Pierre Chaunu est mort, jeudi dernier, 22 octobre. Vous avez peut-être vu passer l'annonce. Pour moi, l'annonce a été comme un coup de tonnerre.
Vous trouverez facilement sa biographie sur le net. Un très grand historien. Un personnage de caractère, aussi, un peu à la manière de Fernand Braudel.
(Pierre Chaunu. Photo : archive Jean-Yves Desfoux, site ouest-France)
Historien moderniste, né en 1923, auteur d'une thèse sur Séville et l'Atlantique, dans laquelle il examinait les structures de l'espace atlantique de 1504 à 1650 (voir un compte-rendu sur Persee.fr de R.-H. Bautier) les relations avec l'Amérique naturellement, les échanges commerciaux entre Europe et Amérique, il était spécialiste de démographie historique, d'histoire religieuse. Un historien d'une puissance intellectuelle peu commune. Il suffit pour s'en rendre compte d'ouvrir son Temps des Réformes...!
Il était pour nous, étudiants des années 90, une des stars en histoire moderne, et même en histoire tout court. Plusieurs de nos professeurs avaient été ses élèves. Ils en avaient été marqués et nous en marquaient à leur tour.
Le personnage, je l'ai souvent écouté avec presque de l'adoration, dans le poste - j'aimerais beaucoup d'ailleurs retrouver ces émissions - et croisé souvent dans les rues le dimanche matin. Mais je ne l'ai vu qu'une fois "sur scène" lors d'une conférence. Un monstre sacré sur les planches, ça ne se ratait pas. Il s'agissait d'une conférence sur la démographie. J'ai gardé de lui quelques phrases acides qui disaient en gros que les Bretons, les Basques espagnols, les Corses, pouvaient revendiquer leur autonomie, mais qu'ils fassent vite, leur population étant en train de disparaître... Un pauvre auditeur, qui avait osé demander des précisions, s'est fait remballer vite fait, le maître n'appréciant pas qu'on lui demande des précisions, son propos avait été suffisamment clair... Et à chaque fois maintenant que je vois dans une conférence quelqu'un oublier la nécessité de garder son micro à proximité de la bouche, je pense à Chaunu. Ce soir-là, le micro était un objet inutile pour lui. Qui se retrouvait dans ses mains naturellement croisées dans le dos, ou élevées vers le ciel dans un grand geste d'exaspération, bref, heureusement, nous avions bonne oreille pour ne pas souffrir de l'absence du micro. Un personnage.
Pour finir sur plusieurs sites de journaux et notamment sur celui de Libération notamment, vous trouverez des anecdotes de ses anciens élèves (les veinards), très très drôles et émouvantes.
Vous trouverez facilement sa biographie sur le net. Un très grand historien. Un personnage de caractère, aussi, un peu à la manière de Fernand Braudel.
(Pierre Chaunu. Photo : archive Jean-Yves Desfoux, site ouest-France)
Historien moderniste, né en 1923, auteur d'une thèse sur Séville et l'Atlantique, dans laquelle il examinait les structures de l'espace atlantique de 1504 à 1650 (voir un compte-rendu sur Persee.fr de R.-H. Bautier) les relations avec l'Amérique naturellement, les échanges commerciaux entre Europe et Amérique, il était spécialiste de démographie historique, d'histoire religieuse. Un historien d'une puissance intellectuelle peu commune. Il suffit pour s'en rendre compte d'ouvrir son Temps des Réformes...!
Il était pour nous, étudiants des années 90, une des stars en histoire moderne, et même en histoire tout court. Plusieurs de nos professeurs avaient été ses élèves. Ils en avaient été marqués et nous en marquaient à leur tour.
Le personnage, je l'ai souvent écouté avec presque de l'adoration, dans le poste - j'aimerais beaucoup d'ailleurs retrouver ces émissions - et croisé souvent dans les rues le dimanche matin. Mais je ne l'ai vu qu'une fois "sur scène" lors d'une conférence. Un monstre sacré sur les planches, ça ne se ratait pas. Il s'agissait d'une conférence sur la démographie. J'ai gardé de lui quelques phrases acides qui disaient en gros que les Bretons, les Basques espagnols, les Corses, pouvaient revendiquer leur autonomie, mais qu'ils fassent vite, leur population étant en train de disparaître... Un pauvre auditeur, qui avait osé demander des précisions, s'est fait remballer vite fait, le maître n'appréciant pas qu'on lui demande des précisions, son propos avait été suffisamment clair... Et à chaque fois maintenant que je vois dans une conférence quelqu'un oublier la nécessité de garder son micro à proximité de la bouche, je pense à Chaunu. Ce soir-là, le micro était un objet inutile pour lui. Qui se retrouvait dans ses mains naturellement croisées dans le dos, ou élevées vers le ciel dans un grand geste d'exaspération, bref, heureusement, nous avions bonne oreille pour ne pas souffrir de l'absence du micro. Un personnage.
Pour finir sur plusieurs sites de journaux et notamment sur celui de Libération notamment, vous trouverez des anecdotes de ses anciens élèves (les veinards), très très drôles et émouvantes.
Adieu, Monsieur Chaunu !
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