Blogger Template by Blogcrowds.

Une envie de livres ?

21/08/2010

Devenir historien (2)


Il résulte du précédent billet qu'un historien ne se contente pas de raconter, il explique. Il ne brode pas sur les évènements, n'invente pas là où il n'a pas assez d'information, il ne reconstitue pas. Ce n'est donc ni un romancier, ni un écrivain et encore moins un amateur de reconstitution de combats chevaleresques ou autre... jeux. Même si l'historien et le romancier ont en commun d'écrire.

Cela signifie que mettre côte à côte Stanis Pérez et Françoise Hamel est par exemple incongru - et même à la limite du sacrilège vu mon addiction à l'oeuvre de S. Pérez, bref... -. Tout rapport avec une émission estivale diffusée très récemment et qui avait pour objet une mangeuse de choucroute égarée à Versailles* serait parfaitement fortuit, naturellement. Là encore, je n'ai rien contre cette dame - pas la mangeuse de choucroute, la première, F. Hamel - j'aurais pu citer d'autres écrivains dont la présence était passablement incongrue dans une émission voulant initier le public à l'histoire. Mais nettement moins incongru quand on saisit le concept, soit divertir le citoyen avec des anecdotes, si possible monarchiques ou impériales. À croire que première dame de la République ce n'est pas glam. Sans commentaire.

Un historien disais-je, n'est pas un romancier. Enfin, il ne fait pas oeuvre de romancier quand il travaille et publie comme historien. Car il y a d'excellents historiens qui ont aussi écrit des romans: B. Bennassar et A. Farge. (Qu'aucun esprit pervers n'aille conclure qu'il y a ici sous-entendu du type "ils sont bons historiens mais mauvais romanciers" parce que je n'ai pas lu leurs romans, donc je ne me prononce pas. J'ai même un a priori positif. D'abord. Je ne fais pas que médire.)

Allons plus loin. Les historiens se caractérisant par l'exigence de l'innovation, de la recherche d'une meilleure ou nouvelle compréhension des faits, ils sont de fait des professionnels, dans l'écrasante majorité des cas. En tout cas ils ont reçu une formation intellectuelle et professionnelle. Et s'ils n'ont pas hérité de vastes propriétés familiales ni de la fortune d'un oncle d'Amérique, ils sont souvent réduit à travailler à la sueur de leur front pour manger. Donc ils sont chercheurs (dans des centres de recherche, pour des institutions comme le CNRS, je schématise) ou enseignants-chercheurs (dans une université de France ou d'ailleurs). Il n'y a pas à tortiller, je n'en connais pas qui vivent de leurs publications scientifiques, même Pierre Chaunu n'en vivait pas. Ils publient davantage pour l'amour de la recherche et faire reconnaître leur talent (basse motivation n'est-il pas? Hahum) afin de ne pas stagner toujours aux mêmes fonctions.


(suite au prochain épisode...)


* Parce que je suis gentille, je décode, la réponse de l'énigme est "Madame Palatine", épouse de Monsieur, lui-même frère du roi Soleil, qui était lui-même le petit-cousin de Louis II de Bourbon-Condé, petit-fils de... enfin vous avez compris.
Rendez-vous sur Hellocoton !

3 commentaires:

d'aïeux et d'ailleurs a dit…

Non A. Farge a écrit un roman ?! pas historique quand même ?! si ?? après Le goût de l'archive ?

la Souris des archives a dit…

Si ! Le titre est
"La Chambre à deux lits et le cordonnier de Tel-Aviv". En fait c'est plutôt classé entre littérature et essai ;-)

jean-claude a dit…

Bonjour
Je suis venu applaudir le billet.
De mon côté je suis certain que
notre Histoire fait peur.
De nos jours il faut du courage pour être un Historien.
Beaucoup d'archives sont soumises aux délais de consultations.
De nos jours se sont les médias qui
font l'histoire.
Encore bravo pour le billet.
Jean- Claude qui aime les simples
monographies d'histoire locale