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Une envie de livres ?

29/03/2009

L'IUFM soigne sa réputation (et il a fort à faire)

J'avoue, j'ai ri. Et même beaucoup. Mais un peu sur l'air de "mais de qui se moque-t-on?".
Pour partager mon hilarité, allez voir ici la vidéo (trouvé sur le blog de la grosse feignasse... ce n'est pas moi, c'est elle qui le dit) de l'IUFM de Paris.

J'ai adoré la métaphore de l'avion sans co-pilote diplômé... Il faut oser, quand même. Parce que si j'ai bien eu le sentiment d'être lâchée sans pilote, dans le vide, c'est bien avec la formation reçue en stage à l'IUFM, pas celui de Paris, certes, après le succès aux concours. Alors que l'IUFM OSE dire que sans formation ça sera pire! C'est se f*** de la g**** du monde !

Et ce qui est merveilleux, c'est que la grève du supérieur, due en partie au flou très artistique du gouvernement, donne de l'eau au moulin des IUFM.

Pendant mon année de stage, voici ce qui s'est passé:

- mon tuteur n'a pas tutoré grand chose. Ce n'est pas qu'on ne les voyait pas nos tuteurs; tous les jeudis, on les voyait. Pour faire à chaque fois le même exercice : préparer une séance qui s'inscrit dans une séquence (j'ai mis quelques semaines à comprendre, je sais, je suis lente d'esprit) alors qu'on nous rabachait qu'avec les élèves il fallait VA-RI-ER les exercices! En fin d'année, il a inspecté mon cours, et j'ai passé un oral devant lui, en présentant un mémoire professionnel. Je vous épargne la préparation du mémoire, exercice oiseux d'auto-flagellation sur ses propres cours, à présenter en fin d'année. Ces jeudis étaient un supplice, on faisait en une journée (enfin journée IUFM hein, restons sérieux, 9h-12h avec pause kawa d'une demie-heure, puis 14h-16h) ce que l'on aurait pu boucler en trois heures (sans exagération).

- ma conseillère pédagogique (qui était enseignante titulaire dans l'établissement où j'étais nommée) s'est occupé de moi quand elle n'avait pas ses mômes à aller chercher à l'école (ce qui a été le cas du jour de la pré-rentrée, moi j'aurais bien aimé un peu plus qu'une demie-heure de formation avant le grand saut du lendemain, m'enfin...) ou quand elle n'était pas prise par un jury de concours de Professeur des écoles, par des formations à l'IUFM ou autre divertissement (rayez la mention utile). Le reste du temps elle m'a bien fait comprendre que je m'y prenais comme un manche, que je n'avais pas de "présence" en classe, que j'avais des problèmes d'autorité avec les élèves (merci, mais c'est trop tard poulette, je m'en suis rendu compte, tu sais...) mais que c'était mort pour rattraper la chose (merci de m'aider, poulette, j'avais pile poil besoin de ça) jusqu'au moment où elle s'est rendu compte, que j'avais en partie réussi à reconquérir de l'autorité, toute seule. Ah si j'oubliais, quand j'ai reçu l'inspection de mon tuteur, elle m'a très aimablement planté un couteau entre les deux omoplates, en me dézingant devant le tuteur. Je ne dirai pas ce que j'en pense, non, non, non je ne le dirai pas...

- le reste : les formations minables du mercredi matin, en ZEP, pour faire class' et mettre l'ambiance. Sauf qu'à part un jour où l'on est sorti voir les mômes, le reste du temps, nous étions cloîtrés dans une salle, et nous attendions la pause café comme un moment miraculeux... C'est là que j'ai entendu des énormités du style "De toute façon vous ne comprendrez rien aux situations d'échec vu que VOUS vous êtes d'anciens bons élèves, alors que MOI, l'échec, j'ai connu, blablabla..." Ou que le redoublement traumatise les élèves.

J'ai donc commencé mon année, sans savoir comment faire un cours, sans savoir comme "prendre" une classe; les premières formations à ce sujet sont arrivées quinze jours après la rentrée. Il y a eu une grande discussion avec les formateurs sur la pertinence d'un pareil apprentissage à pareille date :"oui mais vous comprenez, s'il fallait vous former avant la rentrée, il faudrait commencer la formation en août et du coup, il faudrait vous payer dès le mois d'août alors qu'une année scolaire ne commence comptablement qu'en septembre, etc". On marchait sur la tête.


Ah j'ai failli oublier: d'indispensables formations d'apprentissage de l'enluminure, et un atelier photo numérique, très bien pour les prochaines vacances (de prof).

Mais mais mais, les formateurs ont trouvé le moyen d'essayer - quand même - de faire pleurer dans les chaumières, en nous disant "Oui, mais, à notre époque, on n'avait aucune formation, alors une formation insuffisante, c'est quand même mieux qu'à notre époque sans formation du tout". Bien voyons. Je n'ai jamais léché les bottes de qui que ce soit pour réussir à l'université, mais à l'IUFM il a fallu y passer. Ce que j'ai eu envie de vomir. Au bout de quelques semaines, des rumeurs disaient qu'un collègue stagiaire et moi étions dans la ligne de mire. Trop contestataires. Il fallait faire comme on nous le disait à l'IUFM, sinon, nous serions recalés. J'en aurais pleuré de rage. Bosser comme une damnée pour obtenir ces ù£*§+@ de concours, et s'entendre dire ÇA ! Mais j'y suis passée...

Alors que l'on me prouve que sans formation ça sera pire! Pire peut-être pour l'avenir des IUFumeux, mais certainement pas pour les lauréats des concours!


Le seul truc utile que j'ai appris, m'a été donné entre deux portes par un collègue qui fuyait tout ce qui avait des rapports avec l'IUFM "Ne promets jamais rien à tes élèves que tu ne puisses exécuter sur le champ et fais tout ce que tu promets". C'était mieux que le seul enseignement de ma conseillère pédago selon laquelle "les enfants sont comme de petits animaux".


Et de vous à moi, demander à un jeune enseignant de préparer une année entière de cours pour un niveau, et ne lui donner qu'une classe de ce niveau, c'est se moquer du monde. Je n'ai jamais autant appris que le jour où j'ai commencé à avoir plusieurs fois le même cours à répéter devant plusieurs classes du même niveau. Parce que LÀ on ne peut pas déborder de l'heure en se disant que la prochaine fois, on reprendra là et puis c'est tout. Parce qu'il faut finir au même endroit avec tous, sinon ça devient ingérable.

Donc doubler le tiers temps des stagiaires ne me semble pas idiot du tout. Pour ce que l'on apprend du métier en dehors de la classe...


Reste que délivrer le master à des gens qui auront échoué au concours (possibilité contenue dans la réforme telle qu'elle est prévue) est une ânerie. Il faut que l'un conditionne l'autre, absolument.

Et on a peut-être d'autres sous à dépenser dans l'immédiat, d'autres priorités que d'accroître le nombre d'années de bourses par étudiant (il faut bien financer les bourses des étudiants boursiers qui prépareront un master enseignement, non ?), et d'accroître la rémunération des enseignants en les rémunérant à Bac+5, alors que l'on a probablement à peine mis le bout du petit orteil dans les difficultés économiques... Même si je suis assez favorable à la reconnaissance des concours comme année de formation diplômée.
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