Une envie de livres ?
14/06/2010
Champagne !
Après quatre bonnes années de recherches assidues dans les fonds d'archives, j'ai trouvé le graal ! Faites sauter les bouchons !
Non, en vrai, des graals j'en ai trouvé pas loin d'une dizaine, sans compter tous les petits et gros corpus prodigieux. Oui-mais-là-ce-n'est-pas-pareil. Ce matin, j'ai eu entre les mains des textes que je croyais perdus à jamais.
Un érudit à la fin du XIXe siècle avait publié une série d'actes notariés concernant de grands noms du XVIIe siècle. Sans indiquer systématiquement le nom du notaire. Sinon, ce n'est pas drôle. Je savais donc qu'à la fin du XIXe siècle mon graal suprême existait. Vous me direz, "donc, s'il a franchi le XIXe siècle, c'est tout bon!". Erreur. Toutes sortes de choses peuvent arriver à des archives. Des incendies (on a ainsi perdu une grande partie de la législation française ancienne au XVIIIe siècle), des inondations, des rats et des vers (c'est charmant de retrouver la trace de ces petites bêtes dans l'épaisseur d'un volume), l'incurie des hommes... Heureusement, les notaires ont l'obligation désormais de verser leurs actes anciens aux archives nationales ou départementales. Même si ça, c'est le théorie. Il est arrivé il y a moins de vingt ans que des siècles d'archives notariales partent à la benne en papier à recycler (ne me cherchez plus, là, je viens de frôler la crise cardiaque à cette seule idée). Le pire, c'est que c'est vrai. Hahummm.
Bref. Tout cela, c'est sans compter avec les pilleurs d'archives. C'est un type de pillage un peu moins sexy que celui des tombes égyptiennes, mais pas moins redoutable (j'échange une momie qui sent mauvais contre les actes notariés de Louis XIV). On a retrouvé et on retrouve par conséquent sur le marché de petits dossiers, élégamment présentés, contenant des actes notariés divers. De jolies pièces pour amateurs de curiosités anciennes. Le dossier ici photographié renferme le testament d'un maître boulanger au temps d'Henri IV, avec le détail de ses pompes funèbres. Il a été prélevé dans les archives notariales uniquement pour assouvir le goût de certains pour l'exotisme d'une plongée dans le vieux Paris. Objectif extraordinairement utile, n'est-il pas?
Et comme les tombes égyptiennes, ce sont les études notariales où les souverains français ont fait enregistrer leurs actes qui ont été les plus visitées. Là où il faut un à deux cartons par an pour contenir les pièces d'un an d'activité, on se retrouve avec un pauvre carton pour six ou huit ans. La misère. La cerise on the cake, c'est quand des archives ont disparu à la suite d'une publication qui donnait les références des actes. Ce qui s'est produit dans les années 1920-30.
Pour en revenir à mes moutons, je pouvais craindre le pire. Et en fait, non. Mes hypothèses successives ont été plus ou moins bonnes. En gros, je me suis dit que si Me Machin a été le notaire de Mazarin, lequel ayant été très proche, mais alors très proche d'Anne d'Autriche, avec un peu de chance, dans la même étude que je trouverai les actes de ladite Anne. Je n'ai pas trouvé les actes de la reine mais de son rejeton. Si ça, c'est pas un graal, je rends mon crayon à papier ! J'avais renoncé ou presque à l'idée de retrouver le notaire de mon p'tit Loulou. C'était un tort (que l'on écrit avec un t car le tort tue, nom d'un chien!).
Alors ma mission est accomplie. J'attends les ordres du chef - le patron alias le grand manitou - mais je crois qu'il est content, mon colonel ! (Deezer n'a même pas en stock La Vie parisienne, pauvre Offenbach... mais heureusement j'ai trouvé mon bonheur en vidéo!)
Ah, j'oubliais. Si vous retrouvez dans votre grenier des documents de votre grand-maman racontant son quotidien ou autre chose utilisable peut-être par les historiens, par pitié, allez les proposer aux archives départementales du coin... Et ne bradez pas ça à des sinistres marchands !
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