Brève pas saugrenue de la soirée, cette formule de Colette Beaune aujourd'hui, sur 2000 ans d'histoire, "peu importe que les voix de Jeanne d'Arc aient été fausses ou vraies, tout le monde a tenu l'existence de ces voix pour probable, à son époque, que ces voix soient fausses ou vraies n'a aucune importance".
Voilà. Tout est dit. On entendrait presque résonner la voix de Marc Bloch : "Le satanique ennemi de la véritable histoire ? La manie du jugement!" Chercher à comprendre, voilà le métier d'historien, magnifiquement appliqué par Colette Beaune.
À lire :
Beaune, Colette, Jeanne d'Arc, vérité et légendes, Paris, Perrin, 2008.
Jeanne, la petite bergère de Domrémy... Une putain doublée d'une sorcière... Fille cachée du roi, elle ne serait pas morte sur le bûcher à Rouen en 1431... La médiéviste Colette Beaune est en colère ! Peut-on laisser tout écrire au prétexte que la " grande " histoire serait parfois trop complexe, ou pas assez " folklorique " ? Dans un livre court, incisif, et avec beaucoup d'humour, l'historienne bat en brèche les nombreuses légendes qui circulent encore aujourd'hui sur la plus célèbre de nos grandes figures françaises.
A propos de l'auteur :
Historienne du Moyen Age, Colette Beaune est professeur émérite à l'université de Paris X. Elle a notamment publié Naissance de la nation France (un véritable bijou dont il faudra que je vous parle un jour) et Le journal d'un bourgeois de Paris. Sa biographie Jeanne d'Arc a reçu le prix du Sénat du meilleur livre d'histoire.
Moi, je vais garder cette phrase-là comme un trésor: "Je ne pense pas qu'il doive y avoir une histoire pour les universitaires, sérieuse et incompréhensible que l'on ferait d'un côté et puis une histoire tout à fait simple où l'on abandonnerait à ceux dont le métier n'est pas d'être historien et le grand public n'aurait pas droit à une vraie histoire". Tout est dit.
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