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Une envie de livres ?

11/03/2009

Trop d'archives tue l'archive


Vendredi, jour de trouvaille. Fabuleuse, la trouvaille. Pour la deuxième fois j'ai mis la main sur un registre qui a été mal indexé (héhé...) et du coup totalement ignoré jusqu'ici. C'est le truc qui fait monter un chercheur au paradis en trois secondes, montre en main.

Si un jour vous allez dans un centre d'archives, et que vous ne voyez que des visages ronchons ou concentrés, et puis tout d'un coup un type ou un typesse qui se dandine sur sa chaise, avec un grand sourire qui lui traverse la face, ça, c'est un chercheur (en lettres, histoire, ou autre, je ne suis pas toujours sectaire) qui a trouvé. N'en déplaise au grand Charles et son mot pas gentil sur les chercheurs.

Ouais. Jusqu'au moment où on tente d'informer le conservateur du trésor qui se trouve "là, ici, j'vous jure, c'est fabuleux!". Je vous rassure ce n'est pas comme cela que je me suis exprimée. J'ai été très correcte, mentionnant une erreur d'indexation, un ouvrage très rare, ils ont tous été détruits à la Révolution, volontairement, et là, on ne devrait pas en toute logique, avoir conservé celui-ci mais, voilà, il est là, intact. Sur le millier de registres de cette sorte qui a été mis au pillon dans les années 1790, il en reste environ une dizaine, réchappés, Zeus seul sait comment.

Eh bien, j'ai fait un bide. De chez bide. On m'a dit "Blabla chère Madame, la réserve c'est pour la Bible ornée d'or et de pourpre de Machin-Bidulle IV dit le Gros, mais vous savez on a des milliers de registres ici, alors, vous comprenez, on ne peut pas classer celui-ci, patati etc". Ce qui m'a légèrement mis en rogne.
J'ai failli lui balancer "Mais chère Madame, vous savez qu'à Simancas [archives de l'État, en Espagne, qui n'ont pas connu de désastre comparable à notre Révolution ] ils ont incomparablement plus d'archives que vous, et ça ne les empêche pas de fonctionner...

De la même façon, les contrats d'une princesse très connue et popularisée par Dumas partent en miettes aux Archives nationales, et soit on tombe sur un conservateur qui s'en tape (pardonnez le vocabulaire mais c'est exactement ça) soit on tombe sur un qui ouvre de grands yeux et vous tend aussitôt le formulaire pour demander à ce que l'archive soit numérisée en urgence et désormais incommunicable.

Voilà comment être très heureuse et de très mauvaise humeur, en trois secondes...
Si je suis courageuse demain, je vous dirai tout le mal que je pense du slogan "Le savoir n'est pas une marchandise..." que l'on voit fleurir sur les murs à l'occasion des manifs du supérieur.
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Chère souris...

vous savez, il y aussi des chances que la personne que vous avez en face de vous aux AN (pas toujours conservateur, d'ailleurs) sache tout simplement que les programmes de numérisation sont bouclées pour les prochaines années, qu'on ne peut pas numériser des pièces isolées (je ne rentre pas dans les détails, mais en gros, c'est ingérable), et donc... que malgré ce que vous allez écrire sur le formulaire bleu ou vert, on n'a pas de solution - sauf à carrément placer le document en réserve, ou hors communication (auquel cas, vous remplirez le formulaire jaune - ou blanc?- pour pouvoir le reconsulter).

On a eu une sacré augmentation de budget de numérisation/microfilm, et de reconditionnement, ces dernières années, dans le cadre du projet de nouveau bâtiment, et on s'échine à les utiliser au mieux (et au plus), y compris pour les documents qui ne déménageront pas. Mais il y a quinze ans de crise à rattraper...

Et vous n'avez pas vu les magasins dans lesquels sont conservés ces malheureux documents - enfin, vous avez peut-être vu les très photogéniques "grands dépôts" ; mais certains autres sont indignes.

Alors, en salle de lecture, vous avez peut-être en face un incompétent, un naïf ou un indifférent - mais vous avez peut-être aussi quelqu'un qui est un peu las de gérer la pénurie, et d'être confrontée à sa propre impuissance, et qui se protège comme il peut.

Bonnes recherches, en tout cas