Une envie de livres ?
22/10/2009
Entre deux pages de thèse, de petits soldats émouvants...
Pfffiouh... un mois depuis le dernier billet. Je ne suis pas morte ni en hibernation, juste très très prise par les cours et la thèse. Rien de neuf, sauf que si. Je suis entrée dans l'année de rédaction, et je me suis fixée comme limite absolue la fin de l'été prochain. Et là, ça ne rigole plus. Un plan de bataille a été établi, et comme je me méfie de mes pires ennemies, autant dire moi et ma cossardise (j'aime les néologismes, moi aussi) j'essaie d'être stricte pour l'instant. Je sens que je vais dépasser, à terme. Alors au moins au début, j'essaie de ne pas déraper et envoyer tout de suite à la poubelle ce précieux calendrier. Ordonc, vous avez l'autorisation de me botter le derrière si à la fin du mois, je n'ai pas fini ma bibliographie. Si, si. En attendant, je m'ennuie et je me régale. Rien de plus fastidieux que de dépouiller des volumes de références bibliographiques. Mais j'en profite pour relever les numéros des références qui attisent ma curiosité, qui corrigeront ma culture générale, plus-tard-après-la-thèse quand j'aurais enfin le temps, me serviront pour mes cours.
À part ça, envie de reprendre le fil des billets ce matin pour cause de colère au réveil. Hé oui, le 22 octobre, hein. Guy Moquet, commémoration. Recommandations. Et foutage de gueule ministériel. Parce que les enseignants sont des fonctionnaires ils DOIVENT obéir. Ben voyons. Tant qu'on y est, à quand la récitation d'un cours pré-écrit à la gloire de notre valeureux chef d'État ? Histoire d'entretenir la fierté nationale, le patriotisme ?
J'ai aimé la chronique de Thomas Legrand (à réécouter ou lire sur cette page 7-10 du 22 octobre 2009). Qui précisait que G. Moquet n'était pas exactement un résistant. Un otage, fusillé pour l'exemple, en revanche oui. Une victime des exactions de l'occupant, toujours.
Mais les directives élyséennes et ministérielles m'ulcèrent. Alors, plutôt que de laisser les élèves dans l'ignorance de Guy Moquet, oui, lisons cette lettre. Et parlons de la construction de la mémoire, de la différence entre mémoire et souvenir. Parlons de propagande, qui se cache sous les oripeaux du patriotisme parfois. Avec les lycéens, on peut même commencer à étudier des articles de quelques historiens qui ont levé le sourcil sur cette obsession de la mémoire. Je sais bien que beaucoup de collègues mènent déjà ce genre de réflexion. Alors une ou deux références, pour ceux qui ont quitté les bancs de l'école depuis longtemps, pour ne pas être de petits soldats émouvants ou émus :
- Philippe Joutard, "La tyrannie de la mémoire", article de la revue l'Histoire, mai 1998 (consultable sur le site de l'histoire pour les abonnés, sinon me contacter par mail)
- P. Nora, Les lieux de mémoire, Gallimard, 1997
- plusieurs articles sur persee.fr en tapant en mots clés "historien" et "mémoire"
Il y a des quantités monstrueuses de références sur le sujet, mais je n'ai guère le temps de vous faire un tableau complet, là, maintenant. J'espère être pardonnée...
Et ces mots de Joutard pour conclure :
"En tout état de cause, nous n'avons pas le choix : dans un État de droit et une nation démocratique, c'est le devoir d'histoire et non le devoir de mémoire qui forme le citoyen. Car l'histoire si elle est fidèle à sa vocation, implique distance, remise en cause des stéréotypes et surtout débat et diversité des points de vue. Elle préserve du simplisme et du manichéisme, générateurs de haine et d'intolérance. Elle apprend la lucidité et l'esprit critique qui mettent à l'abris des illusionistes".
Boum.
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