Jeux de princes, jeux de vilains
Exposition. Paris, Bibliothèque de l'Arsenal (2009)
Editions Seuil
Beaux livres (159 pages)
Paru le 12/03/2009
38.00 euros
Biribi, brusquembille, cavagnole, échecs, hoc, nain jaune, pharaon, piquet, trictrac, whist et antiwhist... : connus ou oubliés, les jeux ont une histoire. Même quand leur origine locale semble avérée, récits mythologiques et sources littéraires s'accordent sur leur provenance lointaine : de l'Orient mystérieux, d'Italie ou d'Espagne, les jeux, constante de l'humanité, ont voyagé pour parvenir jusqu'à nous. . Depuis l'Antiquité, le jeu fait débat. Aristote n'y voit pas une source de bonheur, Montaigne le considère comme l'activité la plus sérieuse des enfants, Locke le préconise à des fins pédagogiques et, pour Schiller, «L'homme n'est tout à fait homme que là où il joue.» . Appréciés pour l'éducation des princes - les échecs - ou interdits par les autorités de l'Église parce qu'ils poussent au blasphème, à la cupidité - les dés - et à la violence, les jeux occupent, dans la société médiévale, les réflexions des clercs. À l'âge classique, le jeu, qui règne sur les loisirs de la noblesse, déferle dans les salons et submerge la cour, cependant que pièces de théâtre et pamphlets dressent le sombre tableau du joueur dont la passion funeste et incoercible ruine la famille. Au XVIIIe siècle, enfin, les jeux d'argent gagnent les diverses couches de la société, envahissant billards et cabarets, tripots clandestins et académies tolérées. L'État lui-même, profitant de cet engouement, crée en 1776 la Loterie royale... . Essentiellement consacré aux jeux de réflexion, de stratégie et de hasard, ce livre rédigé par une équipe de spécialistes et richement illustré (modestes dés en os trouvés dans les fouilles archéologiques, jeux de quadrille aux incrustations de nacre, bourses aux armes de la famille royale, damiers d'ébène et d'ivoire, jeux de l'oie...) initie même le lecteur aux détours du monde de la divination et aux prémices du calcul des probabilités...
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