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Une envie de livres ?

03/02/2009

Confusion

Anarchie, bordel, brouillamini, cafouillage, débandade, désordre, embrouillamini, fouillis, gâchis, indétermination. Voici quelques synonymes pour définir la situation des universités aujourd'hui mardi.



D'abord parce qu'il paraît qu'il y a grève. Enfin c'est ce qui est marqué dans les journaux (pour autant que l'on ait le temps de les lire). Peut-être était-ce dit ce matin à la radio, mais à 6h00, avant d'aller attraper mon train, j'ai du mal à me concentrer sur la voix dans le poste. En tout cas, une partie des collègues faisait grève aujourd'hui. Ah bon. Pas eu le temps d'aller aux nombreuses réunions d'informations (dont j'ai appris l'existence après coup pour la plupart).



Donc chacun est dans son coin et fait sa grévounette. Pas de mail pour avertir les collègues. Bon. Et prendre le train ces derniers jours, quatre heures de transport pour une heure ou deux de réunion pour discuter de la grève... Rien sur le site de l'université. Bon.



Alors en vrac voici la liste des sujets de plainte :

- les salaires trop faibles des enseignants chercheurs (quel est le rapport avec la choucroute de la réforme? Chais pas). Vu qu'être enseignant-chercheur est déjà une chance incroyable pour moi, je sais que c'est la contrepartie, et ça ne me dérange pas.

- la mastérisation des concours. En fait là-dedans il y a deux pans : les deux années après la licence passées jusqu'ici à préparer le concours ( un an) et à faire son stage de validation en combinant stages à l'IUFM et premiers cours en collège ou lycée (un quart temps dans mon souvenir), doivent devenir une année de préparation au concours (là ça ne change pas) puis une année de cours en collège ou lycée (à plein temps? Je ne saurais vous le jurer, un mal de chien à trouver les bonnes informations, une fois écartées les rumeurs et on-dit). Même réorganisation pour les professeurs du primaire.

Et puis un deuxième pan, variable selon les disciplines mais voici ce qui se passerait en istouarrgéo: une réforme des concours (CAPES et Agrég). Il s'agirait de garder le système actuel pour les candidats à l'agrégation (quatre questions d'histoire sur des problèmes récemments revus par l'historiographie et trois questions de géographie) et pour les candidats au CAPES un programme fondé sur celui des élèves du collège et du lycée (en gros l'Antiquité, et l'histoire de l'Europe du Moyen-Âge à nos jours avec les défauts pointés dans un précédent billet entre autres).

J'aurai l'occasion de revenir sur ces points. Là je liste les revendications et ce n'est déjà pas simple.


Dans le cas de la formation des enseignants du primaire, étant donné qu'elle doit désormais être assurée par les universités (avant c'était le rôle de l'IUFM) les universités ont été priées de préparer des plaquettes répartissant les enseignements préparant les candidats au concours, en gros entre histoire, maths, sport, etc et en vitesse s'il vous plaît (on a un gouvernement qui n'aime pas la lenteur, je ne vous apprends rien).

- la crainte que la mastérisation détourne les étudiants de la recherche. S'il faut s'engager vers un Master pro (deux ans après la licence donc) "enseignement", c'est dit-on autant d'étudiants qui ne feront pas de Master pro Recherche. J'y reviendrai, parce que ça, je peux attester que ça ne tient pas la route.

- la réorganisation du CNRS, le refus de suventions à de multiples petits projets de recherche.

- la loi dite LRU loi sur la liberté et la responsabilité (qui implique l'autonomie financière) des universités dite loi Précresse.

Et surtout surtout deux points :

- la modulation de service des enseignants-chercheurs: en gros nous sommes obligés à 192h d'enseignement en équivalent TD par semestre, ce qui "vaut" 128h de cours magistraux. La réforme prévoit que, si un enseignant (disons... Alphonse) désire une année consacrer plus de temps à la recherche, et donc enseigner moins, un collègue (disons Bernard) prendra les cours et td qu'Alphonse n'assurera pas. Ou alors, parce qu'un enseignant (Bernadette) n'en fiche pas une en matière de recherche, on lui donne des tâches d'enseignement plus qu'aux autres, ce qui permet à ses collègues de se décharger d'autant d'heures qu'ils pourront passer sur la recherche.

Il faut avouer que dans le supérieur, côté prof j'entends, on n'a pas la culture de la grève. C'est rarissime que les profs se fâchent.

- le fait que l'évolution de la carrière des enseignants-chercheurs (leur nomination, leur évaluation pour progresser dans la carrière) dépende de la présidence de chaque université et plus du CNU (Conseil national des Universités). Là c'est la crainte du clientélisme qui convinct beaucoup de professeurs paisibles d'ordinaire à sortir sur la place publique.

Puis, s'y rajoutent des craintes : que les petites universités soient transformées en collèges universitaires, où la part de la recherche est incertaine.

Bon pour le texte de loi il est là (blog d'un juriste), je l'ai enfin trouvé...
Et ça, c'est pour rire, les réactions du "peuple" comme dit l'auteur du blog, à propos de cette réforme (décontraction des zygomatiques garantie)


Là j'ai... encore des copies, et la fainéante que je suis doit encore préparer un TD, donc je m'arrête là pour l'instant.

Cette grève aura peut-être au moins un point positif: faire parler ensemble des enseignants de disciplines qui d'ordinaire ne se parlent pas. Ou alors sèchement. Comme le jour où je me suis fait virer d'un amphi (situé dans un bâtiment de juristes) où je faisais cours, par un juriste. Quelle idée de faire cours "chez" les juristes aussi. Problème d'emploi du temps, de salles, monsieur était habitué à SA salle à CETTE heure-là. Riez, mais sur le moment, j'ai été obligée de ranger mon cours et de plier bagages avec mes quatre-vingts étudiants derrière moi... Mon honneur en a pris un coup. Mais depuis le manque de courtoisie de ce prof m'a fait rire. Non non non je ne donnerai pas de nom. D'abord je ne le connais pas.

Demain je vous raconterai le lien qu'il y a peut-être entre la panne d'une photocopieuse, la grève du supérieur et le PIB.
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