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Une envie de livres ?

23/02/2009

Colette Beaune et l'histoire de Jeanne d'Arc

Portrait de Jeanne d'Arc Miniature sur parchemin, XVe siècle

Brève pas saugrenue de la soirée, cette formule de Colette Beaune aujourd'hui, sur 2000 ans d'histoire, "peu importe que les voix de Jeanne d'Arc aient été fausses ou vraies, tout le monde a tenu l'existence de ces voix pour probable, à son époque, que ces voix soient fausses ou vraies n'a aucune importance".
Voilà. Tout est dit. On entendrait presque résonner la voix de Marc Bloch : "Le satanique ennemi de la véritable histoire ? La manie du jugement!" Chercher à comprendre, voilà le métier d'historien, magnifiquement appliqué par Colette Beaune.

À lire :
Beaune, Colette, Jeanne d'Arc, vérité et légendes, Paris, Perrin, 2008.


Jeanne, la petite bergère de Domrémy... Une putain doublée d'une sorcière... Fille cachée du roi, elle ne serait pas morte sur le bûcher à Rouen en 1431... La médiéviste Colette Beaune est en colère ! Peut-on laisser tout écrire au prétexte que la " grande " histoire serait parfois trop complexe, ou pas assez " folklorique " ? Dans un livre court, incisif, et avec beaucoup d'humour, l'historienne bat en brèche les nombreuses légendes qui circulent encore aujourd'hui sur la plus célèbre de nos grandes figures françaises.


A propos de l'auteur :

Historienne du Moyen Age, Colette Beaune est professeur émérite à l'université de Paris X. Elle a notamment publié Naissance de la nation France (un véritable bijou dont il faudra que je vous parle un jour) et Le journal d'un bourgeois de Paris. Sa biographie Jeanne d'Arc a reçu le prix du Sénat du meilleur livre d'histoire.

Émission à écouter ici.


Moi, je vais garder cette phrase-là comme un trésor: "Je ne pense pas qu'il doive y avoir une histoire pour les universitaires, sérieuse et incompréhensible que l'on ferait d'un côté et puis une histoire tout à fait simple où l'on abandonnerait à ceux dont le métier n'est pas d'être historien et le grand public n'aurait pas droit à une vraie histoire". Tout est dit.

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Les Zamet, la finance et le commerce

L'autre jour, je suis tombée sur un document très drôle: une présentation des finances de la France dans les années 1600, égarée entre contrats de mariage princiers et testaments, également princier. Comme ça, ce n'est pas drôle. Mais c'était avec des accents lyriques tels, les finances comparées au nerf de la guerre, non, précisait l'auteur (anonyme), mieux, au sang, qui est une des meilleures parts du corps, etc etc. Un comptable lyrique. Il faut remonter au XVIe siècle pour voir ça.
Mais ça rappelait aussi les créanciers du roi de France, dont les banquiers, les éternels Zamet et cie. Or les Zamet étaient comme les principaux banquiers de la fin du Moyen-Âge et du XVIe siècle, aussi marchands, spécialisés généralement en produits de luxe (marchands de draps de soie, d'or, d'argent qu'ils importaient souvent de leur patrie d'origine, l'Italie). Vu l'état des finances de l'État vers le milieu des années 1590, je crois qu'aucun banquier actuel n'aurait prêté un denier au roi. Les Zamet l'ont fait. Naturellement ils ont pris de solides garanties.

Samedi visite chez le torréfacteur. Qui nous a parlé de ses misères avec les banquiers, le genre de sujet qui convient très bien à mon compagnon. Lorsqu'il a ouvert sa boutique, notre torréfacteur, en 1984, aucune banque n'a voulu financer l'achat de sa boutique. Il a emprunté de l'argent à son entourage pour l'essentiel. Il a travaillé comme un fou, six jours sur sept pendant dix ans pour rembourser.
Vingt-quatre ans plus tard, il est toujours-là, ça marche moins bien, parce que les clients achètent souvent leur café au supermarché, pour le même prix, mais peu importe. Et les banques où il n'est pas client refusent à l'occasion de lui faire de la monnaie quand sa caisse se vide avant la fin de la journée. Et quand il refait ses stocks de café, naturellement, ses comptes sont dans le rouge. Mais sa banque (enfin la deuxième, la moins mauvaise qu'il a trouvé) n'a toujours pas compris que c'était normal, c'était compensé par les ventes qui suivaient.

Je me demande s'il n'y a pas quelque chose de pourri au royaume de la finance, depuis que les financiers ne sont plus commerçants.
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