Comme vous l'avez vu, je n'ai pas été courageuse... Du tout. À ma décharge, le festival du recrutement des enseignants temporaires des universités a commencé, chaque université ouvrant sa campagne de recrutement quand ça lui chante, demande les pièces qui lui chantent, de remplir des dossiers dans des formats informatiques aussi divers et variés que possible. Évidemment aucune centralisation du bazard.
Aussi, je suis prise par la recherche des dates de recrutement, les photocopies de pièces justificatives, la mise à jour du cv, la recherche des bonnes formules pour la lettre de motivation. Très très motivée, il faut que je décroche un poste ou bien je sais ce qui m'attend, un poste dans le secondaire, enfin, 18 heures de cours par semaine au fin fond de la province, très loin de mon mari, à passer mes soirées dans une piaule de location, bouffant mon salaire en aller-retours vers la capitale. Et tout ça pour être remplaçante titulaire sur deux ou trois établissement, dont une ZEP et autres établissements sympas. Quand à la thèse elle passera à la trape.
Vous me direz, le rapprochement de conjoint, ce n'est pas fait pour les chiens.
Sauf que c'est bien pour un conjoint qui a un contrat de travail. Moins bien pour quelqu'un en profession libérale, qui au gré de la conjoncture économique, peut envisager d'embaucher pour développer l'activité à Paris, pour aller quand à lui, rejoindre ses salariés travaillant à l'heure actuelle en province. Ou bien lorsque la conjoncture est mauvaise, peut être contraint de rester finalement traiter la clientèle parisienne, faute de pouvoir embaucher.
En attendant, j'ai été mutée là où l'on pensait s'installer. Pas de bol. Donc j'attends que l'avenir se stabilise, j'attends d'avoir aussi assez de points pour pouvoir demander une nouvelle mutation.
Bref.
Alors pour tenir ma promesse quand même, voici mon commentaire (bougon) sur ce stupide slogan qui fleurit sur les murs "Le savoir n'est pas une marchandise!". Je ne sais pas quel esprit lumineux est l'auteur de cette vaste rigolade, mais j'espère pour l'honneur de l'université, qu'il n'y travaille pas.
J'ai bien ri de cette formule. Le savoir n'est pas une marchandise. Ben dans ce cas les gars (/ les filles) faudra penser à renoncer :
- à vos droits d'auteurs sur toutes vos publications (même si ça ne fait pas vivre, des publications scientifiques, on sait!), du manuel aux actes de colloques, en passant par les articles dans les revues scientifiques
- à votre salaire, parce que vous diffusez du savoir en cours, non ? Vous passez aussi votre temps de recherche à faire progresser le savoir, non ?
- à votre tranquilité : je suppose que vous ne paierez plus les logiciels dauberies-windosiennes que vous utilisez, les livres que vous prélèverez sur les étagères de votre libraire préféré, ni votre redevance tv/radio. Ce qui fait que vous pourriez être amenés les prochains mois à parler avec des huissiers et à jouer au chat et à la souris avec les vigiles. Si, si.
Comme si l'université avait le monopole du savoir. Autant de nombrilisme, ça me sidère. C'est peut-être mon mauvais esprit qui me fait dérailler, mais ce genre de formule ça me fait penser à une anecdote familiale. Le grand-père de mon mari, issu d'une province orientale, égaré en Bretagne, en plein pardon, assista aux prières habituelles, se terminant par un vibrant "Que Dieu bénisse la Bretagne et les Bretons!". Ledit grand-père, sans se démonter, le sourcil pas aimable, se serait levé et aurait fait d'une voix non moins vibrante "Et MEEEEEEEEEERDE POUR LES AUTRES!". Fermez le ban, ya rien à voir...
Merde pour ceux qui se décarcasse pour vendre du savoir qui améliore votre vie quotidienne et y trouver leur gagne-pain.
Je sais qu'un slogan, ça doit être court et claquer au vent. Mais pas à celui de la bêtise.
Autant les pins "Je lis la princesse de Clèves", ça, c'est savoureux. Autant là... "le savoir n'est pas une marchandise", c'est pathétique. Quand à ce que l'université soit rentable, je ne vois pas le problème. Rentabilité ne veut pas forcément dire inhumanité(s). Moi qui croyait qu'être un intellectuel, c'était savoir faire preuve de nuance. Voilà une illusion de moins.
Faire mieux que la télévision
Il y a 2 jours
1 commentaire:
Vous avez raison,
mais ils devraient plutôt relire Verlaine,
De la nuance avant toute chose,
Et pour cela préfère l'impair
Plus léger et plus soluble dans l'air.
Bonne chance pour votre mutation.
On pourrait dire aussi que si le savoir n'est pas une marchandise, il est sans valeur!
Enregistrer un commentaire