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Une envie de livres ?

30/10/2008

Dans la série, "je ne vous parlerai pas de la crise", l'épisode 2

Je ne vous parlerai pas de la crise, je laisserai les autres en parler : allez voir ou plutôt écouter ici :

Émission en date de mercredi dernier 30/10 de Daniel Mermet


"Première étape du voyage aux Etats-Unis à Cleveland, Ohio. Autrefois le pilier économique de la "ceinture de rouille" (rust belt), la ville a subit de plein fouet la crise du secteur automobile et s’est vidée de près de la moitié de sa population. Aujourd’hui, Cleveland est une ville qui souffre : depuis 2007 et le début de la crise des subprimes, la fameuse crise des crédits hypothécaires, elle détient le record de maisons saisies et de familles expulsées. Au palais de justice, vente aux enchères où les maisons se vendent pour une bouchée de pain, puis, dans le quartier de Slavik, rencontre avec Barbara qui malgré tout résiste et organise la solidarité avec les voisins du quartier.
reportage : Daniel Mermet et Giv Anquetil"

Pour changer des âneries des journaux sur les cours de la bourse, comme si l'essentiel était là...
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27/10/2008

Pourquoi je ne parlerai pas de la crise financière...


Un investisseur chinois accablé par la chute des valeurs à la bourse de Shanghai le 6 octobre 2008. (Photo Mark Ralston/AFP)


Certaines mauvaises langues diront que c'est normal que je ne parle pas de la crise, parce que je suis fonctionnaire, donc pas concernée par la tempête qui souffle sur l'économie. Il se trouve que dans mon entourage proche n'est pas du tout composé de fonctionnaires, donc je suis plutôt au courant de la réalité de l'économie, au moins celle des PME...

Et puis rien de pire qu'un blog où un incompétent parle, pour le plaisir de parler...
Alors c'est la raison pour laquelle je ne parlerai pas ici de la crise financière, car même si l'histoire économique m'a toujours intéressée, cela ne fait pas de moi une économiste.


Toutefois, j'ai remarqué deux ou trois petites choses dans l'actualité qui m'ont fait réagir (et pas "interpellée" comme on dit souvent bêtement). Je ne parlerai pas de la crise pour donner mon opinion (sans valeur sur le sujet) mais de la façon dont on en parle.

D'abord, dans la bouche d'un professeur d'économie aux écoles militaires de Saint-Cyr - plutôt intéressant globalement à écouter, d'ailleurs vous pouvez le retrouver sur le blog éconoclaste ici et certainement plus que les journaux télévisés - Alexandre Delaigue, invité par Arrêt sur Image.
A. Delaigue, pris sans doute dans le feu du débat, a ainsi expliqué que les chefs d'entreprise en raison de la crise ne pouvaient plus demander de prêt à leurs banques comme ils avaient l'habitude de le faire, pour de courte durée: or l'exemple donné était des plus malheureux, puisqu'il consistait dans un chef d'entreprise qui demande à son banquier de lui prêter le nécessaire sur quinze jours pour le paiement de ses salariés.
Or, les banques n'accordent pas de prêt ou d'avances de fonds sur quinze jours à une entreprise ! Pour financer des paiements, salaires ou impositions, le chef d'entreprise peut tout au plus obtenir de sa banque un rachat de créance, opération par laquelle la banque verse à l'entreprise le montant des factures dont le règlement est attendu des clients, à court terme et en échange se charge des relances et encaisse les paiements faits par les clients le moment venu (nécessairement coûteuse, la banque se sert au passage, ce qui se comprend sans peine), ou bien obtenir de la banque un découvert (lui-aussi coûteux).
Les banques ne financent par des prêts que les investissements, et encore les investissements matériels, et pas le paiement d'ingénieurs ou autres employés que l'entreprise souhaiterait recruter pour développer ou fabriquer un nouveau produit...

Autre boulette entendue cette fois ce matin sur France Inter, un des auditeurs vers 8h50, a parlé du bénéfice comme étant en partie investi et en partie versé aux actionnaires. Ni l'invité chargé de répondre aux questions des auditeurs, ni aucun des journalistes présents n'a relevé l'erreur, plutôt visible lorsque l'on a deux trois notions de base sur l'économie de l'entreprise.
Or le bénéfice est ce qui reste après paiement des salaires, des impositions et charges diverses (65% des rentrées d'une entreprise si elle ne compte pas trop de cadres, sinon c'est plus...) et investissement ! Le bénéfice, lui, est réparti entre les associés et éventuellement actionnaires si l'entreprise est cotée en bourse...


Entre le discours politique, celui des économistes un peu trop ancrés dans la théorie (?) et l'absence de répondant des journalistes, on est pas près de trouver la bonne solution... (encore que les économistes ne sont certainement pas les pires)

En revanche, une histoire de l'entreprise au XXe siècle serait à écrire. Il y aurait de quoi dire sur l'évolution de la perception de l'entreprise (admirez au passage le faux singulier) durant le siècle, l'apparition de l'image du trader golden boy ou affolé au palais Brogniard ou maintenant devant son ordinateur, l'image donnée par les entreprises, les évolutions de la politique des gouvernements à l'égard des entreprises, liée à l'image que les politiques se font de l'entreprise...

Bref, de quoi alimenter un renouveau de l'histoire économique, bien en mal depuis une vingtaine d'années, en l'associant avec l'histoire culturelle !
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24/10/2008

Comment les historiens écrivent-ils l'histoire?



On se pose rarement la question des sources sur lesquels l'historien s'appuie; parce qu'entendre une histoire semble a priori plus intéressant que de savoir comment elle a été écrite. Et pourtant... C'est souvent un des moyens d'identifier un auteur qui raconte n'importe quoi et celui qui s'appuie vraiment sur des sources (il faut ensuite qu'il sache les traiter avec culture et esprit critique, mais c'est une autre affaire).

Recette du jour :

Prenez un historien. Munissez-vous d'un pressoir de préférence ancien (vous en trouverez pour rien en Bretagne et en Normandie) qui pourra par la suite faire le décor kitch de votre jardin, et d'une reproduction du Jugement dernier.

Installez l'historien dans le pressoir, à la place des fruits. Actionnez le mécanisme de presse. Si l'historien, soumis à la pression, crache des liasses de vieux parchemins, divers objets archéologique et des centaines de livres, gardez-le, c'est un bon historien, il vous rendra quelques services. Sinon, épinglez-le au plus vite en bas à gauche de la reproduction du Jugement dernier, c'est l'emplacement réservé pour l'enfer des historiens.

(je crois que je devrais cesser d'abuser du café)

Hum ! Je disais... Les historiens apprennent à connaître le passé grâce aux informations révélées par les "sources": mais ! Le statut de source peut être donné à la limite à n'importe quel objet, à condition qu'un historien arrive à le faire parler. J'ai pris conscience assez tardivement (je vous rassure, c'était du temps de mes études), que l'histoire politique occidentale de ces derniers siècles était en grande partie écrite grâce aux actes émanant du pouvoir (actes royaux, impériaux,...) mais aussi grâce aux archives diplomatiques: comptes rendus des ambassadeurs, résidents et autres espions officiels.

Selon un grand historien du début du XXe siècle, Henri-Irénée Marrou, "Le passé se présente (à l'historien) comme un vague fantôme (...) pour le saisir il faut l'enserrer dans un réseau de questions" (H.I. Marrou, De la connaissance historique, Paris, Le Seuil, 1954, rééd. Points Histoire 1975, p. 56)


Plusieurs classifications sont possibles.
Par nature:

- les sources écrites
- les sources iconographiques
- les sources audio-visuelles
- les sources archéologiques non écrites (objets divers, monuments...)

Une deuxième est encore possible, en fonction de la destination:
- les sources privées
- les publiques

Dans les sources écrites, on distingue encore plusieurs catégories:
- les sources normatives (les textes de lois, les règlements émanant de toutes sortes d'institutions, etc)
- les sources narratives (littéraires ou non: correspondances, mémoires, récits divers...)
- les sources administratives
et la liste n'est pas close.

Or, l'éventail des sources étudiées par les historiens ont varié au fil du temps, comme le regard sur des sources identiques a changé en fonction de l'évolution de l'historiographie ou histoire de la façon d'écrire l'histoire.

Le renouveau historique est dû:

- quelquefois à des découvertes d'archives inconnues ou à des fouilles archéologiques;
- mais le plus souvent, le "nouveau" en histoire est dû à de nouvelles questions, une nouvelle approche des documents déjà connus. Or on peut aborder un même document de mille manières (bon, mille, c'est pour la formule, disons cinq, six, c'est déjà bien)

L'historiographie introduit d'une manière concrète et à partir d'exemples, à l'évolution des démarches, des interrogations, et des interprétations.

Écoutons Henri-Irénée Marrou -un des grands maîtres historiens du XXe s. (1904-1977) - expliquer comment à partir d'un même phénomène, on peut tirer plusieurs manières d'envisager un fait:

"Prenons un phénomène historique bien déterminé : le monachisme chrétien à ses origines dans l'Égypte du IVe siècle.
On peut l'étudier du point de vue de l'histoire du christianisme en tant qu'il est un épisode de celle-là, un aspect du développement de celui-ci.
On peut l'étudier du point de vue comparatif de l'histoire des religions, comme une des manifestations de l'idéal de solitude, d'ascèse et de contemplation qui s'est incarné de tant d'autres manières dans l'humanité (brahmanisme, jaïnisme, bouddhisme, taoïsme, et jusque paraît-il dans les civilisations précolombiennes).
On peut y voir l'aspect social, la fuite au désert, l'"anachorèse" (littéralement la "montée au maquis") étant un phénomène général dans l'Égypte gréco-romaine (criminels, débiteurs et surtout contribuables insolvables, a-sociaux de toute espèce, et non pas seulement religieux).
On peut encore en étudier la fonction économique: les cénobites de saint Pachôme qui par milliers sortaient de leurs couvents pour venir faire la moisson dans la vallée du Nil et gagner ainsi en quelques jours leur maigre subsistance de l'année, apparaissent comme une réserve de main d'oeuvre, un Lumpenproletariat, équivalent de ces travailleurs saisonniers de Californie, décrits par Steinbeck dans Les raisins de la colère... (H.-I. Marrou, De la connaissance historique, p. 51-67


Tout est affaire de point de vue... sur les sources !
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18/10/2008

Enseignement secondaire de l'histoire et esprit critique, le grand écart...


Picasso, Guernica
1937, Peinture l'huile,
Musée de la reine Sofia, Madrid



Le week-end, c'est l'occasion de se détendre (hum... comment ça je suis censée travailler? Oui, bon, juste après ce billet c'est promis!) je fais mon p'tit tour sur la toile, et je fais tourner le truc qui me sert à penser (mon cerveau quoi), sur d'autres sujets que mon sujet de recherche ou de cours.

Sur un forum d'histoire, je suis tombée sur une réflexion au sujet de la neutralité de l'enseignant d'histoire. Hélas, je dois avouer que certains propos étaient justes, et sont peut-être une des raisons de mon dégoût d'élève pour ce truc que l'on appelle "listouarregého".

Je me souviens de la réflexion de mes étudiants qui n'étaient pas du tout historiens (ils étaient dans une filière les préparant au concours de professeur des écoles, je devais leur faire en 3e année de faculté une initiation à l'histoire) "Je n'aimais pas l'histoire, mais je n'en avais jamais fait comme ça". Le "ça" désignant la façon dont je les faisais réfléchir sur l'intérêt de la pratique de l'histoire.

Or, ce "ça" manque à mon sens cruellement dans les programmes du secondaire.

J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer que l'objectivité est une nécessité pour un historien, souvent inatteignable. Mais le but est de la viser...

Or, l'enseignant français doit, selon les programmes, faire l'historique des valeurs du monde actuel, voire défendre les valeurs de la République, c'est-à-dire prendre fait et cause pour l'idéologie républicaine française, la seule valable offerte aux élèves (n'est-il pas traditionnellement chargé de l'éducation civique? Et rappelez-vous pourquoi et depuis quand histoire et géographie sont associées...).

Un enseignant qui ne respecte pas ces directives peut être sanctionné. Oh, pas de goulag en perspective, on lui bloquera tout avancement.

L'exemple le meilleur est sans doute le programme de classe de seconde (voies générale et technologique).
Sont traités : – un exemple de citoyenneté dans l'Antiquité : le citoyen à Athènes au Ve siècle avant J.-C. ; – une approche de la religion chrétienne, composante majeure de la civilisation occidentale ; – la diversité des civilisations médiévales ; – une nouvelle vision de l'homme et du monde à la Renaissance ; – le tournant fondamental représenté par la période révolutionnaire en France ; – l'Europe en mutation pendant la première moitié du XIXe siècle (jusqu'aux révolutions de 1848 incluses).

Allez voir ici, sur le site du SCÉREN ("services culture éditions ressources de l'éducation nationale", ouf, on est au bout !) les extraits des textes officiels et le descriptif des programmes avec les instructions officielles.

Le commentaire suit : "Les programmes d'histoire-géographie permettent en effet la compréhension du monde contemporain, par l'étude de moments historiques qui ont participé à sa construction et par celle de l'action actuelle des sociétés sur leurs territoires. La démarche par laquelle les connaissances sont acquises, la recherche permanente du sens, l'exercice du raisonnement et de l'esprit critique contribuent à la formation des élèves : ils leur donnent une vision dynamique et distanciée du monde, fondement nécessaire d'une citoyenneté qui devient au lycée une réalité effective."

Que ce programme permette de construire une culture, je veux bien. Mais comment forger des esprits critiques, sans points de comparaison ? Avec le système monarchique, avec des dictatures anciennes, avec des régimes combinés, d'autres, oligarchiques, etc.
À part conclure que la citoyenneté d'aujourd'hui c'est quand même hachement mieux que celle de la grande époque d'Athènes, parce qu'à l'époque les femmes et les esclaves n'avaient pas le droit de participer à la vie de la société, comme les hommes, que peuvent en retenir des adolescents ? Surtout qu'à cet âge-là, on fait rarement les choses à moitié...

Si le but n'est pas de valoriser la démocratie, à quel résultat pense-t-on aboutir en ne parlant en matière de régime politique que de démocratie ?

Savoir qu'il y en a eu d'autre, qu'aucun régime politique n'est parfait, qu'ils sont tous un peu utopiques, que chaque régime aussi louable soit-il, impose son idéologie, sa propagande, ne serait-il pas aussi essentiel ?

Savoir que chaque système politique a compté ses grands hommes, ses "saints" selon ma définition (allez voir là), qu'il a avancé grâce à eux... Car à enseigner les idéaux seuls (la citoyenneté -avec Athènes-, la tolérance - la Méditerranée-, l'humanisme - de la Renaissance-, pour insister au final, conformément aux directives sur la période révolutionnaire et le monde contemporain), conformément aux directives, n'est-ce pas nourrir les élèves d'illusions sur la réalité de l'histoire, non pas désespérante, mais ancrée dans l'humain, l'erreur pour ne pas dire les errements ?

Et si on leur faisait découvrir que les sociétés européennes entre les Ve et XVIIIe siècles étaient fondées sur l'association de groupes sociaux dont les intérêts respectifs étaient garantis en échange de devoirs et de droits respectifs, et non une société tyrannique où le Tiers état, associé fréquemment de façon fantaisiste au petit peuple travailleur, était brimé par un roi, un clergé et une noblesse... Bref, qu'il n'y a pas de modèle politique absolu.

Or, la tendance naturelle est que chaque époque enfante le régime politique qui lui semble le meilleur et n'en imagine pas d'autres. Bien mieux, chaque époque légitime son propre régime, propagande et idéologie à l'appui.

Il me semble parfois que c'est presque forger non pas des esprits critiques mais des esprits d'aigris et revenus de tout, les pousser à dix ou vingt ans plus tard dans les bras des extrémismes de tout poil, en leur faisant dire "Nos politiques nous trahissent, et trahissent la démocratie !" Et à rejeter par là tout en bloc, sans nuance... Car leur dire qu'il n'y a pas qu'un seul modèle, mais qu'il faut croire dans la capacité d'une société à inventer son système socio-politique, qui ne sera jamais parfait mais dont l'objectif de perfectionnement est entre leurs mains.

J'ai développé les aspects du programme qui traitent de la démocratie, mais, on pourrait faire de même avec l'humanisme : les hommes du Moyen Âge et de l'Antiquité étaient donc des arriérés, à vivre sans cette valeur ???

Quand à la tolérance dans la Méditerranée au XIIIe siècle, elle est pour le moins à replacer dans son contexte, et n'a pas grand chose à voir avec notre tolérance... Bref !

Ça me filerait presque le bourdon, ces programmes... C'est un peu comme donner à des élèves des Beaux-Arts pour toute formation le modèle des peintres pompiers, bien académique, sans jamais leur parler de Picasso... Heureusement qu'il y a le génie individuel de quelques professeurs pour réparer ce triste programme...
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16/10/2008

De l'utilisation de l'histoire en politique (et ailleurs)


Je ne vais pas continuer à vous raconter mes aventures à la BNF (quoique, j'aurais de la matière, entre la semaine dernière où j'étais coincée à une place en plein soleil, puisqu'il n'y a store sur les immenses baies vitrées qui font la façade de la BNF, ni lundi, jour de panne informatique totale en fin d'après-midi jusqu'à la fermeture, provoquant l'impossibilité de rendre informatiquement les ouvrages, de consulter le catalogue et de commander le moindre livre en magasin... ça a provoqué une jolie pagaille, notamment à la sortie vers 20 heures).

Non, je vais essayer de vous faire à nouveau des posts sérieux, ou presque, en vous causant de la façon choisie par beaucoup pour prendre d'assaut l'Élysée pour tenter de s'asseoir dans le fauteuil présidentiel.

On peut escalader les murs, la nuit en douce, assiéger la place avec forces troupes armées ou bien encore on s'y imagine déjà et on parle de Jules Ferry, de Jeanne d'Arc et de De Gaulle, comme si on était déjà assis dans le fauteuil.

Je vous le garantie, quand on veut faire de la politique (ce qui implique d'entrer dans l'histoire) en se créant une stature d'homme politique de taille, pas de meilleur moyen que de faire référence à l'histoire... De préférence la "grande" enfin celle des grands zhommes.

Effet garanti ! D'ailleurs c'est ce que font tous les politiques, il n'y a pas de hasard.
Plaisanterie à part, intéressons-nous un peu aux relations entre histoire et politique (mais quelle idée ! Hé oui, c'est le genre d'idées qui me vient quand j'écoute ma radio).

Parce que j'ai commencé par écouter Olivier Besancenot sur France Inter lundi dernier, et que j'ai ensuite fureté sur le net, trouvant une moisson abondante de sites et d'ouvrages sur les utilisations de l'histoire que fait un certain Nicolas S. Alors voyons un peu de quoi il retourne.

« Je n’écris pas pour catéchiser, pour recruter des adhérents à tel ou tel parti, mais pour instruire et renseigner. Je croirais déchoir à mes propres yeux si je me préoccupais, quand je prends la plume, du parti que tireront de mes écrits les politiques du jour, en France et à l’étranger. Que ces hommes au profit de leur cause, avec plus ou moins de bonne foi, c’est un ennui que je dois supporter avec calme. Ni leurs éloges, ni leurs injures ne me feront dévier de ma route. Si l’histoire est la politique du passé, ce n’est pas une raison, au contraire, pour qu’elle devienne l’humble servante de la politique ou plutôt des politiques du présent. Elle n’a de raison d’être que si elle dit en toute indépendance ce qu’elle croit être la vérité. Tant pis pour ceux que cette vérité blesse ! Ou plutôt tant mieux, car c’est peut-être une des conditions du progrès.» (14/07/1928, Albert Mathiez, extrait de sa préface à La Réaction thermidorienne, Paris, Colin, 1929.)

Choisir de faire référence à A. Mathiez pour un billet sur les relations entre politique et histoire pourrait paraître de la provocation, (A. Mathiez étant resté célèbre pour son engagement à gauche, champion connu de Robespierre) relève soit du culot monstre ou de l'inconscience. J'assume la première option. Il faut sans doute replacer cette citation dans son contexte, pour distinguer deux choses: le devoir de neutralité de l'historien pourtant marqué par ses croyances et ses opinions et la façon dont le discours de l'historien est lu, interprété, voire utilisé.

Ici, je ne vais pas disserter sur l'influence des opinions personnelles d'A. Mathiez sur son oeuvre, mais le fait que ce qu'il pointait du doigt était l'usage que l'on pouvait faire de son travail, de ses publications, notamment l'usage que les politiques pouvaient en faire, et là, ses propos sont parfaitement justifiés.

Je ne ferai pas le tour du sujet en un billet, mais juste le point sur quelques idées fondamentales, qui tournent autour de l'histoire avec un H et celle avec un h, qui semblent se faire la guerre. Ce genre de sujet devrait être traité plus systématiquement, indépendamment du fait que l'on aime ou non l'histoire. Il suffit d'écouter les journaux, de profiter de notre statut de citoyen en tenant à se faire une opinion pour que la nécessité d'un vaccin contre les abus de l'utilisation de l'histoire, en politique, dans la presse ou dans la rue, soit une nécessité vitale (quoi, j'en fais encore trop?).

On distingue souvent dans les conversations la Graaande histoire et la petite (histoire). La Grande Histoire, c'est la sérieuse, celle des Grands (z)Hommes et des Grandes (z)Actions d'Éclat, et la supposée "petite histoire", anecdotique, faite d'histoires d'alcôve, de détails, sans importance pense-t-on, qui font toutefois les délices des conversations.

Or, il n'y a dans l'histoire des historiens (enfin les vrais, pas ceux qui écrivent n'importe quoi et publient n'importe où) ni petite ni grande histoire, mais des sujets différents, qui intéressent l'histoire politique, ou l'histoire culturelle, ou autre. La reddition de Vercingétorix peut être traité comme sujet d'histoire politique (une étape essentielle dans le parcours de Jules César, ou une étape essentielle, en prenant l'autre bout de la lorgnette, de la vie des populations celtes, et des Gaules), en histoire culturelle (comment la mémoire d'Alesia et l'épopée de Vercingétorix, sur lequel on ne sait quasi rien, est restée dans l'histoire nationale, quand ce moment et cette épopée ont été remises en valeur (surtout sous Napoléon III et dans les écoles de la IIIe République dans la foulée), au mépris de l'exactitude historique).On sait ainsi l'usage que la IIIe République a fait de quelques figures historiques (Vercingétorix, mais aussi Clovis, Jeanne d'Arc, Louis XIV,...) pour créer ou renforcer un sentiment national dont on croyait que c'était son absence qui expliquait la défaite de 1870. D'où l'importance donnée à l'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les écoles de la fin du XIXe siècle. On voit alors s'épanouir une littérature scolaire dont le fleuron reste Le tour de France par deux enfants, de G. Bruno.

Mais depuis, les politiques continuent à utiliser l'histoire, ce qui donne le sentiment de l'existence d'une "grande histoire", nationale et politisée surtout, qui alimente les convictions des extrêmistes de droite comme de gauche qu'on leur cache tout et qu'on ne leur dit rien, car cette prédominance de quelques grandes figures masque une réalité souvent complexe, ignorée du grand public. Il faut aussi préciser que les approximations de beaucoup de journalistes, fait reprendre beaucoup de clichés, auxquels l'histoire semble se résumer. En d'autres termes, être vacciné contre l'usage de l'histoire par les politiques, les journalistes ou Monsieurtoutlemonde, sert à rester sourd à bon nombre de bêtises, et à éviter de tomber dans les pièges des orateurs. Je ne crois pas en effet que l'histoire doive servir à quelque chose, elle ne permet que l'apprentissage d'une relative sagesse, l'absurdité de la xénophobie par exemple, elle est juste une façon d'aimer les gens, d'aujourd'hui comme d'hier. Enfin c'est ainsi que je la conçois.

Alors si le sujet vous intéresse, voici un ouvrage (que je dois m'empresser de feuilleter quand j'aurai un peu d'argent et de temps, je vous en donnerai des nouvelles), sur l'utilisation politique de l'histoire par Nicolas S. : "Comment Nicolas Sarkozy écrit l'histoire de France", sous la direction de Laurence De Cock, Fanny Madeline, Nicolas Offenstadt & Sophie Wahnich, éd. Agone, 208 p. 15 euros, dont voici un commentaire (je vous recommende celui disponible sur le site des Clionautes, http://www.clionautes.org/spip.php?article2046) : "Au fil des pages et des articles, une explication se dessine. Particulièrement inspiré par la IIIème République, les scribes du président vont chasser aussi bien sur les terres de gauche avec Ferry, Jaurès et Condorcet que de droite avec Jeanne d'Arc, Barrès et Maurras."
Il est précisé sur le site des Clionautes: "Publié par les éditions Agone avec le comité de vigilance sur les usages publics de l’histoire, cet ouvrage réunit cinquante contributions de différents auteurs qui ont rassemblé sous forme de dictionnaire critique différentes références à l’histoire de France." Ce qui est amusant, c'est que je suis allée sur le site du Comité de vigilance, et j'ai tapé les mot "Ségolène Royal" et "Besancenot". Le premier m'a renvoyé peu d'analyses critiques de l'usage que la première fait de l'histoire, et rien sur le deuxième, qui aime pourtant faire référence aux révolutions de 1789, de 1830, de 1870. Bizarre, non? (Comment ? Qu'est-ce que vous êtes en train de penser? Que ce site ne serait pas, lui non plus, totalement objectif? Qu'il est mal placé dans ce cas pour faire la leçon? Alors là, vous êtes vraiment de mauvais langues, de vrais péripatétiglottes!... C'est quoi ça, péripatétichose, c'est de la xyloglotte, allez voir là)

Un citoyen averti en vaut deux, non ?
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04/10/2008

Réception sur le pouce


Non je ne vais pas vous parler des petites sauteries d'historiens, pendant lesquels on se gave de petits fours, en jonglant comme dans toute réception entre l'assiette, le verre, la serviette, le tout pour serrer d'une main poisseuse un confrère, non, la cause de cette réception sur le pouce n'est ni plus ni moins la suite de mes aventures à Tolbiac.

(Vous croyez que si j'envoie à un éditeur un manuscrit intitulé "Les aventures d'une souris à la BNF" ça peut se vendre? Ce que ça me rapportera en tout cas, ça ne sera pas pire que les revenus d'un article publié en sciences humaines... Passons, glissons si vous n'y voyez pas d'inconvénient.)

Non, c'est seulement que je me suis réceptionnée sur le pouce après une jolie chute sur le bois exotique extrêmement glissant de l'esplanade, en raison de la pluie parisienne de ces derniers jours. Je suis sûre que vous êtes déçus... Quoi, même pas? Et ça vous faire même rire? Cruels!

Bon d'accord, j'avais mes escarpins, et alors ? Souris peut-être mais hors de question d'être grise et moche ! Il y a assez de collègues féminines qui se négligent, je ne vais pas m'y mettre !

Sérieusement, un mail est parti dans la foulée, parce qu'en dépis des bandes anti-dérapantes posées peu après l'ouverture de la BNF Tolbiac, et des affiches expliquant que la pente munie d'un tapis, seul chemin entre l'esplanade et le hall et UNIQUE chemin d'accès à la BNF, est également glissante par temps de pluie, j'ai horreur de râler dans mon coin, autant que d'autres en profitent. Mais il paraît qu'en hiver, par temps de verglas c'est pire encore.

Je n'attends pas d'autre réponse, s'il y en a une, que des propos désolés de la part de mon interlocuteur, mais au moins cela fera une pierre de plus dans le jardin des nécessités d'agir. Et en attendant, ça me défoule. Une amie est tombée dans les escalators (juste assez larges pour qu'une personne s'y tienne et très hauts), résultat un bras cassé qui saignait très abondamment, les pompiers ont dû intervenir, bref...

Tout ça parce qu'un architecte a trouvé que du bois exotique pour l'esplanade, ça faisait joli, sans se renseigner suffisament sur les propriétés de ce bois, et sans doute, à propos des escalators, et autres pentes caoutchoutées, qu'il fallait faire du jamais vu, ou alors du grandiose. Ce n'est pas tout les jours que l'on construit une bibliothèque François Mitterand. Vous savez ce type qui a été président et qui, sur la photographie officielle, tenait les essais de Montaigne à l'envers.

Indépendamment des considérations esthétiques, ce grand machin est dangereux au quotidien, nettement plus que l'ancien site de Richelieu à mon humble (et erroné?) avis. Mais voilà, il fallait du grandiose. Qu'importe si le petit
peuple des usagers s'y casse la figure.

J'ai vraiment du mal à comprendre certains architectes du XXe siècle, moi. Vu que ça ne gêne pas des élèves architectes de faire passer des conduites d'évacuation des toilettes en plein salon. Vous me direz, c'était des élèves. Mais détrompez-moi ou Philippe Stark, architecte superstar, n'a t-il pas produit des chambres d'hôtel de luxe avec toilettes en plein milieu de la chambre, sans parois, naturellement? Il y en a un à Paris, pas vu de mes yeux, mais par un ami qui est allé faire son curieux.

Pour revenir à la BNF, tant qu'on y est, quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi le café à la machine automatique, en gobelet plastique, coûte 90 centimes d'euros, alors que le même à Richelieu coûte 35 centimes? Vous croyez que c'est parce qu'on fait traverser Paris à la nage au café en question? Ou alors c'est à cause des frais d'assurance de Tolbiac ? Il doit bien y a voir une raison... Tout s'explique, c'est ce que l'on dit en histoire, alors !

Ah, et parce qu'il y a toujours plus malheureux que soit, allez voir ici à quel point la nouvelle BNF est pratique pour les personnes en fauteuil roulant
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01/10/2008

Des mérites incomparables du copié-collé...


Je crois que je vais prendre une habitude, moi, c'est d'écrire mes billets à l'avance, puis de les publier en un coup grâce à la magie du copié-collé...

Sinon, je ne réussirai jamais à placer un billet, vu le peu de fois que je suis devant un ordinateur avec connexion internet, depuis que la rentrée a eu lieu. Parce que je cours toujours autant, et que dans les bibliothèques, les connexions internet sont rares, très rares. De vous à moi, je ne me vois pas me connecter sur un truc qui s'appelle « Vieux papiers, vitriol et rose bonbon » depuis la BNF, ça ne fait pas sérieux. Je tiens à mon image, moi.
Donc, après la course à la photocopieuse et à la bonne salle de cours, je me suis lancée dans la course aux livres à la BNF.

Il y a tout de même un truc effarant, lorsque l'on commande un ouvrage à la BNF et dans tous lieux où les catalogues sont informatisés, c'est de buter sur un problème du type « Ouvrage non communicable! » : on est alors parti pour une course dans les dédales informatisés de la BNF. Un rien qui agace énormément.

V'loffffffffffff ! « Ouvrage non communicable » : message bref, qui claque comme une porte de prison, qui tombe sur vous comme un couperet, alors que vous n'attendiez rien d'autre qu'un pauvre gentil petit « Votre commande est bien enregistrée, pour commander un autre livre, veuillez saisir la cote ou revenir au catalogue... » qui vous aurait rempli de bonheur. Las...

On se dit « ce n'est pas grave, je vais m'adresser à un bibliothécaire ». Ce que l'on fait sans tarder. Tous charmants, disponibles, aimables à la BNF, il est rare de tomber sur des revêches.

Et c'est là que vos ennuis s'aggravent. Car le pauvre bibliothécaire (dit A) vous écoute, il peut être impuissant, ou être arrivé à la fin de ses heures en salle, alors, il s'adresse à son remplaçant (dit B), lui explique la situation, pendant que vous suivez attentivement les explications pour être bien sûr que A a bien compris, que B comprend bien le problème.

Mais alors B règle une partie du problème, avant de vous dire « Ah mais pour cette référence-là, il faut que vous alliez voir la banque N! » parce que cet acte-là se trouve en droit, en banque N donc, alors que tous les autres actes royaux de la même époque, hein, même caractère précieux itou, sont en histoire, en banque L. Ne cherchez pas à comprendre !

Alors vous allez voir la banque N (tout à l'autre bout de l'immeeeeense salle de la BNF) en trottant. Et en évitant de faire claquer vos talons sur les parties en parquet, qui alternent avec des parties en moquette, pour ne pas provoquer le courroux légitime des autres lecteurs, plongés (les bienheureux !) dans la lecture paisible de leurs ouvrages ou le nez dans leur ordinateur. Ce qui vous fait marcher naturellement, puis sur la pointe des pieds, puis marcher naturellement, puis sur la pointe des pieds, puis marcher naturellement... pour arriver jusqu'à bon port, soit une quinzaine d'alternance moquette-parquet. Et là, vous cherchez le bibliothécaire.
Ah ! Il est occupé ! Ah un de ses collègues vient d'arriver, vous vous précipitez à Monsieur C... Vous lui expliquez... Et là il avoue son impuissance. Et vous indique la dame que vous avez aperçue tout à l'heure et toujours occupée. Donc vous repatientez. Ah, arrive un autre bibliothécaire (Monsieur D), qui vous voyant attendre, vous fait signe de venir à lui (c'est hachement mieux que la Poste, la BNF, ya pas à dire).

Il vous écoute (vous racontez votre histoire de notice impossible à trouver pour la première, non, deuxième, non plus, troisième, toujours pas, ah la quatrième, oui, la quatrième fois) et vous dit « quand même, la banque L aurait dû nous téléphoner! ». Mais en même temps la dame de la banque L était tellement gentille, je n'allais pas lui planter un poignard dans le dos en le plaignant, donc sourire patient, presque navré « Et pour mon ouvrage, comment peut-on faire?» (dites-vous d'une petite voix courageuse). « Il vous faudrait une place ici en N ». « Ah oui mais j'en ai déjà une en L avec des livres qui m'attendent! Si je prends une place ici, je risque de perdre celle de L et mes livres... Bon alors je reviens dans une demie heure, et je consulterai vite mon ouvrage sur une place provisoire, sans réservation informatique... » « Oui, dans ce cas, si ça ne vous dérange pas, c'est ce que l'on va faire, mais votre ouvrage sera là d'ici à une demie heure! » (in petto, j'espère bien...).

Et vous retournez en L en marchant naturellement, puis sur la pointe des pieds, puis naturellement, puis sur la pointe des pieds... Vous arrivez à votre place, le temps de régler deux ou trois trucs (même pas le temps de brancher de la musique hein...) et hop ! Un autre ouvrage rare a été retrouvé, ouvrage après lequel je galope également virtuellement uniquement cette fois ou presque, le temps de vérifier que c'est le bon livre, la dame de la banque L repart, je tape quelques mots de ce billet, et pof ! Le bibliothécaire de la banque N devant moi « Votre ouvrage est arrivé!!! » (bonheur). Et pof !

Je suis mon guide, il a des cheveux blonds, mon guiiiiiideeeuu, mais ne s'appelle pas Nathalie (navrante, cette comparaison non ? Moi je me marre comme une baleine, cela vous dit à quel point je suis fatiguée, pour rire d'un truc aussi idiot). Et le temps d'aller à la bonne banque en droit -----> le temps de le recopier – ah zut ! Arrivée à la banque N de droit, on me dit « il faut que vous le consultiez impérativement ici, c'est un ouvrage précieux! », bon, bon, je fouille dans mon sac à main... un agenda ! un crayon ! Miracle (double) ! Et c'est parti pour du recopiage manuel, pas le courage d'aller chercher le portable, ce qui implique de défaire le câble de sécurité, de me dépêcher pour que la batterie tienne le temps du recopiage, de revenir, et de rebrancher. Un papier, un crayon, revenons aux principes même du travail bénédictin !

Je reviens à la place, tape trois lignes de plus de ce billet, et là, revient la dame de la banque L avec le précieux second ouvrage dans les mains. Et voilà, le livre m'arrive servi sur un plateau (le bonheur !), plus qu'à examiner si c'est la bonne édition, et je vais pouvoir recopier ce qui m'intéresse quand j'aurai fini ce billet. Il est 17h00, je vais pouvoir commencer à travailler, enfin si le café pris à l'arrivée à 14h30 fait de l'effet encore...

Enfin le pire, c'est d'avoir réservé une place avant de partir de chez soi, d'arriver sur place vers 14 heures, et de commander des livres, sortir aller chercher un truc oublié en consigne, et commettre LA boulette qui fiche toute votre journée en l'air : franchir les portillons en haut des escalators, en négligeant de préciser à la machine que vous sortez juste pour quelques minutes.
Je disais LA boulette, parce que dans la seconde, votre place est perdue (ça encore, ce n'est pas grave), mais le pire, vos réservations de livres sont annulées. Et là, vous pouvez rentrer chez vous. Le temps que les livres qui n'ont pas encore eu le temps d'arriver en banque de salle, réintègrent leur rayon, il y en a pour au moins douze heures. Ou vingt-quatre heures. Enfin bref, vous avez gagné une journée à faire autre chose. Mais pas de bon pour aller aux archives nationales, le temps d'y aller, elles seront déjà fermées... (les portes sont closes à 16h45 tous les soirs au CARAN comme on dit).
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