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Une envie de livres ?

21/08/2013

Quant un enseignant fait exploser le rapport de la cour des comptes "Gérer les enseignants autrement"...

À lire si ce n'est pas déjà fait, cet article d'un collègue - clic - (celui-là même qui avait si affreusement dupé ses élèves en pourrissant un peu le web...) décortiquant soigneusement un des derniers rapports rendus par la cour des comptes. Pour aller vite, il a refait le travail que la cour aurait dû faire, qu'un journaliste aurait dû faire, qu'un chercheur en sciences de l'éducation aurait dû faire...

Conclusion de ce article (pour vous motiver à le lire, tant il est instructif): 

"Que peut-on bien conclure ? Il s’agit d’un rapport uniquement à charge contre les enseignants"

- l'augmentation des moyens financiers du système éducatif français n'est pas un scandale parce qu'elle aurait été accompagnée de la baisse du nombre d'élèves - ce nombre stable entre 2000 et 2009 a augmenté depuis 2009. 

- cette augmentation "s’explique mécaniquement par la part des pensions de retraite de plus en plus importante dans les dépenses d’éducation"

- en valeur relative, la France fait partie des rares pays dont les dépenses publiques d’éducation ont diminué entre 2000 et 2009. La dépense relative de la France n’est donc pas excessive mais simplement moyenne. 

-  "pour des résultats scolaires dans la moyenne, la France dépense beaucoup moins jusqu’à la fin du premier cycle du secondaire que la moyenne des pays de l’OCDE (...)"

- pour des questions (non négligeables) de différence démographiques par rapport à ses voisins, "le système éducatif français, sans briller, est donc économique et plutôt efficace (...) Rien n’est plus faux que d’affirmer que « la France consacre à l’éducation des moyens comparables, voire supérieurs, à des pays qui assurent mieux la réussite de leurs élèves » (p. 135)".

Il y a même des vrais morceaux rigolos dans ce rapport : 

La Cour n’hésite pas à présenter un graphique caricatural (p. 110) qui souligne en rouge vif l’augmentation du nombre des enseignants et la baisse du nombre des élèves depuis 1993. Ce graphique montre pourtant à partir de 2002 une baisse continue du nombre d’enseignants dans le second degré et même une reprise à la hausse du nombre des élèves à partir de 2008.


Je ne sais pas, moi, quitte à être malhonnête jusqu'au bout, j'aurais coupé le graphique pour éviter de montrer l'évolution depuis 2002 que le commentaire écrit ignore superbement... 

"Mais surtout ces chiffres sont grossièrement trompeurs : il s’agit à nouveau de valeurs relatives" puisqu'il s'agit d'un indice basé sur les chiffres de 1993, donnés de ce fait comme valeur de référence... 

La Cour omet de le rappeler mais le taux d’encadrement en France est le plus bas de l’OCDE
Les élèves sont de plus en plus nombreux à accéder au niveau Terminale et à obtenir le Bac... Des élèves beaucoup plus nombreux jusqu’au Bac supposent des professeurs plus nombreux dans le second degré, en particulier avec des filières professionnelles par définition plus coûteuses en postes (filières nombreuses, classes réduites pour des raisons matérielles).
[l]e graphique [de la cour des comptes] montre pourtant tout le contraire
 Peu importe ces chiffres. Les véritables intentions  de la Cour des comptes se dévoilent peu à peu : « Une gestion améliorée des ressources humaines de l’éducation nationale, dans le contexte fortement dégradé des finances publiques françaises, est une nécessité » (p. 112). Par « gestion améliorée » il faut comprendre « évolution de la masse salariale » (sic), doux euphémisme pour désigner une « baisse globale des effectifs » (p. 113).

Et pour quelle raison la Cour insiste-t-elle sur la rémunération la plus élevée relevée dans son étude et dont elle donne le décompte précis ? C’est qu’un montant exceptionnel de 107.339€ pour un professeur de CPGE (p. 81) est sans doute plus propre à frapper l’imagination qu’une rémunération de 21.612€ en début de carrière dans le premier degré et qu’il faut calculer soi-même à partir de l’annexe p. 167.

Et enfin, à propos de la rémunération des enseignants
la Cour prend des précautions oratoires et utilise le conditionnel (qu’elle n’utilise pas à propos de l’évolution des dépenses ou des performances du système éducatif français) : « Les enseignants français auraient connu une perte de pouvoir d’achat sur les trois niveaux d’enseignement considérés, entre -7,0 et -8,3 % depuis 2000, alors que le pouvoir d’achat des enseignants des autres pays serait en moyenne en hausse, dans l’OCDE, comme dans les pays européens. » (p. 104)

L'analyse continue sur les préconisations de la cour, je vous en laisse prendre connaissance. En ces temps de réception de la feuille d'impôts sur le revenu, je ne suis pas en train de réclamer nécessairement une hausse de ma rémunération. L'étude de l'ensemble des salaires montre d'ailleurs que le problème est général et non particulier ni aux enseignants ni à la fonction publique. Mais cette analyse montre bien un des travers de notre système politique: gouverner d'après les rapports statistiques (auxquels on fait dire ce dont on a envie) en découpant nos vies en morceaux, ici l'éducation nationale, là les hôpitaux publics... sans saisir le problème des dépenses gâchées dans sa globalité. La réforme des universités n'a pas amélioré leur fonctionnement, il n'y a toujours pas assez de crédit pour embaucher ni pour payer les heures supplémentaires faites par les enseignants titulaires (qui n'ont pas le choix) tandis qu'ils perdent un nombre monstrueux d'heures en réunions " de concertation" pour refaire tous les deux ans les "maquettes" c'est-à-dire l'offre de formation... Mais pendant ce temps, dans les labos, on en est encore à l'application du principe "dépensons tous les crédits de fonctionnement sinon l'année prochaine nous en aurons moins"... Découpons, découpons les problèmes, je vous dis...

Bonne lecture! 


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