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Une envie de livres ?

02/09/2010

C'est la rentrée! Des profs et des syndicats...

Je crois que je vais m'énerver.

Si, si.


Oui, non, en fait, je suis déjà énervée. Vous le savez, je suis France-Inter addict. Enfin, sauf Mezrahi, faut pas exagérer non plus. Mais le tambourinage fait autour de la rentrée des jeunes enseignants sans-formation-IUFM-les-pôv'-tits-chats a tendance à me vriller les nerfs.
Soyons clairs, je ne suis pas du tout un ardent défenseur de la dernière réforme de l'éducation nationale, relative au recrutement et à la formation des enseignants.

Depuis hier, les journalistes nous répètent que ces jeunes enseignants sont lâchés devant les classes sans formation préalable sur la façon de tenir une classe ou la manière de préparer un cours. Tout en proposant des témoignage de jeunes lauréats des concours, qui disent avoir eu une journée ou deux de formation avant la rentrée. Premier problème.

Ce n'est franchement pas pour défendre Luc Châtel que je rappellerai ceci: en ce qui me concerne - pourvu que mon cas ne soit pas une généralité, toutefois j'attends des exemples contraires datant des années 2000-2010 - je n'ai eu AUCUNE séance avant le grand saut de la première heure du premier jour d'enseignement. Tout au plus une longue journée de pré-rentrée déjà mortellement ennuyeuse à visiter le bahut. Ma conseillère pédagogique m'a accordé en tout et pour tout une demi-heure en fin d'après-midi avant de filer chercher ses enfants à l'école d'à côté. Il en avait été question avec nos fabuleux formateurs IUFM - prenez le fabuleux pour ce qu'il est, peu flatteur - mais voyez-vous, leur réponse avait été: "Oui, mais non, ce n'est pas possible, il faudrait nous payer nos interventions devant vous en août, et là, comptablement blablabla... ça ne passera pas". Ben voyons.

Ces jeunes enseignants ont donc de la chance de ce point de vue-là.

Après, deuxième problème : le nombre d'heures. Désormais il s'élève à un temps plein (18h) au lieu du tiers temps que ceux de ma génération ont dû faire. Remarquez, ce tiers temps a eu un avantage: me permettre de faire mon DEA en même temps. Je vais me répéter, mais je n'ai jamais fait autant de progrès qu'à partir du moment où j'ai commencé mon premier plein temps. Parce que là, plus moyen de bidouiller, de passer trop de temps sur la préparation. Plus moyen de dépasser le temps imparti à une séance avec une classe d'un niveau quand vous devez répéter ce cours deux ou trois fois. Si vous vous arrêtez à des endroits différents, ça va être raide la semaine d'après de reprendre le cours à trois endroits différents. Donc on utilise des sous-chapitres accordéons que l'on ajuste en fonction du temps. Le problème n'est pas de demander à un jeune enseignant de préparer deux cours pour, par exemple trois classes de 6e et trois classes de 5e. Ça, c'est faisable. Le problème est de mettre dans les pattes d'un jeune enseignant cinq niveaux différents: 6e, 5e, 4e, seconde, terminale. Je ne conçois pas que les collègues n'aient pas pu lui laisser plusieurs classes de seulement deux niveaux. Cela veut dire que les collègues établis dans le bahut ont exigé tel emploi du temps et que le petit nouveau a pris les miettes. Et là, ça pose problème. Mais il est facile de coller la faute sur le dos du ministre. Il est fait pour ça dans l'éducation nationale, et il a le profil idéal, déjà quelques gaffes en stock, c'est parfait pour servir de cible.

Le détail que je ne comprends pas: pourquoi y a-t-il pénurie manifeste de tuteurs? Question naïve. Bah oui, il y avait bien des tuteurs, des conseillers pédagogiques, des enseignants de l'IUFM en nombre égal l'année dernière. Ils sont tous partis à la retraite? Ou bien leur nouveau statut est moins intéressant? Enfin il y a un truc.
Quant à regretter qu'il n'y ait plus de conseiller pédagogique, mouarf, la bonne blague. La mienne s'est employée à me dire que je ne savais pas faire cours, que je n'avais pas de présence en classe, que je n'étais pas faite pour ci et ça. Pour finir, tel le torero quand il s'est bien amusé avec sa victime, par me planter le couteau entre les épaules devant l'épreuve finale où était présent le tuteur envoyé par l'IUFM. J'ai traîné cette première année comme un boulet, je ne vois pas ce qu'elle m'a apporté. À part la perte du peu de confiance en moi que j'avais.

Troisième problème, désormais, ô scandale, les jeunes enseignants devront se former en sus des heures de cours. Que cela plaise ou pas, ça me semble une question de bon sens. Il est anormal de voir des classes sans professeurs parce que les titulaires sont en formation. Ou sans professeur parce que le titulaire est membre du jury du concours de manchin-bidule, histoire d'arrondir ses fins de mois et de changer le train-train quotidien en faisant avancer sa carrière. Au point que les derniers mois, quand j'étais stagiaire, j'ai vu les 6e de ma conseillère pédago compter leurs heures d'histoire-géo sur les doigts d'une seule main. Et les cours restants de cette chère conseillère, se transformer, ô ironie, en cours magistraux. Sans rire. Le problème une fois de plus est que l'on passe d'un extrême à l'autre: une formation lourde et inutile à trop peu de formation, un tiers temps insuffisant à un plein temps souvent mal fait pour une première année.


Mais bien sûr, mon cas est isolé et je n'ai vraiment pas eu de chance (je laisse la liberté aux lecteurs de se bercer de cette illusion), non, non, mon histoire n'est pas du tout représentative. Même que je suis une vendue du ministère (mouarf. Là je me roule par terre de rire).

J'aimerai que les journalistes de France Inter manifestent globalement le même esprit critique à propos des messages de propagande gouvernementale relatifs aux aides de l'État aux entreprises. Par exemple qu'ils refusent systématiquement de les diffuser. Et même que les chroniqueurs économiques comme Ph. Lefebure comprennent enfin que la situation supposée florissante des plus grandes entreprises du CAC-40 ne reflète en rien la situation du réseau de PME. Que m'importe de savoir que les grands groupes sont florissants? OK, merci de l'information, et alors? Vu que c'est une poignée de de PME qui assure l'écrasante majorité des créations d'emplois et non les grands groupes. C'est d'autant plus grave que la majorité des employés ne fait pas la différence, un patron est un patron, point. Il y a des mots malheureux à éviter comme "Parce que les entreprises regorgent d'argent, donc." (émission du 31/12/2010). Attiser les haines, voilà un bel objectif.

M'enfin, au train où vont les choses, je vous parie mon petit morceau de gruyère quotidien (et ce n'est malheureusement pas une blague) qu'avec le crash d'une foule de PME dans les mois à venir, ça ne durera pas. Paraît que l'on est économiquement en haut de la troisième barre du W qui caractérise les crises économiques. Convaincre les syndicats les plus hystériques, s'il en était besoin, que les patrons sont pétés de thunes, c'est sûr, c'est la seule chose à faire alors que l'on attend de grosses manifestations contre la réforme des retraites.



S'énerver, c'est comme boire, ça permet d'oublier l'angoisse pendant quelques minutes. Et c'est moins toxique que l'alcool.

Quoique.
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4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour.

Je pense que vous êtes assez historienne pour vous rendre compte qu'une expérience personnelle pour expliquer 16 000 rentrées, ce n'est pas réellement opérant.

Pour ce que ça vaut, à ma rentrée de stagiaire en 2008 à Créteil, on avait des cours avant le passage en classe. Quant aux formateurs IUFM, il y en avait 4 en HG, dont deux à mi-temps je crois. Evidemment ces gens-là ne peuvent pas devenir les tuteurs "personnalisés" (comprendre dans l'établissement) de tous les stagiaires de l'académie de Créteil.

Je dis ça sans revendications corporatistes, j'ai quitté le secondaire.

Mais j'aime bien votre blog, vraiment, mais la note m'a fait tiquer.

bonne soirée

la Souris des archives a dit…

Sur le fait de la non-représentativité d'un exemple parmi des milliers, nous sommes d'accord. J'ai connu aussi deux ou trois enseignants satisfaits de leur formation à l'IUFM. Mais les défaillances de la formation à l'IUFM durant ces dernières décennies me semble être difficilement contestables, non?

Quoiqu'il en soit, pour encadrer un jeune enseignant, un professeur un peu expérimenté, de mon point de vue suffit, a fortiori tous les conseillers pédagogiques qui ces dernières années, encadraient des néo-titulaires.

Je crois qu'il n'y a pas de recette miracle pour enseigner, je crois que ça ne s'apprend qu'avec le temps, l'expérience, en fonction de son tempérament, de sa façon d'être, en piochant dans les cours des collègues ce qui nous convient. Donc l'idée d'un simple tutorat et de séances réduites et concentrées à l'IUFM ne me semble pas hérétique. Les modalités pratiques ne sont malheureusement pas à la hauteur, et cette rentrée semble se faire dans une certaine confusion, très regrettable.

Marie a dit…

J'y vais de ma petite expérience.
Agrégée en 2007, formée en 2007-2008 à l'IUFM de Montpellier, par des formateurs qui étaient à mi-temps sur le terrain (avec des élèves, des vrais), à mi-temps devant nous. J'ai eu au moins deux journées complètes avant le passage devant une classe.
Si j'ai trouvé certaines séances IUFM inutiles, j'en ai en revanche apprécié d'autres. Je pense donc qu'on ne peut pas porter de jugement global sur l'IUFM en tant que tel mais que ça doit s'apprécier au cas par cas (j'ai dans mon entourage de très mauvaises expériences d'IUFM dans d'autres villes).

Je serais assez d'accord avec votre conclusion, mais l'expérience de mon année de stage tend à me faire penser que 15h ou 18h d'office, c'est trop, et qu'un service réduit la première année pour ne pas avoir la tête totalement dans le guidon sans aucune hauteur de vue n'était pas du luxe. Je ne dis pas que j'ai toujours eu cette hauteur de vue, mais je pense en avoir eu un peu plus que si j'avais eu un service complet durant mon année de stage.

la Souris des archives a dit…

J'accepte cette correction. Je sais que je peux paraître excessive à l'égard de l'IUFM en général. Mais je me suis par exemple reconnue dans les propos tenus hier au Fou du roi par Émilie Sapielak, ex-professeur de lettres, auteur de "l'école de la honte" (éd. Don Quichotte) qui parlait d'humiliation des stagiaires à l'IUFM qu'elle a connu. Je n'ai jamais accepté le chantage à la validation ("vous devez faire comme nous vous le disons, sinon vous ne serez pas validés" texto), ce léchage de bottes auquel j'ai été soumise pour être validée, c'était indigne, odieux, et ça a laissé comme trace ce rejet violent, trop violent peut-être quand on a connu de meilleures conditions. À l'IUFM on m'a dénié le droit de penser par moi-même, merveilleusement découvert à l'université pendant mes années d'étude. Ce sont des choses importantes et graves, au risque de me répéter, qui nécessitait une profonde réforme. Mais qui ne légitime pas l'actuelle.