Rembrandt, La leçon d'anatomie, 1632, Huile sur toile, 169 x 216, Het Mauritshuis.
En ce début de février 1630, le procureur du roi a un petit souci. Il lui faut prendre une décision, et ce n'est pas, croyez-moi, chose facile. L'affaire est fâcheuse, réellement fâcheuse. Cela dure depuis longtemps, des décennies même. Régulièrement il faut sévir. Mais avec les dernières règlementations exigeant des candidats chirurgiens une connaissance précise des corps, il fallait s'attendre à ce que les problèmes amplifient!
La peste soit de ces écoliers en médecine! Il faut déjà compter avec les désordres ordinaires que créent les mendiants, les vagabonds, la valetaille - ah ces petits valets, ces pages insolents, qui se gaussent des bourgeoises en allant leur chercher niches sous leurs jupons! Vermine!
Mais là, c'en est trop, ces gredins viennent maintenant en aide aux apprentis médecins, et pourquoi, me direz-vous? L'affaire est très simple: les étudiants en médecine, et particulièrement les compagnons apprentis chirurgiens s'emparent avec l'aide de laquais et autres gueux, des corps des condamnés, nuitamment, alors que ceux-ci ont à peine rendu leur dernier souffle. Les pages et laquais qui rendent ces coups de main sont rémunérés et s'évanouissent dans la nature jusqu'au prochain coup. Les corps, quant à eux, sont ramenés au logis de nos étudiants, voire vendus aux chirurgiens eux-mêmes, désireux de s'exercer pour garder la main, et disséqués en toute tranquilité, au mépris des lettres patentes du roi, et autres arrêts de la cour. La peste de ces étudiants! La peste!
Du vendredi 1er février 1630.
Sur la plainte faite à la Cour par le procureur général du roy, les voyes de fait, meurtres et violences qui se commettent par les escoliers etudiant en médecine et compaignons chirurgiens qui pour avoir les corps de ceux qui sont executez, attirent des vagabonds, pages et laquais, et les emportent par force, violant l'authorité du roy et le respect deub à la Justice, la matière mise en délibération et tout considéré
La Cour conformément à l'arrest donné en l'an 1615 a faict et faict inhibitions et deffences au lieutenant criminel de robe courte prevost de L'Isle et tous autres juges, mesme à l'executeur de la haute Justice et ses valets de deslivrer aucun corps mort aux barbiers et chirurgiens pour faire anatomies et dissections, sinon que la requeste soit signée du doyen de la faculté de medecine et scellé du sceau de lad. faculté, et toutes personnes mesmes aux escoliers estudians en medecine et aspirant à la maitrise de chirurgiens, d'aller en troupe pour les enlever, sur les peines portées par les arrests, mesme lesd. escoliers et aspirans privez de pouvoir parvenir à lad. maitrise, et a tous les chirurgiens de les y recevoir et d'assister à la dissection desd. corps enlevez par force, à peine des privation de leurs offices, Maistrises, et enjoint aux chirurgiens jurez de faire fermer les Boutiques de ceux qui contreviendront au present arrest, à peine d'en respondre en leurs propres et privez noms, et qu'à la requeste du procureur général il sera informé de la contravention au présent arrest qui sera leu publié et affiché a ce qu'on n'en prétende cause d'ignorance.
BnF, NAF 9804, fol. 88
À propos de la leçon d'anatomie de Rembrandt, j'ai trouvé par hasard cet article, assez fabuleux à première lecture... (site du journal français de l'orthopédie)
Une envie de livres ?
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