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Une envie de livres ?

31/12/2010

Travailler du chapeau

Près de dix jours d'isolement, pas dans la cave mais aux environs, pour pouvoir me remettre à la thèse. Ah le bonheur ! Dix heures de travail par jour, être hagarde tous les soirs, mais enfin avoir le temps d'écrire, de réfléchir, sans être interrompue. Je crois que je n'avais pas connu cette ardeur depuis la maîtrise. Une époque où je ne prenais même plus toujours le temps de faire des courses, ce qui m'a valu plus d'une fois la peine de découvrir à minuit que mon repas ne pourrait pas se composer d'autre chose qu'une tranche de pain à la mayonnaise. En même temps, à minuit, on s'en fiche. 
Bref, pour revenir à aujourd'hui, j'ai eu de merveilleuses pseudo-vacances...

Pendant lesquelles j'ai quand même trouvé le moyen de me demander ce qu'étaient un bataillon, un corps d'armée, une compagnie, tout ça il y a quelques siècles et lequel était plus grand que l'autre et comment tout ce machin s'emboîtait. J'ai bien essayé de me renseigner auprès de l'homme le plus proche, mais en pure perte. Bien la peine d'avoir fait un service militaire, rallongé, qui plus est. Bon d'accord, ça nous fait un petit décalage de quelques siècles. Bref, tout ça, sans oublier de compter combien de troufions ça faisait, sans oublier les fourriers, les trompettes et les trésoriers. Faites une thèse, qu'ils disaient... Il n'empêche que l'on manque cruellement d'études sur la question, très sérieusement.

Je rêve aussi de la fin de la thèse. Dans mon rêve, un proche (je ne préciserai pas qui pour son honneur) trouvait le moyen de me demander "et alors, le pain, il est cuit, depuis le temps?". Ce qui revenait sous la forme de blague à deux balles à savoir si ma thèse (qui porte notamment sur des histoires de pain) était achevée ou sur le point de l'être. Mouarf.

Le soir pendant le dîner, à la question "veux-tu encore de la soupe",  il m'arrive de grogner comme réponse "oui, mais non, il faut que j'aborde la chose sous un autre angle, quelque chose de plus original, ça tout le monde l'a fait, et en plus ça n'est que du recopiage de sources... (silence) Tu disais? Non et puis même Newton s'est trompé, c'est fou quand même, pas le Newton de la pomme, un autre, mais c'est tout de même désarmant, tant de boulettes dans les bouquins, même les meilleurs. À raison de cinq cents pages, combien de boulettes existeront dans ma thèse, à ton avis?" Je ne sais pas pourquoi mais j'obtiens à peine un intérêt poli en retour de mes questions.

Je n'aime pas les tableaux. Enfin si, c'est une chose précieuse pour gagner une page quand l'objectif est d'en faire dix minimum dans la semaine. Idéalement, je devrais viser les vingt pages, mais j'ai encore du mal. Mais avec les tableaux, il y a toujours un truc qui coince, s'il est trop grand, trop large, il faut que je réécrive mes commandes, tabularx ou longtable, telle est la question, sera-t-il flottant ou pas, et "caption", hein, "caption", ça va avec un flottant ou pas? Et puis moi j'ai des exigences, alors il faut apprivoiser les vbox pour faire rentrer du texte dans mes tableaux. En même temps, le résultat vaut la peine. J'aime LaTex.

Pourquoi, mais pourquoi je n'ai pas épousé un rentier, moi? Pourquoi faut-il retourner préparer des examens, les surveiller, rapporter des copies et re-préparer des cours? Monde cruel. D'autant plus que Claude Nicolet est mort et ça, ça me fiche le bourdon. Souvenirs des années passées à bûcher sur l'histoire romaine.

À part ça, il paraît que l'on a retrouvé la tête d'Henri IV. On en parle ici et . Enfin personne n'est sûr. Ce qui nous vaut une jolie empoignade entre partisans de la tête authentique et adversaires de la tête authentique : pourquoi aucun historien n'a t-il été sollicité pour ce travail d'authentification etc. [ce qui est faux d'ailleurs, Jean-Pierre Babelon, l'auteur de la seule biographie qui vaille sur Henri IV, ayant été associé au projet du docteur Charlier. Je corrige cette erreur que l'on m'a amicalement signalée.]
La grande question est de savoir si le crâne de Ritton a été scié (comme les embaumeurs de l'époque avaient manifestement coutume de le faire) ou pas. Le crâne authentifié n'ayant pas été scié, savoir si le vrai crâne l'a été changerait en effet la donne. En gros tout ce que l'on sait, c'est que le crâne que l'on possède aujourd'hui est probablement un crâne de la fin du 16e siècle ou du début du 17e siècle, que ses tissus sont bien conservés sans que le crâne n'ait été scié, qu'il a l'oreille percée (selon la mode masculine de l'époque), une cicatrice sur la lèvre supérieure (qui peut avoir été causé par un coup de couteau comme lors de l'attentat de Châtel) et qu'il porte un grain de beauté ou une petite lésion similaire sur l'aile du nef. Bref, ce que l'on appelle de éléments convergents. Mais peut-être pas assez pour avoir des certitudes d'autant qu'aucun tissu ne permet une analyse ADN (pour comparer avec quoi ou qui d'ailleurs). 

La chose drôle est que la querelle existante est fondée aussi sur des questions de méthode historique, elle-même lancée par des  historiens habitués soit à publier sur beaucoup de sujets, un peu trop de sujets d'ailleurs, soit plus amateurs d'émissions à sensation que de publications de qualité. 
Pour l'instant à ma connaissance, à part J.-P. Babelon, pas d'historiens universitaires ou du CNRS associés au projet, probablement parce qu'ils ne s'y intéressent pas vraiment. Cette tête même si elle est authentique, ne sert pas à grand chose pour la discipline historique, surtout s'il n'y a pas d'ADN exploitable. Bref, beaucoup de bruit pour rien.
Mine de rien, ces histoires d'embaumement sont intéressantes, plus sans doute que l'authentification de la tête. Je rêve d'ailleurs pour ma part une biographie récente, rigoureuse et solide en tout point sur notre Vert Galant national. Sur ce point, il est moins bien servi que Marguerite de Valois ou Marie de Médicis. La revanche du sort? ;-)



Bonne année quand même ! (Et si un mécène passe par là, qu'il n'hésite pas à toquer à la porte...)


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20/12/2010

Adieu Madame de Romilly !

J'arrive bien tard, après un long voyage, pour l'adieu à Jacqueline de Romilly, dont vous avez probablement entendu parler. P. Assouline en a parlé dans son blog, je vous renvois vers lui qui en parlera infiniment mieux que je ne puis le faire. Une de ces grandes personnalités forgées par des années de travail, imprégnées de leur amour pour les humanités.

Il est encore temps de la lire... Plus encore de respecter son oeuvre en défendant nous aussi l'enseignement du grec et du latin afin de transmettre un patrimoine, une intelligence de la langue et une culture fabuleuse. Pour l'écouter, la voir, ne manquez pas la rediffusion de l'émission Empreintes, sur France 5, demain soir mardi 21 décembre 2010. 

Dans un extrait cité par Audrey Pulvar dans son édito, il y avait ces mots magiques à propos de l'enseignement: 

J’adore ça ! Quand on sent qu’il y a un écho, qu’ils ont compris quelque chose, qu’un regard s’éclaire. Je ne sais pas à qui j’ai transmis ou qui a reçu, mais j’ai tenté d’établir le contact et ce qui me rendait heureuse, c’était le contact (...) Enseigner, transmettre. Transmettre non- seulement le savoir, mais aussi l’amour de la pensée, l’exigence, la curiosité de l’autre, la projection dans demain à partir d’hier, le savoir d’où l’on vient.

 Pour finir, une miette encore, une interview sur le site psychologies.com . Sur Youtube ne manquez pas les vidéos d'interviews de cette grande dame. 

Quant à moi je reviens bientôt, ce sont les vacances et j'en profite autant que possible pour travailler, travailler, oui mais sur la thèse. Et ça c'est vraiment bien.
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24/11/2010

Les apprentis sorciers ès éducation

Ce gouvernement devrait danser le tango, un pas en avant, deux pas en arrière. C'est devenu une habitude. Faire traîner une sale rumeur, laisser filtrer quelques propositions extrémistes. Mieux, obtenir la caution de quelques personnalités sympathiques, non susceptibles d'"umpmania". Veuillez pardonner ce néologisme. Et puis annoncer une mesure plus modérée pour dédramatiser et montrer la clémence du prince. Sauf que parfois, ça ressemble salement à la politique du hasard, teinté d'un quelque chose de Goethe et de Dukas, le talent en moins et sans maître à la fin pour réparer les dégâts. Dans tous les cas, il y a de quoi être inquiet.

C'est le scénario (qui commence à être usé jusqu'à la corde, peu importe on a changé une partie des apprentis) que l'on vient de nous jouer à propos des notes en primaire. François Fillon l'a finalement assuré, non, les notes à l'école élémentaire ne seront pas supprimées. Dans le rôle des personnalités sympathiques, il y avait Pennac, Rufo, Roccard, Kahn et Cyrulnik. Excusez du peu. Dans le rôle des auteurs de propositions loufoques et Zeus merci, pas écoutés, il y a Camille Bedin. C'est grâce au blog de Natacha Polony et à celui d'un professeur au pays des merveilles (blog je suis en retard) (et je vous assure que l'éducation nationale est VRAIMENT le pays des merveilles, surtout en ce moment), que j'ai découvert le fabuleux blog de Camille Bedin.

Et là j'ai vraiment eu envie de ressortir mon punching-ball pour éviter de penser à une arme plus violente. Parce qu'entendre une demoiselle de 25 ans, qui n'est pas enseignante, déclamer ce qu'il faut faire pour réformer le système scolaire, en mêlant joyeusement vieilles lunes, pratiques aussi anciennes que le(s) mammouth(s) et idées aussi naïves que consternantes, ça me fait dédramatiser mes ennuis de petite (apprentie) chercheuse. En moins d'une seconde. Merci Madamoiselle Bedin.

Je résume: la demoiselle a fait Sciences Po et l'ESSEC et elle est encartée à l'UMP; à 21 ans elle "co-fondé" une association agissant pour les lycéens de ZEP conventionnés avec Sciences Po. Ah oui, j'oubliais, elle a une carte à l'UMP et elle était ces dernières années déléguée nationale des Jeunes populaires à la vie étudiante. Donc elle est devenue secrétaire nationale UMP à l'égalité des chances.

Ses combats:
- "mettre fin au traumatisme du passage du primaire au collège: l'entrée en 6e est souvent traumatisante" Pauv' petits chats. Ça marche aussi pour moi, pour vous, qui avons été de pauvres petits chats. Moi ça m'a rendu malade d'anxiété pendant une soirée, mais une année avant (oui je suis bizarre), après c'était plié, ne restait qu'une hyper fierté.

- "impliquer les parents en leur ouvrant une salle spécifique, en organisant des réunions dans l'année pour leur expliquer ce qui se fait à l'école, comment aider l'enfant à apprendre"... Comme si on ne faisait pas déjà ça. Elle a déjà entendu parler des rencontres parents-prof où l'on ne reçoit quasi jamais que des parents d'élèves sans problème? Elle voit un peu la gueule que ça a une réunion parents-profs, où l'on attend le client jusqu'à 21 heures, soit le père de Joredan et de Marie-Sixtine, qui viennent, ou pas, et quand ils viennent c'est pour faire 1/ des compliments 2/ le dos rond parce que Joredan a expliqué à son daron (à la main lourde) que vous n'étiez pas du genre à rigoler ou 3/ vous apprendre comment faire votre métier, pourquoi pas, ça peut être drôle si c'est un soir où j'ai envie de rigoler, contrairement à ce que dit Joredan, ça m'arrive, surtout quand j'ai, à proximité, une porte où me coincer les doigts. Les parents de Marie-Sixtine, c'est simple, je ne veux pas les voir. Enfin une fois par an, ça suffira largement, la demoiselle étudie bien, RIEN à redire, qu'est-ce que vous voulez que l'on échange à part des compliments? Mais ceux de Jérémie, ouaich, j'aimerais bien. Qu'ils pensent à l'habiller le matin. Parce que le marcel sous la doudoune en plein hiver, non. La trousse détruite à la Toussaint, les insolences de Jérémie, les refus de travailler, les devoirs non faits, j'aimerais bien POUR Jérémie que ça cesse.

- "faire signer aux parents une charte d'engagement sur les droits et devoirs des enfants". Et qu'est-ce que ça va changer, ma brave dame? Rien du tout, face aux parents de Pauline ou de Sulyvan qui vous écrivent sur le carnet de correspondance que leur précieux rejeton "ne ferat pas la punission, il l'a pas mérités".

- "trois rendez-vous annuels entre parents de chaque élève et enseignants". Héhé: si l'on compte entre 100 et 500 collégiens par enseignant, selon la matière, histoire-géo ou arts plastiques, 300 à 1500 rendez-vous par enseignant. Héhé. La bonne blague. Remarquez, tuer les enseignants à la tâche, c'est un moyen comme un autre de faire des économies. Et le premier qui vient dire que durant les premières années, la préparation de 18 heures de cours n'est pas un job à temps plein, je le mets au défi de les faire et bien faire les 18 heures. C'est faisable, mais c'est déjà un temps plein. Alors si Mademoiselle la secrétaire nationale pouvait compter comment ses propositions se traduiront sur le terrain, ça nous ferait gagner du temps.

- utiliser les espaces numériques de travail (ENT dans le jargon éducationationalesque) pour communiquer avec les parents. Ben voyons. Et tant pis pour ceux qui n'ont pas encore internet (les pauvres nuls hein?)

- apprendre aux enseignants à " gérer une relation avec des parents" parce que cela ne s'improvise pas: "ne pas parler de l'enfant en public, avoir un vocabulaire adapté, choisir un lieu approprié, gérer le conflit, rester modeste et relativiser ses propres savoirs". Alors là, dites-moi que c'est un gag. Dites-le moi, je vous en supplie. Non mais elle croit quoi?! Que l'on revêt spécialement notre blouse grise et que l'on se compose un air méprisant? Gérer le conflit, c'est apprendre la boxe thaï? Quelques notions d'arts martiaux pour parer les coups sans les rendre?

- « Interdire le redoublement en CP », « Je suis contre le redoublement en général. Le fait de vouloir l'interdire en CP est symbolique, car je considère qu'un enfant de six ans n'est pas responsable de son échec. Ce n'est pas de sa faute, le problème vient soit de l'accompagnement des parents, soit de la pédagogie », avance-t-elle. Que ça ne soit pas de la faute de l'élève soit. Mais faut-il le pénaliser en passant par dessus l'apprentissage et la maîtrise de la lecture et de l'écriture? Ce qui va le rendre incapable de suivre et le mettre à l'écart? Où est le traumatisme dans cette affaire?!

- « en finir avec la dictature des notes ». Pauvres petits chats (bis). Là c'est un morceau de choix, je vais y revenir.

- et enfin « Aux États-Unis, dès le plus jeune âge, les enfants participent à des concours lancés par de grandes entreprises, afin d'imaginer un nouveau logo, ou un nouveau slogan. On pourrait très bien envisager une entreprise telle que Danone organiser le même type de concours auprès de jeunes de CM2 ou de 6e. Cela permettrait d'encourager l'esprit d'initiative des élèves, leur créativité, mais aussi le travail en équipe ».
J'ai fait ça, il y a plus de quinze ans, quand j'étais élève au collège, mais c'était pour faire une affiche incitant à apprendre le latin. Sic transit gloria mundi comme disent les jésuites. Maintenant, c'est Danone qui est valorisé à l'école.  Intéressant, non? Loin de moi l'idée de cracher sur les entreprises, je serais très très mal placée pour faire cela, mais euh... est-ce la seule façon de développer la créativité des mômes? L'entreprise cotée en bourse est donc la seule forme d'entreprise valable?

Heureusement, pour sa défense, il n'y a pas que des âneries. 

- « rendre la maternelle obligatoire dès trois ans », Rendre obligatoire, au nom de quoi? Quand les parents sont manifestement incapables d'élever leur progéniture, c'est ça? Pourquoi pas les envoyer directement au pensionnat à 3 ans... La seule chose sensée dans ce galimatias est la proposition d'une « meilleure adaptation des modes de gardes ». C'est une nécessité à peu près aussi neuve que la découverte de la Lune, mais au moins ce n'est pas une bêtise.

Les notes.

Une petite anecdote personnelle: j'ai échoué à apprendre à lire lors de mon année de CP (la méthode était globale, hasard, pas hasard, sais pas). Ma mère s'est inquiété en mars que je ne sache pas lire, même pas un début, elle commence un échange de courriers avec l'institutrice, bref celle-ci pensait que j'étais légèrement sourde ( Shocked ) et ça s'est fini avec un changement d'école en mai, avec engagement pris avec l'enseignante, que ma mère me ferait rattraper mon retard pendant l'été pour que j'intègre le CE1. Bon, il se trouve qu'en CE1 je m'impatientais parce que tous mes petits camarades ne lisaient pas avec aisance.
Ce qu'il m'en est resté, et sans qu'il soit question de notes, c'est la douleur d'un échec, alors qu'il avait été corrigé. Je n'avais pas su apprendre comme les autres, sur un truc basique comme la lecture. Avec le temps, une vingtaine d'années plus tard, des succès à l'université, j'ai réussi à tourner la page (même si là, tout au fond, il y a une saloperie de toute petite petite petite voix qui me dit quand je n'arrive pas à quelque chose, "c'est normal, tu n'aurais jamais dû réussir... ta réussite c'était une erreur!").
Protéger les enfants de la douleur d'un échec sur l'apprentissage élémentaire, évidemment, mais la solution de la suppression de notes me semble ridiculement inadaptée. Faire en sorte que tous les mômes sachent lire à la sortie du CP et lisent aisément à la fin du CE1, en mettant le paquet (en nombre d'enseignants, en rattrapages dès le premier flottement) coûterait tellement moins cher que d'essayer de recoller les pots cassés en collège, en lycée voire plus tard... Cela éviterait bien des traumatismes ou souffrances immédiats et ultérieurs...

Cela éviterait de voir arriver à l'université des élèves gentils, mais... "capable de rédiger des commentaire ou je préféres pas compté le  nombre de faute parce que j'irai me pandre sur le chant. Peut-être chère Mademoiselle Bedin, qu'il y a d'autre priorité que d'écouté les plintes des éléve qui ne son pas toujour les mieux placer pour dire ce qui va pas dans leur formassion".  [sans rire c'est le type et le nombre de fautes par phrase que l'on trouve dans... 10 à 20 % des copies d'étudiants]. J'arrête parce que les fautes, ça va cinq minutes, surtout dans une copie de bachelier, ça me rend malade. Je vieux bien que l'élève soit tout sauf accessoire, (sans le mettre au centre de tout comme certains pédagogues nous l'ont répété) je ne suis pas folle merci. Mais peut-être, peut-être, que pour changer, on pourrait écouter, juste de temps en temps ce que les professeurs ont à dire. Et pas besoin d'aller loin. Il suffit, Mademoiselle Bedin, de passer un mois d'observation en classes élémentaires. Vous apprendrez énormément. Mieux. Devenez enseignante. Je vous assure que tant que l'on n'est pas passé de l'autre côté du bureau, on n'a pas idée de ce que c'est que ce métier. Même quand on en rêvait depuis l'enfance. 

Les enfants paieront, pas les décideurs. Ce n'est donc pas grave. Quoi, ces décideurs veulent défendre l'enfance? Laissez-la tranquille, elle est malheureuse mais moins qu'entre vos pattes de réformateurs aveugles.
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20/11/2010

L'abus de colloque

Je le savais que je n'allais pas pouvoir, je le savais! Quoi? ...me remettre à la thèse, cette semaine! 
J'avais juste négligé une correction à préparer, un tas de trente dissertations à corriger en quarante-huit heures, un cours à termin non continuer, des cours supplémentaires à donner, bref... Ah et un colloque à ne pas rater (enfin, ce qu'il en restait, vu qu'il commençait mercredi, en pleine semaine de cours) ce qui fait que j'en ratais un autre (toutes façons pas à Paris et pas de sous pour y aller), une inscription à terminer, une AG d'association d'historiens, tout ça, plus les nécessités ordinaires d'une vie bassement matérielle où il n'y a ni employé de ménage ni cuisinier. 

Il n'y a pas à dire...





Promis, je reviens, si j'ai du temps demain, je taille un costume à une secrétaire nationale machinchose, festonné de copies d'élèves.


(ça sert, d'apprendre à manipuler des outils de retouche graphique pour faire de bôôô schémas cartographiques juste pour la thèse ?! Je suis mûre pour l'affiche de colloque, moi...)





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13/11/2010

Le lecteur, voilà l'ennemi!

Je suis revenue récemment de la BnF, celle de Richelieu, particulièrement agacée. Après avoir ri, pour ne pas me fâcher. Comme les marins qui parlaient tout au plus du cousin du lièvre et non du lapin, je préfère ne pas dire que j'étais sur le point d'exploser de rage, pour ne pas me laisser aller à la fureur. Il n'empêche que.

Quand autant de conservateurs se montrent attentifs à faciliter les conditions de travail des lecteurs, il en faut encore pour vous sortir que "surtout, vous faites vite vos photos, hein, déjà que ça ne fait pas de bien aux manuscrits". Quand le cliché est pris sans aucun flash, sans tordre le document, quand la photographie diminue le temps d'exposition à la lumière du jour, qui seule, pourrait, à ma connaissance, abîmer l'archive, j'aimerais bien que quelqu'un m'explique l'origine de cette idée persistante chez certains conservateurs ou archivistes, ça m'arrangerait. Je me coucherai moins bête.

Une fois encore, j'aime bien la BnF Richelieu. Mais mauvaise pioche, autant la salle de consultation actuelle (provisoire) est très bien conçue avec, enfin! des sièges confortables, qui se glissent sous les tables, ce qui permet de reposer le dos pendant les longues heures de lecture, autant la nouvelle politique de communication est exaspérante. 

J'ai commandé il y a quelques semaines un document étudié partiellement l'an passé, pendant plusieurs semaines, vu la taille de la bestiole. Au moment de le faire mettre de côté, le pauvre magasinier me signale que je ne peux le mettre de côté qu'une journée, et uniquement le lendemain. La consultation est bornée à deux jours consécutifs. Au delà il faut redemander une autorisation de consultation. Alors que la présidente de salle tiquait en me voyant prendre (avec son autorisation pourtant) les clichés des vingt pages autorisées. 

J'aimerais bien que l'on m'explique comment l'on va pouvoir continuer à étudier des registres de six cents pages, si l'on ne peut prendre plus d'une vingtaine de photographies pour l'étudier en le manipulant le moins possible, ou si l'on doit tous les deux jours attendre une nouvelle autorisation de consultation? Au passage, quand on est enseignant, nos journées consacrées aux manuscrits sont fractionnées par les journées de cours. Donc cette affaire de "journées consécutives" devient ahurissante, totalement déconnectée de la réalité des conditions de travail des enseignants chercheurs. Comme je n'ai pas l'intention de me confronter à ce problème dans l'immédiat, je ne vais pas prendre le problème de la consultation de ce registre à bras le corps, là, tout de suite, maintenant. Sur le site de Tolbiac, c'est pire encore, pas moyen de "mettre de côté un document" fragile ou précieux dont on a obtenu la consultation. On se retrouve dans l'obligation de consulter des document de quatre ou cinq cents pages en une journée, à moins de disposer d'un appareil photo pour le mitrailler, si le conservateur n'y est pas opposé, pour les mêmes raisons mystérieuses que celles indiquées plus haut. Il y a de quoi s'inquiéter. 

Rajoutons, pour faire bonne mesure, que depuis le transfert dans la nouvelle salle, à Richelieu, il n'y a plus que quatre "levées" par heure, soit quatre créneaux pour obtenir des commandes de documents. 

Il me semble loin le temps où les consultations à Richelieu étaient plus aisées qu'aux Archives nationales... Ces dernières avec leurs grèves récurrentes et leur fermeture obstinée à 16h45 me semblent un havre de paix pour chercheurs...
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12/11/2010

Moi, madame, la religion, ça m'emm***

Lorsque l'on accueille les étudiants en première année, dans l'ensemble, passés les premiers mois, ils comprennent assez bien que faire de l'histoire, c'est refuser d'adopter un parti pris, ou plutôt cela implique de se glisser tantôt dans la peau de l'un, tantôt dans la peau de l'autre, regarder avec les lunettes de chacun, multiplier les points de vue, en cherchant à oublier ses propres opinions, parce que l'historien est en quelque sorte l'avocat de tout le monde.

Mais lorsqu'il est question de religion, souvent un étudiant au moins sur trente, déclare: "Ah moi, non, l'histoire religieuse, ça m'emm***, parce que  je suis athée". Pire "Ah moi, je refuse d'entrer dans une église!". Encore, on a de la chance quand ne vient pas l'argument suprême, "de toute façon, la religion c'est à cause de ça que les hommes se f*** sur la g***". Bon, bon, bon, reprenons tout ça. 

Au bout de quelques années, les étudiants comprennent en règle générale que l'argument religieux sert souvent de masque à d'autres arguments encore moins glorieux. Quand le roi d'Espagne se pose au 16e siècle comme le roi catholique, la religion n'est alors qu'un masque idéologique à la volonté de puissance, pour reprendre l'excellente formule de Joseph Perez, historien de l'Espagne moderne. En gros, c'est parce que Charles (Quint), il veut en mettre plein sur la g*** de François (Ier) qu'il crie à qui veut l'entendre que lui, il défend la foi. Cela fait déjà quelque temps que l'on sait que les guerres dites de religion sont d'abord des guerres politiques entre grands clans nobiliaires. Et même lorsque l'on se bat pour sa foi, quand la religion sort de tels conflits religieux, on ne la reconnaît plus, au mieux, qu'à ses godasses, comme dirait quelqu'un de ma connaissance.

Refuser de s'intéresser à une période historique parce qu'elle a été marquée par le religieux alors que l'on est soi-même athée, c'est borner sa curiosité au monde que l'on connaît déjà. Ou bien, refuser de s'intéresser au protestantisme parce que l'on est catholique (toutes les configurations sont possibles) c'est tout autant regrettable. Alors que précisément, c'est ce qui est étranger qui doit logiquement intriguer, attirer l'historien. Mais souvent face à la religion, le rideau tombe. Au contraire, l'historien est par nature un curieux, curieux de tout, avide de découvrir, de percer le sens des choses les plus ordinaires.

C'est comme si, face à la religion, il y avait une crainte, celle d'être séduit? L'argument me semble léger, mais je n'en vois aucun autre. Je  n'ai aucune crainte pour ma part à entrer dans un temple de quelque religion que ce soit, une mosquée, une église. Au contraire, je trouve fascinant que tant d'hommes aient pu consacrer leur vie à la construction et à la décoration de tels monuments.

Le problème, c'est que la méconnaissance provoque la méfiance, le rejet. Ce n'est pas une formule, j'en ai fait l'expérience il y a pas mal d'années de cela. En rejetant les choix religieux ou l'athéisme, on refuse de comprendre au sens "admettre par quel processus tel individu en arrive à croire en ceci ou cela". Et tant que l'on refuse de comprendre les choix religieux ou areligieux, lorsque l'on se ferme à un courant politique ou religieux, on se ferme à l'autre et j'ai peine à comprendre comment on peut faire oeuvre d'historien. C'est en cela que faire de l'histoire permet d'être encore plus citoyen ouvert aux valeurs de tolérance et d'ouverture aux autres.

C'est bien la raison pour laquelle il ne faut absolument pas confondre laïcité et ce que l'on pourrait appeler "laïcisme". Que notre État soit laïque implique que toutes les religions soient admises et mises sur un pied d'égalité. À ce titre il me semble normal, comme enseignante, de remiser pendant la semaine tout bijou à symbole religieux. Ne pas montrer d'opinion religieuse, ni par des signes vestimentaires, ni par des discours. L'historien parle de l'athéisme comme du catholicisme, du protestantisme, de l'islam ou du judaïsme. C'est en quelque sorte la garantie de son respect des règles scientifiques. La distinction entre la vie privée et la vie publique ou professionnelle.

Je reste en revanche abasourdie devant l'extrémisme de certains qui au nom de la laïcité hurlent d'entendre parler de christianisme ou d'islam à la radio, qui se scandalisent d'une femme voilée dans la rue. On en arrive alors à interdire à quelques-uns l'expression de leur foi ou la mention même de leur existence, au nom du respect des croyances de quelques autres. Quand une intolérance en remplace une autre... Non, la tolérance n'est pas une indifférence à tout, elle est respect de tous.

Pour pouvoir admettre l'existence de l'autre, il faut chercher à le comprendre, ou admettre l'idée d'essayer de le comprendre, au sens d'admettre le processus logique qui a fait adopter tel principe de foi, il faut connaître et abandonner la méfiance systématique. Malheureusement, nous en sommes encore loin. Dire, en effet, que l'on en est encore à se poser la question de la nécessité de cours sur les religions du monde, que l'on confond avec des cours d'enseignement de la foi... La route vers la tolérance est encore longue.
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11/11/2010

La Maison de l'histoire, débats et coups bas, la réponse de Pierre Nora

Quand il sort de la bouche d'un professeur une évaluation d'une prestation, si les premiers mots sont positifs, les derniers sont souvent désagréables, et aux premiers mots l'on sait que la prestation n'a pas été bonne. Et vice versa. 

Pierre Nora est sorti de son silence pour adresser dans le Monde d'aujourd'hui 11 novembre, une lettre à F. Mitterand, ministre de la culture pour au moins quelques jours encore, à propos du projet présidentiel de Maison de l'histoire. 

Ça commence bien, ça finit largement moins bien. Le ton est parfait, élégant et mesuré, le message en est d'autant plus cinglant. Au fond, c'est un des plus grands historiens du XXe siècle qui donne une leçon, point par point, argument par argument. Solide comme un mur de pierre de taille, imparable. Je vous laisse le savourer ici, sur le blog Passion Histoire. Indécision des dirigeants, échec de tous les projets semblables, (dont le Musée de l'histoire de France, à Versailles, par Louis-Philippe) pluralité des opinions et des regards français, péché originel d'un projet lancé dans un contexte de défense de l'identité nationale, hostilité des professionnels, polémique sur le site, flou du projet...

Les historiens ne sont pas bons dans la querelle et le face-à-face. Faits pour la réflexion et la mesure, ils ne sont pas formés au discours creux et illusionniste. Nicolas Offenstadt (éminent spécialiste de la première guerre mondiale) poli, mesuré et courtois, qui n'en était pourtant pas à son coup d'essai en matière de critique fondée de la politique présidentielle, (voir sa bibliographie) s'est fait laminer par l'éminence grise de l'Élysée, Henri Guaino, sur France Inter, le 10 novembre, qui n'hésitait pas à couper et à monopoliser la parole, à multiplier les insinuations douteuses à la limite de la paranoïa et de l'incapacité à se remettre en cause: "Si vous vous opposez à N. Sarkozy, c'est par idéologie et non en tant qu'historien". Ben voyons. Quand on n'a plus rien à argumenter de mieux...

Le clou a été d'entendre l'éminence grise dire que le transfert des archives à Fontainebleau allait faciliter le travail des archives.

Le transfert des archives à partir de la deuxième moitié du XXe siècle (voir ici présentation des fonds) à Fontainebleau a suscité une importante polémique, et le site, mal accessible, reste peu fréquenté, d'après mes sources. N'étant pas contemporanéiste, je ne peux vous l'attester de visu. Pour y aller, c'est un peu complexe (euphémisme par litote). Alors une navette gratuite a bien été mise en place, avec départ devant le site du CARAN (hôtel de Soubise, rue des Francs-Bourgeois, dans le 3e). Deux fois par semaine, départ 8h., retour 16h45. Autant dire que si l'on vient de province, il faut loger à l'hôtel ou partir à la nuit noire si l'on vient seulement de banlieue. Et tout cela facilite les conditions de travail des chercheurs. Retenez-moi ou je me roule par terre de rire. Vraiment Guaino nous manquerait presque s'il devait quitter l'Élysée et par le même coup les vêtements de  capucin du bon père Joseph.

Non, Monsieur le président, Monsieur le conseiller spécial, Messieurs les décideurs, les historiens ne sont pas hostiles à tous vos projets, que ce soit la transformation de la BnF Richelieu, la création d'éventuels musées et autres initiatives pédagogiques malheureuses. Ils sont las, seulement, que vous vous serviez de l'histoire  pour servir votre gloire, en ignorant superbement ce qui se fait déjà, en vous moquant éperdument de ceux qui tentent de la faire vivre sans grands discours, sans grands moyens (la plupart du temps), dans les classes, les centres d'archives et les bibliothèques. Pour se vouloir Louis XIV ou seulement Louis-Philippe il faut autre chose que la construction d'un copie de Versailles, palais ou musée.

Aussi la réponse de Pierre Nora était aussi nécessaire que parfaite. Merci Monsieur Nora.
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09/11/2010

16h31, une fonctionnaire et des fonctionnaires

Parfois, j'aimerais être fonctionnaire. Ça dure en général cinq secondes, avant que je me rappelle que je le suis déjà. J'essayais de contacter cet après-midi-là mon école doctorale. La bonne blague. Histoire de pouvoir  avoir accès à la plate-forme informatique afin de commander l'impression du papier manquant (évidemment) dans le dossier d'inscription. Lequel dossier est de ce fait coincé depuis une dizaine de jours dans le bureau de la responsable administrative parce qu'il manquait ce fameux papier, une demande de dérogation. Enfin il manquait ça et puis aussi une lettre de motivation. La plate-forme est accessible, mais le site de réinscription n'est pas ouvert. Pourquoi? Comment? Sais pas. Est-il fermé définitivement? Ouvert à cette date seulement au personnel? Sais pas. Reste à joindre la responsable pour lui demander de me l'envoyer ou de m'ouvrir l'accès.

Mauvaise pioche, à 16h31, alors que je cherchais à joindre le bon service, celui-ci était déjà fermé. C'est le genre de situation qui me fait méditer sur l'égalité dans notre bonne république. C'est comme les fonctionnaires, il doit y en avoir de plusieurs espèces, de l'égalité comme ci et de l'égalité comme ça. Le meilleur, c'est quand même qu'en appelant l'université, j'ai le choix entre prendre connaissance des jours et heures de fermeture de l'université et contacter le PC sécurité. J'ai fait bugger la boîte vocale en demandant à connaître les jours et dates d'ouverture.

Vu que je fais partie de ceux qui, comme des imbéciles, travaillent encore à 16h31 et même en général jusqu'à 20h, ça me plonge dans un abîme de consternation. Une journée qui se finit à 18h est pour moi une journée de chance, payée souvent par quatre ou cinq jours précédents où il vaut mieux ne pas regarder l'heure à laquelle je quitte ma chaise (mon chat peut témoigner). 

Dans ces moments-là, je suis prise d'un sentiment d'exaspération qui me fait dire que si le métier d'historien est un métier de solitaire, c'est tant mieux pour mes collègues. Parce que mon humeur massacrante pourrait tomber sur le premier venu, croisé dans un couloir.

Et je ne vous parle même pas de la lettre de motivation exigée pour pouvoir se réinscrire en thèse. Et c'est là que vous êtes en droit d'imiter les mouettes du bassin du Luxembourg, pour rigoler ouvertement (oui, mouettes rieuses, etc etc.). Rédiger une belle lettre de motivation pour expliquer pourquoi et comment vous tenez à faire un chèque de plus de trois cents euros alors que vous n'utiliserez au mieux que l'emprunt de livres à la bibliothèque. Le laboratoire? Sais même pas s'il y a un local à ce nom. Un ordinateur? Ah non, il est à moi, payé avec mon premier salaire de prof. D'ailleurs il commence à dater. Imprimante? Scanner? Logiciels? Fournitures de bureau? Photocopieuse? Ah non, tout ça, c'est à moi, enfin c'est moi qui l'ai payé. Et en  plus je dois rédiger une lettre de motivation pour expliquer au monsieur à quel point j'ai envie de terminer ma thèse. Sans rire. 

Je me demande quels arguments je peux sortir: "vous voyez, il fait chaud chez moi à travailler, je suis bien , j'aimerai bien y rester..." Pas très opérant. Non, vraiment, je ne vois pas. Bon, alors, comme une imbécile, je faire continuer ma journée en retournant à la préparation de mes cours. Ça au moins, c'est ouvert et possible.
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05/11/2010

En vrac (ter) !

Depuis quelques mois, figure dans les liens des sites recommandés, celui des Clionautes. Il s'agit d'une association de professeurs d'histoire-géographie pour l'utilisation des TICE (technologies de l'information et de la communication pour l'éducation), qui propose par conséquent des "ressources en ligne" pour les enseignants mais pas seulement.

En effet, une page en particulier est intéressante pour tous, que l'on soit professeurs d'histoire ou pas, c'est la Cliothèque qui propose une veille des parutions et de très nombreux comptes rendus, classés par thèmes. Mieux encore, en adhérant, vous soutenez l'association et pouvez proposer vos propres comptes rendus pour enrichir la bibliothèque...

Et puis, voici un bulletin sur l'art médiéval, roman surtout, très attirant (pas eu le temps de tout regarder en détail, mais les premières pages sont très riches). Si vous ne savez pas quoi faire de vos économies, il y a des abbayes cisterciennes à acheter en ce moment. Si, si. 

Bientôt je reviens pour des articles pas en vrac et plus construits.
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29/10/2010

En vrac ! (encore)

Si vous vous intéressez à La Perouse, navigateur, explorateur de la fin du 18e siècle, vous aimerez sans doute l'émission Partir avec (cliquer) qui lui était consacrée ce vendredi soir (on est bien vendredi soir, non? Je suis déphasée en ce moment, je ne vis pas, je scritch, scritch, scritch des pages de cours, je vis en journées de travail et en piles de bouquins effondrées... bref).J'ai toujours aimé ce moment-là de l'histoire du 18e siècle, un moment de paix et d'espoir avant la Révolution, sans doute.

Et pour ravir vos yeux après avoir réjoui vos oreilles, je vous conseille un petit tour ici: un blog où est présenté une reconstitution en 3D de la ville de Lyon en 1700. Je trouve ce genre d'entreprise fabuleux (moi qui passe des heures en tirant la langue à fabriquer mes cartes sur ordinateur) et elle mérite vraiment d'être encouragée, saluée, applaudie. J'ai dit.
Ah si. Si quelqu'un veut bien faire ça pour Paris, au choix, au 16e, au 17e ou au 18e siècle, je suis preneuse. Quoi? J'abuse? Moi? Mais non.
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27/10/2010

En vrac !

- Une semaine qui commence bien, c'est une semaine où on peut remettre le nez dans ses fichiers de thèse. On se souvient alors de toutes les merveilles que l'on a en stock et qui n'attendent plus que la confrontation avec les connaissances actuelles et la rédaction. Mais c'est comme promener un morceau de fromage sous le nez d'une souris en lui interdisant d'y toucher. Parce que...

- la semaine continue moins bien, quand il faut se coltiner la préparation des cours (ce n'est pas que je déteste mais ne faire que cela... gggrr) et bien pire encore, enchaîner la lecture d'articles et de livres abscons. J'ai des envies folles de vouer aux gémonies ces intellectuels qui croient faire savant en écrivant des pages et des pages totalement incompréhensibles. Remarquez, de cette manière, personne n'y comprend rien, personne ne peut contester le propos et cela vire à l'histoire de l'empereur nu. Dire que l'empereur est nu c'est reconnaître que l'on ne voit pas ses vêtements. Reconnaître que l'on y comprend rien, c'est prendre le risque de passer pour stupide. Tant pis. Vu que la seule alternative, c'est se lancer soi-même dans un autre discours tout autant jargonnant. Non merci. 

- sinon, j'ai un problème. Je viens de découvrir l'existence de plusieurs centaines de mètres linéaires d'archives qui me font pâlir d'envie. Mais pas touche tant que la thèse en cours n'est pas terminée. C'est à en crever de dépit. 

- je me console en me disant que si les grèves ne l'interdisent pas tout déplacement, je vais bientôt goûter un menu Renaissance et  j'ai les papilles qui s'impatientent... Et toc! C'est la revanche de la thèse sur les cours. Et le premier qui dit que l'on mangeait des viandes avec plein d'épices au Moyen Âge et à la Renaissance parce que les viandes étaient avariées et qu'il fallait cacher ce goût infect, je me fâche tout rouge et lui donne 500 pages à lire.
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17/10/2010

Causons musique (2)

Je vous ai déjà dit que j'aimais l'opéra baroque ? Pas que l'opéra d'ailleurs, mais enfin, difficile d'être moderniste ou de vouloir le devenir sans se plonger dans la musique ancienne et la musique baroque... Et puis ce qui ce qui est bien avec l'opéra baroque,c'est qu'on peut même y saisir des allusions grivoises glissées dans un texte apparemment innocent.
Alors, pour débuter, quelques livres: 


Jacques Viret, Le B.A. BA du baroque, éditions, Pardes, 2008, 128 p. 
Philippe Beaussant, Vous avez dit baroque?, Actes Sud, 1993, 240 p. 
Jean et Brigitte Massin (dir.), Histoire de la musique occidentale, Fayard, 1987, 1312 p.
Philippe Beaussant, Passages de la Renaissance au Baroque, Fayard, 232 p., 2006. 


L'inconvénient de beaucoup d'ouvrages de type "dictionnaire de la musique", "Enclyclopédie de la musique" réside dans l'insuffisance des textes, qui se répètent à peu près tous quelque soit l'éditeur. Malgré cela, ce genre d'outil rend service et est à prendre pour ce qu'il est, une source d'information. Après, à vous de fureter, d'écouter en magasin et de choisir selon vos goûts. Vous n'êtes même pas obligés d'aimer la divine machine à coudre (Bach, quoi).

Une alternative, pour découvrir les nouveautés avant d'aller en magasin, le site Operabaroque que voici en lien. La mise en page est un peu rebutante, mais il y a des choses à y picorer.


Et merci de vous inquiéter pour ma santé mentale, j'écoute aussi Brassens, U2, Madjo ou Gaëtan Roussel. Mais faire décalé juste pour le genre, ce serait assez stupide et sans intérêt. J'ai dit. 

Et n'oubliez pas qu'il est encore temps, si vous êtes dans la région, d'aller faire un petit tour à Blois, pour les dernières heures des rendez-vous de l'histoire, Marie en parle ici.
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16/10/2010

Une faim de livres (2) La boutique de l'histoire

Dans ce billet déjà un peu ancien, j'évoquais une liste de diffusion bien pratique pour se tenir informé des nouvelles parutions en histoire.

Le lien étant devenu mauvais, le site en question ayant changé, voici un peu de neuf. Il s'agit toujours de la Boutique de l'histoire, située près de la Sorbonne, à retrouver ici sur le net (publicité gratuite même si je n'ai rien contre quelques volumes, hahum). Toutefois le prix de leurs ouvrages d'occasion est assez prohibitif, dès que les ouvrages ne sont plus édités. Disons qu'ils savent ce qu'ils vendent... Mais leur catalogue n'en demeure pas moins intéressant.

Bonne visite...
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13/10/2010

Devenir historien (8) Et le piston?

Dans l'avant avant dernier billet, j'évoquais la nécessité d'établir et de conserver de bonnes relations avec son "patron", son directeur de thèse. Certains esprits chagrins en ont peut-être tiré la conclusion habituelle "de tout'façon, à l'université, c'est rien qu'du piston". 

Une affaire pourrait apporter des preuves en ce sens. Il y a quelques années, la démission fracassante d'un jeune maître de conférence en sociologie, Xavier Dunezat, fraîchement nommé avait fait du bruit dans Landernau. Dans sa lettre de démission (à lire ici), qui a fait le tour du net, méthodiquement, en cinq chapitres, l'enseignant dressait un tableau accablant des pratiques de recrutement en vigueur. Il dénonçait le "règne du piston", le "désert relationnel" de l'université et le "mépris des étudiants qui transparaît dans l'organisation globale des enseignements... et dans les pratiques professionnelles des enseignants". Il se trouve que ce jeune maître de conférence a été élu parce que devant lui, dans le classement, se trouvaient les deux "poulains" de deux professeurs. Schéma classique, aucun des deux ne voulant céder, c'est le troisième homme qui a été choisi. (Poulain, ainsi nomme t-on celui qui est le candidat favori, pour ses talents en principe, d'un professeur, celui a le plus de chance de gagner au concours. Remarquez, quelques années après avoir été une bête à concours, le mot n'a plus rien de choquant... Hahum...)

(article du Monde, du 16 octobre 2007) La première raison de ma démission est que je n'assume pas la manière dont j'ai été recruté", écrit M. Denuzat. Les procédures de recrutement menées par des "commissions de spécialistes" privilégient "copinage et candidats locaux, issus de l'université qui recrute", explique-t-il. Autre désillusion, les relations entre enseignants. "Couloirs et salles de professeurs vides, (...) bureaux fermés", l'université est selon lui un monstre froid où les "quelques relations socioprofessionnelles qui existent sont profondément structurées par une conflictualité désarmante". Violente est aussi la charge contre les enseignants-chercheurs : ils sont accusés de s'adonner à la "chasse aux cours qui sont en adéquation avec (leurs) thèmes personnels de recherche", de se livrer à une vive "concurrence pour attraper au vol les niveaux intéressants" "faible sérieux en matière de notation ou de suivi d'examen".

Rarissimes sont les universitaires qui quittent un milieu dans lequel ils n'ont pu entrer qu'après de longues années d'études. Plus rares encore sont ceux qui critiquent publiquement ses règles. Récemment, seule la fiction a dépeint ces travers, avec la publication en 2006 de deux romans, Petits crimes contre les humanités (Métailié) de l'universitaire et scénariste de bande dessinée Pierre Christin, et Félicitations du jury de Clarisse Buono (Privé).
A partir de son expérience d'un an, M. Denuzat reconnaît livrer un témoignage "très subjectif, parfois grossier"

L'université, pourrie par le piston? Les choses sont un peu plus variées, pour ne pas dire plus compliquées. Il faut distinguer deux choses: le piston et l'appui mérité et rapporté aux capacités d'un candidat. Le piston se donne indépendamment des qualités et il pose problème. En revanche, sélectionner les meilleurs étudiants, leur donner la possibilité de financer la poursuite de leurs études, de faire leurs publications, bref les aider à traverser la jungle, n'est en rien condamnable ni pernicieux.

Démissionner est absurde. Qu'il y ait du piston, sans doute, mais y en a-t-il plus qu'ailleurs? J'ai des doutes.
Il est certain qu'il ne faut pas s'imaginer que ce sont toujours les meilleurs qui sont choisis. Cela ne veut pas dire que l'on n'a pas ses chances. C'est là qu'intervient le rôle d'un directeur de recherches, sans parler de son rôle scientifique de pure direction de thèse.  

Avant d'en arriver au piston, dont on peut très bien se passer, il faut simplement faire connaître son travail. Des thèses, il y en a des centaines par an, et même sans ce nombre, il n'est pas évident d'obtenir l'information qu'un tel travaille sur tel sujet. Alors il faut publier. Assez mais pas trop. Donc se tenir aux aguets des annonces de colloques. Calenda est mon ami, mais aussi celui de tas de chercheurs. Sauf qu'au début d'une thèse, on ignore souvent l'existence de Calenda, on ignore autant l'existence de listes de diffusion ("Une liste de diff quoi? C'est quoi ce truc?") thématiques, d'associations d'historiens regroupés par spécialisations, de séminaires bidules ou truc où il peut être bon de pointer son nez. Oser répondre à un appel à contribution, oser participer à un premier colloque (surtout quand on n'y a encore jamais assisté, parce que l'on était encore étudiant dans sa petite fac), savoir par quelles bourses ou quels contrats de travail dans le supérieur financer sa thèse, bref, apprendre le métier, cela ne se fait pas sans maître. Enfin, oser publier l'ouvrage tiré de la thèse, être mis en relation avec telle maison d'édition.

Et puis savoir répondre à l'arrogant qui vous interpelle en plein colloque pour vous poser une question sans intérêt, juste pour se faire mousser et tenter de vous ridiculiser ("Quoi ce p'tit jeune, il ne sait même pas répondre alors que c'est son sujet de recherche?"). Savoir se méfier de tel sinistre personnage, connu pour pillages répétés. Savoir peu à peu les règles sociales, qui ne sont pas évidentes pour tous, surtout si l'on est issu d'un milieu modeste, qui ne vous avait pas préparé à cette carrière.

Faire des vacations, obtenir un contrat dans le supérieur d'un an ou plus, permet de prendre conscience que dans ce genre de métier comme dans tous les autres, tout n'est pas rose. La belle découverte! 

Que ce genre de dénonciation soit mérité pour les coupables, mais les autres? Je connais beaucoup de collègues qui ne méritent aucunement de tels portraits. N'empêche que le mal est fait, sur eux comme sur les autres pèsera le soupçon. 

À chacun de refuser les voies d'accès douteuses, au moment où elles se présentent et ne pas en profiter pour, après, crier haro sur le système. Et si l'on tient à ce sens moral, rien ne l'empêche de l'appliquer.  Si votre collègue du bureau d'à côté est indigne de son poste, selon vous, rien ne vous empêche de soigner malgré tout vos cours année après années, en les retouchant, en travaillant dur pour en créer de nouveaux, en changeant les programmes, en se tenant au courant des nouveautés, en ne lâchant pas la recherche, en encadrant des étudiants de la licence au doctorant en les respectant, en assumant des tâches administratives et scientifiques pour la renommée de l'université. 

Il faut quelquefois savoir répondre à des coups bas, s'affirmer, apprendre les règles... Comme partout il y a des moments tendus, des choix à faire entre moralité et immoralité. En se retirant du jeu, on perd le droit de le critiquer et de changer les règles du jeu en étant une exception de plus qui fera de l'université ce qu'elle doit être. Les universitaires ne sont pas des saints, la chose est entendue. Inutile d'en faire des démons.

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12/10/2010

L'art du colloque

Voici une pépite fine, amusante et pertinente sur le bon usage des colloques, écrit par un littéraire, Robert Mélançon, mais parfaitement applicable au monde des historiens. Trouvée cet après-midi, totalement par hasard (en cherchant autre chose, comme toujours), hasard d'une séance de travail où je suis bloquée à domicile par la grève (et la crainte de transports interminables coincée dans la foule)... 

À la fin du Moyen Âge la route de Cantorbéry était jalonnée d'auberges qui attestaient de l'utilité économique des pèlerinages. Aujourd'hui, autour de toute université qui compte, gravitent des agences de voyages créatrices d'emploi. Entre deux offices, il fallait bien se restaurer ; après les communications, il y a toujours quelque banquet, des monuments, des musées, des bars à visiter, des boutiques à écumer, des conversations qui se prolongent sans fin autour d'un verre dans ce loisir infini qu'on ne trouve qu'ailleurs. Mais la paillardise est bien surfaite et relève de la légende, du fantasme ou du recyclage d'un topos éculé sur les moines girovagues: le secret le mieux gardé des colloques, c'est qu'on y cède infiniment moins à la luxure qu'aux autres péchés capitaux.

      Et puis, il arrive qu'on y travaille. C'est même la règle comme on le constate à lire les volumes d'actes que le courrier apporte presque au même rythme que les calls for papers. On n'y fait pas de recherche, mais on y livre le résultat de ses travaux et surtout on y écoute attentivement, mais oui, ses collègues présenter le résultat des leurs. On s'y lave de la routine des cours, de la corvée des examens, de l'ennui sans nom des comités et des assemblées: on y retrouve sa dignité de travailleur intellectuel. Je me souviens, lors d'un des premiers colloques auxquels j'aie participé, de la joie d'un spécialiste de littérature néo-latine qui enseignait Dieu sait quoi dans une petite université et qui, m'avait-il confié, pouvait une fois l'an rencontrer ses interlocuteurs pendant quelques jours. Il en revenait ragaillardi, prêt à retrouver pour des mois la solitude du coureur de fond et à poursuivre ses travaux sur Guillaume Budé entre deux cours où il devrait s'en tenir aux rudiments. Il n'aurait pas tenu sans son colloque annuel qui lui permettait de se ressourcer.
 
      Sur ma table se sont accumulés depuis trop longtemps des volumes d'actes dont je devrais rendre compte. Lus à la suite, ils suggèrent une typologie du genre colloque dont on trouvera ici l'esquisse. Ils rassemblent quatre cent vingt-neuf communications en vingt-six recueils, auxquelles s'ajoutent six avant-propos, six préfaces, cinq introductions, un liminaire, une ouverture, un texte de préliminaires, un texte de présentation, cinq conclusions, deux synthèses, une postface, cinq index, trois bibliographies, une biographie, une chronologie, un document préparatoire, un lexique, une table ronde, une traduction anglaise de L'Ode à Michel de L'Hospital de Ronsard ; en outre, quatre volumes reproduisent les discussions. À moins de leur ajouter un tome de commentaires, il n'est pas question d'en proposer ici le compte rendu détaillé.
      On ne leur en fera pas grief.
 
      La fonction rituelle des colloques se constate aussi au retour des mêmes noms : quelques champions de la communication se retrouvent presque partout; la plupart sont moins répandus mais réapparaissent régulièrement aux tables des matières. Une série de volumes d'actes offrirait donc ample matière à une sociologie de l'université. On y reconstitue sans mal des réseaux, des systèmes d'échange, des circuits privilégiés. Faut-il parler de «renvois d'ascenseur»? Ce serait facile et, surtout, faux. Le milieu de la recherche universitaire est depuis longtemps international ; actuellement, c'est l'université elle-même qui devient internationale dans toutes ses fonctions -- y compris dans l'enseignement comme en témoigne la circulation de plus en plus fréquente des étudiants d'une université à l'autre en cours d'études. 

Les réseaux des colloques fraient la voie à cette université sans frontières de l'avenir dont chaque institution particulière, chaque campus, ne constituera qu'une épiphanie.

      Parallèlement, dans chaque société, l'université voit son rôle réduit au nom de prétendus impératifs fonctionnels: rentabiliser des investissements énormes, former la main-d'oeuvre spécialisée que la société technologique réclame. Gouvernements, milieux des affaires, médias se retrouvent pour une fois d'accord: les universitaires n'ont pas le sens des réalités; leur poursuite désintéressée de la connaissance et leurs idéaux d'éducation libérale ou humaniste appartiennent à un stade dépassé de l'histoire. Les colloques permettent aux universitaires girovaques de respirer un air moins confiné. 

Semblables en cela aux moines médiévaux qui allaient d'un scriptorium à l'autre à la recherche de textes, les « colloquants » -- risquons ce néologisme comme un clin d'oeil -- maintiennent aujourd'hui, l'idéal d'une république des lettres qui, sans eux, ne serait plus qu'un vague souvenir. Cela vaut bien quelques rituels.
Le texte intégral (à retrouver ici) a été publié sur erudit.org
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10/10/2010

Devenir historien (7)

J'ai découvert il y a quelque temps cette tribune publiée par Le Monde du 21 novembre 2007, qui mérite d'être lue si vous ne la connaissez pas encore. Le bilan n'est pas glorieux mais je crois qu'il était et reste parfaitement nécessaire étant donné les réactions entendues dans la bouche de Monsieur tout le monde, lorsqu'a eu lieu la grève de 2008-2009. Pour commencer à bien connaître les conditions de travail dans le supérieur, je dois avouer que cette tribune reflète l'exacte vérité. Il ne faudrait pas en conclure que ces conditions sont démotivantes, car le goût de la recherche et de l'enseignement fait accepter cette réalité. Enseignant-chercheur n'est pas un métier que l'on fait pour devenir riche. Il n'en reste pas moins que l'on a une relative garantie du salaire, ce qui est un luxe. Et puis lorsque l'on commence, ces détails-là semblent sans importance, tant le bonheur de se consacrer à la recherche semble supérieur à tout.

Cela dit, je me passerais bien des commentaires insultants de cette ministre qui osait encore dire dans le poste pas plus tard qu'il y a un mois, que s'il y a autant d'abandons chez les étudiants lors de la première année, c'est parce que les enseignants n'y mettent pas assez du leur. Devant de telles réflexions, je lui adresserais bien mon mépris le plus cordial. Mais je garde pour moi les noms d'oiseaux qui me viennent à l'esprit. Son titre de ministre de l'autorise pas à mépriser le travail de ceux qui sont dans les classes. Il faut cependant "laisser dire les sots, le savoir a son prix". Madame le ministre devrait au moins savoir, puisqu'elle se permet de faire la leçon, que d'un magistrat ignorant c'est la robe que l'on salue.  Qu'elle prenne garde, il n'y a pas loin du Capitole à la roche tarpéienne, comme je l'ai appris il y a longtemps en étudiant le latin, cette chose que l'on veut nous faire croire inutile.

Point de vue
Les enseignants, ces oubliés

Dans le tohu-bohu actuel sur l'université et les réformes qui la visent, l'enseignant-chercheur est oublié, voire calomnié. Quand on l'évoque, c'est pour pointer les échecs pédagogiques qui lui seraient imputables ou ses prétendus piètres résultats dans le domaine de la recherche. Que l'on nous permette de dépasser ces clichés. Pour intégrer l'enseignement supérieur, un très long parcours d'obstacles est à suivre : huit années d'études supérieures au minimum, ponctuées de diverses barrières hyper-sélectives (souvent l'agrégation, puis le concours de recrutement dans l'université offrant un poste). Le postulant doit aussi, outre sa thèse, avoir déjà fait parler de lui, en publiant notamment des articles dans des revues savantes. Seuls 5 % environ des doctorants bénéficiant d'une (maigre) allocation, les autres se débrouillent comme ils peuvent.

Au terme de ces épreuves, que découvre alors le maître de conférences fraîchement émoulu ? Des locaux effrayants : salles de classe crasseuses ; amphithéâtres lugubres ; bureaux quand ils existent, à partager à plusieurs, non équipés (même d'un téléphone, ne parlons pas d'ordinateur...) et mal chauffés. Cet inconfort affiche visiblement un mépris pour le savoir, pour ceux qui en assurent la diffusion comme pour ceux qui le reçoivent.

Le sentiment d'être traité avec indignité est confirmé par sa première feuille de paie : 1 600 euros net. Mais ce n'est qu'une question de patience : tous les deux ans et dix mois, très exactement, il prendra un échelon qui lui permettra, à coups d'une centaine d'euros, de gravir petit à petit l'échelle salariale, jusqu'à atteindre 2 500 euros nets dans la quarantaine. Si, au prix d'une nouvelle thèse et d'un nouveau concours, le maître de conférences parvient à accéder au rang de professeur des universités, et à condition qu'un poste soit offert dans sa spécialité, il pourra compter sur quelques centaines d'euros supplémentaires. On le voit, la personne la plus diplômée de France peut être qualifiée de nantie. De ce traitement, il faut souvent défalquer les transports nécessaires pour se rendre sur le lieu d'enseignement. Bon nombre d'universitaires traversent en effet le pays deux ou trois fois par semaine, à leurs frais, pour aller travailler. Tous les enseignants des universités devraient se voir allouer une indemnité, non forfaitaire, calculée sur les frais réels engagés par l'exercice de leur profession : déplacements, équipement informatique, achats d'ouvrages, etc.

Quant à la charge de travail des universitaires, le malentendu est total : les 192 heures d'enseignement requises (soit davantage qu'aux Etats-Unis ou au Canada, puisque les comparaisons avec l'étranger sont de saison) sont à comprendre comme du face-à-face. Elles n'incluent évidemment pas les très longues heures de préparation, de très lourdes corrections (par centaines de copies), ou de lecture de mémoires et thèses (par dizaines), de rendez-vous avec les étudiants, en master et doctorat notamment ; elles ne comptabilisent pas la présence aux jurys d'examen et de soutenance ni aux réunions pédagogiques proliférantes ; elles ignorent aussi bien le temps passé à l'exercice de responsabilités administratives, de plus en plus envahissantes.

Ces lourdes tâches rendent la mission de chercheur presque optionnelle, d'autant qu'elle est peu reconnue et notoirement sous-dotée (la « prime de recherche », d'environ 1 000 euros annuels n'a pas augmenté depuis vingt ans). On peut d'ailleurs s'étonner que cette obligation de production soit globalement si bien remplie en France, dans ces conditions d'indigence et d'indifférence. Aujourd'hui, l'habituelle lassitude cède la place à une forme de révolte, face à la dégradation d'une condition déjà en soi inacceptable et qui s'accompagne d'un inquiétant discours de mépris. A moins qu'on ne considère que « la République n'a pas besoin de savants ».

Nathalie Barberger, Florence de Chalonge, Claude Habib, Anne Richardot, Nelly Wolf sont maîtres de conférences ou professeur[s des universités [en lettres et littérature françaises] à Lille-III.
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03/10/2010

Mon patron, mon hypothétique carrière et moi (Devenir historien, 6)

Tandis qu'en ce moment j'attends de pouvoir retrouver le temps de me replonger dans la thèse, avec le même désir que l'assoiffé dans le désert à la recherche de son oasis, l'esprit continue à trotter sur les stratégies pour réussir la fin de thèse. Parmi les objectifs, il y a boucler la thèse à temps (et là, ça s'annonce complexe mais je n'en peux plus, je veux m'en débarrasser de cette thèse! Même si j'aime toujours autant mon sujet, ce n'est pas le problème). Les meilleurs choses ont simplement une fin, pour pouvoir avancer. 

Je ne peux pas non plus m'empêcher de songer à la manière d'éviter de cramer mes chances de nouer de bonnes relations avec les collègues là où je suis en poste. Cette pensée hautement philosophique m'est venue l'autre jour en jouant au push box le temps d'un trajet. Par exemple, le push box est un jeu qui devrait être conseillé aux étudiants. Celui qui ne se présente pas à une convocation pour expliquer une absence devrait y jouer. Il comprendrait vite que se créer des impasses n'est pas vraiment le meilleur moyen de sortir avec un diplôme en poche. Et qu'un professeur pas content peut représenter le même genre d'obstacle qu'un cube placé bêtement juste au mauvais endroit.

Nouer de bonnes relations, oui, mais peut-être pas en écrivant une communication de complaisance, raccordé Zeus sait comment, au thème du colloque auquel on m'a suggéré de participer. Ni au prix d'organiser un colloque avec un labo dont je ne fais pas partie. Quoique débaucher des thésards soit manifestement un sport courant. "Z'avez pas de co-tutelle pour votre thèse? Ah... Pourtant... ça pourrait être bien pour vous". Là, on pense in petto "c'est bon, c'est bon, t'affole pas, pépère, si tu crois que je ne vois pas où tu veux en venir. Cause toujours. On ne m'achète pas (encore) moi, monsieur". Quant à aller de vous-même, à la moindre contrariété, démarcher un autre professeur, comment dire... ça relève du suicide. Du genre, vouloir traverser le Sahara seul, avec ses petits mollets. Il y en a qui ont essayé, notez...

Si jamais on voit à ce moment-là son directeur de recherche, il y a des chances pour que celui-ci lève un sourcil "Souhaitez-vous continuer votre thèse sous la direction de M. Machin (le rival qui vous a démarché)?" Ooooh la question piège. Ton neutre, question apparemment innocente. Mais il vaut mieux faire attention à sa réponse. L'université est un lieu où les liens de fidélité ne font pas seulement objets de cours pour expliquer les relations entre le roi et la noblesse à l'époque moderne, si vous voyez ce que je veux dire... Abandonner son "patron" (directeur de recherche) est très mal vu. Même si le patron en question laisse à désirer. D'où l'importance de bien se renseigner sur l'intégrité et les qualités professionnelles du personnage avant de s'engager avec lui (une fréquentation assidue de l'asso des étudiants d'histoire du département peut être très très utile, à cet effet). L'abandonner est un excellent moyen pour se fermer définitivement bien des portes. Cela fait partie des règles de loyauté implicites dans le métier. Aller voir ailleurs, cela revient à tout juste faire de votre thèse un escabeau commode pour attraper les pots de confiture, en haut des étagères dans la cuisine. Le jour où le mien de patron m'a posé la question, j'ai failli mal le prendre. En même temps, je lui dois un peu trop pour en avoir envie. Non, mais l'abandonner et puis quoi encore?! Kkkksss...

L'idéal, c'est choisir un patron qui vous a vu progresser depuis le début de vos études, il vous connaît, avec vos forces, vos faiblesses, et peut adapter sa pédagogie en fonction. Mais il faut qu'il soit loyal, et qu'il soit prêt à vous soutenir moralement, notamment pendant les concours. Prof et psy sont des métiers parfois proches... Aller chercher la "star"dans une autre université est loin d'être toujours une bonne idée. Parce qu'il y a d'excellents professeurs partout et parce que l'on sait ce que l'on laisse, moins ce que l'on trouve. Et je ne connais aucun professeur qui n'a pas ses réseaux, suffisamment développés pour lancer des doctorants dans le "milieu". La "star" qui a quarante thésards et pas un quart d'heure pour vous, ce n'est pas qu'une légende. Choisir à l'inverse un professeur "juste parce que ses cours magistraux en licence, c'était trop d'la balle" ce n'est pas forcément non plus une excellente idée. J'en ai vu tomber sur  des professeurs excellents mais à la déontologie aussi variable que le thermomètre en Bretagne. Et se retrouver entre thésards à des soirées "défoulement psy anti-patron" où les victimes du pillage du vénéré patron se racontaient leurs malheurs en les tentant de les noyer dans le pinard et la tartine de rillettes.

L'aventure avec un directeur de recherches se rapproche quelquefois du mariage: c'est pour le meilleur... et parfois aussi pour le pire. Dans tous les cas, on ne se lie pas à un directeur à l'aveugle.

Dans l'immédiat, le meilleur moyen de boucler ma thèse, c'est quand même d'arrêter de me poser des questions dans tous les sens, pour terminer mes cours et m'y remettre (à la thèse)... Vous ne m'en voudrez pas si j'y retourne?
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27/09/2010

"Je n'ai pas eu le temps"

Tranquille, l'étudiant ne s'étend pas en explication. Il ne rougit même pas, ne se tortille pas sur sa chaise, au dernier rang. Non. Il n'a pas eu le temps. Donc il n'a pas fait le travail demandé. 

Je suis chargée, comme beaucoup d'enseignants du supérieur, au moins en histoire,  de travaux dirigés. Durant ces séances, on demande aux étudiants de passer au tableau pour présenter soit une dissertation soit un commentaire de document à l'oral. Le travail préparatoire a été fait à la maison, le sujet donné en début de semestre, soit au moins une semaine avant.

En quelques années d'enseignement, j'ai eu à peu près tout comme argument pour justifier un travail mal fait ou après coup, une absence le jour J : "j'étais malade", "ma grand-mère est décédée", "je n'ai fait qu'une introduction et un plan parce que je ne savais pas comment trop faire", "je n'ai pas réussi à faire grand chose, madame, parce que je n'ai pas trouvé de livre" (là-dedans, du vrai, du faux, il faut trier, sonder les reins et les coeurs, essayer de discerner le menteur et le sincère) ou bien l'absence pure et simple. Parce que les étudiants n'ont pas envie de passer à l'oral, souvent, simplement.

Le coup de l'absence juste parce que l'étudiant n'a pas envie de passer à l'oral, c'est simple, ça m'énerve. Parce que je déteste les lâches. Personne, à moins d'avoir un grain, n'aime passer devant les autres pour être observé, scruté, critiqué. Ce n'est pas agréable mais c'est nécessaire. Ça permet d'avoir l'air moins idiot quand au cours de sa vie, arrive le moment de prendre la parole devant les autres. Et tout bêtement, ça sert aussi à subir un oral, toujours utile de savoir quoi dire, comment se tenir lors d'un recrutement. Bref, cela revient à savoir assumer des obligations d'adulte responsable. 

Mais l'argument simple, froid, presque détaché "Je n'ai pas eu le temps" et c'est tout, je ne me souviens pas l'avoir déjà eu. J'en suis restée abasourdie. Pas longtemps, parce que mon mauvais caractère m'a fait voir rouge très vite. Pas la peine d'élever la voix pour autant.

Je me demande si ce n'est pas un fait nouveau. J'ai peut-être un esprit parfois négatif, mais jamais je n'aurais osé dire tranquillement "Je n'ai pas eu le temps". Je serais venu éventuellement le dire à l'enseignant, au début de la séance, rouge de confusion, si une catastrophe m'avait empêché pendant toute la semaine précédente de faire mon travail. J'aurais travaillé la nuit, s'il l'avait fallu, pour être prête à l'heure dite. Je n'ai pas non plus souvenir qu'aucun camarade ait un jour déclaré cela, et je ne suis pas si vieille. 

À se demander si certains jeunes d'environ 18 ans ont aujourd'hui intégré ce que signifiaient les mots "obligation", "devoir", "rendez-vous", "convocation". Je les avais quand ils étaient au collège au début de ma carrière, eux ou ceux de leur génération. Ils ne me sont pas inconnus. Mais quelque chose m'a échappé dans leur évolution. 

Qu'est-ce que j'adorerais me planter devant les étudiants et leur déclarer "Au fait, je n'ai pas eu le temps de préparer  mes cours, j'avais d'autres impératifs cette semaine. Hein, vous avez un examen à la fin du semestre, et alors?"


Dire qu'en ce moment, la thèse est rangée, je passe mon temps à préparer les cours, les donner, les préparer. Là, j'ai pris le temps d'un billet, j'ai royalement une semaine d'avance. J'ai dit un jour que j'aimais enseigner, moi ? Ah oui. À cet instant-là de ce TD-là, un petit peu moins. Ce ne sont que quelques étudiants. Espérons qu'ils resteront marginaux.
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20/09/2010

Trafic de reliques

Petit message programmé pour vous faire partager ceci (qui m'a bien fait rire, j'en rêvais, un collègue l'a fait): une blague d'historien drôle sur le culte des reliques... (sur le blog http://krommlech.cowblog.fr/)



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18/09/2010

C'est l'histoire d'une souris qui boit la tasse



- STOP - Souris qui patauge dans le grand bain - STOP - trop de cours à préparer - STOP - risque de noyade élevé - STOP - trop de trucs sérieux à faire - STOP - Vous oublie pas - STOP - Revient dès que possible - STOP -



Souriez, c'est la rentrée! Enfin, c'était mais bref, un emploi du temps connu à la dernière minute, de tas de cours pointus à faire, bref, plus le temps de rien, même pas de rédiger (la thèse). 

En en plus, c'est la période que choisit la BnF pour sa fermeture annuelle, c'est la misère. 

Si vous voyez dans les couloirs une souris en train de déménager des piles de bouquins, il y a des chances que ce soit moi. Surtout si la souris en question est trempée comme une soupe, comme si elle sortait à peine du grand bain.

En attendant, je vous propose de réécouter une émission que j'ai énormément appréciée, sur là-bas.org, le site de l'émission de Daniel Mermet (diffusée sur France Inter) : il s'agit de l'émission "Et si on fermait la bourse" avec comme invité Frédéric Lordon, économiste, directeur de recherches au CNRS. 

Cela fait du bien d'entendre des économistes faire la différence entre les entreprises non cotées en bourse - et qui, par conséquent, ne sont pas obligées de viser toujours plus de rentabilité au mépris des hommes - et les entreprises cotées, pressurées comme des citrons avant d'être jetées à la poubelle, avec leurs salariés. Cela fait du bien d'entendre qu'il n'y a pas d'un côté les méchants - banquiers et patrons - et de l'autre les victimes - pauvres gagne-petits employés et épargnants en même temps. 

Bonne écoute! Ne m'en voulez pas, mais j'ai encore trois ou quatre cours  et TD à terminer...
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09/09/2010

On n'arrête pas le progrès

J'aurais pu intituler aussi ce billet "Nous vivons une époque fabuleuse". J'explique. Pendant des années quand je m'inscrivais à l'université, c'était en allant chercher à la dite université un dossier en carton épais, qu'il fallait remplir soigneusement, prendre rendez-vous pour l'inscription informatique de notre dossier et payer les frais.

L'année dernière, changement et grand b**rdel: passage à l'inscription totalement informatique. Avec un site internet paramétré par des informaticiens même pas fichus d'utiliser des ports d'accès standard. Ça commençait bien. Ensuite, le joyeux b**rdel susdit: fallait être doué pour s'y retrouver entre toutes les pièces à fournir, dont la liste était éclatée en plusieurs pages. Et s'il manquait une page, PAS UN ordinateur avec connexion internet pour pouvoir sur place, à l'université, à l'arrache, compléter en ligne la page manquante.

Cette année, conséquence sans doute des mésaventures de l'année dernière: retour au dossier imprimé à remplir. Oui mais. Cette année, non seulement c'est aux étudiants de compléter leur dossier en ligne mais cette fois, de l'imprimer, coller un photographie pour l'envoyer par la poste.

Si ça, ce n'est pas pour économiser à l'université les frais des dossiers imprimés qui autrefois, étaient fournis par l'administration... Tout ça, pour ça.




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08/09/2010

Petit guide bibliographique de survie en sociologie

Voici quelque chose de très précieux: une bibliographie de survie à l'usage des curieux de sociologie. Vous le savez sans doute, au XXe siècle, les historiens se sont ouverts aux sciences, à toutes les sciences, nouant des liens privilégiés avec la sociologie. Sur les bancs des facultés d'histoire, étudiants, nous avons souvent fait de la sociologie comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Je ne connais pas encore de faculté d'histoire qui propose des cours d'initiation à la sociologie, pourtant. Voilà qui est réparé avec ce petit guide bibliographique que l'on doit à une jeune bibliothécaire, Marianne, de formation sociologue et à retrouver sur son blog, le Pandémonium littéraire. Bonne lecture!
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07/09/2010

La Brève histoire du Monde de Gombrich.


Si l'on a fait de près ou de loin un peu d'histoire de l'art, on connaît l'ouvrage de E. Gombricht, que dis-je, cette énorme référence synthétique, son Histoire de l'art. Mais il est aussi l'auteur d'un petit ouvrage (300 pages, 15 euros) parfait pour offrir à Noël à des adolescents un peu curieux, une Brève histoire du monde. On pourrait lui reprocher ce qui fait à mon avis sa principale qualité: ce récit de l'histoire du monde de la préhistoire à la seconde guerre mondiale, qui donne un souffle fabuleux à ce petit livre, qui le fait dévorer pour peu que l'on aime un peu l'histoire. Cela pourrait être le récit d'un grand frère, ou d'un grand-père. Pas de très longues explications, d'hypothèses, de longues séries chiffrées à l'appui, ni de sources ou de notes en bas de page, à la manière d'un ouvrage d'historien. Ce n'est pas le but. Il s'agit de faire découvrir et faire aimer la trame de l'histoire mondiale à des enfants et non de tout expliquer. Et le pari est tenu, si j'en crois les enfants qui l'ont reçu en cadeau dans mon entourage

Extrait de la quatrième de couverture

L'histoire de l'humanité racontée en quelque trois cents pages ? Aussi audacieux que cela puisse paraître, c'est le pari que s'est lancé Ernst Gombrich, et qu'il a relevé avec brio. Il choisit de tutoyer ses lecteurs, tel un grand-frère qui s'adresserait à ses cadets et, considérant que ceux-ci savent réfléchir par eux-mêmes, il ne les encombre pas d'explications simplistes. Il leur présente les personnages historiques emblématiques de leur temps et raconte les faits dans leur continuité, comme s'il ne s'arrêtait pas de parler, insufflant au récit un sens du rapprochement et de la contemporanéité des événements. Un ouvrage formidable pour apprendre l'Histoire sans en avoir l'air.


Vous trouverez ici un autre avis sur cet ouvrage (blogspot Oisivetés, billet du 4 mars 2007).


Voici quelques mots extraits du premier chapitre:

"Toutes les histoires commencent par "Il était une fois". Notre Histoire ne parle donc que de ce qui a été. Te souviens-tu? Il était une fois où tu étais petit (...) Avant d'avoir été ce petit enfant, tu étais un nourrisson. De cela tu ne peux te souvenir et pourtant tu le sais (...) on pourrait continuer ainsi à remonter toujours plus dans le temps (...) Mais le temps de lire ce message n'a duré qu'un bref instant. Car notre lumière descend de plus en plus vite. 1000 ans, 2000 ans, 5000 ans, 10 000 ans... En ce temps-là il y avait déjà des enfants qui aimaient les bonnes choses, mais ces enfants ne savaient pas écrire 20 000, 50 000 ans (...) Avant l'existence des montagnes, il y avait des animaux très différents de ceux d'aujourd'hui. Ils étaient gigantesques et ressemblaient à des dragons. Comment le savons-nous? On trouve parfois leurs os, profondément enfouis dans le sol. Par exemple au Musée d'histoire naturelle de Vienne (en Autriche), tu peux voir un diplodocus. Un nom bien étrange que celui de diplodocus. Mais l'animal est bien plus étranger encore! Il n'aurait pu tenir dans une pièce de ta maison, ni même dans deux."


Un autre extrait, tiré des chapitres consacrés au Moyen-Âge:

23. Des chevaliers chevaleresques.

"Tu as sûrement déjà entendu parler des chevaliers au temps de la chevalerie. Peut-être as-tu aussi lu des livres dans lesquels il est beaucoup question d'armures et d'écuyers, de panaches et de nobles coursiers, d'armoiries chamarrées et de châteaux forts, de duels et de jeux chevaleresques au cours desquels les femmes attribuaient les récompenses, de voyages aventureux et de châtelaines délaissées, de chanteurs ambulants (ménestrels et troubadours) et de départs vers la Terre sainte. Le plus beau est que tout cela a réellement existé. Cette évocation empreinte d'un certain romantisme n'est pas pure invention. Il fut une fois un monde où tout n'était que couleur et aventure, où les hommes prenaient plaisir à participer à un jeu étranger et néanmoins grandiose de la chevalerie, un jeu qui souvent était très sérieux.

Mais quand y eut-il des chevaliers et que s'est-il passé?

chevalier signifie en fait cavalier, et c'est ainsi que commença la chevalerie. Celui qui pouvait s'offrir un beau cheval de combat pour partir à la guerre était chevalier..."
Cet ouvrage peut également être lu à des enfants entre 7 et 11 ans, pour partager le plaisir du récit de l'histoire.

Bonne lecture!
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