Blogger Template by Blogcrowds.

Une envie de livres ?

31/07/2009

Et tu fais quoi, alors ?

- Les vacances se passent bien? Tu fais quoi cette année?
- ... Les vacances ?
- Bah, je ne comprends pas, tu n'es pas en vacances en ce moment ?
- Disons, je n'ai plus de cours depuis deux mois
- Ah quand même, ah c'est sympa, tu as du avoir le temps de te reposer, déjà....
- Pas tant que ça. Je travaille un tout petit peu (euphémisme) sur ma thèse, depuis quatre ans.
- Mais à part ça, tu travailleras quand pour de bon ?
- ... (in petto, avec un poil de mauvaise foi "ce n'est pas du travail, une thèse, peut-être?!" - je ronge mon frein et répond aimablement:) Eh bien, j'enseigne déjà, je suis un petit peu titulaire au moins dans le secondaire, quand même, mais tu dois le savoir.
- Ah oui, c'est vrai; et au fait à la rentrée, tu es en collège ou en lycée, là-bas, à ton nouveau poste dont tu parlais l'autre jour, déjà?
- Ni l'un ni l'autre, si je vais là-bas, c'est parce que j'ai dégoté un poste à l'université, sinon je serais partie dans la direction géopraphiquement opposée.
- Tu vas enseigner à l'université? Ouah! Tu dois être contente, ça va te changer!
- ... ça fait quatre ans que j'enseigne à l'université. Comme contractuelle d'accord, mais ça fait quatre ans.
- Ah bon? Ah ouiiiiii c'est vrai.


(shplop... ça c'est le conversation qui tombe. Flschflsch... si vous préférez la version ange qui passe)


- Et ta thèse ça va te servir à quoi, au fait?
- À passer le concours de maître de conférence et être enfin titulaire dans le supérieur.
- Oui, non, mais, je veux dire, ça va servir à quoi? (sur l'air de "et ça va même pas te rapporter de pognon?!") Parce que, les thèses d'histoire, personne ne lit ça.
-.... Si, si. Les enseignants du supérieur, quelquefois (in petto encore "On peut toujours garder quelques illusions, ça ne coûte rien"). Et puis les gens cultivés ou désireux de se cultiver.


(schloup. Ça, c'est le conversation qui tombe définitivement). En vrai la dernière réponse, je ne l'ai pas faite. Mais j'aurais dû. Hélas, en vrai je ne suis pas assez méchante. Ça paraît surréaliste comme conversation mais ce sont les éléments auxquels j'ai eu droit le week-end dernier.



Conclusion: j'aime ma famille. Surtout quand elle est loin. (Humour)


PS: quand je parle de supérieur, il n'y a pas de mépris à l'égard de qui que ce soit. C'est la formule consacrée pour parler de ce qui se passe après le bac. Non, parce qu'il y a des personnes dans mon entourage qui croient que je suis méprisante. Je me marre.
Rendez-vous sur Hellocoton !

27/07/2009

Le doute

Je ne suis pas en vacances, non, non ! Hélas, c'est mon drame, je suis épuisée, six jours sur sept aux archives pour avancer, avancer, essayer de finir ces %$?*@&! d'archives. Courage, plus qu'une centaine de cartons et registres...

J'ai fait des trouvailles fabuleuses, ce n'est déjà pas si mal. Me restera à partir de la rentrée le plus délicat, la rédaction. Paraît qu'à force de lire les sources du 17e siècle, à relever mot à mot divers textes en respectant orthographe et absence de ponctuation à la lettre, j'ai tendance dans mes premiers chapitres, à abuser de la litote et à négliger le principe fondamental que l'on répète aux étudiants "sujet, verbe, complément, point!". C'est triste, si,si, c'est triste. Être infoutu de respecter les dix commandements de l'historien (merci de ne pas me demander les neuf autres, c'était pour la formule).

La rédaction, or donc, est le plus difficile. Mais c'est ce que je préfère. C'est là que l'on fait le bilan de toutes les informations, que l'on compare avec ce qui est connu, que des "Bon sang, mais c'est bien sûr!" surgissent du tréfond du cerveau, qui rendent guilleret et bouleversent des certitudes. Restera à me débrouiller avec ma méfiance à l'égard de l'affirmation historique. Sans aller jusqu'au "je ne sais pas, je n'y étais pas!" qui a tendance à me hérisser légèrement le poil (oh! une litote... je vous le disais), il faut sauter le pas, au moins la première fois, de l'affirmation.

Toute certitude doit être étayée de preuves. Je ne vais pas m'étendre sur le rapport des historiens aux chiffres et aux statistiques, dont certains ont grandement abusé. On sait la stature intellectuelle d'un Pierre Chaunu - et il ne s'agit pas ici de la remettre en question - mais l'usage fait des statistiques dans certains de ses ouvrages, prenons La civilisation de l'Europe classique, laisse un peu à désirer: faute d'informations nécessaires en abscisse et en ordonnée, il est souvent difficile de lire les graphiques. Ça aère le texte, remarquez. Je dis cela, parce que je reste marquée par l'enseignement reçu au lycée en économie: il nous était formellement interdit de produire un graphique ou un tableau sans compléter tous les champs nécessaire pour la bonne compréhension de la chose produite, et sans phrase rédigée servant d'exemple de lecture.

Les premières fois où j'ai dû affirmer, j'ai eu beaucoup de mal. J'en ai toujours. La certitude de l'historien n'est souvent que l'hypothèse la plus plausible, car la seule qui résiste à l'épreuve de la confrontation des sources entre elles. En tout cas, garder le doute à l'esprit, la possibilité de l'erreur me semble plus prudent. Aujourd'hui encore, je préfère le conditionnel, la supposition.

Et si jamais le pithecanthropus erectus vivait dans un pavillon de banlieue, pétri de bonnes manières, jouait au tiercé, portant des cols durs, avant la guerre, avant que tout ne saute? Sait-on jamais...


Découvrez la playlist Nouvelle playlist avec Serge Reggiani
Rendez-vous sur Hellocoton !

13/07/2009

De l'humanité des DRH

Et je n'arrive pas à prendre/trouver le temps d'un billet. En vrac, un poste à mi-temps à l'autre bout du pays pour la rentrée, ça aurait pu être mieux, ça aurait pu être pire. Les commissions de recrutement avaient un bon mois de retard, et comme d'habitude, chacun a ses propres dates, donc, je sais que j'étais classée dans plusieurs universités, mais, priée de dire oui ou non pour le demi-temps proposé, je n'avais pas le temps d'attendre des réponses pour d'autres temps pleins, en tablant sur les désistements éventuels des candidats placés devant moi.

Mon coup de grogne est surtout allé aux DRH et autres services du personnel. Je ne leur demandais pas de pleurer sur mon sort, mais simplement de garder à l'esprit qu'il y a des vies derrière les dossiers, des couples,qui vont être séparés à l'occasion, qui vont devoir faire avec 500 euros de moins par mois, pour cause de mi-temps, ou même un salaire complet en moins. De prévenir, envoyer des courriers pour dire que l'on n'est pas pris, de mettre en ligne les dates de réunion des commissions et des conseils scientifiques POUR QUE L'ON SACHE! Et que l'on ne passe pas des jours entiers au téléphone à tenter d'obtenir des informations toujours imprécises...
Sinon il m'est arrivé un truc (très) drôle: j'étais classée dans une université, ce qui me remontait le moral. Jusqu'à ce que j'apprenne qu'il n'y avait pas de poste dans ma section scientifique. Ballot, non ? Être classée pour un poste inexistant.

Bref, c'est reparti pour un an à courir les trains. *petite voix geignarde on* Je veux être titulariséééeeee ! Je veux en finir avec cette thèseu ! *petite voix geignarde off*

Pour parler d'autre chose, en ce moment, je me régale avec ça (et vous le conseille par le même biais): Sylvène Édouard, Le corps d'une reine, histoire singulière d'Élisabeth de Valois (1546-1568), aux Presses universitaires de Rennes:
Le corps de la reine est celui d'Elisabeth de Valois, fille d'Henri II et de Catherine de Médicis, qui fut princesse de France puis reine d'Espagne de 1559 jusqu'à sa mort en 1568.
A partir de sources diverses et originales, Sylvène Édouard propose une biographie du corps de la reine pour démontrer qu'il fut un et politique. En soulignant l'importance du langage des signes corporels dans les cours de France et d'Espagne à la fin de la Renaissance, le sujet se déplace d'une cour à l'autre, où les cultures du corps furent différentes, au point de devenir des frontières symboliques entre ces " nations ".
Les signes éloquents du corps majestueux de la reine et son devoir d'enfanter un héritier révèlent aussi, de son baptême à sa mort, une pratique du don, celui de ces corps princiers qui furent éduqués pour se donner pleinement à leur dignité (résumé Decitre à retrouver ici)
Rendez-vous sur Hellocoton !