Pourquoi ne pas acheter le dernier Péan? Je suis allée en librairie ces derniers jours pour faire l'acquisition du fameux Paysans du Languedoc d'Emmanuel Leroy Ladurie, tiré de sa thèse, et qui ne figurait pas encore, scandale, dans ma bibliothèque. Et j'en ai profité pour feuilleter le Péan, et discuter avec la libraire. Ils avaient été dévalisés la veille, jour de sortie du livre.
J'ai écouté également Péan invité par Mermet dans l'émission là-bas si j'y suis. Ce n'est donc pas ce qu'avance Péan qui me pose tant problème que l'absence totale dans son ouvrage de ses sources. Je sais que c'est une règle chez les journalistes. Mais dans ce cas précis, cela ne se justifiait pas, pour la majorité de sa documentation, fondée si j'ai bien compris sur une étude de son image, produite dans les journaux, par contraste avec les compromissions de B. Kouchner -dont les sources sont pour le coup plus délicates à afficher, si Péan a des sources solides.
Or le lecteur de son livre ne peut rien vérifier. Et c'est là que réside le problème. C'est une différence fondamentale entre les historiens professionnels et les journalistes. Un historien digne de confiance commence par indiquer chacune de ses sources. Cela permet au lecteur de pouvoir savoir sur quoi se fonde l'auteur pour affirmer ceci ou cela. De contester, de nuancer, de rebondir sur l'idée.
Là, rien.
Pas de sources, ni en bas de page, ni en fin de chapitre, ni en fin d'ouvrage.
Et c'est tellement commun que personne ne relève la chose. Je n'ai vu aucun historien se manifester à ce sujet. Pourtant levée de boucliers quand il a été question de juger de la responsabilité des acteurs de crimes historiques, complices ou plus, devant les tribunaux, car disait-on "ce n'est pas aux tribunaux de dire l'histoire, ce qui était vrai et ce qui ne l'était pas". Oui, nous sommes d'accord sur ce principe.
Pourtant ici, il serait bien étonnant que l'affaire ne finisse pas devant un tribunal. Même si le héros malgré lui a des choses à se reprocher. Ce sera donc à un tribunal de trancher ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.
Péan le sait. Si tribunal il y a, si condamnation il y a, la sentence lui imposera de payer une somme pour dommages et intérêts, qui sera inférieure à coup sûr, à ce qu'il aura gagné avec son bouquin. Tout bénéf, comme on dit.
Et tous les lecteurs tombent dans le piège. Quelque chose qui est affirmé sans preuve NE VAUT RIEN. Que le journaliste fasse son article quotidien, hebdomadaire. Qu'il laisse à ceux qui savent respecter leur lecteur l'écriture d'enquêtes. Et honte aux enquêtes sans preuves publiées.
Une envie de livres ?
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