Tandis qu'en ce moment j'attends de pouvoir retrouver le temps de me replonger dans la thèse, avec le même désir que l'assoiffé dans le désert à la recherche de son oasis, l'esprit continue à trotter sur les stratégies pour réussir la fin de thèse. Parmi les objectifs, il y a boucler la thèse à temps (et là, ça s'annonce complexe mais je n'en peux plus, je veux m'en débarrasser de cette thèse! Même si j'aime toujours autant mon sujet, ce n'est pas le problème). Les meilleurs choses ont simplement une fin, pour pouvoir avancer.
Je ne peux pas non plus m'empêcher de songer à la manière d'éviter de cramer mes chances de nouer de bonnes relations avec les collègues là où je suis en poste. Cette pensée hautement philosophique m'est venue l'autre jour en jouant au push box le temps d'un trajet. Par exemple, le push box est un jeu qui devrait être conseillé aux étudiants. Celui qui ne se présente pas à une convocation pour expliquer une absence devrait y jouer. Il comprendrait vite que se créer des impasses n'est pas vraiment le meilleur moyen de sortir avec un diplôme en poche. Et qu'un professeur pas content peut représenter le même genre d'obstacle qu'un cube placé bêtement juste au mauvais endroit.
Nouer de bonnes relations, oui, mais peut-être pas en écrivant une communication de complaisance, raccordé Zeus sait comment, au thème du colloque auquel on m'a suggéré de participer. Ni au prix d'organiser un colloque avec un labo dont je ne fais pas partie. Quoique débaucher des thésards soit manifestement un sport courant. "Z'avez pas de co-tutelle pour votre thèse? Ah... Pourtant... ça pourrait être bien pour vous". Là, on pense in petto "c'est bon, c'est bon, t'affole pas, pépère, si tu crois que je ne vois pas où tu veux en venir. Cause toujours. On ne m'achète pas (encore) moi, monsieur". Quant à aller de vous-même, à la moindre contrariété, démarcher un autre professeur, comment dire... ça relève du suicide. Du genre, vouloir traverser le Sahara seul, avec ses petits mollets. Il y en a qui ont essayé, notez...
Si jamais on voit à ce moment-là son directeur de recherche, il y a des chances pour que celui-ci lève un sourcil "Souhaitez-vous continuer votre thèse sous la direction de M. Machin (le rival qui vous a démarché)?" Ooooh la question piège. Ton neutre, question apparemment innocente. Mais il vaut mieux faire attention à sa réponse. L'université est un lieu où les liens de fidélité ne font pas seulement objets de cours pour expliquer les relations entre le roi et la noblesse à l'époque moderne, si vous voyez ce que je veux dire... Abandonner son "patron" (directeur de recherche) est très mal vu. Même si le patron en question laisse à désirer. D'où l'importance de bien se renseigner sur l'intégrité et les qualités professionnelles du personnage avant de s'engager avec lui (une fréquentation assidue de l'asso des étudiants d'histoire du département peut être très très utile, à cet effet). L'abandonner est un excellent moyen pour se fermer définitivement bien des portes. Cela fait partie des règles de loyauté implicites dans le métier. Aller voir ailleurs, cela revient à tout juste faire de votre thèse un escabeau commode pour attraper les pots de confiture, en haut des étagères dans la cuisine. Le jour où le mien de patron m'a posé la question, j'ai failli mal le prendre. En même temps, je lui dois un peu trop pour en avoir envie. Non, mais l'abandonner et puis quoi encore?! Kkkksss...
L'idéal, c'est choisir un patron qui vous a vu progresser depuis le début de vos études, il vous connaît, avec vos forces, vos faiblesses, et peut adapter sa pédagogie en fonction. Mais il faut qu'il soit loyal, et qu'il soit prêt à vous soutenir moralement, notamment pendant les concours. Prof et psy sont des métiers parfois proches... Aller chercher la "star"dans une autre université est loin d'être toujours une bonne idée. Parce qu'il y a d'excellents professeurs partout et parce que l'on sait ce que l'on laisse, moins ce que l'on trouve. Et je ne connais aucun professeur qui n'a pas ses réseaux, suffisamment développés pour lancer des doctorants dans le "milieu". La "star" qui a quarante thésards et pas un quart d'heure pour vous, ce n'est pas qu'une légende. Choisir à l'inverse un professeur "juste parce que ses cours magistraux en licence, c'était trop d'la balle" ce n'est pas forcément non plus une excellente idée. J'en ai vu tomber sur des professeurs excellents mais à la déontologie aussi variable que le thermomètre en Bretagne. Et se retrouver entre thésards à des soirées "défoulement psy anti-patron" où les victimes du pillage du vénéré patron se racontaient leurs malheurs en les tentant de les noyer dans le pinard et la tartine de rillettes.
L'aventure avec un directeur de recherches se rapproche quelquefois du mariage: c'est pour le meilleur... et parfois aussi pour le pire. Dans tous les cas, on ne se lie pas à un directeur à l'aveugle.
Dans l'immédiat, le meilleur moyen de boucler ma thèse, c'est quand même d'arrêter de me poser des questions dans tous les sens, pour terminer mes cours et m'y remettre (à la thèse)... Vous ne m'en voudrez pas si j'y retourne?
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