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Une envie de livres ?

18/03/2010

Destruction programmée de l'escalier d'honneur de la BnF Richelieu / Fermeture du Cabinet des Médailles


Nous vivons toujours une époque fabuleuse... Dans le cadre des travaux en cours sur le site de la BnF Richelieu - site historique de la première bibliothèque royale puis nationale - l'escalier d'honneur, ici en photo, doit être détruit, ou comme on dit avec un faux air pudique "démonté". Il a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Je l'aime pour sa simple et majestueuse beauté, moi. Son fer forgé est un sujet d'admiration pour moi, à chaque fois que je le prends. Oui mais voilà, il faut de la place pour un caféteria, et probablement pour les délires d'un architecte mégalomane...

La Tribune des archives en parlait en mars 2009, ainsi que le site de l'association de défense du Cabinet des Médailles, un des musées qu'abrite la BnF Richelieu.

Car le musée des médailles va aussi disparaître... Vous trouverez sur le même site de l'association du cabinet des Médailles des précisions.

Le projet prévoit en effet la disparition de « l’entité Musée » et de ses salles d’exposition, et la mise en réserves des 1.500 œuvres actuellement exposées.
(...) La galerie Mazarine, où seraient installées une dizaine d’œuvres, et qui est présentée par la direction comme un substitut au Musée, est prévue dans les plans de l’architecte Bruno Gaudin comme une voie de circulation, non comme un musée (dont l’espace serait de toute façon insuffisant pour accueillir toutes les œuvres). Le coût d’un aménagement muséal de cette galerie dite pompeusement « Galerie des trésors » n’est de toute façon pas inclus dans le budget du projet Richelieu.

L'information semble être restée encore confidentielle, façon polie de dire que tout le monde s'en tamponne le coquillard (expression attestée depuis le XVIe siècle, voire le Moyen Âge).

Lisez l'argumentaire médiocre de la BnF (confort, fluidité, mal placé, créer des ouvertures). Les chercheurs de tous âges sacrifient volontiers leur confort et préfèrent prendre leur canne que d'entendre cela. On se souvient du type d'argumentaire qui a fait détruire les beaux dépôts Napoléon III aux Archives nationales (modernisation...). Contentez-vous de mettre l'électricité aux normes, d'arranger les problèmes d'incendie et de repeindre les fenêtres extérieures qui en ont bien besoin !

Depuis, la commission des Monuments historiques devait donner son avis. La destruction est bien prévue.

La revue "Sites et Monuments" fin 2009, début 2010 a consacré un article (d'Anne Richard-Bazire) à ce sujet, qui se termine par ces phrases :

Cette destruction va laisser un grand vide, l'avant-projet le dit lui-même: "Le hall se veut désormais être un grand vide hospitalier, un silence au coeur du quadrilatère." L'escalier est pourtant inscrit depuis 1983 à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques, ce qui n'a cependant pas empêché qu'on le transforme en 1987, date à laquelle on fait passer la volée supérieure de gauche à droite pour laisser monter des ascenseurs. Le XIX° siècle va-t-il pâtir une nouvelle fois de sa mauvaise réputation de siècle du pastiche et de l'éclectisme ? Et s'apercevra-t-on trop tard, comme pour les Halles de Victor Baltard (1805-1874), que l'on a détruit un témoignage important de l'oeuvre de l'architecte chéri de Charles Garnier, Jean-Louis Pascal, au moment où son oeuvre - magistrale - est en train d'être redécouverte ?


(Note de la rédaction de la revue )
Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que la commission des Monuments historiques réserve son avis sur la destruction de l'escalier de Pascal. Elle va effectuer une visite de la Bibliothèque le 2 novembre prochain [2009] et va revoter à ce sujet.

Tout cela pour installer notamment une cafeteria (pourquoi pas mais à quel prix ? Pour y payer le sandwich pomme café près de 10 euros comme à Tolbiac?)
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16/03/2010

Le Roy Ladurie, le climat et une expérience Xtrême


Il faudra leur dire, chez France Inter, de ralentir le rythme, je n'arrive pas à suivre, pour preuve, je suis en retard pour vous parler du 7-9 du week-end dernier, de samedi précisément, dans lequel Emmanuel Le Roy Ladurie était invité, et c'est ici pour écouter. Emmanuel Le Roy Ladurie, c'est un des monstres sacrés de l'histoire du XXe siècle. Il a soutenu une thèse magistrale sur les paysans du Languedoc à l'époque moderne, puis ensuite, une histoire du climat depuis l'an mil, d'autres ouvrages sur Saint-Simon et le système de cour, etc. Bref, du genre intéressant à écouter et à lire. Il sort son troisième volume sur l'histoire du climat, intitulé "Le réchauffement, de 1860 à nos jours", chez Fayard.

Mais je suis passée aussi, surtout pour vous parler de l'expérience qui doit être diffusée sur le petit écran mercredi soir, Zone Xtrême, qui transpose "dans l'univers de la télé les modalités d'une expérience menée à Yale, au début des années 1960 par Stanley Milgram :
En avril 2009, 80 candidats se sont succédé dix jours durant sur un plateau décoré avec un mauvais goût très sûr, mené par une animatrice autoritaire et assorti d'un public parfaitement chauffé. Assis derrière un pupitre, chacun des candidats devait interroger la même personne sur une liste d'associations de mots à mémoriser. A chaque erreur du questionné, le questionneur était invité à lui administrer une décharge électrique, suivant une progression de 20 à 460 volts. Ce qu'ignoraient les 80 candidats, c'est que La zone Xtrême, à laquelle ils participaient, était un faux jeu, exploitant les leviers les plus trash de la télé-réalité pour mieux en démonter les ressorts. (site Télérama)

Influencé par l'analyse de Hannah Arendt sur les mécanismes du nazisme et sa théorie sur la banalité du mal, le psychosociologue américain Milgram y étudiait le rapport de soumission à l'autorité. Maintes fois reproduite depuis, cette expérience démontre qu'un individu exposé à une autorité considérée comme légitime peut aller jusqu'à causer la mort d'autrui." Pour en savoir plus, c'est sur le site de Telerama qu'il faut aller. C'est cette hypothèse, vérifiée, qui je crois, devrait être connue de tous, car elle permet de comprendre comme de "bons pères de famille" ont pu former les Einsatzgruppen, qui comptaient non seulement des membres de la SS mais aussi des membres de la police allemande.
Ce sujet a été particulièrement étudié par l'historien Ch. Browning, dans son ouvrage Des hommes ordinaires, dont je vous recommande la lecture. Browning y a fait une étude détaillée du comportement, des motivations et des actes du 101e bataillon de réserve de la police allemande, qui fut jugé après la guerre pour les faits de massacres de juifs en Pologne.
C'est la docilité, renforcée par la pression du groupe, qui a fait d'hommes ordinaires des tueurs. Cette démonstration rappelle que l'horreur n'appartient pas seulement au passé, et combien il est salutaire de comprendre l'effroyable mécanisme toujours prêt à broyer de nouvelles victimes, pour peu que l'on cède sans réfléchir aux pressions d'un groupe ayant le pouvoir en main.
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08/03/2010

Histoire de barbaresques...

Si l'histoire de la Méditerranée, des corsaires vous intéressent, Tout un monde, sur France Culture, s'intéressait hier, dimanche 8 mars, aux captifs des barbaresques, entre XVIe et XIXe siècles. Et puis, pour le plaisir, on peut découvrir ou relire Cervantès... Écoutez, c'est ici.


L’incroyable série d’aventures qui a vu plus d’un million d’Européens capturés dans la guerre de course en Méditerranée, puis mis en esclavage et éventuellement revendus.

Histoires de survivants, de renégats, d’ordre rédempteurs, et d’un commerce florissant…avec quelques personnages sortant du lot tel le « soldat Saavedra » alias Cervantes, prisonnier à Alger pendant 5 ans.

- François Moureau, Captifs en Méditerranée aux XVI-XVIIIe siècles : histoires, récits et légendes, Presses de l'Université Paris-Sorbonne - 2008

L'une des grandes peurs de l'Âge classique, entre Renaissance et Lumières, se situa en Méditerranée où sévissaient la course et ses conséquences. Les corsaires barbaresques et les corsaires chrétiens se livraient à une lutte acharnée pour se fournir en captifs, qui servaient de monnaie d'échange et/ou de force de travail. Cet esclavage a donné lieu, du côté chrétien, à une littérature du rachat le plus souvent mise en forme par des congrégations religieuses spécialisées ; du côté musulman, la moisson fut moins abondante faute d'organisme rédempteur. L'étude des relations écrites, dont une bibliographie en plusieurs langues clôt l'ouvrage, est mise en parallèle avec les archives historiques de divers pays européens, dont Malte, et avec la création littéraire née de cette rencontre de deux mondes.


Wolfgang Kaiser, Le commerce des captifs : les intermédiaires dans l'échange et le rachat des prisonniers en Méditerranée, Ecole française de Rome - 2009
L'ouvrage étudie le rachat des captifs qui alimenta l'esclavage en Méditerranée à l'époque moderne.

Après avoir expliqué le distinction entre les esclaves et les captifs, il s'intéresse aux réseaux des acteurs de cette activité économique, qui fut longtemps très profitable.

Claudio Moatti ; Wolfgang Kaiser, Gens de passage en Méditerranée de l'Antiquité à l'époque moderne, Maisonneuve & Larose - Juin 2007

Sous-titré : Procédures de contrôle et d'identification.
La mobilité des hommes et des biens a marqué depuis l'Antiquité l'histoire des villes méditerranéennes. Cet ouvrage s'inscrit dans un vaste programme de recherche consacré au contrôle de la mobilité des personnes de l'Antiquité à l'époque moderne.

Denise Brahimi, Voyageurs dans la régence de Tunis : XVIe-XIXe siècles, Cartaginoiseries - 2008

Les voyageurs européens dans la Régence de Tunis sont de plusieurs sortes, soldats, captifs, diplomates, savants ou curieux. On ne peut guère attendre d'avis uniformes de la part de personnages et de personnalités aussi variés. D'autant que le pays lui-même en l'espace de trois siècles n'a cessé d'évoluer.

Et pourtant c'est bien une certaine image de la Tunisie qui se dégage de l'ensemble des textes ici proposés.

Certains lecteurs se reconnaîtront-ils au miroir de ce livre ?

Denise Brahimi, Opinions et regards des européens sur le maghreb aux 17e et 18e siècles, SNED - 1978

Thomas Pellow, L'histoire de la longue captivité et des aventures de Thomas Pellow dans le sud de la Barbarie, Bouchene - 2008

Thomas Pellow est l'auteur d'un des plus remarquables récits de captivité chez les Barbaresques. Son témoignage trouve sa source dans le séjour de 23 ans (1715-1738) qu'il fit en divers lieux du Maroc. Il connut des aventures de toute sorte, liées soit à son histoire personnelle (conversion à l'islam, mariage avec une femme du pays, tentative de fuite, etc.), soit à son métier de soldat dans les guerres menées par l'armée du Sultan.

En 1983, Magali Morsy a donné une traduction en français de ce texte qui avait été publié en anglais vers 1743. Elle a repéré les nombreux emprunts faits par l'éditeur à des textes publiés antérieurement, pour « enrichir » le texte de Pellow et répondre aux supposées attentes du public.

La présente édition vise à restituer l'originalité du récit de Pellow. Elle voudrait faire entendre, dégagée des discours qui la banalisaient, la voix singulière d'un homme, et l'histoire de son parcours.





Anne Duprat, Récits d'Orient dans les littératures d'Europe, Presses de l'Université Paris-Sorbonne - 2008

Toutes les «histoires arabes» du Siècle d'or ne content pas la mort du dernier des Abencérages, ni la fin d'Al-Andalus. La littérature hispano-mauresque, vouée à la célébration ambiguë d'un exil, porte bien au-delà du siècle des Lumières les échos de la chute de Grenade, la mémoire des révoltés des Alpujarras et le souvenir des Morisques chassés d'Espagne, invenant pour l'Europe le modèle d'une nostalgie paradoxale. Mais d'autres récits d'Orient puisent au même moment leur force dans celle de l'adversaire ottoman qui règne à Constantinople, et dont les Régences barbaresques ne cessent de défier les puissances militaires occidentales depuis les côtes d'Afrique du Nord. Poèmes, pièces et romans inspirés par ces affrontements avec les États corsaires, par l'histoire de leurs dynasties en plein essor, s'imposent alors comme une littérature du présent dans l'Europe du début de l'ère moderne.



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06/03/2010


- Jacques Marseille est décédé. La surprise a été grande, je ne le connaissais que de nom, de réputation. J'amais bien ses interventions vigoureuses, Jacques Marseille dans une émission, était synonyme de "forcément intéressant". Ses ouvrages méritent lecture, aussi, si en librairie vous en voyez-un, feuilletez-le, achetez-le, ses analyses étaient plutôt accessibles, même très accessibles, et du genre qui font réfléchir.
Adieu, Monsieur Marseille...



"Agrégé d'histoire, Jacques Marseille publie en 1984 sa thèse de doctorat sous le titre 'Empire colonial et capitalisme français'. Croisant l'histoire et l'économie selon une pratique qui lui deviendra vite familière, il est l'un des premiers à réfuter l'idée selon laquelle la soif de richesse serait à l'origine des conquêtes coloniales du siècle dernier, et affirme même que la colonisation a entravé le développement économique de la France plutôt qu'elle ne l'a favorisé. Suite à sa thèse, Jacques Marseille hérite à la Sorbonne de la chaire d'Histoire économique et sociale fondée par Marc Bloch au début du siècle. Chroniqueur au magazine L''Expansion, puis Les Echos, directeur de collection chez Nathan, il écrit également des contes pour les enfants. En 1992, il se fait connaître du public avec un essai intitulé 'Lettre ouverte aux Français qui s'usent en travaillant et qui pourraient s'enrichir en dormant', puis l'année suivante avec 'C' est beau la France. Pour en finir avec le masochisme français'. Suivent notamment une "Nouvelle histoire de France", "Le Grand gaspillage" et "la guerre des deux France". En mars 2010, celui qui était devenu un collaborateur régulier du Point s'éteint à Paris et laisse derrière lui le souvenir d'un homme engagé pour ses thèses économiques libérales." (biographie Evène)




- Les Saventuriers de Fabienne Chauvière s'intéressaient aujourd'hui, sur ma radio préférée, au parcours d'un historien, spécialiste de l'histoire de l'Église au Moyen Âge, Dominique Iona-Prat :

De la Bibliothèque de l'Arsenal à l'Hotel de Cluny, notre brillant guide médiéviste nous amène sur les chemins des abbayes et des églises du Moyen Age.

Un regard d'historien sur la place de l'église dans le paysage occidental en prise direct avec notre société actuel et ses incompréhensions religieuses.

Un voyage médiéval à bord de la machine à expliquer notre temps...



à écouter ici sur France Inter, c'est savoureux...



- découvert en recherchant des infos sur les pubs du net qui sentent la supercherie à plein nez (histore de savoir ce qui s'en dit, et rire un peu) j'ai trouvé ce site : compubmarket.com, ça m'a l'air très bien fait. Comment démonter une pub en quelques lignes. Ça décape, ça fait rire, et ça fait du bien. Mauvais point, je n'aime pas manquer d'information sur les auteurs ou l'auteur du site (quel métier, privé, pro, comment l'idée du site est née). Si on leur demande gentiment, ils vont peut-être répondre...
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