Peu de temps en ce moment, voilà qui explique mon absence. Encore des cours à écrire avant de se remettre à la thèse.
Cela ne signifie pas que je reste sourde à l'actualité. Les tensions qui persistent autour de la Maison de l'histoire de France, la trouvaille de nos princes d'aujourd'hui à propos du Musée d'histoire de la Marine, la Côte d'Ivoire, la Tunisie et l'Égypte... J'ai de la matière à causeries, n'est-ce pas? À ce propos j'ai demandé des nouvelles de l'escalier de la BnF, dont je vous avais parlé ici. Le ministre de la culture devait trancher en novembre 2010 mais pas un mot à ce sujet.
N'étant guère compétente en géopolitique africaine ou maghrébine, je vais éviter de donner mon avis sur la Pologne alors que l'on ne me demande même pas de chanter les Feuilles mortes. Choses préférables, d'ailleurs, à tous points de vue.
En revanche, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au cas Alliot-Marie à propos de ses vacances tunisiennes.
De deux choses l'une: ou Madame Alliot-Marie a une éducation très classique et est convaincue que tout ce qu'elle peut recevoir ne saurait l'influencer dans ses choix politiques (ce qui est faire peu de cas de l'évolution des régimes politiques) ou elle montre une totale ignorance de la manière de tenir le gouvernail politique, à la manière de Loulou XIV tel qu'il est représenté à Versailles.
Pourquoi est-ce faire peu de cas de l'évolution des régimes? Héritiers des princes mais inscrits dans un autre système politique, nos gouvernants d'aujourd'hui n'ont, hélas pour eux, pas hérité des mêmes valeurs et indubitablement, n'ont pas ce privilège qu'avait le roi de n'être jamais redevable de rien à personne. Sauf à Dieu mais c'est une autre affaire. C'est ce qu'expliquait Bernard Guenée dans la monstrueuse et merveilleuse oeuvre dirigée par Pierre Nora, les Lieux de Mémoire, dans son chapitre sur l'État. Le roi, s'il était donneur comme tous les autres nobles et en donnant, engageait autrui, ne pouvait à l'inverse d'eux être engagé par ce qu'ils donnaient. Remarquez, que notre ministre n'ait pas compris l'évolution du système politique pourrait expliquer les liens entretenus avec des dictateurs, tyrans d'aujourd'hui. Remarquez encore, cela prouverait qu'elle ignore la différence fondamentale entre un roi tel que le concevait l'Ancien Régime et un tyran. À cet égard, la lecture de B. Guenée lui serait profitable.
Je sais que le motif de cette compromission est de nature tout bonnement économique, motif qui excuse tout dans le monde d'aujourd'hui. Je n'ai vu à ce sujet aucune étude sur l'impact de la situation politique tunisienne sur les affaires françaises. Quelques échos sur l'impact de la situation égyptienne en revanche. C'est faire peu de cas des industries et autres centres d'appel français qui s'y sont délocalisés depuis une quinzaine d'années. Pour quelques vacances privées et des contrats juteux, il faut accepter pour les moins scrupuleux un dîner avec le diable, ce qui nécessite de longues fourchettes. En politique, malheur aux ignorants et aux simples d'esprit.
Si elle affiche cette ignorance, là encore, de deux choses l'une: ou elle sait et feint d'ignorer (dans ce cas rien à faire pour la repêcher et sauver son honneur) ou elle ignore pour de bon et dans ce cas, il devient urgent de lui conseiller la lecture de quelques petits traités politiques. Le prince de Machiavel ou bien ces oeuvres qui se sont développées depuis la fin du Moyen Âge relevant d'un genre littéraire particulier, que l'on appelle Miroirs du prince. Si le sujet vous intéresse, un très bon livre a été écrit à ce sujet à la suite d'un colloque tenu en 2004, dirigé par Frédérique Lachaud et Lydwine Scordia. Ces ouvrages, les Miroirs, contenaient des conseils pour le bon gouvernement des sujets et des peuples. Certains d'entre eux étaient particulièrement écrits en l'honneur de jeunes princes. L'innocence feinte ou réelle en politique ne paye pas, il serait bon que nos gouvernants gravent cette maxime dans les palais hérités de la monarchie, qu'ils occupent ordinairement.
Sic transit gloria mundi et la prudence surpasse les autres vertus comme la vue les autres sens. Nous voilà dotée d'une ministre des affaires étrangères à l'éducation politique assez limitée, aveugle et sourde. Pas très rassurant. Si j'étais mesquine, je dirais que l'on ne peut pas impunément accepter de faire partie d'un gouvernement où la littérature un peu ancienne comme la Princesse de Clèves est bannie. Mais je ne le suis pas et lui laisse la possibilité de se racheter en lisant la Princesse ou plus utilement en ces circonstances, un des Miroirs les plus célèbres. Elle pourra faire son choix grâce à l'oeuvre des historiennes citées ci-dessus. Mais tout le monde le sait, l'histoire, cela ne sert à rien.
2 commentaires:
Permettez-moi devous contredire.
L'éducation des princes se fait à l'Ecole des Princes Admirables et Droits (EPAD) comme dit mon ami Jean Sans Père.
Je crois quand même que le commentaire précédent est une publicité ou un truc commercial.
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