, qui décrit une journée de la ZEP pour reprendre la formule de Celeborn qui relaie aussi l'information.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Lisez d'abord <a href="http://celeblog.over-blog.com/article-la-journee-de-la-zep-88381968.html" target="_blank">l'introduction de Celeborn</a>, qui en gentil lapin, prend soin de prévenir les lecteurs que c'est du violent. Vous y trouverez le lien pour le blog de Ketamine.Et puis tant qu'on y est, la <a href="http://www.lalsace.fr/actualite/2011/11/05/la-deprime-des-professeurs-laches-par-leur-hierarchie" target="_blank">lettre d'un professeur au journal L'Alsace</a>...</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Dire que pendant ce temps, certains députés font dans la démogagogie, dont la recette est simple: beaucoup d'approximation + une grosse louche de flatterie à l'égard du bon peuple toujours jaloux de son voisin sans rien connaître de sa vie + un soupçon de j'me fiche de votre poire + des médias gentils qui ne critiquent rien = et votre recette sera parfaite...</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"></div><div style="text-align: justify;">C'est ce qu'a fait dernièrement Yves Nicolin, en affirmant que "certains professeurs avec 9 ou 10 heures de cours sont loin des 35 heures". Ça c'est vrai, les 35 heures sont plutôt des 40 heures. Même s'il y a des tire-au-flanc dans toutes les professions (un vrai scoop n'est-il pas?) on prend l'épiphénomène qui va parler à Madame Michu "ah oui moi aussi je connais un prof, i' bosse deux jours par semaine, çui-là!" oubliant tous les autres qui se sont coltinés pendant des années leurs rejetons à longueur de journée... et cela n'était pas forcément une sinécure. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSYMmwe35unJB3Y3FK5bE5K7-hV7mGikyQMG9hqn0jC5MXOoRq966_HksdNBudWOmFngFXS2l4FAeHuLOfBqwwiUXr9fFEYy3T2dsR1O1orPpdB39kYrPiN1fRofzIG-By4z3kS_hFC98/s1600/nicoli11.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSYMmwe35unJB3Y3FK5bE5K7-hV7mGikyQMG9hqn0jC5MXOoRq966_HksdNBudWOmFngFXS2l4FAeHuLOfBqwwiUXr9fFEYy3T2dsR1O1orPpdB39kYrPiN1fRofzIG-By4z3kS_hFC98/s1600/nicoli11.jpg" /></a></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Quand un professeur s'est suicidé peu de temps auparavant sur son lieu de travail, quand on est député, il serait sans doute décent de ne pas se borner à un discours aussi peu nuancé. Si l'on a un peu d'honneur.</div>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-6261374682225402492011-11-08T16:07:00.001+00:002011-11-18T12:05:45.136+00:00(Ré)apprendre à lire après le Ce1 : comment et avec quels outils ?Aujourd'hui, je laisse la parole à une collègue professeur des écoles, Mufab...Moi qui ai tendance à taper sur les méthodes de lecture, pour une raison toute personnelle, déjà évoquée, ici, je vous propose l'histoire d'un petit garçon qui l'a marquée... ce qui vous permettra en outre de découvrir une fabuleuse équipe de professeurs des écoles (et le premier qui dit que les enseignants sont des fainéants, je lui en colle une)...<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq"><div style="text-align: justify;">Rentrée 2010. C'est ma cinquième année en Ce2, et je me trouve confrontée à un problème inédit, en ce qui me concerne : deux de mes élèves ne savent pas lire. Aucun graphème n'est véritablement automatisé. Des mots comme « homme » ou « dame » ne sont pas décodés... Et pourtant, il n'y a pas « rien », mais tout est fragile - ou fragilisé par une perte énorme de confiance en soi face à de l'écrit.<br />
<br />
Pour être sincère, la première question que l'on se pose dans ce cas est : « Comment est-ce possible que des enfants m'arrivent en cycle 3 (ou cycle des approfondissements) sans rien pouvoir lire ?<br />
<br />
La tentation est grande alors de se dire : « ce n'est plus de mon ressort. Et il serait bien prétentieux de vouloir réussir où les autres et les années ont échoué... ».<br />
<br />
Et surtout, comment est-ce possible pour un enfant comme J., épatant par ailleurs, et qui m'a prouvé à maintes reprises, au cours de l'année, la richesse de son vocabulaire, de sa syntaxe, la pertinence de ses interrogations, ses intuitions poétiques ou artistiques ?<br />
<br />
Pour l'anecdote, j'ai un jour proposé à la classe un poème, dont j'avais enlevé quelques mots qu'il s'agissait de tenter de retrouver collectivement :<br />
<br />
<i>Petit ou grand.<br />
Une petite personne et une grande personne se parlent.<br />
- Quand on est petit, on dit : "quand je serai grand..."<br />
- C'est vrai.<br />
- Alors quand on est grand, on peut dire : "quand je serai petit..."<br />
- Non.<br />
- Pourquoi ?<br />
- Il paraît que ça ne marche pas.<br />
- Pourquoi ?<br />
- On peut ........ (1), mais on ne peut pas ........(2).<br />
- Mais on ne peut pas toujours ........... (3).<br />
- Non.<br />
- Alors, quand on est grand ?<br />
- On change de .............(4) , tout ........... (5) .<br />
- On change de ............ ? ( 6, le même que 4)<br />
- Oui, ça s'appelle ............. (7).<br />
</i> (Sylvaine Hinglais)</div><br />
C'était difficile... mais J., à l'oral, avec un peu d'aide, a été le plus rapide à en retrouver tous les mots - et exactement ceux choisis par l'auteur.<br />
<br />
Mais il ne savait pas lire.<br />
<br />
Et pourtant, personne ne pouvait en être tenu responsable, ni mes collègues de cycle 2, ni la méthodes de lecture utilisée au CP - que je n'ai aucune légitimité à juger, et qui, de plus est, s'est avérée efficace pour les autres élèves.<br />
<br />
C'est, à mon avis, une conjonction de causes (que je donne pêle-mêle) qui l'a conduit, chacune dans une proportion que j'ignore, à cet échec: <br />
<br />
- L'illusion que lire, c'est deviner. Et quand on a pas mal de vocabulaire et autant d'imagination, c'est tentant d'anticiper les mots grâce aux indices que l'on a pu y prélever : il suffit que la maîtresse en souffle le début, ou qu'elle aide à le déchiffrer, pour en trouver la fin ! Alors, au mieux, « galette » devient gâteau, « rouge » devient rose et le « loup » un lièvre ...<br />
- L'impression que le mot est une image, un tout, et donc qu'on peut le prendre dans n'importe quel sens. La « porte » est alors lue « prote », ou « torpe ».<br />
- La peur de se trouver encore en échec : essayer de lire - et surtout devant les autres - devient une épreuve presque insurmontable, alors que les textes proposés deviennent de plus en plus complexes. A ceci s'ajoute la conscience d'un décalage croissant avec ses camarades de classe.<br />
- Le fait que Papa ne sache pas lire. Et que - c'est une hypothèse - le fils ne souhaite pas dépasser le père.<br />
- Un maintien en Ce1 assez peu profitable du fait des changements d'enseignants et de remplaçants qu'a connu la classe cette année-là.<br />
- Et, à la fois cause et conséquence, les problèmes de comportement, en classe et dans la cour, qui installe le cercle vicieux de l'échec.<br />
- ...<br />
<br />
Alors que faire ? Dans la mesure où il y a déjà eu maintien en Ce1, que l'orientation en CLIS n'est pas envisageable, que l'enfant a été suivi par le réseau d'aide Spécialisé de l'école (RASED), et par un orthophoniste à l'extérieur depuis plusieurs années...<br />
<br />
Refaire une demande d'aide au RASED ? Oui, ça a été fait... Et un refus essuyé : « il n'est pas motivé. Il n'est pas disponible pour apprendre, gros blocage. »<br />
<br />
Il m'a semblé cependant qu'il y avait urgence, qu'il n'était pas possible de renvoyer aux calendes grecques cet apprentissage qui est la clé de tout le reste, ou d'espérer un éventuel déclic...<br />
<br />
Heureusement, j'avais lancé ma question quelques jours avant, un peu au p'tit bonheur la chance, sur un forum d'enseignants du primaire.<br />
Comme je n'avais que deux fois 45 minutes à lui consacrer dans le cadre de l'Aide Personnalisée (car le temps très compté où je pourrai, en classe, m'assoir à côté de lui serait consacré à la lecture des énoncés, consignes ou textes communs), il me fallait trouver :<br />
- Un outil adapté, efficace et condensé, mais assez éloigné de ce qu'il avait pu connaître en cycle 2 et qui aurait pu le renvoyer à ces échecs passés.<br />
Il m'a été proposé sous la forme d'une méthode accélérée, permettant de revoir toute la combinatoire, inspirée du célèbre <i>Bien lire et aimer lire</i>, de Suzanne Borel-Maisonny. Je n'ai utilisé la gestuelle que pour les confusions pérennes (m / n surtout).<br />
- Un moyen de mettre cet élève en situation de réussite face à l'écrit, et en valeur au sein même de sa classe par ses nouvelles compétences lexiques, lui faire prendre conscience en ses progrès autrement que par leur affirmation magistrale. (Il est difficile d'imaginer à sa juste mesure, je crois, la souffrance d'un gamin qui n'a jamais pu lire son passage de lecture à voix haute au reste de la classe et ce malgré toutes les précautions que l'on prend à ne pas le stigmatiser lors de cette activité collective somme toute assez fréquente.)<br />
<br />
Cette deuxième condition m'a été, une fois encore, apportée, un peu par hasard, par un topic du même forum. Une collègue s'y était interrogée sur la possibilité de trouver, ou de créer, des textes répondant à deux contraintes :<br />
<br />
- Etre lus par les apprentis-lecteurs, même au début du CP, c'est-à-dire ne proposant que des sons connus<br />
<br />
- Présenter un certain intérêt narratif<br />
Une bonne quinzaine de textes - aux graphèmes sélectionnés pour pouvoir être lus par des apprentis-lecteurs au fur et à mesure de leurs avancées dans la combinatoire- ont été écrits, ou adaptés de textes célèbres, au cours de l'année sur ce fil, proposés aux lectures, relectures, corrections et trouvailles des différents intervenants.<br />
<br />
En pratique, ces textes, travaillés en Aide Personnalisée, étaient ensuite présentés à la classe, de façon un peu théâtralisée (et le public ne voyait que du feu quant à leur aspect simplifié...) : ces élèves en difficulté occupaient alors dans la classe une place qu'ils n'avaient jamais pu prendre auparavant, du moins sous cette forme : celle d'offrir des textes inédits (leurs textes) aux autres, et avec succès.<br />
<br />
Grâce aux conseils de forumeuses passionnées, connues sous les pseudonymes d'Akwabon, de Rikki, ou de Sapotille, grâce à leur soutien, grâce aux textes maintenant réunis sur le blog de JuliePie (<a href="http://ruedesinstits.com/page_copines.htm" target="_blank">ruedesinstits.com</a>)... J. est sauvé, je crois. C'est-à-dire que, même si je n'ai pas réussi à aller au bout du réapprentissage de la lecture avec lui, il semble être cette année (en CM1) suffisamment autonome sur certaines consignes et textes simples, et surtout motivé pour continuer cet apprentissage avec la collègue qui l'a maintenant dans sa classe, et qui a pris volontiers le relais, sous la même forme.<br />
<br />
</blockquote>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-10035182111570693872011-10-31T12:05:00.000+00:002011-10-31T12:05:42.187+00:00La religion du progrès<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-Y_j_uT5jwQxe5CVTWH4aiIbCXZ7Io09BKi51CnzrHXybOLafGVjE2ky_yoOgU-j1lQXj5FkowIrcqK3hMXV8Ojln0hICaYD_AYGU9IcvTZIx9mjonzndQiARnHZDEE5n8BVezAqJOMQ/s1600/9782081260474.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-Y_j_uT5jwQxe5CVTWH4aiIbCXZ7Io09BKi51CnzrHXybOLafGVjE2ky_yoOgU-j1lQXj5FkowIrcqK3hMXV8Ojln0hICaYD_AYGU9IcvTZIx9mjonzndQiARnHZDEE5n8BVezAqJOMQ/s320/9782081260474.jpg" width="206" /></a></div><div style="text-align: justify;">En terminant le précédant message, je cherchais désespérément une référence entendue sur les ondes (je vous laisse deviner quelle radio) où il était question d'un essai à propos du culte du progrès. Après bien des recherches sur le site de cette radio, j'ai abandonné jusqu'à réentendre la voix qui avait invité l'auteur de cet essai. La voix était celle de Laurence Luret dans sa brève émission du week-end, <a href="http://www.franceinter.fr/emission-parenthese-la-gauche-a-t-elle-oublie-les-gens-ordinaires-1er-tour-des-primaires">Parenthèse, le 9 octobre dernier (clic), </a>et l'invité Jean-Claude Michéa, que je ne connaissais pas encore. </div><br />
J'ai été très intéressée par sa réflexion et vous la propose à mon tour. Pour commencer la quatrième de couverture:<br />
<blockquote class="tr_bq"><div style="text-align: justify;">Semblable au pauvre Orphée, le nouvel Adam libéral est condamné à gravir le sentier escarpé du « Progrès » sans jamais pouvoir s´autoriser le moindre regard en arrière. Voudrait-il enfreindre ce tabou - « c´était mieux avant » - qu´il se verrait automatiquement relégué au rang de Beauf, d´extrémiste, de réactionnaire, tant les valeurs des gens ordinaires sont condamnées à n´être plus que l´expression d´un impardonnable « populisme ». C´est que Gauche et Droite ont rallié le mythe originel de la pensée capitaliste : cette anthropologie noire qui fait de l´homme un égoïste par nature. La première tient tout jugement moral pour une discrimination potentielle, la seconde pour l´expression d´une préférence strictement privée. Fort de cette impossible limite, le capitalisme prospère, faisant spectacle des critiques censées le remettre en cause. Comment s´est opérée cette double césure morale et politique ? Comment la gauche a-t-elle abandonné l´ambition d´une société décente qui était celle des premiers socialistes ? En un mot, comment le loup libéral est-il entré dans la bergerie socialiste ? Voici quelques-unes des questions qu´explore Jean-Claude Michéa dans cet essai scintillant, nourri d´histoire, d´anthropologie et de philosophie.</div></blockquote><br />
Et ici une présentation <a href="http://www.philomag.com/article,chroniques,pour-un-socialisme-primaire,1562.php">Philomag (clic)</a>. Bonne lecture !la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-33763886947861749872011-10-27T08:39:00.001+01:002011-10-29T21:14:01.566+01:00Faut-il supprimer les notes?<div style="text-align: justify;">L'heure est grave, mes amis. Hier, <a href="http://le-gout-des-archives.blogspot.com/2010/08/entre-les-deux-guillaume-mon-coeur.html">mon coeur balançait entre les deux Guillaume d'Inter</a> (en vrai il y en a plus mais ce n'est pas grave), aujourd'hui, mon choix est fait. Il faut croire que c'est le concept de l'émission intitulée Service Public (France Inter 10h-11h) qui nuit au présentateur. Les dernières années Isabelle Giordano m'énervait prodigieusement en traitant les sujets à la surface, aujourd'hui c'est Guillaume Erner. Il n'y a pas à dire, je préférais ce dernier quand il proposait <i>L'été en pente douce</i>... </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><a href="http://www.franceinter.fr/emission-service-public-les-notes-a-l-ecole-une-passion-francaise">Hier, enfin le 26 octobre</a>, Guillaume Erner recevait Pierre Merle, sociologue et Serge Hefez, psychiatre des hôpitaux, psychanalyste, thérapeute familial et conjugal, pour parler de la suppression des notes à l'école. Enfin, de la suppression de toute évaluation, parce qu'il faut être cohérent, c'est l'évaluation qui est accusée d'être traumatisante. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">C'est un peu comme si pour vendre une pièce de boucherie, on appelait comme expert un cordonnier. Et ça, visiblement, ça ne dérange pas les journalistes de cette émission. Selon P. Merle, les filles sont mieux notées que les garçons, les redoublants moins bien que les autres, et les enfants des classes populaires moins bien que les enfants de cadre. Alors plutôt que de remédier au problème, on casse le thermomètre pas beau-vilain et hop! magie, les élèves seront épanouis. Mais quand arrêtera-t-on de nous prendre pour des cons? </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Bref, émission sans intérêt qui ne défendait qu'un seul point de vue. Alors <a href="http://odieuxconnard.wordpress.com/2010/11/19/note-de-service/">voici (clic) l'article de l'Odieux connard</a> (c'est pas moi, c'est lui qui s'appelle comme ça) sur la suppression des notes. Lui, c'est un ancien professeur d'histoire-géographie, et avoir des collègues comme lui donne un peu de fierté. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Et si la question qui vous taraude l'esprit est de savoir si je suis réac, non, je ne voue pas un culte au passé, le "c'était mieux avant" est tout aussi stupide que "le progrès c'est forcément des tas de choses meilleures". Seulement, nous n'avons pas le droit de faire des élèves des cobayes.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-38758572954380123492011-10-23T19:56:00.000+01:002011-10-23T19:56:00.463+01:00Pour vousVoici un document écrit cette semaine par une enseignante de lettres. À lire. <br />
<br />
Le 19/10/2011<br />
<div style="text-align: justify;">Aux journalistes, politiques, syndicalistes qui voudront bien se faire l’écho de la détresse, de la colère et non du “malaise” de notre profession.</div><div style="text-align: justify;">Par avance merci.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">“Je le fais pour vous…”</div><div style="text-align: justify;">… a dit notre collègue, Lise B. professeur de Béziers, qui, en proie à un désespoir absolu, s’est immolée dans la cour de son lycée.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Qui, “vous” ?</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous, chers élèves, dont je ne cherche pas à me faire aimer avant toute chose</b>, car je veux rester sourde à la cote d’amour censée mesurer ma valeur au sein de la “communauté éducative”. Vous ne serez jamais, pour moi, “les gamins” dont il est question dans les salles des “profs”, car je ne serai jamais ni votre mère, ni votre copine. Mais savez-vous encore la différence entre un professeur, une mère et une copine ? Ce n’est pas un père trop souvent absent, irresponsable ou immature lui-même, très souvent votre meilleur copain, qui vous l’apprendra!</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Oui, je continuerai à réclamer le silence</b> en début de cours et à vous laisser debout tant qu’il ne sera pas de qualité. Ce n’est pas là volonté militariste de vous humilier, mais <b>condition nécessaire à mon enseignement</b>: délimitation d’un espace, la classe, où l’on doit entendre la parole d’autrui, celle des grands auteurs dont les textes que nous lisons font entendre la voix, respect de la mienne, simple passeuse de savoir, chargée de structurer votre… parole, afin que vous puissiez, à votre tour, vous faire entendre et être pris au sérieux, respect de la voix de vos camarades qui s’exercent à formuler leur pensée.</div><div style="text-align: justify;"> <b>Mais veut-on encore vous apprendre à penser ?</b></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Oui, je continuerai à faire la chasse aux portables et aux I-Pods</b> en cours pour les mêmes raisons.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Oui, je sanctionnerai</b>, autant que mes forces me le permettront – mais il ne faut préjuger de rien, l’usure gagne – vos retards systématiques, votre désinvolture, vos comportements égocentriques, insolents, agressifs et insultants, car je suis un être humain, nanti d’un système nerveux qui n’est pas à toute épreuve, mais conserve <b>le sens de la dignité</b>, de la mienne comme de la vôtre.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Non, je ne ferai pas de stage pour apprendre à “gérer les conflits” et mon propre stress</b>, comme si des ficelles psycho-techniques pouvaient se substituer à la loi qui doit être appliquée, à l’ordre que l’institution doit avant tout garantir, afin de nous protéger vous et moi contre tout acte de violence verbale ou physique, condition sine qua non pour commencer à pouvoir travailler. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Non, le “prof” n’est pas un outil qu’on doit rendre plus performant pour vous mater, vous manipuler ou vous séduire.</b></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Non, je ne négocierai pas mes notes, malgré les pressions </b>: celles de l’administration qui sait si bien faire porter la responsabilité d’une moyenne de classe trop basse au professeur, toujours trop exigeant et trop sévère ; celle de nos inspecteurs qui nous “invitent à l’indulgence” dans les commissions d’harmonisation du Brevet et du Bac et nous enjoignent de revenir sur les copies aux notes trop basses ; celles de vos parents qui, dans leur grande majorité, s’alarment à la première de vos faiblesses et me font savoir que “l’année dernière, ça marchait pourtant si bien avec M. Machin” (lequel n’hésitait pas, pour avoir la paix, à surnoter de la manière la plus démagogique qui soit) ; et celles que vous-mêmes savez si bien exercer sur les “adultes” d’aujourd’hui, plus prompts à laisser faire, à négocier des contrats, qu’à faire respecter des règles, sans faiblir – sachant qu’ils n’en tireront jamais aucune gratification immédiate – et qui semblent devenus incapables de supporter cette frustration inhérente à leur fonction d’enseignant et maintenant d’éducateur.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Non, je ne me transformerai pas en animatrice de MJC</b>, pour ne pas “vous prendre la tête”, ou parce que apprendre et travailler vous “gave”.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous ?</b></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous, chers collègues, broyés un peu plus chaque jour par une institution qui ne vous protège plus</b>, en dépit de l’article 11 du code de la Fonction Publique qui est encore censé protéger le fonctionnaire contre les outrages ou délits exercés à son encontre dans l’exercice de ses fonctions.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui jonglez désespérément </b>avec les impératifs de vos programmes qu’il vous faut boucler impérativement dans l’année, mais que l’on vous enjoint d’adapter à chacun de vos élèves dont les niveaux sont, d’une année sur l’autre, plus disparates au sein d’une même classe (puisque les plus perdus passent dans la classe supérieure “au bénéfice de l’âge” ou malgré l’avis des professeurs).</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui vous efforcez de maintenir encore les apparences</b>, alors que tout le système est fissuré ; vous qui direz au conseil de classe : “ Tout va très bien Madame la Marquise” ou “ Avec moi ça se passe bien”, alors que vous pouvez, sans guère vous tromper, annoncer en début d’année, qui sera reçu ou non au Brevet, car les jeux sont faits en septembre et que, pour l’essentiel, vos cours sont devenus très souvent une garderie culturelle où vous tentez de maintenir laborieusement une relative paix sociale, en limitant vos exigences, en surnotant, en renonçant un peu plus chaque jour à transmettre ce que vous avez reçu, car “l’enfant, au centre du système, doit construire lui-même son savoir”, choisir ses matières, ses options, pour un projet devenu essentiellement professionnel. Les valeurs humanistes qui vous ont structurés sont chaque jour un peu plus bafouées au sommet de l’Etat. Il s’agit maintenant d’évaluer des compétences à travers des grilles d’évaluation fabriquées par et pour l’entreprise, au niveau européen, compétences dites souvent transversales qui n’ont plus rien à voir avec l’acquisition de savoirs exigeants dans des disciplines bien précises. Le livret de compétences doit garantir “l’employabilité future” de ceux qui sortiront du système sans diplôme national reconnu et sans qualifications.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous, les professeurs d’Humanités (latin et grec)</b> dont il est de bon ton de ridiculiser vos enseignements, que l’on s’est employé à reléguer très tôt ou très tard dans la journée du collégien ou du lycéen, de manière à faire chuter inexorablement les effectifs ; vous qui transmettez les fondements de notre culture et qu’on met en concurrence en 3ème avec l’option DP3, découverte de l’entreprise…</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui enseignez une option que nos élèves-consommateurs peuvent essayer</b> au gré de leur fantaisie et abandonner sur une simple lettre de parents qui obtiendra l’arrêt souhaité, pour peu que les notes de latin du chérubin ne lui fassent baisser sa moyenne.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui vous sentez responsables, voire coupables, du désintérêt que ces matières suscitent</b>, vous à qui vos inspecteurs-formateurs suggèrent de rendre vos cours plus attractifs (sorties, jeux, Olympiades…) tout en vous sommant de vous conformer aux Instructions Officielles qui ne transigent pas avec les connaissances grammaticales à acquérir. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous dont les classes ne doivent jamais s’ennuyer ! </b></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui êtes, même aux yeux de vos collègues, le prof ringard </b>qui persiste à enseigner des savoirs désuets et inutiles et qui ne devrait pas se plaindre…vu ses effectifs réduits.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui vieillissez, vous qui vous fatiguez plus vite, vous qui êtes maintenant une loque en fin de journée, lasse du bruit et des tensions incessantes</b>, à qui le système demande désormais de rendre compte chaque jour, sur un cahier de textes numérique, de ce que vous avez fait en classe, heure par heure ; vous que Big Brother place ainsi sous le contrôle permanent de vos supérieurs et des parents d’élèves ; vous qui pourrez dorénavant recevoir chaque soir, chez vous, des mails d’élèves, ou de leurs parents, jugeant normal de vous interpeller par écrit et attendant bien sûr de vous la réponse rapide qui leur est due. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qu’on flique honteusement </b>comme on ne le fait pour aucune profession. <b>Vous à qui la société entière peut ainsi demander des comptes à tout moment;</b> vous qu’on livre à toutes les pressions aisément imaginables et qu’on place dans la situation de devoir vous justifier, de vous défendre sans cesse, car vous êtes devenu le fonctionnaire, bouc-émissaire par excellence, livré régulièrement en pâture à l’opinion publique.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui ne comprenez pas l’engouement aveugle</b>, incompréhensible de vos jeunes collègues pour l’informatique, le numérique, censés séduire “nos nouveaux publics” et stimuler leur envie d’apprendre, alors qu’ils se lassent du gadget pédagogique comme ils se lassent si vite de tout dans un monde consumériste où le seul principe qui vaille est le “tout, tout de suite”, dans un tourbillon de désirs sans cesse renouvelés et toujours insatisfaits.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui en perdez le sommeil</b> ; vous qui ne pouvez travailler avec ce couteau sous la gorge, vous qui tentez de reconstruire chaque soir une image acceptable de vous-même au travail avant de vous en remettre au somnifère ou à l’anxiolytique qui vous permettra, enfin, de dormir, car vous ne pouvez imaginer tenir vos classes demain sans ces heures de sommeil.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous qui travaillez en apnée</b> entre ces périodes de vacances que tous vous envient et vous reprochent, ultimes bouées qui vous permettent de vous reconstituer avant de découvrir, à chaque rentrée, que la situation se détériore irrémédiablement et que vous êtes, vous, professeur, jeune ou vieux, en première ligne chaque jour, de moins en moins sûr de tenir, si une volonté politique ne rappelle pas, très vite à chacun (parent, élève, professeur) la place qui devrait être la sienne dans une institution laïque et républicaine, si elle ne vous rend pas de toute urgence votre dignité, votre autorité, et des conditions de travail et de salaire décentes.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><b>Vous, parents, élèves, professeurs, qui espérez qu’on tirera une leçon du sacrifice de notre collègue…</b></div><div style="text-align: justify;"><b>Quelle leçon ? Telle est la question !</b></div><br />
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<div style="text-align: right;"><i>M.C. Perrin-Faivre, professeur de Lettres à Nancy.</i></div>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-6402660398254074475.post-76289941429456758382011-10-23T19:39:00.000+01:002011-10-23T19:39:27.734+01:00Une semaine après. Que reste-t-il de l'école?Cette semaine ont eu lieu plusieurs hommages à Lise Bonnafous. Le Midi libre y a consacré plusieurs articles <a href="http://www.blogger.com/%20http://www.midilibre.fr/2011/10/19/suicide-a-jean-moulin-800-personnes-denoncent-le-malaise-enseignant,404846.php">ici (clic)</a> et <a href="http://www.midilibre.fr/2011/10/19/suicide-au-lycee-l-hommage-emouvant-du-pere-de-l-enseignante,404673.php">là encore (clic)</a>. Audrey Pulvar en a fait l'objet d'<a href="http://www.franceinter.fr/emission-le-billet-d-audrey-pulvar-etre-et-avoir">une chronique, jeudi 20 octobre (clic)</a>. Plusieurs autres journaux, plusieurs émissions ont traité de la souffrance des enseignants: <a href="http://www.lepoint.fr/societe/les-souffrances-des-enseignants-mises-en-lumiere-depuis-le-drame-de-beziers-20-10-2011-1386699_23.php">ici le Point (clic)</a>. On a rappelé les cas passés de professeurs qui ont démissionné, comme <a href="http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?breve1442%20">Claire-Hélène dans une brève de Sauvons l'université (clic)</a>. <br />
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Cette semaine, il y a eu les mots importants du père de notre collègue: <br />
<div style="text-align: justify;"><blockquote>Ma fille était devenue fragile, sans doute, mais elle restait un excellent professeur de mathématiques et aurait dû pouvoir continuer d’exercer. Son message désespéré était celui-ci : il faut refonder, à tout prix, une nouvelle et authentique école de la république, celle où primaient les valeurs du civisme et du travail. Celle où le professeur était au centre de tout. Celle où l’enfant du peuple pouvait devenir fils de roi.</blockquote></div>J'ai beaucoup aimé le billet de Charlotte Charpot (autre professeur qui a démissionné) à propos de Lise Bonnafous, <a href="http://charlottecharpot.canalblog.com/archives/2011/10/18/22397539.html">à retrouver ici (clic)</a>:<br />
<div style="text-align: justify;"><blockquote>Le journaliste débute d'une voix d'outre tombe sur une musique tragique. Le cadre est posé. L'interview se lance avec un enseignant collègue de Lise, et nous tâtonnons une bonne heure à la recherche de quelque chose. Quoi? Qui était cette enseignante? La question se pose depuis jeudi dernier, cela fera bientôt une semaine. La réponse à oscillé de "une femme rigide - vieille école" à "seule" "dépressive" à "brisée par des drames personnels" en passant par... - le plus souvent - lorsque la réponse n'est pas politisée :<span style="text-decoration: underline;"> "Quelqu'un de parfaitement NORMAL."</span><br />
"Oui, on a discuté avec elle, elle a dit ça, répondu ceci, elle avait des amis, elle sortait, il paraît qu'elle jouait de la musique aussi... je l'ai croisée hier à la cantine."<br />
Le journaliste insiste "Oui mais à part ça, comment était-elle????" Hé bien nous n'en saurons jamais plus. Lise était une quadragénaire standard, similaire à vous et moi. La réponse semble inacceptable. Comment ça? Rien? du tout? Aller quoi une particularité! Non. Nada. On s'interroge ensuite sur le cadre de travail : "Mais heu.. l'établissement était plutôt standard, non? Extérieurement rien n'indiquait qu'on y trouve une violence particulière?" Non, rien.<br />
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Et c'est sans doute malgré tous les efforts des médias cette terrible normalité qui dérange. Se pourrait-il qu'une personne équilibrée n'ayant pas connu plus de drames sur une durée de vie de 44 ans que n'importe qui, ne travaillant pas dans des conditions plus pénibles que la moyenne en vienne à poser un acte aussi extrême?<br />
La réponse est oui. Quelle image de notre société donne cet événement? A moi c'est simple, si je suis honnête. Je me regarde dans un miroir et me dit, ok. Ca aurait pu être moi, toi. Chercher à fuir en mettant des termes pathologiques, la disséquer, trouver du réconfort dans des mots bien analytiques, décomposer son corps et sa psyché comme fait si bien la médecine moderne qui a réponse à tout et classifie l'humain dans des petits tiroirs pour rassurer en évitant d'approcher le problème global, c'est impossible.<span style="text-decoration: underline;"> Il s'agissait de Lise, enseignante normale. </span></blockquote></div><div style="text-align: justify;">Hé oui, notre bon ministre, qui ne croit pas aux chiffres sur la souffrance des enseignants, notre bon ministre a mis sur le dos d'une prétendue dépression le suicide de Lise Bonnafous. Sans revenir sur ce point. Mépris. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Certains stagiaires vivent bien leur année de stage - il n'y a aucune obligation à souffrir, bien heureusement. Comme de nombreux collègues peuvent aller au travail avec plaisir. Et heureusement encore. Mais tous les établissements ne se ressemblent pas. Une amie a particulièrement "dérouillé" durant son année de stage où elle a cumulé éloignement de son fiancé, établissement difficile, tuteur... "spécial" (avec une volée de guillemets). Le mieux est encore de la laisser décrire cette année en quelques mots et ce qu'elle sait de la capacité de l'institution à faire souffrir: </div><blockquote><div style="text-align: justify;">Je ne sais pas comment était la vie de Lise Bonnafous, je ne sais pas si elle avait du soutien dans le lycée, à l'extérieur du lycée, je ne sais pas si elle était dépressive, ou fragile, ou qu'importe.<br />
Je sais juste que pour moi, mon année de stage, m'a réellement mise en danger. L'éloignement - oui, je sais, tout le monde l'a vécu, tout le monde a son anecdote a raconter là dessus, et comment il l'a surmonté - , la surcharge de travail, les élèves difficiles, l'absence de soutien de la hiérarchie, frileuse peut être, l'absence de soutien des collègues, dans la négation "non chez moi tout va bien, chez moi les élèves sont adorables, je ne comprends pas que tu aies des difficultés ...</div><div style="text-align: justify;">Tout ça, je l'ai vécu.<br />
Et je me souviens d'un jour, au début de mon année de stage, où un élève, de quasiment mon âge, s'est levé, m'a menacé. Ma tutrice m'a dit que je l'avais provoqué. Les collègues m'ont dit que ce n'était pas un méchant bougre. L'administration m'a déconseillé de déposer une main courante. Les formateurs IUFM, parce que j'y ai encore eu droit, m'ont dit que de telles choses n'arrivent jamais.<br />
Je suis rentrée chez moi, dans cet appartement que je détestais, et j'ai pleuré et pleuré et pleuré parce que je me sentais seule, coupable, nulle et incapable. Et personne ne devrait avoir à vivre ça. Parce que si, à ce moment là, j'avais eu une boite d'anxiolytiques, de somnifères, ou que sais-je, à portée de main, j'aurais bien été capable de l'avaler, parce que je voulais juste que ça s'arrête.</div></blockquote><div style="text-align: justify;">Remise en cause personnelle - incessante et au-delà de ce qui est bon et supportable -, solitude et délations. Savez-vous par exemple qu'une loi de 1994 interdit aux enseignants du primaire de donner des devoirs écrits aux élèves? C'est même plus sournois que cela, plus ancien dans les faits. Un premier texte de 1956 sur les devoirs porte bien sur les devoirs notés, qu'il interdit, pour des raisons qui ne sont pas mauvaises. Il a d'ailleurs été suivi d'une note explicative précisant bien qu'il ne s'agissait en aucun cas de mettre fin aux nécessaires exercices d'entraînement (B.O. n° 42 du 29-11-56, p. 3005 ; 100-Pr-& II a, p. 9). Mais des générations d'IEN ont joué sur le flou du terme "devoir" pour imposer progressivement leur vision des choses. Laquelle est entrée dans les moeurs et n'a été entérinée, contrairement aux idées reçues, que récemment, avec la circulaire n° 94-226 du 6 septembre 1994, qui interdit bel et bien, elle (et seulement elle) le travail <u>écrit</u> à la maison. Voir ici pour consulter les textes : <a href="http://dcalin.fr/textoff/devoirs_1956.html" rel="nofollow" target="_blank">http://dcalin.fr/textoff/devoirs_1956.html</a></div><br />
Le résultat, c'est que selon les établissements d'origine des petits sixièmes, l'on accueille des enfants qui ouvrent régulièrement de grands yeux quand on leur parle de devoirs, d'exercices, de leçons à apprendre à la maison. Et l'on sort les pagaies. Heureusement, beaucoup de professeurs des écoles continuent à donner des consignes de travail à la maison, réviser seulement les exercices faits en classe, apprendre deux ou trois phrases de leçon. Mais gare à qui se fait dénoncer ! Car le quotidien de professeurs des écoles, c'est cela aussi (parole de collègue de primaire):<br />
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<blockquote><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;">Dans l'école de zone "violence" où j'enseignais ces dernières années, j'ai eu le droit à une lettre de dénonciation anonyme à l'IEN [à l'inspection de l'éducation nationale] parce que je donnais un peu plus de devoirs que mes collègues. ...<br />
J'avais un CM1-CM2. Cela consistait à deux opérations posées, et en moyenne deux leçons par jour à apprendre, une d'étude de la langue et une de maths (ou plutôt à revoir car en élémentaire nous décortiquons tellement les leçons en amont qu'un élève attentif et de niveau moyen la connaît en sortant de la classe). Parfois se rajoutait une strophe de poésie (une poésie de 3 strophes à apprendre en 3 fois donc...). J'ai fini par découvrir qui c'était car un parent avait laissé des indices dans sa lettre qui permettaient de remonter à lui.<br />
En fait, lui-même n'avait jamais réussi à apprendre à faire les divisions à l'école...<br />
À force d'entraînement au CE2 (maintenant c'est au programme), la très grande majorité de mes élèves que j'avais suivis au CM1 savaient les faire et j'en donnais une chaque soir dès la rentrée pour qu'ils ne "perdent" pas cet acquis le temps que nous en soyons à aborder et approfondir cette notion au CM1 (en début d'année de CM1, nous en étions à consolider addition et soustraction de grands nombres). Son enfant faisait partie des 5 CM1 ayant fait un CE2 dans la classe de mon collègue et ayant abordé la division en juin. <br />
J'avais bien précisé que c'était totalement facultatif pour ceux-là et que nous reviendrions sur la technique en cours d'année. Il n'a pas supporté de se sentir incapable d'aider son enfant, a d'abord demandé à un autre parent de "suppléer" puis, voyant que cela reproduisait chaque soir, a fini par faire photocopie du cahier de textes assortie d'une lettre pour le moins excessive ("Mon enfant subit une pression insupportable dans cette classe, je ne signe pas car cette maîtresse me fait peur et elle est capable de se venger sur mon enfant...).</div></blockquote>Flicage, plaintes, dénonciations de professeurs... Un climat normal, quoi. Attention, je ne dis pas qu'il ne faut pas encadrer les pratiques des enseignants. Nous avons sans doute tous connu des enseignants qui usaient et abusaient de violences physiques et psychologiques. Des enseignants dont les cours étaient des cauchemars pour nous ou pour le petit camarade: maux de ventre, troubles nerveux divers, j'en passe. Des fessées pratiquées sur l'estrade alors qu'elles étaient interdites depuis longtemps. Que ces pratiques-là aient cessé n'est vraiment pas un mal, ces maîtres et professeurs étaient durs et l'on n'apprenait pas mieux qu'avec des enseignants souriants, voire au contraire. Mon propos n'est en aucune manière un développement sur le thème du "c'était mieux avant". Mais il n'est pas non plus fondé sur "la nouveauté est forcément bonne". <br />
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Quoiqu'il en soit, ce flicage et ces abus de la part de parents et de la part d'inspecteurs (il ne s'agit pas non plus de désigner à la vindicte un corps) rend le quotidien des professeurs en collège particulièrement compliqué, pour user d'un euphémisme, "enrageant" comme l'explique une collègue de lettres:<br />
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<div style="text-align: justify;">J'enrage quand je vois tous ces petits normalement fainéants et tout aussi normalement intelligents qu'on enferme peu à peu dans l'indigence à force de ne jamais rien exiger d'eux.<br />
Pas de devoirs en primaire - poussé dans certaines ZEP (la mienne notamment) jusqu'à aucun exercice de mémoire, aucune leçon. Bref, aucune habitude de travail jusqu'en Sixième. Or, chacun sait que la préadolescence, c'est l'âge idéal pour découvrir l'effort...<br />
Des élèves de collège qui considèrent qu'apprendre un sonnet en deux semaines, c'est exorbitant, n'apprennent aucune leçon, ne font pas les punitions.<br />
Une administration qui renâcle de plus en plus à des sanctions un peu plus significatives - ou alors, nous sommes priés d'assurer la surveillance de nos heures de colle nous-mêmes.<br />
Des textes qui nous mettent des bâtons dans les roues, insistant toujours sur les devoirs des enseignants, jamais sur ceux des élèves.<br />
Des "pédagogues" prompts à nous culpabiliser et à faire des élèves les victimes toujours irresponsables d'un système abject (mais pourquoi diable le conserve-t-on, alors ?).<br />
Une avocate à la con qui vient procéduriser tout ça.<br />
Des parents de plus en plus contestataires, exigeant le retrait de ce zéro (aucune conjugaison sue le jour du contrôle pourtant annoncé de longue date), contestant telle punition et jurant leurs grands dieux que Chéri ne la fera pas.<br />
Je suis lasse de régler ces questions dans le bureau du CDE. Maintenant, il m'arrive de répondre : "Si vous voulez faire de votre enfant un imbécile, après tout, c'est votre problème, pas le mien."<br />
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Le bottage de cul*** pourrait sauver sans doute aucun une bonne moitié de nos cancres qui n'a contre soi qu'une tendance bien naturelle à la paresse. En nous l'interdisant, on condamne ces enfants.</div></blockquote><div style="text-align: justify;"> Sous le clavier de cette collègue, je précise, à toutes fins utiles, que ce bottage de cul n'est nullement physique, il s'agit d'apprendre aux enfants à faire des efforts en leur donnant les notes que leur travail mérite, en ne les faisant pas passer en classe supérieure s'ils ne maîtrisent pas la lecture donc en intervenant tant qu'il est encore temps pour reconstruire un élève déjà bien démoli par des années d'échecs accumulés. Le pire étant l'argument de la toise "ah non, il faut le faire passer en 5e, vous comprenez, il sera trop grand au milieu des 6e si on le faisait redoubler". Cette collègue a proposé au prochain conseil de ne pas regarder les bulletins de note et d'apporter la toise de ses enfants. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">La faiblesse n'est bonne ni pour les parents ni pour le monde de l'enseignement. Combien de parents consultent aujourd'hui à cause de l'hyper-activité de leur enfant. La collègue de lettres dont j'ai cité les propos plus haut racontait ce qu'une de ses amis, psychologue, lui avait dit à propos de cette multiplication des cas : "Dans 99% des cas, je suis obligée d'expliquer aux parents que Toto n'est pas hyper-actif, il est juste pas éduqué". </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Restent dans les classes, les autres, ces deux tiers de classe jamais très méchants - tant qu'il n'y a pas d'agitateurs impossible à gérer en classe - jamais très travailleurs, pas forcément très mal élevés... qui trinquent et trinqueront encore des années. Sauf si l'on réagit. Les programmes actuels des candidats à la présidentielle font dire que l'on va encore attendre longtemps une réaction. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Pour finir en beauté, je viens de lire <a href="http://blogs.lexpress.fr/l-instit-humeurs/2011/10/22/suicide-burn-out-chiffres-et-malaise-enseignant/?xtor=x">ce billet (clic) sur le blog l'instit'humeurs</a>. Là, comment dire... ce n'est pas rassurant. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">P.S.: et que personne ne croit me faire plaisir en me renvoyant vers la vidéo de SOS éducation qui circule sur le net depuis quelques semaines, parce que ceux-là je leur prépare une réponse à la hauteur de la bouse qu'ils diffusent. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div>la Souris des archiveshttp://www.blogger.com/profile/12236967438463247879noreply@blogger.com1