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Une envie de livres ?

06/03/2010


- Jacques Marseille est décédé. La surprise a été grande, je ne le connaissais que de nom, de réputation. J'amais bien ses interventions vigoureuses, Jacques Marseille dans une émission, était synonyme de "forcément intéressant". Ses ouvrages méritent lecture, aussi, si en librairie vous en voyez-un, feuilletez-le, achetez-le, ses analyses étaient plutôt accessibles, même très accessibles, et du genre qui font réfléchir.
Adieu, Monsieur Marseille...



"Agrégé d'histoire, Jacques Marseille publie en 1984 sa thèse de doctorat sous le titre 'Empire colonial et capitalisme français'. Croisant l'histoire et l'économie selon une pratique qui lui deviendra vite familière, il est l'un des premiers à réfuter l'idée selon laquelle la soif de richesse serait à l'origine des conquêtes coloniales du siècle dernier, et affirme même que la colonisation a entravé le développement économique de la France plutôt qu'elle ne l'a favorisé. Suite à sa thèse, Jacques Marseille hérite à la Sorbonne de la chaire d'Histoire économique et sociale fondée par Marc Bloch au début du siècle. Chroniqueur au magazine L''Expansion, puis Les Echos, directeur de collection chez Nathan, il écrit également des contes pour les enfants. En 1992, il se fait connaître du public avec un essai intitulé 'Lettre ouverte aux Français qui s'usent en travaillant et qui pourraient s'enrichir en dormant', puis l'année suivante avec 'C' est beau la France. Pour en finir avec le masochisme français'. Suivent notamment une "Nouvelle histoire de France", "Le Grand gaspillage" et "la guerre des deux France". En mars 2010, celui qui était devenu un collaborateur régulier du Point s'éteint à Paris et laisse derrière lui le souvenir d'un homme engagé pour ses thèses économiques libérales." (biographie Evène)




- Les Saventuriers de Fabienne Chauvière s'intéressaient aujourd'hui, sur ma radio préférée, au parcours d'un historien, spécialiste de l'histoire de l'Église au Moyen Âge, Dominique Iona-Prat :

De la Bibliothèque de l'Arsenal à l'Hotel de Cluny, notre brillant guide médiéviste nous amène sur les chemins des abbayes et des églises du Moyen Age.

Un regard d'historien sur la place de l'église dans le paysage occidental en prise direct avec notre société actuel et ses incompréhensions religieuses.

Un voyage médiéval à bord de la machine à expliquer notre temps...



à écouter ici sur France Inter, c'est savoureux...



- découvert en recherchant des infos sur les pubs du net qui sentent la supercherie à plein nez (histore de savoir ce qui s'en dit, et rire un peu) j'ai trouvé ce site : compubmarket.com, ça m'a l'air très bien fait. Comment démonter une pub en quelques lignes. Ça décape, ça fait rire, et ça fait du bien. Mauvais point, je n'aime pas manquer d'information sur les auteurs ou l'auteur du site (quel métier, privé, pro, comment l'idée du site est née). Si on leur demande gentiment, ils vont peut-être répondre...
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27/02/2010

En vrac (1)

- Tendresse. Entre deux monstres sacrés de l'histoire : Fernand Braudel, à propos de Lucien Febvre (annales 1957, vol. 12, num. 2) "Je garde le souvenir d'une brusque querelle entre nous, au sujet de Montaigne, le Montaigne du Voyage d'Italie: il en parlait comme il eut parlé d'un de nos amis communs..."

- Curiosité. Dans les émissions grand public sur un sujet historique, quand un historien manipule des archives, c'est toujours avec des gants blancs. Rigolo, non? Je n'en ai quasi jamais vu en salle d'archives. Mais à la télévision, pour des archives précieuses ou pas, ça ne rate pas.

- Droguée. Mais des archives. Ça, c'est moi en ce moment. Et je n'arrive pas à décrocher. Je sais bien que je dois rédiger. Oui mais voilà, pas moyen de me sevrer. Je vais finir par croire que les archives me rassurent et que j'ai la trouille de me lancer enfin, pour de bon, pour de vrai dans la rédaction. Ça fait psycho de comptoir, mais je vois bien cet argument se révéler valable. D'abord, j'ai Pierre Goubert pour moi "Celui qui ne trouve pas dans les archives son suc et sa source de vie n'est qu'un amateur ou un frimeur". Ne vous fâchez pas, ce maître ne parlait que des historiens.

- Rigolo (bis). Le directeur de notre école doctorale (lettres et sciences humaines) rappelle que nous devons valider le TOEIC pour notre thèse. Le TOEIC est un test d'aptitude en langue anglaise, son frère est le TOEFL.
Sauf que le TOEIC s'adresse plutôt à ceux qui veulent travailler dans le monde de l'entreprise. Je lui dis que le TOEIC moi, je m'en bats l'oeil avec une patte de merlan ? Et qu'à choisir je préférerais largement le TOEFL ? Et aussi, que promis, juré, je relève mon niveau en anglais dès la thèse soutenue, parce que je complexe gravement de mon piètre niveau en anglais, mais là, comment dire ? J'ai comme qui dirait largement d'autres plats sur le feu...
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26/02/2010

Dans la bibliothèque de Pierre Rosanvallon


Écoutez sur France Inter, dans Esprit critique, de Guillaume Erner, Pierre Rosanvallon parler de sa bibliothèque : un régal, réjouissant, amoureux... Il explique la façon dont les historiens utilisent les livres. J'ai souri en l'écoutant dire qu'il était bibliophile, non pas pour les belles reliures de cuir et les tranches dorées, mais pour leur contenu...
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19/02/2010

Née en France

Louisa, née dans l'Arriège, à Foix, en 1954, n'a plus aujourd'hui de papiers d'identité française. Née en France, on lui refuse le renouvellement de sa carte d'identité. C'est à pleurer. Écoutez, c'est sur France Inter, dans "Nous autres" de Zoé Varier. Je n'ai jamais manifesté, mais là, je me sens d'humeur à descendre dans la rue, crier ma colère...



Tout a commencé le 24 décembre 2008, quand Louisa a déposé les dossiers de renouvellement des passeports de sa famille : celui de son mari, ceux de ses deux enfants et le sien. Un mois plus tard la mairie de sa commune lui a téléphoné pour lui signifier que sa demande de renouvellement de passeport était rejetée, motif: « nationalité française à justifier ».

Comment se l'expliquer alors que pendant plus de 35 ans, Louisa a fait renouveler ses cartes d'identités et ses passeports sans difficulté?

Ce jour là, la vie de Louisa a basculé et depuis plus d'un an maintenant elle se débat pour essayer de prouver qu'elle est bien française. Ni ses cartes d'identité, ni son passeport ne justifient sa nationalité. Absurde mais vrai. C'est ce qu'on lui a dit. Alors comment le prouver?

Louisa n'est pas en mesure de présenter le certificat de nationalité française qu'on lui demande. Pourquoi? Bêtement parce que l'administration française ne lui a jamais remis. Alors comment le prouver?

Louisa est née en France, dans un petit village de l'Ariège, elle vit depuis 56 ans sur le territoire français, que faut-il de plus?

Depuis un an, Louisa reprend le cours de sa vie, ses parents originaires de Kabylie, main d'oeuvre bon marché de l'usine Pechiney, son enfance Péchiney, l'école de la république, la médaille de la famille de sa mère, la médaille du travail de son père, ses bulletins scolaires, le français obligatoire à la maison, chaque souvenirs, chaque détails fait sens. Louisa s'y accroche.

Elle se revoit en cachette de son père, à sa majorité en 1974, aller demander la nationalité française au tribunal de grande Instance de Foix, elle se souvient d'avoir a signé un registre, dont personne aujourd'hui ne retrouve plus la trace, et on voudrait lui faire croire qu'elle n'a jamais fait ce choix? Le choix d'être française? Ou serait-elle une française de deuxième de catégorie?

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12/02/2010

Entre Badinter et Massoud


Grebber, Mère et enfant, vers 1622.
Rubens, Hélène Fourment et ses enfants, vers 1636.
Hals, Catharina Hooft et sa nourrice, vers 1619.
Metsu, L'enfant malade, vers 1660.
Retrouvez ces images sur la web gallery of art, http://www.wga.hu/

- Journée Élisabeth Badinter sur Inter, journée de colère...
Ce n'est pas la première fois que j'éprouve quelque chose entre exaspération et franche colère à l'écouter. D'abord, je ne comprends pas l'admiration qu'elle suscite. Parfois, j'ai l'impression que cette admiration est une question de génération. Pourtant, obtenir le droit de faire des études supérieures a été dans mon cas une bataille. Continuer à travailler après son mariage, envisager de continuer à travailler avec des enfants, ce n'est pas du tout le schéma des femmes de ma famille. Partager les tâches entre conjoints, de la serpillère au biberon, n'est pas un fait acquis dans ce même entourage. J'ai personnellement bien l'intention de continuer à partager mes serpillères, et quand le jour viendra, les biberons. Donc s'affranchir d'un certain mode de répartition des tâches entre hommes et femmes, je connais. Mais j'ai du mal à adhérer à la vision du monde d'É. Badinter, cette lutte contre l'oppression... Bref.
J'ai surtout écouté la vidéo de mai 1980, où B. Pivot recevait É. Badinter pour évoquer son livre l'amour en plus (à regarder sur le site de l'Ina, ici) que France Inter permettait d'écouter hier sur son site. J'ai donc écouté avec grand intérêt cet extrait. Et les propos d'É. Badinter sur l'histoire de l'amour maternel m'ont exaspéré au dernier degré... Dans le 19-20, É. Badinter a confirmé ce que je craignais, à savoir qu'elle n'a pas changé d'opinion sur le sujet depuis son ouvrage publié il y a trente ans, "L'amour en plus". Ce qui m'a mis en rogne, c'est que dans ces propos É. Badinter ne respecte absolument pas la méthode de l'historien, qui est de chercher à comprendre, plutôt que de juger. Et là, elle dégaine un jugement, bricolé sur une étude insuffisante des sources. Elle confond allègrement histoire du sentiment maternel et histoire de l'expression du sentiment maternel. Quel mauvais procès intenté à ces pauvres femmes du XVIIe siècle ! On a dit (les historiens) beaucoup de bêtises sur le sujet, qui depuis ont été corrigées: c'est un peu le cas de François Lebrun, qui a présenté heureusement une version corrigée de cette histoire du sentiment maternel, dans un numéro de la revue gand public "L'histoire", en 2002.

Dans le sentiment maternel, il y a l'inné (plus ou moins inné d'ailleurs, disons la part du physiologique, la réaction hormonale qui peut ne pas se produire d'ailleurs, ce qui fait souffrir quelquefois les femmes qui le subissent, en n'éprouvant rien après l'accouchement, pour cet petit être vagissant) et il y a le culturel, acquis. Celui-ci est extrêmement complexe. Envoyer un enfant en nourrice, ce peut être pour le protéger de la ville et de ses miasmes, c'est choisir une nourrice saine et forte. Ce n'est pas négliger un enfant. Prenons le cas d'une femme de l'aristocratie, et même mieux d'une reine. Marie de Médicis (cette si mauvaise mère! en apparence) suit très attentivement le choix de la nourrice, s'en mêle, au grand déplaisir d'Henri IV. Il faut qu'elle soit "propre", de bonne famille, de bonnes moeurs, ce qui est essentiel selon les critères (d'hygiène notamment) du XVIIe siècle.
Jean-François Dubost dans sa récente biographie de Marie de Médicis a fait une synthèse très convaincante et sensible du cas de l'amour maternel au XVIIe siècle, en particulier à travers le problème "Marie de Médicis" (compte tenu de ses mauvaises relations ultérieures avec Louis XIII) (Marie de Médicis, la reine dévoilée, Paris, Payot, 2009, p. 146-151) qui se conclue ainsi "si son époque n'affectionne guère les accès de sensiblerie, elle n'étouffe pas tout sentiment à l'égard des enfants, pas plus chez la reine que chez les autres" (je vous recommande d'ailleurs cette biographie, vivement saluée par la critique).

>>> numéro du magazine L'Histoire (à rechercher dans le catalogue de votre bibliothèque municipale), numéro 262, de février 2002.
>>> Jean-François Dubost, Marie de Médicis, la reine dévoilée, Paris, Payot, 2009
>>> Ph. Ariès et G. Duby, Histoire de la vie privée, rééd. Le Seuil, "Points", 1999
>>> E. Becchi et D. Julia (dir.), Hisoire de l'enfance en Occident, 2 vol., Le Seuil, 1998.
>>> F. Lebrun, La vie conjugale sous l'Ancien Régime, A. Colin, (1975) 1998.


- Rien à voir. Je ne sais pas comment Daniel Mermet (émission Là-bas si j'y suis, France Inter) trouve ses sujets, mais celui du jour du l'Afghanistan déchire grave (eh ouais...!). Invitée, Malalaï Joya, auteur d'une autobiographie qui raconte notamment sa lutte contre les seigneurs de la guerre.
Le mythe de Massoud est au passage, sérieusement entamé. J'ignore où se situe la vérité, mais éviter le mythe est toujours une bonne chose. Avoir le regard des Afghans sur Massoud est forcément intéressant. En résumé, un peu pourri aussi, responsable de massacres, allié aux seigneurs de la guerre...
>>> Malalaï Joya, Au nom de mon peuple, une femme afghane contre les seigneurs de la guerre, Paris, presses de la cité, 2010.
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17/01/2010

Assez !


Je reviens d'une longue hibernation, pour cause d'agacement.


Vous me voyez bien désolée de mon absence, hélas, comme le chantait Brel, la vie ne fait pas de cadeaux (la chanson continue sur "... que c'est triste Orly le dimanche! Avec ou sans Bécaud !" bref, passons!) et en ce moment, je suis un peu comme au creux de la vague. 2010 commence bien, il n'y a pas à dire...

Ordoncques, je suis agacée. Parce que re-voilà l'interminable polémique sur les silences de Pie XII, ressortie à loisir par quelques journaux. C'est le genre de sujet qui est parfait pour vendre du papier. Surtout quand on y entretient l'ambiguïté, ce qui permettra de revendre du papier sur le même sujet dans quelques années. Ne tuons pas la poule aux oeufs d'or, surtout. C'est une méthode favorite du journalisme à la petite semaine. Pas du vrai journalisme, non, des minables seulement (vu que je me suis fait offrir à Noël un ouvrage écrit à quatre mains par deux grands journalistes, je ne vais pas trainer dans la boue cette profession. Enfin pas tous les membres). Mais ce sont les plus minables qui gueulent le plus fort, sans doute pour cacher leur insuffisance.

Alors la difficulté de la réponse que l'on peut y apporter, c'est que là encore, les historiens (les vrais) ne vont pas vous apporter une réponse, façon pack déjà emballé, prête à être ressortie en deux mots "Mais non il est innocent j'vous dis !" "'Mais non c'est un criminel, j'vous dis!".

Dans ce problème se surajoutent les facteurs favorables aux polémiques. Et ce sont plutôt ces facteurs en soi qui m'intéressent, parce que c'est souvent la même complexité, la même multiplicité des causes qui font les mêmes genres de recettes pour aboutir aux mêmes polémiques.

Dans cette "affaire" se mêlent :
- la difficulté d'expliquer (ou comprendre) plutôt que juger,
- le caractère propre, le passé, l'expérience, mieux, de Pie XII, diplomate avant d'être pape
- l'écho d'une pièce qui a fondé la légende noire du silence de Pie XII (Le Vicaire, dont le scénario a inspiré le film de Costa-Gavras, 2002),
- le regard et la position des Israélites sur la Shoah,
- les tensions entre défenseurs acharnés, souvent catholiques, et accusateurs tout aussi acharnés,
- les déclarations des uns et des autres selon les circonstances politiques (citations de Golda Meir ou d'Elio Toaff, grand-rabbin de Rome de 1951 à 2000, ou d'autres encore) ou les amitiés, pas toujours vérifiées
- l'ouverture lente de la totalité des archives (Les archives correspondant à l'ensemble du pontificat de Pie XI, c'est-à-dire, jusqu'en 1939, ont été rendues accessibles en 2006. Celles correspondant au pontificat de Pie XII, représentant environ 16 millions de feuillets, ne pourraient l'être que vers 2014-2015)
- des travaux d'historiens, méconnus du public
- le besoin d'entretenir le flou, pour vendre du papier encore et toujours, ou faire des entrées au cinéma ou au théâtre

Pour le reste, toute la difficulté du sujet et la démarche de l'historien sont parfaitement expliqués par Giovanni Miccoli, titulaire d’une chaire d’Histoire de l’Église à la faculté des lettres de l’Université de Trieste, spécialiste du débat autour du rôle de Pie XII et de l’Église catholique durant la Seconde Guerre mondiale :

"Le débat sur l’attitude de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale face à la persécution et à l’extermination des Juifs connaît de temps à autre des retours de flamme. Depuis des décennies, défenseurs et accusateurs du pape se mesurent dans un combat acharné dont les termes, d’un côté comme de l’autre, restent cependant généralement les mêmes. On assiste ainsi, en quelque sorte, à des procès parallèles récurrents, qui aboutissent chaque fois à deux sentences opposées : à l’« absolution » des uns correspond immanquablement la « condamnation » des autres.

Le livre, dont nous présentons ici la traduction française, n’a jamais eu l’intention de s’inscrire dans cette polémique en ajoutant un énième maillon à une chaîne déjà longue. Son ambition est autre ; il ne souhaite ni jouer les médiateurs entre les différents adversaires, ni - que cela soit clair - proposer une voie intermédiaire entre les diverses argumentations et conclusions, ni non plus se poser en juge ou en observateur pondéré et dépassionné face aux thèses en présence. Question d’histoire, c’est en historien qu’il faut avant tout examiner le rapport de Pie XII au nazisme et à ses crimes. Le problème n’est donc pas d’établir ce que le pape aurait dû faire et n’a pas fait, ou de soutenir qu’il a fait ce qu’il devait parce qu’il ne pouvait faire autrement, mais de déterminer en premier lieu ce qu’il a fait et pourquoi, à la lumière du contexte dans lequel lui même et ses collaborateurs ont dû agir, selon les idées, les attentes et les jugements qui les ont tour à tour orientés et motivés. En effet, c’est uniquement sur cette base que l’on pourra ensuite formuler un jugement historique, c’est à dire chercher à évaluer les conséquences des attitudes adoptées sur le cours des événements."

(Préface en français de l'ouvrage de G. Miccoli, à lire ici sur le site de l'Institut d'histoire du temps présent)


La lecture de l'ouvrage de G. Miccoli, est donc (faut-il le préciser? Moui, disons-le tout net) vivement recommandée.


Sur ce, je retourne hiberner, ah non, ce sont les cours à préparer, car la rentrée approche... Et puis quand j'aurai le temps, je penserai à ma thèse, n'est-ce pas.


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23/12/2009

Être organisée ou ne pas être...

Je ne suis pas souvent là en ce moment, n'est-ce pas ? Après avoir été à fond sur l'enseignement - enfin pendant la moitié de la semaine - pendant le premier semestre, je profite du répit des vacances de Noël et de janvier à venir, pour redoubler les efforts sur la thèse.

Faire du tri dans les dossiers.

"Ah, tiens, j'avais dépouillé ce document-là ? Nooooon ?! Ah si."

"Je suis sûre que j'ai lu cette archive, mais p*%!$?! où est fourrée la retranscription ???"

"Oh, misère ! J'ai oublié d'indiquer la référence de l'archive pour celui-là..." (imaginez quelques dizaines de minutes de recherches frénétiques dans tous les dossiers)

"Aaaaah, j'ai oublié de compléter ma base de données pour ces documents-ci... Aaaahhh!!!"


Et puis vient le moment où il faut préparer la liste des archives consultées et rejetées, les archives consultées et gardées, qu'il faudra mentionner dans la liste des sources... Vérifier que la liste des archives constituée en début de thèse concorde avec les deux listes. Amis du travail bénédictin, bonjour ! Enfin j'espère que les bénédictins étaient plus méticuleux que moi, et ce n'est pas bien difficile.

Ou encore on redécouvre des tas d'archives photographiées et qu'on-n'a-pas-encore-eu-le-temps-de-lire mais qu'il-faudrait bien lire quand même...

Alors on élage, on trie entre le très important et le pas absolument vital.


La thèse, ce n'est pas le parcours du combattant, mais pas loin.
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Le "référentiel bondissant", un mythe ?


Je remercie chaleureusement France Inter pour sa grève, parce du coup, je suis exilée sur France culture. J'y suis allée un peu la mort dans l'âme, parce que, si les émissions de France culture sont intéressantes, leur format, leur ton, me découragent, m'ennuient. Je suis une d'jeun's qui s'ignore, si, si. Dingue.

Mais là, je me suis énervée. Un journaliste du Monde (référence classe, is'nt it ?) Luc Cédelle, invité dans une émission sur les réformes de l'éducation nationale, en particulier sur celle du lycée, évoquait le "référentiel bondissant" en rappelant qu'il s'agissait d'un mythe, ce que son enquête (publiée sur internet) avait bien démontré... Ah ouais. Et bien, j'espère que ce cher Monsieur, révisera son enquête. Une copine de fac (elle était en sport) y a bien eu droit, au référenciel bondissant. Je peux lui indiquer l'académie et en me grattant la mémoire, même l'année. Et peut-être même lui refiler le numéro de téléphone de l'amie en question. Je ne donnerai pas l'académie ici, par discrétion, mais en privé, sans aucun problème.

Binaire, vous avez dit binaire ? J'aime (ironie) ceux pour lesquels le monde se divise en deux : les gentils et les méchants. Pour Luc Cédelle, à l'écouter, les opposants à l'IUFM tel qu'il a prospéré pendant des années, partagent tous le même avis. Consternant.

Le monsieur tient un blog, vous pouvez y aller faire les curieux. La catégorie "anti-pédago" est... intéressante.

Dans la même veine, se développe en ce moment le regret de la formation des IUFM. Le vieux truc habituel, parer de roses le passé, c'était quand même mieux avant, une (mauvaise) formation est préférable à pas de formation du tout... Une mauvaise formation est une mauvaise formation, assez du relativisme ! Non l'année de stage ne nous permettait pas de nous adapter en douceur. Ce n'est pas parce que cette formation a disparu qu'il faut la parer de charmes qu'elle n'avait pas. Et quand une formation est inutile, elle l'est un point c'est tout. En quoi ai-je été formée à gérer des violences dans un classe ? En rien. On nous a juste dit "vous savez qu'il y a des élèves qui, à 12 ans, n'ont jamais mangé de haricots verts?" La détresse des stagiaires ou néo-titulaires des années passées ou de maintenant est LA MÊME. Parce qu'on a rien fait contre ça.

Une amie a tenu les deux dernières années dans une collège ZEP ambition réussite et je ne sais plus quoi aux anti-dépresseurs. Elle avait eu un stage et "formation" d'un an, ça ne l'a PAS aidée. Et rien n'a changé depuis.


Le fort mécontentement suscité par la formation délivrée par les IUFM a été mal entendu, par une politique faite sans prendre en compte les suggestions des premiers intéressés. Soit dit en passant, les IUFM n'ont pas été supprimés jusqu'à preuve du contraire. Ils existent toujours, en les intégrant aux universités, d'un point de vue administratif notamment et ça ne me pose aucun problème (au contraire). J'admets tout à fait l'idée de recherche d'économie, si cela permet d'en faire, du moment que ça ne soit pas au détriment de la formation.

Les cours à l'IUFM que j'ai subis étaient une perte de temps. Mais en réduisant le volume horaire et en renforçant le contenu (moins dogmatique, moins de rapports à la mord-moi-l'noeud, avec plus d'interventions de jeunes enseignants pour que l'on profite de leur expérience, que l'on en fasse notre miel, des formations au repérage des problèmes scolaires, des discussions avec des orthophonistes et pédopsychiatres) on pouvait améliorer la formation, en donnant deux ou trois fois la même classe, dans un établissement "normal" et non violent, puis le même niveau l'année suivante dans un établissement plus difficile en étant toujours encadré par des pédopsy et des orthophonistes, des collègues engagés bénévolement dans la formation des jeunes collègues, sans qu'ils n'en tirent ni profit ni perte (sauf d'un peu de temps, si aider est une perte de temps).

[Je dis aide bénévole pour éviter la perversion du système que j'ai constaté : ceux qui s'engagent à l'IUFM disent le faire pour la pédogogie. Je crois surtout qu'après des années d'enseignement, l'IUFM leur offrait des évolutions de carrière qu'ils n'auraient pas sinon. Il se trouve que les collègues qui m'ont le plus aidé l'ont fait gratuitement]

Il faut qu'il y ait un système souple, à l'écoute des jeunes enseignants, et pas seulement sur une année. Et pas décrété par des enseignants de l'IUFM. Dans la mesure où la formation doit se décider dans le cadre des départements d'histoire, à l'université, j'ose espérer pouvoir contribuer à la formation des jeunes enseignants en leur offrant ce que je n'ai pas eu (et j'ai conscience de réagir là comme les enseignants d'IUFM que j'ai subi, mais avec une démarche légèrement différente).

Là encore, avec une logique binaire on ne peut rien comprendre à mon discours. Je ne cautionne pas l'absence de formation. Et c'est du j'menfoutisme révoltant de mettre un jeune enseignant en cours d'année dans un collège de zone violence.

Et pour finir, il est scandaleux que la réforme de la formation se fasse à l'improvisation, plus ou moins en cours d'année - supprimera de l'agrég ? Supprimera pas ? Quel programme ? CAPES et Agrég, même programme ou pas ? en consultant uniquement ponctuellement les responsables des formations représentants des enseignants de l'IUFM et des asso scientifiques, alors qu'ils devraient plancher en continu dessus, pour mettre au point en une fois un programme de réformes. Ça fait deux ans et plus que ça mijote au ministère et l'ensemble de la réforme n'est toujours pas fixé. C'est aberrant.

Et encore grâce à France Culture, j'ai découvert le blog de Natacha Polony, invitée elle aussi à l'émission, et dont les propos me semblaient beaucoup plus nuancés... Du coup, beaucoup plus intéressants... À lire, donc !
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10/12/2009

CR de la réunion entre les associations d'historiens et le ministère de l'enseignement supérieur

Dans un registre plus sérieux...

Compte rendu de la réunion au Ministère de l'enseignement supérieur du 4 décembre 2009.

Monsieur Thierry Coulon, directeur de cabinet adjoint de madame la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, a reçu madame Régine Le Jan et messieurs Bernard Legras, Nicolas Le Roux et Jean-Noël Luc, qui représentaient les quatre associations historiennes.

Etaient également présents monsieur Claude Boichot, inspecteur général très chevronné d’une discipline qui n’a pas été précisée, et madame Carole Moinard, conseillère pour les affaires sociales au cabinet.

La discussion avait pour objet la mise en œuvre de la mastérisation des concours.

M. Coulon a présenté le calendrier suivant (les deux premières phases devant s’achever d’ici fin décembre)?:

— première phase: discussion sur le contenu des concours
— deuxième phase: préparation de la circulaire relative au cadrage des Masters
— troisième phase: organisation des stages
— quatrième phase: dialogue avec les universités sur leurs projets, qui seront présentés au CNESER en juin 2010.

Il a été rappelé que:

— tous les Masters doivent pouvoir mener aux métiers de l’enseignement, et que c’est aux universités de mettre en place les formations permettant ce type d’orientation, par exemple sous la forme de «parcours» spécifiques.

— Masters et concours sont dissociés dans leur organisation comme dansleur fonctionnement (même si, c’est le paradoxe principal de la réforme, le contenu et le calendrier du Master sont entièrement déterminés par la nouvelle mouture des concours).

— les stages ne sont pas obligatoires, mais conseillés. Il s’agit destages d’observation et/ou de pratique accompagnée en M1, en petits groupes, pendant quelques jours, puis de stages en responsabilité en M2 de 108 h (soit 6 semaines à temps plein), rémunérés 3 000 euros. Ces stages seront coordonnés par les rectorats (sur le fonctionnement desquels le Ministère ne sait rien). Le déroulement des stages pourra être évoqué lors des oraux du Capes, mais on ne pourra sanctionner un candidat qui n’en aura pas fait. Mme Moinard pensait que les examinateurs avaient le CV?des candidats sous les yeux lors des oraux.
Nous l’avons détrompée. Nous avons rappelé que les membres des jurys des oraux n’ont ni le CV, ni les notes de l’admissibilité sous les yeux lors des épreuves d’admission. M. Boichot a refusé de nous croire sur ce dernier point.

—Les préparations simultanées du Capes et de l’Agrégation sont désormais incompatibles (nous avons visiblement appris à nos interlocuteurs que, jusqu’à présent, dans notre discipline, les deux choses étaient étroitement associées)

—Le contenu précis des Masters n’intéresse pas beaucoup le Ministère.
Nous avons appris à nos interlocuteurs comment fonctionnaient les Masters actuels, issus de l’ancienne maîtrise et de l’ancien DEA, avec, dans bon nombre de cas, la rédaction de deux mémoires (l’un en M1, l’autre en M2). Il nous a été dit que la réalisation de deux mémoires était parfaitement inutile. Un seul suffira, par exemple en M1, ou en M2, cela n’a pas d’importance. Les non admissibles au Capes (en M2) pourront faire un second mémoire pour occuper leur printemps et valider leur Master.

—La réforme entrant en vigueur dès la rentrée prochaine, l’écrit du Capes aura lieu fin novembre 2010. Le calendrier n’est pas négociable. Les étudiants auront trois mois «intenses». Ils prépareront également pendant l’été, bien que, comme nous l’avons signalé, bon nombre d’entre eux soient salariés pendant les grandes vacances. Nous avons donc constaté que c’est en M1 que s’effectuerait la préparation, et qu’il n’y aurait donc plus beaucoup de temps pour faire un véritable mémoire. On
nous a répondu que nous nous trompions.

—Une voie consacrée à la recherche devrait concerner une poignée d’agrégatifs. M. Coulon nous a demandé quelle était la proportion de doctorants susceptibles de faire carrière ans l’enseignement supérieur et la recherche. Nous lui avons appris qu’il y avait environ une trentaine ou une quarantaine de postes de maîtres de conférences d’histoire (toutes périodes confondues) mis au concours chaque année. Il n’est pas interdit de penser que, dans l’esprit du Ministère, tel devrait être — à peu près — le nombre des personnes susceptibles de passer l’Agrégation et de s’engager dans une thèse.

Par ailleurs, nos interlocuteurs ont refusé catégoriquement d’évoquer la réforme du lycée et de donner des indications, même très générales, sur le nombre de postes mis au concours.

M. Coulon nous invite à prendre contact de toute urgence avec monsieur l’inspecteur général Wirth pour les questions relatives aux programmes du concours, et avec monsieur Duwoge, secrétaire général des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, pour les détails de nos préoccupations.

L’impression générale n’est pas très encourageante.

Nicolas Le Roux
Secrétaire général de l’AHMUF
J'y reviendrai... Je cuve ma colère.
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Une compil' de toute beauté...

Je vous l'avais promis depuis longtemps, je ne l'avais pas fait, faute de temps, entre autres, mais la voici : une méchante, méchante liste de boulettes estudiantines. Ouais, je sais ce n'est pas bien. Et même c'est banal.

Sauf que copies obligent, je suis d'une humeur de dogue, et encore dogue affamé nourri à la salade verte et au yaourt depuis huit jours. En clair, j'ai encore du tonus, mais ne venez pas me gratouiller le menton, si vous tenez à vos mains (et au reste, aussi, je ne fais pas dans le détail).

D'abord, à cause des copies, je suis privée de recherche, et ça, c'est très mauvais, pour moi et pour mon entourage. Et je ne peux même pas tempêter en cours ou en TD. Leur demander si ça sert vraiment à quelque chose que Ducros se décarcasse à leur expliquer avec des mots simples ce qu'ils ressortent de façon alambiquée. Si ça sert vraiment à quelque chose que je me tue à leur dire d'être prudents, de bien définir les termes d'un sujet de dissertation, sinon, c'est hors sujet garanti. Si ça sert enfin à quelque chose que je leur dise de me demander dès qu'ils ne comprennent pas quelque chose, plutôt que d'essayer de me recracher un gloubi-boulga informe et nauséabond.

À force de corriger, je suis un entrainement intensif à l'humour pourri (je ne mets en rouge dans la marge des copies que le trop plein, autant dire qu'il faut vraiment que ça passe les bornes du raisonnable, de l'humainement supportable)...

Et si au lieu de tourner autour du pot, on y allait ? Alors, fermez la porte ( au cas où vous vous mettriez à rire comme une baleine seul face à votre écran, ça fait très bête) et asseyez-vous, pour éviter de choir encore plus bêtement... Mettez-vous du sparadrap autour de la machoire, ça, c'est pour éviter qu'elle ne tombe.

Je précise que l'orthographe et la grammaire d'origine ont été gardées, tant qu'à faire... En italique les perlouzes, en-dessous, ce que ça m'inspire (rien de fabuleux).


Alors alors :

1/ "La vie est fragile et dotée d'une grande mortalité infantile"
Respect.

2/ "Le roi pratique l'authargie"
Quézako ? P'têt bien la thaumaturgie...

3/ (attention, expirez et inspirez longuement) "Les autres religions chrétiennes occupent une place spirituelle venant du résultat de l'affrontement entre l'Église et l'État, car l'Église n'a pas pu continué à dominer tous les aspects de la vie des Français"
Faites simple qu'ils disaient

4/ "Le jansénisme n'est pas la seule des religions catholique nuisante"
Si vous le dites...

5/ "On peut donc s'interroger sur le poid qu'occupe l'Église ainsi que les religions en dérivant au sein des Français et de quelle manière les guident-elles"
Rien compris. Mais vraiment. Ça me bloque.

6/ "Les autres religions chrétiennes comme les jésuites ou les jansénistes viennent de plus en plus se proposer aux Français"
(reste plus qu'à les équiper de bas résilles et porte-jarretelles, hein, pour qu'ils se proposent de façon sexy, quoi...)

7/ "Les relations entre les deux camps permettent à l'Église de dominer le spirituel et le social chez les Français".
Et ça se domine bien, le spirituel ? Pas vraiment, n'est-ce pas ?


Dire que ça a un bac. (Oui, je sais, ce n'est pas gentil)

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