Je vous disais qu'un historien ne s'amuse pas à des reconstitutions. C'est vrai et c'est faux. Personnellement, je suis très intéressée par des reconstitutions comme La robe d'une reine Anne de Clèves. Ce n'est pas de la reconstitution pour le jeu - je vais me faire massacrer par les fanatiques de reconstitution, je le sens - mais pour tester des hypothèses en recherchant les mêmes matériaux, les mêmes techniques au plus précis, non pas pour porter le vêtement mais retrouver des méthodes de fabrication. Et là, c'est fabuleux pour les historiens. Voyez notamment les essais dans ce blog pour fabriquer le jupon.
La reconstitution "historique" en dehors des éléments techniques et matériels - un château, une robe - pose trop de problèmes, plus qu'elle ne peut en résoudre. Il faut pouvoir réunir les conditions, et cela risque de biaiser outre mesure l'expérience. C'est une des raisons pour lesquelles, si la méthode des historiens est scientifique, l'histoire n'est pas une science. C'est ce qu'expliquait Lucien Febvre dans une conférence donnée aux jeunes normaliens (élèves de l'ENS) en 1941:
Fernand Braudel, publié dans la revue Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1957, volume 12, numéro 2, pp. 177-182.)
L'historien tâtonne, admet pouvoir se tromper. Il le tire pas le fil de l'histoire comme Ariane, mais observe, essaie de comprendre, en mettant en relation faits constatés et connaissance. Un historien observe le passé avec les lunettes fournies par son époque. L'objectivité parfaite est impossible, autant en être conscient. Mais l'objectivité doit rester l'objectif. Non, comme l'a déclaré lors d'une conférence - pendant laquelle j'ai failli m'étrangler une douzaine de fois- un cardinal français - célèbre pour ses gaffes ou sa tendance à la misogynie, je lui laisse le bénéfice du doute - l'historien ne s'occupe pas à chercher perpétuellement LE document inconnu qui révolutionnera la connaissance, qui établira de nouvelles vérités. Ce n'est pas non plus une course perpétuelle vers une vérité toujours relative. La vérité est, notre connaissance en est relative, nuance. Des acquis sont indéniables, mais la masse à découvrir est assez immense pour permettre toujours la précision de nos connaissances, l'ouverture de nouvelles voies, selon les intérêts de l'époque dans laquelle vit l'historien.
Lui-même proie de passions, l'historien n'est pas neutre et c'est avec ses passions qu'il tente de faire progresser la connaissance historique.
La reconstitution "historique" en dehors des éléments techniques et matériels - un château, une robe - pose trop de problèmes, plus qu'elle ne peut en résoudre. Il faut pouvoir réunir les conditions, et cela risque de biaiser outre mesure l'expérience. C'est une des raisons pour lesquelles, si la méthode des historiens est scientifique, l'histoire n'est pas une science. C'est ce qu'expliquait Lucien Febvre dans une conférence donnée aux jeunes normaliens (élèves de l'ENS) en 1941:
si je n'ai point parlé de « science » de l'histoire, j'ai parlé « d'étude scientifiquement conduite ». Ces deux mots n'étaient point là pour faire riche. «Scientifiquement conduite », la formule implique deux opérations, celles-là mêmes qui se trouvent à la base de tout travail scientifique moderne : poser des problèmes et formuler des hypothèses. Deux opérations qu'aux hommes de mon âge on dénonçait déjà comme périlleuses entre toutes. Car poser des problèmes, ou formuler des hypothèses, c'était tout simplement trahir. Faire pénétrer dans la cité de l'objectivité le cheval de Troie de la subjectivité"(Article à retrouver en ligne sur persee.fr, article "Lucien Febvre et l'histoire"
Fernand Braudel, publié dans la revue Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1957, volume 12, numéro 2, pp. 177-182.)
L'historien tâtonne, admet pouvoir se tromper. Il le tire pas le fil de l'histoire comme Ariane, mais observe, essaie de comprendre, en mettant en relation faits constatés et connaissance. Un historien observe le passé avec les lunettes fournies par son époque. L'objectivité parfaite est impossible, autant en être conscient. Mais l'objectivité doit rester l'objectif. Non, comme l'a déclaré lors d'une conférence - pendant laquelle j'ai failli m'étrangler une douzaine de fois- un cardinal français - célèbre pour ses gaffes ou sa tendance à la misogynie, je lui laisse le bénéfice du doute - l'historien ne s'occupe pas à chercher perpétuellement LE document inconnu qui révolutionnera la connaissance, qui établira de nouvelles vérités. Ce n'est pas non plus une course perpétuelle vers une vérité toujours relative. La vérité est, notre connaissance en est relative, nuance. Des acquis sont indéniables, mais la masse à découvrir est assez immense pour permettre toujours la précision de nos connaissances, l'ouverture de nouvelles voies, selon les intérêts de l'époque dans laquelle vit l'historien.
Lui-même proie de passions, l'historien n'est pas neutre et c'est avec ses passions qu'il tente de faire progresser la connaissance historique.
2 commentaires:
Sur l'idée que l'historien n'est pas neutre, j'aurais bien voulu avoir votre avis sur le petit livre de Noiriel chroniqué sur mon blog et sur la notion d'historien comme citoyen engagé. Merci d'avance.
Je vous réponds sur votre blog! ;-)
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