Blogger Template by Blogcrowds.

Une envie de livres ?

01/03/2011

Un moment de grâce

C'est une semaine de vacances de cours, une respiration dans une année assez rude, où j'en viens à oublier que je fais une thèse. Elle tombe bien, je commençais à m'ennuyer sévèrement de la préparation des cours, de ce rythme de vie calqué sur la vie de Sisyphe, préparer des cours (ai-je assez de pages pour cette semaine?), les donner, en préparer de nouveaux, les donner...

J'ai tellement bien oublié l'idée de faire une thèse que j'ai commencé par retourner l'appartement à la recherche de ma carte des Archives nationales. Pour la retrouver dix minutes avant la fin des commandes du jour, quand il me faut dix minutes (oui je sais, veinarde) pour y aller. Pas drôle. 

J'ai retrouvé le ronronnement des lecteurs de microfilm et même si les stores sont baissés au dernier étage où se trouve la salle des microfilms, même si la lumière est triste, à vous donner une humeur de neurasthénique, je me suis surprise à sourire béatement. À considérer avec gourmandise mes cinq bobines qui attendent dans leur carton. Et pourtant, un lecteur de microfilm, ça n'est guère séduisant en soi (la photo ci-contre l'atteste).

À trouver tout charmant, le parfum de la lectrice à quelques places de la mienne, mon vieil ordinateur, qui me sort pourtant par les yeux depuis des mois, la grâce des gestes d'une jeune lectrice devant moi. Même les petits vieux messieurs qui fréquentent assidûment les archives nationales (c'est dire. Parce que, pour une majorité parfaitement normale, il y en a toujours un ou deux spécimens... comment dire? Hum... originaux. Mais vraiment). J'ai même retrouvé avec plaisir mon repas-thermos du midi.  

Dommage que cela ne dure qu'une semaine. D'autant que je n'ai même pas une semaine de cours d'avance. Aïe. Le retour à la réalité va être rude. M'en moque pour l'instant. Parce que j'ai un bout de plan à retoucher et des tas de choses à écrire encore ce soir...



tiens, à la relecture, il y a un piège dans ce billet... Une cacahuète à celui qui le trouvera...

édit: je garde ma cacahuète, vu que les propositions n'étaient pas les bonnes. Le piège c'est que je parlais de lecteur de microfilms et j'affiche l'image d'un lecteur de microfiches. Ahum. 

Rendez-vous sur Hellocoton !

07/02/2011

L'éducation du prince

Peu de temps en ce moment, voilà qui explique mon absence. Encore des cours à écrire avant de se remettre à la thèse. 

Cela ne signifie pas que je reste sourde à l'actualité. Les tensions qui persistent autour de la Maison de l'histoire de France, la trouvaille de nos princes d'aujourd'hui à propos du Musée d'histoire de la Marine, la Côte d'Ivoire, la Tunisie et l'Égypte... J'ai de la matière à causeries, n'est-ce pas? À ce propos j'ai demandé des nouvelles de l'escalier de la BnF, dont je vous avais parlé ici. Le ministre de la culture devait trancher en novembre 2010 mais pas un mot à ce sujet. 

N'étant guère compétente en géopolitique africaine ou maghrébine, je vais éviter de donner mon avis sur la Pologne alors que l'on ne me demande même pas de chanter les Feuilles mortes. Choses préférables, d'ailleurs, à tous points de vue. 

En revanche, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au cas Alliot-Marie à propos de ses vacances tunisiennes.
De deux choses l'une: ou Madame Alliot-Marie a une éducation très classique et est convaincue que tout ce qu'elle peut recevoir ne saurait l'influencer dans ses choix politiques (ce qui est faire peu de cas de l'évolution des régimes politiques) ou elle montre une totale ignorance de la manière de tenir le gouvernail politique, à la manière de Loulou XIV tel qu'il est représenté à Versailles. 

Pourquoi est-ce faire peu de cas de l'évolution des régimes? Héritiers des princes mais inscrits dans un autre système politique, nos gouvernants d'aujourd'hui n'ont, hélas pour eux, pas hérité des mêmes valeurs et indubitablement, n'ont pas ce privilège qu'avait le roi de n'être jamais redevable de rien à personne. Sauf à Dieu mais c'est une autre affaire. C'est ce qu'expliquait Bernard Guenée dans la monstrueuse et merveilleuse oeuvre dirigée par Pierre Nora, les Lieux de Mémoire, dans son chapitre sur  l'État. Le roi, s'il était donneur comme tous les autres nobles et en donnant, engageait autrui, ne pouvait à l'inverse d'eux être engagé par ce qu'ils donnaient. Remarquez, que notre ministre n'ait pas compris l'évolution du système politique pourrait expliquer les liens entretenus avec des dictateurs, tyrans d'aujourd'hui. Remarquez encore, cela prouverait qu'elle ignore la différence fondamentale entre un roi tel que le concevait l'Ancien Régime et un tyran. À cet égard, la lecture de B. Guenée lui serait profitable. 

Je sais que le motif de cette compromission est de nature tout bonnement économique, motif qui excuse tout dans le monde d'aujourd'hui. Je n'ai vu à ce sujet aucune étude sur l'impact de la situation politique tunisienne sur les affaires françaises. Quelques échos sur l'impact de la situation égyptienne en revanche. C'est faire peu de cas des industries et autres centres d'appel  français qui s'y sont délocalisés depuis une quinzaine d'années. Pour quelques vacances privées et des contrats juteux, il faut accepter pour les moins scrupuleux un dîner avec le diable, ce qui nécessite de longues fourchettes. En politique, malheur aux ignorants et aux simples d'esprit.

Si elle affiche cette ignorance, là encore, de deux choses l'une: ou elle sait et feint d'ignorer (dans ce cas rien à faire pour la repêcher et sauver son honneur) ou elle ignore pour de bon et dans ce cas, il devient urgent de lui conseiller la lecture de quelques petits traités politiques. Le prince de Machiavel ou bien ces oeuvres qui se sont développées depuis la fin du Moyen Âge relevant d'un genre littéraire particulier, que l'on appelle Miroirs du prince. Si le sujet vous intéresse, un très bon livre a été écrit à ce sujet à la suite d'un colloque tenu en 2004, dirigé par Frédérique Lachaud et Lydwine Scordia.  Ces ouvrages, les Miroirs, contenaient des conseils pour le bon gouvernement des sujets et des peuples. Certains d'entre eux étaient particulièrement écrits en l'honneur de jeunes princes. L'innocence feinte ou réelle en politique ne paye pas, il serait bon que nos gouvernants gravent cette maxime dans les palais hérités de la monarchie, qu'ils occupent ordinairement. 

Sic transit gloria mundi et la prudence surpasse les autres vertus comme la vue les autres sens. Nous voilà dotée d'une ministre des affaires étrangères à l'éducation politique  assez limitée, aveugle et sourde. Pas très rassurant. Si j'étais mesquine, je dirais que l'on ne peut pas impunément accepter de faire partie d'un gouvernement où la littérature un peu ancienne comme la Princesse de Clèves est bannie. Mais je ne le suis pas et lui laisse la possibilité de se racheter en lisant la Princesse ou plus utilement en ces circonstances, un des Miroirs les plus célèbres. Elle pourra faire son choix grâce à l'oeuvre des historiennes citées ci-dessus. Mais tout le monde le sait, l'histoire, cela ne sert à rien.
Rendez-vous sur Hellocoton !

24/01/2011

Enseigner... Oui, mais comment ?

Un petit billet rapide du matin pour vous parler d'un blog pas comme les autres, Enseigner... oui mais comment, né à la suite d'une démission, celle d'une enseignante de lettres,  Claire-Hélène, poussée à bout par la dégradation des conditions d'enseignement de plus en plus catastrophiques. Le blog est tenu par une autre enseignante de Lettres, Véronique Marchais.

Les créateurs de ce site sont des professeurs excédés par les dégradations de leurs conditions d'exercice, qui ne leur permettent tout simplement plus de faire leur métier. Loin de la "grogne syndicale" sur les moyens ou des querelles pédagogiques, nous voulons faire entendre la voix du terrain et rappeler - à nos dirigeants, aux parents - quelques conditions indispensables à tout enseignement - conditions qui ne sont plus remplies aujourd'hui.
Pour les élèves autant que pour nous, pour la possibilité d'une nation instruite, nous nous voulons force de proposition. 
Il s'agit de faire savoir concrètement ce qui se passe dans nombre de classes aujourd'hui et d'établir une liste de revendications destinée aux candidats à l'élection présidentielle de 2012, afin de stopper cette évolution catastrophique.

N'hésitez pas à faire circuler le lien!

édit: le blog s'accompagne désormais d'un site doté d'un forum ouvert non seulement aux enseignants mais à tous ceux qui sont intéressés par les questions d'éducation: ecole.plumeclavier.fr


Rendez-vous sur Hellocoton !

18/01/2011

Tout mini tout mimi

Habiter Paris est une chance pour certaines choses, notamment pour la bibliothèque nationale. Ce grand machin (pour ne parler que du site de Tolbiac) a ceci de miraculeux que dès qu'une envie ou un besoin de consultation de livres apparaît, hop ! Dans la journée ou le lendemain, le besoin ou l'envie est assouvi, y compris lorsque cela concernait des livres rares et anciens. Je savoure ma chance, sachant bien que ça risque de ne pas durer toute la vie. Bref. Pour résumer, je ne suis rien qu'une veinarde, le pire, c'est que je le sais.

Mais la BnF, c'est aussi un grand machin où comme dans tous les grands machins  l'on voit les pratiques les plus extrêmes se côtoyer. J'ai déjà dû vous parler ici de l'exaspération suscitée par la consultation très limitée dans le temps d'un ouvrage du 17e siècle. Ouaip. Euphémisme.  Où l'on vous fait braire pour consulter pendant quelques heures un ouvrage énorme. Bienheureux êtes-vous si vous n'avez pas mésestimé la capacité de nuisance de votre prochain et que vous vous êtes équipé d'un appareil photo. Parce que l'autorisation de consultation exceptionnelle à la journée, non renouvelable est une chose qui est née d'un esprit dont la puissance m'échappe. Oui, je sais, raison de sécurité pour le précieux ouvrage. Je me prépare au jour où l'on refusera de sortir le moindre livre des magasins, parce que l'on estimera  l'opération trop périlleuse.

Mais le hasard de la grande machine administrative m'a quand même permis de consulter dernièrement un ouvrage encore plus petit, encore plus ancien (d'accord juste plus vieux de dix ou vingt ans) que le précédent volume, sans même devoir le consulter sur une place de réserve, sans même que cette précieuse chose soit protégée par un emballage de papier gris.  Et ce n'était pas la faute des magasiniers, avec lesquels j'ai discuté. Vous l'avez compris, rien ne m'agace plus que l'excès de précaution et l'oeil soupçonneux du conservateur qui pèse sur mon dos. Au cas où le thésard muterait brusquement en géant baveux et éructant, hache à la main, pour détruire ses ouvrages en consultation. Sait-on jamais. Mais je souffre pour cet ouvrage moins bien traité qu'un poche vieux de dix ans. Parce que la reliure des poches, ça casse quelquefois, et ça leur vaut une consultation dérogatoire et z'exceptionnelle. Voui voui voui. Un bug de l'administration gigantesque.

Je me suis aussi demandé récemment comment citer la page d'un article numérisé sans indication des numéros de page, publié uniquement sur un site internet. Certains esprits naïfs peuvent croire qu'un article en sciences humaines, c'est bâclé en deux pages. Que nenni. Au risque de vous décevoir, si besoin est, non, un article de sciences humaines est souvent plus long. Doit-on indiquer: "utiliser la fonction recherche, svp"? Un encore moins amical "Si vous cherchez un passage, débrouillez-vous?". À moins que l'on ne laisse le lecteur seul devant sa machine, ce qui ne changera guère ses habitudes, à l'ère de la solitude windosienne, associant fausses convivialités facebookiennes et isolement devant l'écran bleu. Si la disparition du livre me semble plus qu'improbable, une technique s'ajoutant souvent plus qu'elle ne remplace une autre, la disparition de la page (à taille humaine, pas les interminables pages informatiques) est plus désolante. Si elle n'a guère d'avenir, le bug informatique ou administratif a encore de beaux jours devant lui. Ça me collerait presque le cafard. Hahum.
Rendez-vous sur Hellocoton !

16/01/2011

Enseignant ou CRS ?

Mi-janvier déjà. Le temps file, file, file... Le nez dans mes cours à écrire, ensevelie dans les dossiers d'anciens cours, de bouquins et d'articles. Le plaisir en perspective de retrouver les étudiants à la rentrée. Je sais qu'il ne me reste que peu de mois avant la date prévue de bouclage de la thèse (enfin la dernière date envisagée) alors j'essaie de préparer autant que possible le maximum de chapitres de cours et de travaux dirigés pour me remettre à la thèse aussi vite que possible. Quasi éternel recommencement. Je savoure le bonheur de faire certains cours que j'ai toujours voulu faire. Je savoure aussi le plaisir très nouveau, étrangement, d'aimer enseigner. 

Alors je pense au moment où je vais retourner dans le secondaire. Peut-être la rentrée prochaine (septembre) si je ne trouve pas un dernier contrat, quasi certainement dans un an et demi, à la rentrée suivante. Quand il y a en moyenne six postes de titulaires par an dans l'ensemble de la France, il ne faut pas se faire d'illusion, même avec la thèse en poche, avec la validation du Conseil national des Universités, un poste de titulaire ne tombe pas du ciel. 

Du coup je renoue des contacts avec le secondaire, par le biais de la toile. Histoire de me préparer sans doute aux publics possibles. Parce que même s'il m'est arrivé de croiser le fer avec d'indécrottables étudiants bavards, incapables d'intégrer les principes les plus élémentaires de silence,  de respect, d'obéissance à l'enseignant, je sais naturellement que mon expérience dans le supérieur ne pèsera pas lourd face à certains zozos de collège ou lycée.

La situation est d'autant plus inquiétante que non seulement les stagiaires ont du mal, pour leur majorité, mais c'est aussi le cas des enseignants en poste depuis dix ou vingt ans  qui luttent sans avoir les moyens de vaincre contre des conditions d'enseignement déplorables. Je suis incapable de dire si le phénomène est ancien, je ne m'y avancerai donc pas. Une philosophe, professeur à l'IUFM de Nice, Isabelle Stal, jette un pavé dans la mare en affirmant dans un article publié dans les cahiers pédagogiques (sic) l'existence de liens étroits entre la pensée marxiste et l'évolution de la pédagogie depuis les années 1970.  Elle défend l'idée que l'évolution de la société, les parents et les médias sont bien loin d'être les seuls responsables de l'évolution de l'école. Je vous laisse seuls juges. Pour ma part, je ne crois pas que tous les formateurs d'IUFM et pédagogistes de tout poil soient nécessairement d'extrême-gauche. Mais il suffit qu'une idée soit valorisée, que l'on y croit, pour qu'elle suscite l'admiration et l'adhésion. Encore une histoire d'empereur nu.

À lire les témoignages de professeurs débutants, stagiaires donc, le désarroi et la souffrance sont très fréquents et très pesants. Pas systématiques non plus. Vous trouverez quelques exemples ici dans les journaux (comme La Croix) et dans le blog d'un professeur de lettres, Celeborn. J'ai déjà eu l'occasion de dire, dans un précédent billet écrit sous le coup de l'exaspération, que moins de formation à l'IUFM n'aura pas fait perdre grand chose aux jeunes enseignants. Je pense même que 15 ou 18 heures d'enseignement, sont faisables pour les jeunes enseignants, mais à quelques conditions près: 
- il leur faut une formation occupant tout le mois d'août, solide, concrète, complète: gérer une classe, savoir se positionner par rapport à des élèves, oser s'affirmer, sanctionner, savoir garder la distance;
- il faut mettre à disposition des jeunes enseignants plusieurs types de cours, des maquettes de cours prêtes pour les premiers mois, pour qu'ils puissent concentrer leurs forces sur l'apprentissage de la gestion des classes.
- leur donner de vrais tuteurs, présents, compatissants, humains, disponibles; 
- leur donner au maximum deux niveaux de classes quand la discipline le permet, pour éviter une trop grande complexité des préparations;
- des classes de bon niveau et sans problème de comportement avéré;
- les confier à une hiérarchie qui soutient systématiquement en cas de problème, encourage,  épaule;
- il faut enfin que lors de l'année de stage et des suivantes ils soient nommés dans des établissements tranquilles, le  temps d'apprendre à "être professeur".
J'ai mis des années à comprendre ce que signifiait la formule "être enseignant, c'est être un peu acteur". Enseigner est un métier qui s'apprend par l'expérience mais pas celle de la solitude. L'on ne met pas un boulanger seul devant son four, son pétrin et sa farine en lui disant, "vas-y, maintenant, débrouille-toi!".

Ce sont ces conditions-là qui manquent cruellement, qui font souffrir non seulement des palanquées de stagiaires cette année mais aussi des titulaires chevronnés. Parce qu'un enseignant peut très facilement se retrouver face à un élève qui l'insulte brusquement et le caillasse en pleine salle de cours parce qu'on lui a dit de se taire, de s'asseoir et d'enlever son MP3 de ses oreilles. Ce genre de mésaventure peut se terminer sans trop de problèmes, une fois passé le choc, quand le chef d'établissement et le "conseiller principal d'éducation" jouent leur rôle au lieu de faire preuve de lâcheté et de carriérisme. Car dans ce genre de situation, des chefs d'établissement en arrivent à dire, si l'enseignant fait un malaise après coup "bah! Il n'est pas fait pour être enseignant!". À se demander ce que l'on doit être, enseignant ou CRS en tenue de combat.

Il ressort de tout cela que le ministère est bien plus prompt à exécuter des réformes à la petite semaine plutôt qu'à traiter des problèmes profonds, qui touchent une quantité incroyable d'enseignants aujourd'hui. Pour une fois que ces problèmes ne demandent pas en soi de l'argent.

Oui mais il faut faire autre chose que de la comm' et pire encore, non  seulement avouer l'échec de trente ou quarante ans de dérive (ça c'est presque facile, surtout en rejetant la faute sur les gouvernements précédents) mais affronter des milliers de parents indifférents au sort de leur enfant ou au contraire convaincus que leurs petitsmonchérimoncoeurs sont toujours des victimes des z'ôtres. Pas facile dans une culture où l'on est toujours prompt à chercher des boucs émissaires et des victimes expiatoires.



Rendez-vous sur Hellocoton !

31/12/2010

Travailler du chapeau

Près de dix jours d'isolement, pas dans la cave mais aux environs, pour pouvoir me remettre à la thèse. Ah le bonheur ! Dix heures de travail par jour, être hagarde tous les soirs, mais enfin avoir le temps d'écrire, de réfléchir, sans être interrompue. Je crois que je n'avais pas connu cette ardeur depuis la maîtrise. Une époque où je ne prenais même plus toujours le temps de faire des courses, ce qui m'a valu plus d'une fois la peine de découvrir à minuit que mon repas ne pourrait pas se composer d'autre chose qu'une tranche de pain à la mayonnaise. En même temps, à minuit, on s'en fiche. 
Bref, pour revenir à aujourd'hui, j'ai eu de merveilleuses pseudo-vacances...

Pendant lesquelles j'ai quand même trouvé le moyen de me demander ce qu'étaient un bataillon, un corps d'armée, une compagnie, tout ça il y a quelques siècles et lequel était plus grand que l'autre et comment tout ce machin s'emboîtait. J'ai bien essayé de me renseigner auprès de l'homme le plus proche, mais en pure perte. Bien la peine d'avoir fait un service militaire, rallongé, qui plus est. Bon d'accord, ça nous fait un petit décalage de quelques siècles. Bref, tout ça, sans oublier de compter combien de troufions ça faisait, sans oublier les fourriers, les trompettes et les trésoriers. Faites une thèse, qu'ils disaient... Il n'empêche que l'on manque cruellement d'études sur la question, très sérieusement.

Je rêve aussi de la fin de la thèse. Dans mon rêve, un proche (je ne préciserai pas qui pour son honneur) trouvait le moyen de me demander "et alors, le pain, il est cuit, depuis le temps?". Ce qui revenait sous la forme de blague à deux balles à savoir si ma thèse (qui porte notamment sur des histoires de pain) était achevée ou sur le point de l'être. Mouarf.

Le soir pendant le dîner, à la question "veux-tu encore de la soupe",  il m'arrive de grogner comme réponse "oui, mais non, il faut que j'aborde la chose sous un autre angle, quelque chose de plus original, ça tout le monde l'a fait, et en plus ça n'est que du recopiage de sources... (silence) Tu disais? Non et puis même Newton s'est trompé, c'est fou quand même, pas le Newton de la pomme, un autre, mais c'est tout de même désarmant, tant de boulettes dans les bouquins, même les meilleurs. À raison de cinq cents pages, combien de boulettes existeront dans ma thèse, à ton avis?" Je ne sais pas pourquoi mais j'obtiens à peine un intérêt poli en retour de mes questions.

Je n'aime pas les tableaux. Enfin si, c'est une chose précieuse pour gagner une page quand l'objectif est d'en faire dix minimum dans la semaine. Idéalement, je devrais viser les vingt pages, mais j'ai encore du mal. Mais avec les tableaux, il y a toujours un truc qui coince, s'il est trop grand, trop large, il faut que je réécrive mes commandes, tabularx ou longtable, telle est la question, sera-t-il flottant ou pas, et "caption", hein, "caption", ça va avec un flottant ou pas? Et puis moi j'ai des exigences, alors il faut apprivoiser les vbox pour faire rentrer du texte dans mes tableaux. En même temps, le résultat vaut la peine. J'aime LaTex.

Pourquoi, mais pourquoi je n'ai pas épousé un rentier, moi? Pourquoi faut-il retourner préparer des examens, les surveiller, rapporter des copies et re-préparer des cours? Monde cruel. D'autant plus que Claude Nicolet est mort et ça, ça me fiche le bourdon. Souvenirs des années passées à bûcher sur l'histoire romaine.

À part ça, il paraît que l'on a retrouvé la tête d'Henri IV. On en parle ici et . Enfin personne n'est sûr. Ce qui nous vaut une jolie empoignade entre partisans de la tête authentique et adversaires de la tête authentique : pourquoi aucun historien n'a t-il été sollicité pour ce travail d'authentification etc. [ce qui est faux d'ailleurs, Jean-Pierre Babelon, l'auteur de la seule biographie qui vaille sur Henri IV, ayant été associé au projet du docteur Charlier. Je corrige cette erreur que l'on m'a amicalement signalée.]
La grande question est de savoir si le crâne de Ritton a été scié (comme les embaumeurs de l'époque avaient manifestement coutume de le faire) ou pas. Le crâne authentifié n'ayant pas été scié, savoir si le vrai crâne l'a été changerait en effet la donne. En gros tout ce que l'on sait, c'est que le crâne que l'on possède aujourd'hui est probablement un crâne de la fin du 16e siècle ou du début du 17e siècle, que ses tissus sont bien conservés sans que le crâne n'ait été scié, qu'il a l'oreille percée (selon la mode masculine de l'époque), une cicatrice sur la lèvre supérieure (qui peut avoir été causé par un coup de couteau comme lors de l'attentat de Châtel) et qu'il porte un grain de beauté ou une petite lésion similaire sur l'aile du nef. Bref, ce que l'on appelle de éléments convergents. Mais peut-être pas assez pour avoir des certitudes d'autant qu'aucun tissu ne permet une analyse ADN (pour comparer avec quoi ou qui d'ailleurs). 

La chose drôle est que la querelle existante est fondée aussi sur des questions de méthode historique, elle-même lancée par des  historiens habitués soit à publier sur beaucoup de sujets, un peu trop de sujets d'ailleurs, soit plus amateurs d'émissions à sensation que de publications de qualité. 
Pour l'instant à ma connaissance, à part J.-P. Babelon, pas d'historiens universitaires ou du CNRS associés au projet, probablement parce qu'ils ne s'y intéressent pas vraiment. Cette tête même si elle est authentique, ne sert pas à grand chose pour la discipline historique, surtout s'il n'y a pas d'ADN exploitable. Bref, beaucoup de bruit pour rien.
Mine de rien, ces histoires d'embaumement sont intéressantes, plus sans doute que l'authentification de la tête. Je rêve d'ailleurs pour ma part une biographie récente, rigoureuse et solide en tout point sur notre Vert Galant national. Sur ce point, il est moins bien servi que Marguerite de Valois ou Marie de Médicis. La revanche du sort? ;-)



Bonne année quand même ! (Et si un mécène passe par là, qu'il n'hésite pas à toquer à la porte...)


Rendez-vous sur Hellocoton !

20/12/2010

Adieu Madame de Romilly !

J'arrive bien tard, après un long voyage, pour l'adieu à Jacqueline de Romilly, dont vous avez probablement entendu parler. P. Assouline en a parlé dans son blog, je vous renvois vers lui qui en parlera infiniment mieux que je ne puis le faire. Une de ces grandes personnalités forgées par des années de travail, imprégnées de leur amour pour les humanités.

Il est encore temps de la lire... Plus encore de respecter son oeuvre en défendant nous aussi l'enseignement du grec et du latin afin de transmettre un patrimoine, une intelligence de la langue et une culture fabuleuse. Pour l'écouter, la voir, ne manquez pas la rediffusion de l'émission Empreintes, sur France 5, demain soir mardi 21 décembre 2010. 

Dans un extrait cité par Audrey Pulvar dans son édito, il y avait ces mots magiques à propos de l'enseignement: 

J’adore ça ! Quand on sent qu’il y a un écho, qu’ils ont compris quelque chose, qu’un regard s’éclaire. Je ne sais pas à qui j’ai transmis ou qui a reçu, mais j’ai tenté d’établir le contact et ce qui me rendait heureuse, c’était le contact (...) Enseigner, transmettre. Transmettre non- seulement le savoir, mais aussi l’amour de la pensée, l’exigence, la curiosité de l’autre, la projection dans demain à partir d’hier, le savoir d’où l’on vient.

 Pour finir, une miette encore, une interview sur le site psychologies.com . Sur Youtube ne manquez pas les vidéos d'interviews de cette grande dame. 

Quant à moi je reviens bientôt, ce sont les vacances et j'en profite autant que possible pour travailler, travailler, oui mais sur la thèse. Et ça c'est vraiment bien.
Rendez-vous sur Hellocoton !

24/11/2010

Les apprentis sorciers ès éducation

Ce gouvernement devrait danser le tango, un pas en avant, deux pas en arrière. C'est devenu une habitude. Faire traîner une sale rumeur, laisser filtrer quelques propositions extrémistes. Mieux, obtenir la caution de quelques personnalités sympathiques, non susceptibles d'"umpmania". Veuillez pardonner ce néologisme. Et puis annoncer une mesure plus modérée pour dédramatiser et montrer la clémence du prince. Sauf que parfois, ça ressemble salement à la politique du hasard, teinté d'un quelque chose de Goethe et de Dukas, le talent en moins et sans maître à la fin pour réparer les dégâts. Dans tous les cas, il y a de quoi être inquiet.

C'est le scénario (qui commence à être usé jusqu'à la corde, peu importe on a changé une partie des apprentis) que l'on vient de nous jouer à propos des notes en primaire. François Fillon l'a finalement assuré, non, les notes à l'école élémentaire ne seront pas supprimées. Dans le rôle des personnalités sympathiques, il y avait Pennac, Rufo, Roccard, Kahn et Cyrulnik. Excusez du peu. Dans le rôle des auteurs de propositions loufoques et Zeus merci, pas écoutés, il y a Camille Bedin. C'est grâce au blog de Natacha Polony et à celui d'un professeur au pays des merveilles (blog je suis en retard) (et je vous assure que l'éducation nationale est VRAIMENT le pays des merveilles, surtout en ce moment), que j'ai découvert le fabuleux blog de Camille Bedin.

Et là j'ai vraiment eu envie de ressortir mon punching-ball pour éviter de penser à une arme plus violente. Parce qu'entendre une demoiselle de 25 ans, qui n'est pas enseignante, déclamer ce qu'il faut faire pour réformer le système scolaire, en mêlant joyeusement vieilles lunes, pratiques aussi anciennes que le(s) mammouth(s) et idées aussi naïves que consternantes, ça me fait dédramatiser mes ennuis de petite (apprentie) chercheuse. En moins d'une seconde. Merci Madamoiselle Bedin.

Je résume: la demoiselle a fait Sciences Po et l'ESSEC et elle est encartée à l'UMP; à 21 ans elle "co-fondé" une association agissant pour les lycéens de ZEP conventionnés avec Sciences Po. Ah oui, j'oubliais, elle a une carte à l'UMP et elle était ces dernières années déléguée nationale des Jeunes populaires à la vie étudiante. Donc elle est devenue secrétaire nationale UMP à l'égalité des chances.

Ses combats:
- "mettre fin au traumatisme du passage du primaire au collège: l'entrée en 6e est souvent traumatisante" Pauv' petits chats. Ça marche aussi pour moi, pour vous, qui avons été de pauvres petits chats. Moi ça m'a rendu malade d'anxiété pendant une soirée, mais une année avant (oui je suis bizarre), après c'était plié, ne restait qu'une hyper fierté.

- "impliquer les parents en leur ouvrant une salle spécifique, en organisant des réunions dans l'année pour leur expliquer ce qui se fait à l'école, comment aider l'enfant à apprendre"... Comme si on ne faisait pas déjà ça. Elle a déjà entendu parler des rencontres parents-prof où l'on ne reçoit quasi jamais que des parents d'élèves sans problème? Elle voit un peu la gueule que ça a une réunion parents-profs, où l'on attend le client jusqu'à 21 heures, soit le père de Joredan et de Marie-Sixtine, qui viennent, ou pas, et quand ils viennent c'est pour faire 1/ des compliments 2/ le dos rond parce que Joredan a expliqué à son daron (à la main lourde) que vous n'étiez pas du genre à rigoler ou 3/ vous apprendre comment faire votre métier, pourquoi pas, ça peut être drôle si c'est un soir où j'ai envie de rigoler, contrairement à ce que dit Joredan, ça m'arrive, surtout quand j'ai, à proximité, une porte où me coincer les doigts. Les parents de Marie-Sixtine, c'est simple, je ne veux pas les voir. Enfin une fois par an, ça suffira largement, la demoiselle étudie bien, RIEN à redire, qu'est-ce que vous voulez que l'on échange à part des compliments? Mais ceux de Jérémie, ouaich, j'aimerais bien. Qu'ils pensent à l'habiller le matin. Parce que le marcel sous la doudoune en plein hiver, non. La trousse détruite à la Toussaint, les insolences de Jérémie, les refus de travailler, les devoirs non faits, j'aimerais bien POUR Jérémie que ça cesse.

- "faire signer aux parents une charte d'engagement sur les droits et devoirs des enfants". Et qu'est-ce que ça va changer, ma brave dame? Rien du tout, face aux parents de Pauline ou de Sulyvan qui vous écrivent sur le carnet de correspondance que leur précieux rejeton "ne ferat pas la punission, il l'a pas mérités".

- "trois rendez-vous annuels entre parents de chaque élève et enseignants". Héhé: si l'on compte entre 100 et 500 collégiens par enseignant, selon la matière, histoire-géo ou arts plastiques, 300 à 1500 rendez-vous par enseignant. Héhé. La bonne blague. Remarquez, tuer les enseignants à la tâche, c'est un moyen comme un autre de faire des économies. Et le premier qui vient dire que durant les premières années, la préparation de 18 heures de cours n'est pas un job à temps plein, je le mets au défi de les faire et bien faire les 18 heures. C'est faisable, mais c'est déjà un temps plein. Alors si Mademoiselle la secrétaire nationale pouvait compter comment ses propositions se traduiront sur le terrain, ça nous ferait gagner du temps.

- utiliser les espaces numériques de travail (ENT dans le jargon éducationationalesque) pour communiquer avec les parents. Ben voyons. Et tant pis pour ceux qui n'ont pas encore internet (les pauvres nuls hein?)

- apprendre aux enseignants à " gérer une relation avec des parents" parce que cela ne s'improvise pas: "ne pas parler de l'enfant en public, avoir un vocabulaire adapté, choisir un lieu approprié, gérer le conflit, rester modeste et relativiser ses propres savoirs". Alors là, dites-moi que c'est un gag. Dites-le moi, je vous en supplie. Non mais elle croit quoi?! Que l'on revêt spécialement notre blouse grise et que l'on se compose un air méprisant? Gérer le conflit, c'est apprendre la boxe thaï? Quelques notions d'arts martiaux pour parer les coups sans les rendre?

- « Interdire le redoublement en CP », « Je suis contre le redoublement en général. Le fait de vouloir l'interdire en CP est symbolique, car je considère qu'un enfant de six ans n'est pas responsable de son échec. Ce n'est pas de sa faute, le problème vient soit de l'accompagnement des parents, soit de la pédagogie », avance-t-elle. Que ça ne soit pas de la faute de l'élève soit. Mais faut-il le pénaliser en passant par dessus l'apprentissage et la maîtrise de la lecture et de l'écriture? Ce qui va le rendre incapable de suivre et le mettre à l'écart? Où est le traumatisme dans cette affaire?!

- « en finir avec la dictature des notes ». Pauvres petits chats (bis). Là c'est un morceau de choix, je vais y revenir.

- et enfin « Aux États-Unis, dès le plus jeune âge, les enfants participent à des concours lancés par de grandes entreprises, afin d'imaginer un nouveau logo, ou un nouveau slogan. On pourrait très bien envisager une entreprise telle que Danone organiser le même type de concours auprès de jeunes de CM2 ou de 6e. Cela permettrait d'encourager l'esprit d'initiative des élèves, leur créativité, mais aussi le travail en équipe ».
J'ai fait ça, il y a plus de quinze ans, quand j'étais élève au collège, mais c'était pour faire une affiche incitant à apprendre le latin. Sic transit gloria mundi comme disent les jésuites. Maintenant, c'est Danone qui est valorisé à l'école.  Intéressant, non? Loin de moi l'idée de cracher sur les entreprises, je serais très très mal placée pour faire cela, mais euh... est-ce la seule façon de développer la créativité des mômes? L'entreprise cotée en bourse est donc la seule forme d'entreprise valable?

Heureusement, pour sa défense, il n'y a pas que des âneries. 

- « rendre la maternelle obligatoire dès trois ans », Rendre obligatoire, au nom de quoi? Quand les parents sont manifestement incapables d'élever leur progéniture, c'est ça? Pourquoi pas les envoyer directement au pensionnat à 3 ans... La seule chose sensée dans ce galimatias est la proposition d'une « meilleure adaptation des modes de gardes ». C'est une nécessité à peu près aussi neuve que la découverte de la Lune, mais au moins ce n'est pas une bêtise.

Les notes.

Une petite anecdote personnelle: j'ai échoué à apprendre à lire lors de mon année de CP (la méthode était globale, hasard, pas hasard, sais pas). Ma mère s'est inquiété en mars que je ne sache pas lire, même pas un début, elle commence un échange de courriers avec l'institutrice, bref celle-ci pensait que j'étais légèrement sourde ( Shocked ) et ça s'est fini avec un changement d'école en mai, avec engagement pris avec l'enseignante, que ma mère me ferait rattraper mon retard pendant l'été pour que j'intègre le CE1. Bon, il se trouve qu'en CE1 je m'impatientais parce que tous mes petits camarades ne lisaient pas avec aisance.
Ce qu'il m'en est resté, et sans qu'il soit question de notes, c'est la douleur d'un échec, alors qu'il avait été corrigé. Je n'avais pas su apprendre comme les autres, sur un truc basique comme la lecture. Avec le temps, une vingtaine d'années plus tard, des succès à l'université, j'ai réussi à tourner la page (même si là, tout au fond, il y a une saloperie de toute petite petite petite voix qui me dit quand je n'arrive pas à quelque chose, "c'est normal, tu n'aurais jamais dû réussir... ta réussite c'était une erreur!").
Protéger les enfants de la douleur d'un échec sur l'apprentissage élémentaire, évidemment, mais la solution de la suppression de notes me semble ridiculement inadaptée. Faire en sorte que tous les mômes sachent lire à la sortie du CP et lisent aisément à la fin du CE1, en mettant le paquet (en nombre d'enseignants, en rattrapages dès le premier flottement) coûterait tellement moins cher que d'essayer de recoller les pots cassés en collège, en lycée voire plus tard... Cela éviterait bien des traumatismes ou souffrances immédiats et ultérieurs...

Cela éviterait de voir arriver à l'université des élèves gentils, mais... "capable de rédiger des commentaire ou je préféres pas compté le  nombre de faute parce que j'irai me pandre sur le chant. Peut-être chère Mademoiselle Bedin, qu'il y a d'autre priorité que d'écouté les plintes des éléve qui ne son pas toujour les mieux placer pour dire ce qui va pas dans leur formassion".  [sans rire c'est le type et le nombre de fautes par phrase que l'on trouve dans... 10 à 20 % des copies d'étudiants]. J'arrête parce que les fautes, ça va cinq minutes, surtout dans une copie de bachelier, ça me rend malade. Je vieux bien que l'élève soit tout sauf accessoire, (sans le mettre au centre de tout comme certains pédagogues nous l'ont répété) je ne suis pas folle merci. Mais peut-être, peut-être, que pour changer, on pourrait écouter, juste de temps en temps ce que les professeurs ont à dire. Et pas besoin d'aller loin. Il suffit, Mademoiselle Bedin, de passer un mois d'observation en classes élémentaires. Vous apprendrez énormément. Mieux. Devenez enseignante. Je vous assure que tant que l'on n'est pas passé de l'autre côté du bureau, on n'a pas idée de ce que c'est que ce métier. Même quand on en rêvait depuis l'enfance. 

Les enfants paieront, pas les décideurs. Ce n'est donc pas grave. Quoi, ces décideurs veulent défendre l'enfance? Laissez-la tranquille, elle est malheureuse mais moins qu'entre vos pattes de réformateurs aveugles.
Rendez-vous sur Hellocoton !

20/11/2010

L'abus de colloque

Je le savais que je n'allais pas pouvoir, je le savais! Quoi? ...me remettre à la thèse, cette semaine! 
J'avais juste négligé une correction à préparer, un tas de trente dissertations à corriger en quarante-huit heures, un cours à termin non continuer, des cours supplémentaires à donner, bref... Ah et un colloque à ne pas rater (enfin, ce qu'il en restait, vu qu'il commençait mercredi, en pleine semaine de cours) ce qui fait que j'en ratais un autre (toutes façons pas à Paris et pas de sous pour y aller), une inscription à terminer, une AG d'association d'historiens, tout ça, plus les nécessités ordinaires d'une vie bassement matérielle où il n'y a ni employé de ménage ni cuisinier. 

Il n'y a pas à dire...





Promis, je reviens, si j'ai du temps demain, je taille un costume à une secrétaire nationale machinchose, festonné de copies d'élèves.


(ça sert, d'apprendre à manipuler des outils de retouche graphique pour faire de bôôô schémas cartographiques juste pour la thèse ?! Je suis mûre pour l'affiche de colloque, moi...)





Rendez-vous sur Hellocoton !

13/11/2010

Le lecteur, voilà l'ennemi!

Je suis revenue récemment de la BnF, celle de Richelieu, particulièrement agacée. Après avoir ri, pour ne pas me fâcher. Comme les marins qui parlaient tout au plus du cousin du lièvre et non du lapin, je préfère ne pas dire que j'étais sur le point d'exploser de rage, pour ne pas me laisser aller à la fureur. Il n'empêche que.

Quand autant de conservateurs se montrent attentifs à faciliter les conditions de travail des lecteurs, il en faut encore pour vous sortir que "surtout, vous faites vite vos photos, hein, déjà que ça ne fait pas de bien aux manuscrits". Quand le cliché est pris sans aucun flash, sans tordre le document, quand la photographie diminue le temps d'exposition à la lumière du jour, qui seule, pourrait, à ma connaissance, abîmer l'archive, j'aimerais bien que quelqu'un m'explique l'origine de cette idée persistante chez certains conservateurs ou archivistes, ça m'arrangerait. Je me coucherai moins bête.

Une fois encore, j'aime bien la BnF Richelieu. Mais mauvaise pioche, autant la salle de consultation actuelle (provisoire) est très bien conçue avec, enfin! des sièges confortables, qui se glissent sous les tables, ce qui permet de reposer le dos pendant les longues heures de lecture, autant la nouvelle politique de communication est exaspérante. 

J'ai commandé il y a quelques semaines un document étudié partiellement l'an passé, pendant plusieurs semaines, vu la taille de la bestiole. Au moment de le faire mettre de côté, le pauvre magasinier me signale que je ne peux le mettre de côté qu'une journée, et uniquement le lendemain. La consultation est bornée à deux jours consécutifs. Au delà il faut redemander une autorisation de consultation. Alors que la présidente de salle tiquait en me voyant prendre (avec son autorisation pourtant) les clichés des vingt pages autorisées. 

J'aimerais bien que l'on m'explique comment l'on va pouvoir continuer à étudier des registres de six cents pages, si l'on ne peut prendre plus d'une vingtaine de photographies pour l'étudier en le manipulant le moins possible, ou si l'on doit tous les deux jours attendre une nouvelle autorisation de consultation? Au passage, quand on est enseignant, nos journées consacrées aux manuscrits sont fractionnées par les journées de cours. Donc cette affaire de "journées consécutives" devient ahurissante, totalement déconnectée de la réalité des conditions de travail des enseignants chercheurs. Comme je n'ai pas l'intention de me confronter à ce problème dans l'immédiat, je ne vais pas prendre le problème de la consultation de ce registre à bras le corps, là, tout de suite, maintenant. Sur le site de Tolbiac, c'est pire encore, pas moyen de "mettre de côté un document" fragile ou précieux dont on a obtenu la consultation. On se retrouve dans l'obligation de consulter des document de quatre ou cinq cents pages en une journée, à moins de disposer d'un appareil photo pour le mitrailler, si le conservateur n'y est pas opposé, pour les mêmes raisons mystérieuses que celles indiquées plus haut. Il y a de quoi s'inquiéter. 

Rajoutons, pour faire bonne mesure, que depuis le transfert dans la nouvelle salle, à Richelieu, il n'y a plus que quatre "levées" par heure, soit quatre créneaux pour obtenir des commandes de documents. 

Il me semble loin le temps où les consultations à Richelieu étaient plus aisées qu'aux Archives nationales... Ces dernières avec leurs grèves récurrentes et leur fermeture obstinée à 16h45 me semblent un havre de paix pour chercheurs...
Rendez-vous sur Hellocoton !