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Une envie de livres ?

27/02/2010

En vrac (1)

- Tendresse. Entre deux monstres sacrés de l'histoire : Fernand Braudel, à propos de Lucien Febvre (annales 1957, vol. 12, num. 2) "Je garde le souvenir d'une brusque querelle entre nous, au sujet de Montaigne, le Montaigne du Voyage d'Italie: il en parlait comme il eut parlé d'un de nos amis communs..."

- Curiosité. Dans les émissions grand public sur un sujet historique, quand un historien manipule des archives, c'est toujours avec des gants blancs. Rigolo, non? Je n'en ai quasi jamais vu en salle d'archives. Mais à la télévision, pour des archives précieuses ou pas, ça ne rate pas.

- Droguée. Mais des archives. Ça, c'est moi en ce moment. Et je n'arrive pas à décrocher. Je sais bien que je dois rédiger. Oui mais voilà, pas moyen de me sevrer. Je vais finir par croire que les archives me rassurent et que j'ai la trouille de me lancer enfin, pour de bon, pour de vrai dans la rédaction. Ça fait psycho de comptoir, mais je vois bien cet argument se révéler valable. D'abord, j'ai Pierre Goubert pour moi "Celui qui ne trouve pas dans les archives son suc et sa source de vie n'est qu'un amateur ou un frimeur". Ne vous fâchez pas, ce maître ne parlait que des historiens.

- Rigolo (bis). Le directeur de notre école doctorale (lettres et sciences humaines) rappelle que nous devons valider le TOEIC pour notre thèse. Le TOEIC est un test d'aptitude en langue anglaise, son frère est le TOEFL.
Sauf que le TOEIC s'adresse plutôt à ceux qui veulent travailler dans le monde de l'entreprise. Je lui dis que le TOEIC moi, je m'en bats l'oeil avec une patte de merlan ? Et qu'à choisir je préférerais largement le TOEFL ? Et aussi, que promis, juré, je relève mon niveau en anglais dès la thèse soutenue, parce que je complexe gravement de mon piètre niveau en anglais, mais là, comment dire ? J'ai comme qui dirait largement d'autres plats sur le feu...
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26/02/2010

Dans la bibliothèque de Pierre Rosanvallon


Écoutez sur France Inter, dans Esprit critique, de Guillaume Erner, Pierre Rosanvallon parler de sa bibliothèque : un régal, réjouissant, amoureux... Il explique la façon dont les historiens utilisent les livres. J'ai souri en l'écoutant dire qu'il était bibliophile, non pas pour les belles reliures de cuir et les tranches dorées, mais pour leur contenu...
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19/02/2010

Née en France

Louisa, née dans l'Arriège, à Foix, en 1954, n'a plus aujourd'hui de papiers d'identité française. Née en France, on lui refuse le renouvellement de sa carte d'identité. C'est à pleurer. Écoutez, c'est sur France Inter, dans "Nous autres" de Zoé Varier. Je n'ai jamais manifesté, mais là, je me sens d'humeur à descendre dans la rue, crier ma colère...



Tout a commencé le 24 décembre 2008, quand Louisa a déposé les dossiers de renouvellement des passeports de sa famille : celui de son mari, ceux de ses deux enfants et le sien. Un mois plus tard la mairie de sa commune lui a téléphoné pour lui signifier que sa demande de renouvellement de passeport était rejetée, motif: « nationalité française à justifier ».

Comment se l'expliquer alors que pendant plus de 35 ans, Louisa a fait renouveler ses cartes d'identités et ses passeports sans difficulté?

Ce jour là, la vie de Louisa a basculé et depuis plus d'un an maintenant elle se débat pour essayer de prouver qu'elle est bien française. Ni ses cartes d'identité, ni son passeport ne justifient sa nationalité. Absurde mais vrai. C'est ce qu'on lui a dit. Alors comment le prouver?

Louisa n'est pas en mesure de présenter le certificat de nationalité française qu'on lui demande. Pourquoi? Bêtement parce que l'administration française ne lui a jamais remis. Alors comment le prouver?

Louisa est née en France, dans un petit village de l'Ariège, elle vit depuis 56 ans sur le territoire français, que faut-il de plus?

Depuis un an, Louisa reprend le cours de sa vie, ses parents originaires de Kabylie, main d'oeuvre bon marché de l'usine Pechiney, son enfance Péchiney, l'école de la république, la médaille de la famille de sa mère, la médaille du travail de son père, ses bulletins scolaires, le français obligatoire à la maison, chaque souvenirs, chaque détails fait sens. Louisa s'y accroche.

Elle se revoit en cachette de son père, à sa majorité en 1974, aller demander la nationalité française au tribunal de grande Instance de Foix, elle se souvient d'avoir a signé un registre, dont personne aujourd'hui ne retrouve plus la trace, et on voudrait lui faire croire qu'elle n'a jamais fait ce choix? Le choix d'être française? Ou serait-elle une française de deuxième de catégorie?

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12/02/2010

Entre Badinter et Massoud


Grebber, Mère et enfant, vers 1622.
Rubens, Hélène Fourment et ses enfants, vers 1636.
Hals, Catharina Hooft et sa nourrice, vers 1619.
Metsu, L'enfant malade, vers 1660.
Retrouvez ces images sur la web gallery of art, http://www.wga.hu/

- Journée Élisabeth Badinter sur Inter, journée de colère...
Ce n'est pas la première fois que j'éprouve quelque chose entre exaspération et franche colère à l'écouter. D'abord, je ne comprends pas l'admiration qu'elle suscite. Parfois, j'ai l'impression que cette admiration est une question de génération. Pourtant, obtenir le droit de faire des études supérieures a été dans mon cas une bataille. Continuer à travailler après son mariage, envisager de continuer à travailler avec des enfants, ce n'est pas du tout le schéma des femmes de ma famille. Partager les tâches entre conjoints, de la serpillère au biberon, n'est pas un fait acquis dans ce même entourage. J'ai personnellement bien l'intention de continuer à partager mes serpillères, et quand le jour viendra, les biberons. Donc s'affranchir d'un certain mode de répartition des tâches entre hommes et femmes, je connais. Mais j'ai du mal à adhérer à la vision du monde d'É. Badinter, cette lutte contre l'oppression... Bref.
J'ai surtout écouté la vidéo de mai 1980, où B. Pivot recevait É. Badinter pour évoquer son livre l'amour en plus (à regarder sur le site de l'Ina, ici) que France Inter permettait d'écouter hier sur son site. J'ai donc écouté avec grand intérêt cet extrait. Et les propos d'É. Badinter sur l'histoire de l'amour maternel m'ont exaspéré au dernier degré... Dans le 19-20, É. Badinter a confirmé ce que je craignais, à savoir qu'elle n'a pas changé d'opinion sur le sujet depuis son ouvrage publié il y a trente ans, "L'amour en plus". Ce qui m'a mis en rogne, c'est que dans ces propos É. Badinter ne respecte absolument pas la méthode de l'historien, qui est de chercher à comprendre, plutôt que de juger. Et là, elle dégaine un jugement, bricolé sur une étude insuffisante des sources. Elle confond allègrement histoire du sentiment maternel et histoire de l'expression du sentiment maternel. Quel mauvais procès intenté à ces pauvres femmes du XVIIe siècle ! On a dit (les historiens) beaucoup de bêtises sur le sujet, qui depuis ont été corrigées: c'est un peu le cas de François Lebrun, qui a présenté heureusement une version corrigée de cette histoire du sentiment maternel, dans un numéro de la revue gand public "L'histoire", en 2002.

Dans le sentiment maternel, il y a l'inné (plus ou moins inné d'ailleurs, disons la part du physiologique, la réaction hormonale qui peut ne pas se produire d'ailleurs, ce qui fait souffrir quelquefois les femmes qui le subissent, en n'éprouvant rien après l'accouchement, pour cet petit être vagissant) et il y a le culturel, acquis. Celui-ci est extrêmement complexe. Envoyer un enfant en nourrice, ce peut être pour le protéger de la ville et de ses miasmes, c'est choisir une nourrice saine et forte. Ce n'est pas négliger un enfant. Prenons le cas d'une femme de l'aristocratie, et même mieux d'une reine. Marie de Médicis (cette si mauvaise mère! en apparence) suit très attentivement le choix de la nourrice, s'en mêle, au grand déplaisir d'Henri IV. Il faut qu'elle soit "propre", de bonne famille, de bonnes moeurs, ce qui est essentiel selon les critères (d'hygiène notamment) du XVIIe siècle.
Jean-François Dubost dans sa récente biographie de Marie de Médicis a fait une synthèse très convaincante et sensible du cas de l'amour maternel au XVIIe siècle, en particulier à travers le problème "Marie de Médicis" (compte tenu de ses mauvaises relations ultérieures avec Louis XIII) (Marie de Médicis, la reine dévoilée, Paris, Payot, 2009, p. 146-151) qui se conclue ainsi "si son époque n'affectionne guère les accès de sensiblerie, elle n'étouffe pas tout sentiment à l'égard des enfants, pas plus chez la reine que chez les autres" (je vous recommande d'ailleurs cette biographie, vivement saluée par la critique).

>>> numéro du magazine L'Histoire (à rechercher dans le catalogue de votre bibliothèque municipale), numéro 262, de février 2002.
>>> Jean-François Dubost, Marie de Médicis, la reine dévoilée, Paris, Payot, 2009
>>> Ph. Ariès et G. Duby, Histoire de la vie privée, rééd. Le Seuil, "Points", 1999
>>> E. Becchi et D. Julia (dir.), Hisoire de l'enfance en Occident, 2 vol., Le Seuil, 1998.
>>> F. Lebrun, La vie conjugale sous l'Ancien Régime, A. Colin, (1975) 1998.


- Rien à voir. Je ne sais pas comment Daniel Mermet (émission Là-bas si j'y suis, France Inter) trouve ses sujets, mais celui du jour du l'Afghanistan déchire grave (eh ouais...!). Invitée, Malalaï Joya, auteur d'une autobiographie qui raconte notamment sa lutte contre les seigneurs de la guerre.
Le mythe de Massoud est au passage, sérieusement entamé. J'ignore où se situe la vérité, mais éviter le mythe est toujours une bonne chose. Avoir le regard des Afghans sur Massoud est forcément intéressant. En résumé, un peu pourri aussi, responsable de massacres, allié aux seigneurs de la guerre...
>>> Malalaï Joya, Au nom de mon peuple, une femme afghane contre les seigneurs de la guerre, Paris, presses de la cité, 2010.
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