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Une envie de livres ?

24/08/2010

Devenir historien (3)


Finalement, pour devenir historien, il faut bien passer par "l'école". Soit l'université, soit prépa+grande école (l'École normale supérieure, l'École des Chartes) le temps de décrocher un Master. Auparavant on parlait de DEUG, Licence, qui sont devenus "Licence" en trois ans et l'on parlait de Maîtrise, DEA devenus ensemble "Master". Donc une licence (trois ans) + Master (deux ans)= 5 ans.

S'y ajoute une thèse (trois ans en principe). Soit un total de bac+8. Même si vous mettez six ans à faire votre thèse, vous aurez toujours le niveau bac+8 et non pas +11.

Avant s'ajoutait sans compter dans le calcul le CAPES et/ou l'agrégation, qui permettent de devenir enseignant dans la fonction publique. Ces années de préparation aux concours ne comptaient pas dans l'évaluation bac+3 ou bac+5. Avec la création des Master enseignement (qui préparent au CAPES) et Master recherche (qui permet de préparer l'agrégation, requérant le niveau bac+5), ces années de concours comptent.

Le prix à payer a été lourd: plus de programme commun entre le CAPES et l'agrég en histoire, ce qui est désastreux pour les candidats qui préparaient les deux, ne pouvant pas se permettre le risque de passer uniquement l'agrégation, pour de bêtes raisons financières. Cinq ans d'études ça va si ça se termine avec un boulot (même si c'est "seulement" certifié*), cinq ans d'étude sans boulot au bout (parce que l'on est arrivé 82e à l'agrég et que cette année-là, pas de chance, il n'y avait que 81 places pour toute la France), ça ne va plus. Comme l'a fait votre servante, CAPES et agrég parce qu'à deux c'est mieux. Hum.
C'est désastreux aussi pour l'écrasante majorité des universités qui n'ont plus les moyens de maintenir une préparation pour les candidats à l'agrégation. Parce que payer sept enseignants pour quatre agrégatifs ayant vraiment des chances de réussir, vous comprendrez que... c'est compliqué. Zou les provinciaux (et les banlieusards)! Surtout ceux qui n'ont pas l'argent pour finir leurs études à Paris. Il n'y a pas à dire, c'est fou ce que l'égalité de droit entre citoyen progresse ces temps derniers.

Revenons à nos moutons... Une thèse peut se faire à l'université, ou dans de grands établissements comme l'École pratique des Hautes études, le Centre national des Arts et métiers ou l'Institut d'études politiques. Si la question du financement des thèses vous intéresse vous trouverez un récapitulatif ici sur le site de l'EHESS ou bien dans ces billets antérieurs de votre servante, un peu plus ironiques. Pour financer la thèse, en résumé, à part quelques bourses ponctuelles, il y a le contrat doctoral (qui remplace l'allocation de recherche et le monitorat), puis des contrats d'ATER et/ou tout simplement votre patience et un poste dans le secondaire.

À l'issu de la thèse, on présente un dossier devant le Conseil national des Universités, qui valide le dossier scientifique (seul). C'est après que l'on candidate auprès des universités qui recherchent des maîtres de conférence. Si l'on est élu premier, on devient maître de conférence. Par la suite, pour changer d'université, il faut obtenir une mutation.

Pour devenir enseignant chercheur en histoire, inutile d'aller par quatre chemins: il serait illogique de ne pas se frotter aux concours. Certains vous diront qu'il faut absolument avoir l'agrégation. En réalité on trouve beaucoup mais alors beaucoup d'exceptions, qui ne sont pas pour autant des enseignants-chercheurs plus mauvais. Même s'il reste vrai que les agrégés et si possible normaliens restent souvent classés en tête. Étant donné qu'il y a moins de dix postes par an par spécialité (ancienne/médiévale/moderne/contemporaine) pour l'ensemble de la France, évidemment être agrégé et normalien c'est mieux. Mais cela ne veut pas dire qu'il faut se pendre et renoncer à tout si l'on n'est "que" certifié. Il y a des agrégés qui se font refouler à chaque candidature, il y a des normaliens que l'on devrait refouler. Il y a des normaliens brillants, des enseignants seulement certifiés avant de devenir maîtres de conférence, et tout aussi brillants.

Pas la peine non plus de déprimer sur le peu de postes, ça n'en donnera pas plus. Dites-vous que vous ne perdez rien à essayer.

L'image est juste là pour faire joli, il n'y pas de joli chapeau ni de toge pour les jeunes docteurs en France... hélas. ;-)

* merci aux esprits mal intentionnés de passer leur chemin, il n'y a aucun mépris là-dedans.
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8 commentaires:

Léo a dit…

Une petite coquille s'est glissée dans le début de l'article : vous avez écrit "école nationale supérieure" au lieu de "normale". ;)

Sinon je suis pas tout à fait d'accord quand vous dites qu'avec la réforme des concours le master de recherche englobe dorénavant la préparation à l'agreg et le mémoire. Il faut certes un bac+5 pour s'inscrire à l'agrégation, mais la préparation et le master sont deux choses indépendantes. C'est différend du Capes où là il faut effectivement faire un master pro enseignement.
On peut très bien passer l'agreg sans être inscris en master comme c'était le cas jusque là.

la Souris des archives a dit…

Au temps pour moi! Et merci pour ces corrections.

J'avoue connaître "l'ancien système" (Maîtrise, agrég dans la foulée ou pas, DEA etc) mais moins les nouveautés, étant donné que je suis surtout chargées des première année.

Du coup, si je vous suis, il faut toujours avoir un bac+5 pour passer l'agrég?
Mais bac+5 de quoi ? Peut-on valider un M1 enseignement et ensuite s'inscrire à l'agrég? Ou bien exclusivement un M1 recherche?
Le Master recherche est-il exclusivement consacré à la recherche?

d'aieux et d'ailleurs a dit…

Je serais curieuse de savoir combien des 400 que nous étions en DEUG1 ont eu leur CRPE... voire leur CAPES, sans parler de l'Agrégation. Pour la thèse, on pouvait s'y inscrire sans agrég... Donc pas chargé de cours...
Bref 8 ans après, d'après les nouvelles d'une dizaine que j'ai, on peut se dire que l'histoire mène à tout (sauf à l'Educ nat.., ou sinon ils ont changé d'université parce que la prépa Capes Agrég était d'un niveau plus que moyen) : nous avons des licenciés ou mastériens devenus journaliste, graphiste, comptable, attaché administratif, assistant Ministère de la défense, économe, archiviste (au final c'est moi qui suis restée le plus proche de l'histoire je crois..).
L'un des autres dégâts des dernières réformes (celle de la mise en place du fameux master), c'est la création à vitesse grand V de master de spécialisation en histoire : patrimoine, médiation culturelle, etc. Comme si la filière culturelle et ses employeurs (la fonction publique territoriale essentiellement, à coup de vacations payées indécemment) fournissait plus de débouchés que l'Éducation nationale.
M. (qui a fait la révolution en 4 lignes sur sa chaise devant sa copie d'agrég, presque blanche).

la Souris des archives a dit…

Là où j'étais, il y a une dizaine d'années, il y avait bon an mal an 400 étudiants entrant en DEUG1. Chaque année, l'effectif était divisé par deux jusqu'à la licence, ce qui donnait environ 100-120 étudiants inscrits en licence. Environ 90 obtenaient leur licence et l'écrasante majorité préparait "les concours" (d'enseignement). On a dû être une trentaine à obtenir le CAPES. Pour l'agrég il y avait un reçu les années fastes (un an sur deux en général).

De ceux qui ont abandonné en cours de route ou qui sont partis vers d'autres cieux dès la licence, il y a en effet une journaliste (pigistes aux dernières nouvelles), une attachée territoriale dans le domaine du tourisme (reconvertie avec formation reprise à zéro), une archiviste, une mère au foyer (ou plusieurs)... Un Belge avait essayer il y a un paquet d'années de me convaincre qu'en Belgique, les banques recrutaient souvent des diplômés en histoire pour leur tournure d'esprit. Mouais.

Tiens, il faudra que je publie ici un papier paru l'année dernière sur les débouchés supposés à la mode en histoire, dans les grandes entreprises...

Léo a dit…

En fait l'agreg est beaucoup moins touchée par la réforme que le capes, à part la condition d'accès à bac+5 il n'y a pas de changement.

La nature du bac+5 n'a pas d'importance, il faut simplement justifier d'un diplome niveau master pour s'inscrire, tout comme avant il fallait une maîtrise au minimum autrefois.
Donc on peut très bien imaginé validé un master enseignement et passer l'agreg.

Le master de recherche reste inchangé, on pourra toujours faire un M1 et un M2 exclusivement recherche après la licence et se présenter ensuite à l'agreg.

Après je sais que certaines facs (notamment Paris 1) ont prévu des composantes recherche dans le master enseignement (destiné au capes donc) avec notamment la rédaction d'un "mini-mémoire" d'une trentaine de pages en M1.

Par contre ce que je n'arrive pas à savoir c'est s'il est possible de s'inscrire au capes (au concours en lui-même) sans être inscrit en master enseignement. (Dans l'optique où on a déjà un bac+5, histoire de pas se refaire un nouveau master qui dans le fond n'apporte rien en plus)

Bref tout ça est horriblement incompréhensible je vous l'accorde…

la Souris des archives a dit…

Du coup l'agrég ne compte toujours pas dans le calcul "Bac+...4/5" ?

Du coup passer le Master enseignement et enchaîner en cas d'obtention sur l'agrég en demandant si congé sans solde à l'issue du Master enseignement semble être une solution pour préparer l'agrég dans de "bonnes conditons" (sauf financièrement parlant)...

Pour votre question sur le CAPES, il s'agirait si jamais c'était possible de passer le CAPES en candidat libre? Là, je ne sais pas... A priori oui, mais le Master ne serait pas validé, alors le diplôme professionnel ouvrant les portes de l'éduc nat serait-il acquis?

Je vais bien, tout va bien... (c'est l'horreur)

Léo a dit…

Je comprends pas vraiment ce que vous voulez dire par le calcul bac+ 4/5 ?

Oui on peut envisager de passer l'agreg après deux ans de master enseignement + obtention du capes (puisque l'un peut aller sans l'autre). Reste à savoir si ce sera possible d'obtenir un congé sans solde pour ce motif, puisque l'ancienne formule du report de stage devient de fait caduc dans la mesure où l'année de stage n'existe plus. Sinon il reste l'interne…

Oui ça reviendrait à passer le CAPES en candidat libre, mais du coup je ne sais pas comment ce passerai l'affectation pour le stage de trois mois entre les écrits et les oraux si on est inscrit dans aucune structure. J'essaierai de me renseigner à la rentrée.

la Souris des archives a dit…

Léo: le CAPES étant en principe intégré dans le master enseignement, valider ce master en ayant le CAPES permet d'obtenir le niveau Bac+5 (on est bien d'accord jusque-là?).
Mais si l'agrég ne fait pas partie du master enseignement ni du master recherche, cela voudrait dire qu'avoir l'agrégation ne donne pas un niveau d'étude de type Bac + x-années-d'études?