Blogger Template by Blogcrowds.

Une envie de livres ?

22/07/2010

L'été à la BnF


L'été à la BnF serait un moment presque miraculeux. La preuve en quelques mots:

- Les salles sont calmes, et comme dirait Pink Martini, un rayon de soleil passe son bras par les fenêtres. Un peu plus que son bras même, vu que l'architecte de la BnF n'a pas su prévoir ni calculer l'angle du soleil été comme hiver, malheur à ceux qui sont sur des places inondées de soleil. L'invention hautement technique et littéralement avant-gardiste des stores lui était sans doute inconnue. Impossible de changer de place, surtout si vous avez réservé des ouvrages (procédure pour laquelle vous êtes identifié selon votre numéro de place) et que la salle est bondée; je médite l'achat d'un parasol. Il sera au moins utilisé là à défaut de pouvoir l'installer sur une plage;

- On peut réserver une place au moins le samedi et le lundi le matin-même sans se prendre l'habituel message d'échec quand on n'a pas réservé depuis quinze jours:
"Actuellement, il ne reste plus de place réservable pour le jour que vous avez choisi. Cependant, chaque jour, une partie des places reste disponible pour l'entrée immédiate dès l'ouverture. De plus, des places se libèrent dans la journée. Vous pouvez également réserver pour un autre jour"
(dernière phrase qui me fait une belle jambe). Pour les mardis, mercredis, jeudis, vendredi, c'est toujours la même misère pour réserver. Reste l'astuce consistant, sur place, à commander un ouvrage - dont vous n'avez nul besoin - et à le faire mettre de côté pour le lendemain, par les magasiniers, dans le courant de la journée. En recommençant tous les jours la même manipulation, vous pourrez obtenir à coup sûr une place d'un jour sur l'autre;

- Si les mouettes vous manquent, au retour, faites un grand crochet par le jardin du Luxembourg. Je médite aussi la demande d'une volière à mouettes et goélands aux abords de la BnF; avec quelques amplis pour le son des vagues, cela fera des vacances à moindre frais, moins onéreuses en tout cas que Paris-Plage, sans perdre de temps sur le sable. Pour avoir vu dans une expo toutes les bêbêtes qui pullulent dans le sable, je vous assure, ça vous coupe l'envie de vous y étendre. Et puis le sable, ça colle, surtout avec du lait de bronzage; quant à la montagne et la campagne, les oiseaux gueulent et les fleurs puent, comme disait Jean Yann; non, rien à faire, la BnF l'été, c'est bien. J'ai même réussi à bronzer pendant mes aller-retour quotidiens, c'est vous dire;

- Une autre astuce consiste à lire en douce (juste un chapitre par jour) un bon petit roman d'été - pas Musso non plus, faudrait voir à ne pas exagérer non plus, j'ai dit "bon roman", hein -, tenez, l'ouvrage que vous mettrez de côté tous les jours... Comment joindre l'utile à l'agréable. Sortir le sac de plage pour en faire votre sacoche de travail, les tongues et le maillot de bain en guise de lingerie. Vous allez dire que je raconte n'apporte quoi. Même pas. Vu à la BnF cette semaine. Je ne dois pas être la seule à baver à la seule idée d'un été à buller...

- Pas besoin d'aller à la plage pour draguer: Michel Pastoureau expliquait en 1984 à propos des médiévistes que l'on n'allait déjà pas à la BnF seulement pour travailler, mais aussi pour être vu, pour rencontrer, pour "draguer". Si, si. Et notre historien d'expliquer les stratégies ad hoc:
"Derrière le long pupitre, en faisant semblant de consulter le dictionnaire de Du Cange, ou celui de Godefroy, on dispose d'un observatoire privilégié pour regarder, prendre son temps, choisir, se préparer. "
Si vous ne me croyez pas, c'est à lire ici, sur persee.fr, dans la Revue Médiévales, année 1984. La BnF a changé, pas sûr que les méthodes en aient fait autant, hahum...

Moralité: quel besoin d'aller passer l'été ailleurs?


Quoi, j'essaie de me remonter le moral comme je peux...



Rendez-vous sur Hellocoton !

20/07/2010

"La reine se meurt, la reine est morte"

Quand en 1683 Marie-Thérèse d'Autriche, discrète épouse de Louis XIV, décède, plusieurs médecins ou chirurgiens, à Paris ou à la cour, ont probablement poussé un soupir de découragement. S'ils avaient eu le droit, si on les avait écouté, la reine aurait survécu! Ce n'était qu'une infection bénigne. Un abcès sous l'aisselle, soigné à grand renfort de saignées et d'emplâtres humides, quand un coup de lancette aurait suffi.

Oui, mais les premiers médecins du roi avaient le dernier mot, leur rang leur donnait autorité. Que de meilleurs praticiens détiennent la vérité n'était pas admissible.

Ce genre d'histoire remplit les nombreux volumes des mémoires de cette langue de vipère qu'était le duc de Saint-Simon. Et cela nous fait rire, avant de conclure "Heureusement, nous avons bien changé, il n'y a plus ce fatras de privilèges et de pompeuses préséances autour du prince, la république, ya que ça de vrai". Pour la question des privilèges, voyez les cortèges de fonctionnarisés - y compris les enseignants - ou employés de grandes compagnies de service dit public qui descendent dans la rue dès qu'il est vaguement question de toucher, non à leurs privilèges, mais à leur statut spécifique, à leurs régimes spéciaux. Un certain nombre de ces régimes spéciaux remontent aux conditions de travail d'il y a cinquante ou cent ans. Mais il est pour ainsi dire impossible de revenir sur des acquits. Pendant ce temps, le métier de pompier n'est pas classé dans les métiers à risque. Cherchez l'erreur.

J'aime l'idée de démocratie, de république, et les symboles républicains. À condition que la république ne fasse pas pire que la monarchie, soit inscrire l'égalité à ses frontons et la bafouer aussi régulièrement que possible. Au moins, la monarchie ne masquait pas ses principes, les appliquait et admettait même des entorses quand ils étaient irréalistes ou irréalisables sans danger. Voyez les possibilités d'acension sociale, d'anoblissement tacite ou non, les mariages entre familles nobles et roturières, malgré la séparation juridico-culturelle et sociale entre les trois ordres.

La croyance selon laquelle être issu de tel ou tel corps rend digne des meilleures places, cela n'a pas non plus disparu, chassez le naturel, etc., etc. Il y a dans l'éducation nationale, une croyance selon laquelle être issu d'une grande école - comme l'ENS - constitue une garantie. Ce sera nécessairement un bon enseignant, un bon chercheur. Ou en tout cas, qu'il vaut mieux recruter un ancien élève d'une grande école, que l'on connaît pas, plutôt qu'un enseignant issu de l'université, que l'on connaît.
Mon propos n'est évidemment pas de remettre en cause les compétences des Normaliens, je suis assez mal placée pour cela, mais de manifester une certaine lassitude face à certains réflexes. On entretient des légendes que l'on sort systématiquement aux étudiants "Sans l'agrégation, ne pensez même pas obtenir un poste dans le supérieur". C'est faux, on le sait, mais cela permet de trier la masse, pour ne retenir que les obtinés, les plus courageux. Les exemples d'enseignants du supérieur non agrégés abondent malgré tout. Exemples qui contiennent de bons et de mauvais enseignants, comme on voit des Normaliens être de (très) bons enseignants comme on en voit de (très) mauvais.

Oui mais voilà. Comme au siècle de Louis XIV, il faut s'avouer que les compétences, vérifiées au fil du temps, valent plus que les valeurs ou des critères hérités d'une époque antérieure. Ce n'est pas la division de la société en trois états - clergé, noblesse, roturiers - qui a bloqué la société. C'est que le deuxième ordre est resté attaché à des interdits - comme celui de pratiquer le négoce, et par extension, de s'intéresser directement au développement de sa fortune, au moyen de l'innovation.

Pour en revenir au XXe siècle, il était logique quand l'École normale supérieure préparait les enseignants de lycée, quand l'agrégation était le seul concours de recrutement à ce niveau-là, d'attendre d'un candidat à un poste universitaire qu'il soit issu de l'ENS et qu'il soit agrégé. Aujourd'hui, être issu d'une grande école démontre des qualités intellectuelles et scolaires. Mais cela ne prouve pas tout. De nombreuses études sociologiques ronronnent les mêmes résultats, être normalien est aussi le fruit d'un cursus particulièrement suivi par des parents avisés, des enseignants attentifs à déceler les meilleurs élèves. Il y a cependant un progrès depuis l'Ancien Régime: tout le monde en droit peut entrer à l'ENS. On sait cependant que c'est un cursus que l'on prend plus facilement quand des parents sont eux-mêmes enseignants, conscients du caractère essentiel de la réussite scolaire, ou quand les enseignants de ces enfants sont attentifs à déceler un potentiel.
Mettez un enfant de la famille Le Quesnoy dans une famille lambda - Groseille si ça vous chante -, avec des enseignants bons mais qui n'ont pas ce grain de génie que j'ai trouvé à l'université auprès de plusieurs de mes enseignants (dont la majorité n'avait fait ni Ulm ni les Chartes), ses chances d'entrer dans une grande école sont extrêmement faibles. Mais que l'on arrête de culpabiliser pour autant les parents enseignants. Le seul souhait que l'on puisse faire est de donner davantage de chances à tous les enfants de mettre en valeur leur potentiel. Chacun a ses dons propres. C'est le rôle des adultes, parents et enseignants, de le découvrir et de le faire pousser. C'est là que les valeurs de la république vont s'épanouir.

Se borner à recruter d'anciens élèves de grandes écoles, c'est ignorer l'apparition depuis cinquante ans de nouveaux critères de sélection comme le CAPES, certes moins élitiste. Si avoir l'agrégation est un gage (relatif) de qualité, ne pas avoir l'agrégation n'est pas gage de médiocrité... Ne retenir que les enseignants qui n'ont jamais mis les pieds dans un collège ou un lycée, c'est ignorer de formidables enseignants qui aimeraient prendre un peu de hauteur, sortir des programmes du secondaire, s'adresser de temps en temps à un public qui a choisi d'être là, dans cette filière précise.

Par solidarité de corps ou conviction que l'élite est là et nulle par ailleurs, on laisse sur le bord de la route des enseignants fabuleux. Rassurez-vous, mes chevilles vont très bien, je ne parle pas de moi, ni pour moi. Je voulais rendre ici hommage à un de mes anciens enseignants de lycée, un des plus fabuleux professeurs que je n'ai jamais eu, dont les compétences ont été remises en cause récemment par des parents d'élèves. Et qui n'a jamais eu sa chance à l'université. J'ai découvert auprès de lui la même passion communicative pour sa discipline et la même rigueur intellectuelle qu'auprès de mes meilleurs enseignants à l'université. Au lycée où il moisirait, s'il n'était pas de l'étoffe de ceux qui résistent, une administration convoque et reconvoque à la moindre pécadille ses enseignants, dans un travail de sape morale dont le but est clairement de fermer des filières, pour faire des économies. Tandis que la vraie gabegie est de laisser se perdre des générations d'élèves en les encourageant à la contestation des qualités de leurs enseignants les plus chevronnés. En les habituant à la contestation stérile et revendicative, au nom de droits mal compris, en les incitant ainsi à ne pas soumettre leur esprit à la discipline de la réflexion. Pourtant, contribuable comme tant d'autres, je ne suis pas portée à l'augmentation des impôts, et encore moins s'il s'agit de ponctionner une fois de plus le privé pour financer le public.
Hélas, j'ai peur qu'à force d'avoir manifesté à la moindre réforme, le corps des enseignants ne se soit discrédité. À force de crier "Au loup! Au loup!" qui, en dehors des enseignants, peut croire encore la gravité des attaques actuelles envers l'agrégation d'histoire, le CAPES de lettres classiques? Elles sont graves, gravissimes mêmes, comme sont gravissimes et scandaleux ce harcèlement moral ou cet abandon qui caractérisent les directions de tant d'établissements du secondaire.

Une telle situation ne se trouve pas - encore - à l'université. Du moins, je ne l'ai pas rencontrée encore. Des bassesses, des mesquineries, oui, comme ailleurs. Mais un lynchage sournois des enseignants face aux étudiants, pas encore. Pour le recrutement des nouveaux Maîtres de conférence, il paraît que l'on se fie de moins en moins au CV et de plus en plus aux preuves données à l'usage par des enseignants contractuels, dans ce que l'on appelle "le recrutement local".
On prend en compte depuis quelques années - dans l'évaluation des cours, non dans le recrutement - l'avis des étudiants, qui préfèrent rarement les médiocres. Espérons que cela soit vrai.

La question saugrenue que je me pose est donc la suivante: que me suggérez-vous pour soudoyer mes étudiants? Histoire que j'atteigne la meilleure cote de popularité... à défaut de devenir titulaire. En attendant, l'Éducation nationale subit des coups fatals, mais jalouser les millions en jeu dans l'affaire Bettencourt semble plus intéressant.


P.S.: à propos de mes billets angoissés de juin, tout va bien pour moi, un poste m'attend à la rentrée...
Rendez-vous sur Hellocoton !

28/06/2010

Tramstoria


Un site découvert aujourd'hui, à partager, à utiliser. Encore peu fourni, mais prometteur, voici une brève présentation (empruntée sur leur page d'accueil):

Tramstoria, le tramway de l'histoire, est une association qui, comme son nom le laisse entendre, est dédiée à l'histoire.

Elle a été créée à Avignon à la fin de l'année 2008, par un groupe d'historiens et de passionnés d'histoire.

Son objectif est d’aller à la rencontre de la culture historique et patrimoniale, de la promouvoir et de la diffuser par le biais de la recherche scientifique, de la vulgarisation historique et de la quête des empreintes du passé dans les mémoires.

A cette fin, l'association a développé des activités destinées à un vaste panel de personnes, tant en termes d'âges que de niveaux de compétences, autour des axes suivants:
- organisation de manifestations visant la sensibilisation à la culture historique et patrimoniale;
- mise en oeuvre d'ateliers autour des matériaux de l'histoire;
- accompagnement personnalisé pour tout travail de recherche et de rédaction à caractère historique;
- diffusion de travaux de recherche et d'ouvrages historiques.
A terme, l'association ambitionne de devenir un centre de ressources pour les historiens et tous les amateurs d'histoire.


Site à retrouver ici : http://www.tramstoria.com/
Rendez-vous sur Hellocoton !

21/06/2010

Et un diaporama bibliographique !

Étant donné le succès du billet où j'avais présenté les parutions du mois, en avril 2009, une place plus importante aux livres s'imposait.

Alors des livres, mais lesquels ? Vous n'y trouverez pas de Gonzague Saint-Bris et autres Bayrou, pour cela, allez dans n'importe quelle librairie ou achetez au hasard dans les boutiques d'occasion... Les ouvrages choisis sont écrits par des chercheurs, il s'agit de classiques et/ou d'ouvrages récent, toujours de qualité.

Un diaporama de quelques ouvrages de qualité vous attend désormais tout en bas de la page.

Bonne lecture !
Rendez-vous sur Hellocoton !

19/06/2010

L'appel du 22 juin n'aura pas lieu


Enfin, celui du 18 n'a pas eu lieu. Pour le 22, je ne sais pas encore, mais c'est assez peu probable. Tout n'est pas perdu, "il faut savoir être patient" me répétait-on quand j'étais petite fille.

Résolution n°1: il faut que j'arrête l'humour pourri. Groumph.

Résolution n°2: j'arrête de lire Giraudoux. Oui mais non, ça, je ne peux pas. «Braves devant l'ennemi, lâches devant la guerre, c'est la devise des vrais généraux». Ou «La vie de deux époux qui s'aiment, c'est une perte de sang-froid perpétuel.» Comment voulez-vous vivre sans cela ?

Résolution n°3: Je ne parlerai pas de l'appel du 18 juin. Enfin juste un petit peu. Juste qu'en écoutant (le début de) la journée consacrée par France Inter à cet évènement, je me suis dit qu'il était décidément difficile de célébrer une date importante sans tomber dans la légende. Oublier que le gouvernement anglais mettait ses espoirs dans Mandel, et certainement pas dans De Gaulle. Sauf Churchill, seul contre tous. Enfin, pour faire moins tragique, seul contre son gouvernement. Le retournement de l'opinion française (très relatif retournement mais mais mais...) date d'août 1940, à la suite de la condamnation à mort par contumace dudit De Gaulle, par le gouvernement français d'alors. Envoyer quelqu'un au bûcher, même en effigie, rien de tel pour faire de ce quelqu'un un héros. Ce n'est pas pour des prunes que Machiaval a écrit son petit truc sur l'art de gouverner. Donc s'il avait fallu commémorer quelque chose, ce n'était pas nécessairement le 18 juin ni le 22. Sauf à vouloir lisser le cours de l'histoire, corriger les erreurs, en l'occurence les lenteurs de l'opinion.

Résolution n°4: J'arrête de me ronger les ongles. En fait je ne me ronge pas les ongles, mais ce n'est pas mieux. Parce que ça ne fera pas sonner le téléphone plus vite. Quid de la rentrée prochaine ? Zep ou pas Zep ? TZR or not TZR ? ATER ou pas ATER ? Bref, où vais-je poser mes valises ? Être turbo-prof ou ne pas être, telle est la question (j'avoue, j'avais envie de la faire depuis longtemps, celle-là). Tachycardie mon amie. Si j'osais, je dirais que l'avantage qu'il y a à travailler, rédiger, c'est que pendant ce temps, on ne pense pas. Hahum.
Je sais, je ne suis pas du tout premier choix. Juste du deuxième. Je ne dis pas ça pour me vanter (ça, c'est pour les mal intentionnés) mais c'est la conclusion qui s'impose après des années de candidatures, et de discussions (déprimées) avec des collègues (optimistes, eux). Et puis, franchement il n'y a pas de quoi se vanter. Attendre juillet. En principe, en juillet, je sais.

Attendre. tic tic tic... Je n'aime pas les horloges.





ZEP: zone d'éducation privilégiée. Étiquette caricaturale, parce que depuis trente ans, il y a des tas d'autres jolis noms sortis de cerveaux fonctionnarisés.
TZR: titulaire sur zone de remplacement. Prof dans un collège ou un lycée, ou plutôt bouche-trou de remplaçant dix jours là, un mois ailleurs.
ATER: voir les billets précédents. Non mais hé, je ne vais pas tout expliquer non plus, fallait suivre. D'abord.
Turbo-prof: se dit dans le langage universitaire des enseignants non-résidents (Bouhhh, pas bien!) et donc amenés sur leur lieu d'enseignement par TGV. Ou Corail.

Rendez-vous sur Hellocoton !

17/06/2010

À table ! Au Moyen-Âge...




Une idée de vacances intelligentes au château de Langeais, valable aussi avec des enfants (au pire vous empruntez vos neveux et nièces ou les mômes du voisin). Au menu, puisqu'il est question de gastronomie, une découverte de l'alimentation des derniers siècles du Moyen-Âge. Pas celle du Haut Moyen Âge (plus proche de la table romaine avec garum, sans beurre et peu de viande) mais celle qui s'épanouit à partir du XIIIe siècle. La gastronomie et les manières de table médiévales réservent bien des surprises !

Aventure garantie, car cette nouvelle façon de manger a été marquée durablement par les épices et les mets arabes, comme le fameux blanc-manger, préparation à base de blanc de volaille (produit extrêmement valorisé), d'amandes pillées, de mie de pain et d'épices.

On croit cette cuisine grasse, elle est en réalité soulignée de sauces aigres-douces légères... On pense les manières rudes et grossières, elles sont raffinées : on rince les doigts avant les repas dans des bassins au décor délicat. On pense que l'on s'empiffre à la table du seigneur, mais certains plats étaient présentés uniquement pour être admirés ! Non, on ne mangeait pas les faisans parés avec leurs plumes! Kkksss...

L'exposition « A table au Moyen Âge » permet de découvrir les aliments, les secrets de préparation, le déroulement des banquets à travers manuscrits, ustensiles, reconstitutions fidèles de plats et dévoile un art qui flattait autant les papilles que les yeux !

Dans le cadre de cette exposition est proposée une animation destinée aux familles : "Le banquet par Maître Cocquempot"

On s'active, on goûte, on prépare les plats, on dresse la tables, lorsque tout à coup surgit Maître Cocquenpot ! Il sort de cuisine pour vous faire découvrir le déroulement du repas, les aliments consommés et les usages lors d'un banquet. Vous connaîtrez toutes les manières de manger d'un grand seigneur désormais !

Et puisque vous êtes près des Jardins de Villandry, profitez-en pour découvrir cette re-constitution de jardins Renaissance, qui vallent réellement le détour.

"Situé à mi-chemin entre Tours et Azay-le-Rideau, le château de Villandry est surtout connu pour ses jardins Renaissance somptueux, restitués au début du XXe siècle par un passionné : le docteur Joachim Carvallo.

Le château de Villandry, achevé vers 1536, est le dernier des grands Châteaux de la Loire de l'époque de la Renaissance dans le Val de Loire. Il fut construit par le ministre des finances de François 1er, Jean le Breton. Ses propriétaires successifs l'ont largement remanié et les jardins à la française ont même été sacrifiés au XIXe siècle pour créer un parc à l’anglaise autour du château.

En 1906, le Docteur Joachim Carvallo eut un coup de coeur pour le site à l'abandon. En le rachetant il sauva le château qui était sur le point d'être démoli et créa des jardins exceptionnels dans le plus pur esprit de la Renaissance. Ce jardin à la française est composé en quatre parties distinctes.

La première est un jardin potager réalisé sur le modèle des jardins des monastères.

La seconde partie appelée le premier salon du jardin d'ornement mais aussi « les jardins d'amour » est située au dessus du potager. Il constitue la prolongation des salons du château et s'admire du belvédère. Il se divise en quatre carrés parfaits de broderies de buis. Le premier dénommé « l’Amour tendre » est symbolisé par des coeurs séparés par les flammes de l’amour dans les coins. Au centre des masques rappellent qu'ici les mots doux s'échangeaient à couvert. Le second carré est dédié à « l’Amour passionné ». On y retrouve des coeurs brisés par la passion. Les massifs de buis sont enchevêtrés et forment un labyrinthe. Le troisième carré symbolise « l’Amour volage ». Il s'orne de quatre éventails dans les angles au creux desquels s'établissent les cornes de l’amour trompé. Le centre est occupé par des lettres d’amour. Le quatrième et dernier carré symbolise « l’Amour tragique ». Les parterres prennent la forme de lames de poignards et de glaives.

La troisième partie du jardin appelé deuxième salon du jardin d'ornement se situe de l'autre coté du canal. Ce salon de buis taillé évoque la musique de façon stylisée.

La quatrième et dernière partie est composée d'un jardin d'eau. Elle s'articule autour d'une grande pièce d'eau en forme de miroir Louis XV entourée d’un cloître de verdure. La perspective qui habite ce jardin se poursuit dans les forêts alentours. Chaque saison, les fleurs du jardin attirent une foule nombreuse dans ses allées."


Pour bronzer, les jardins de Villandry sont très bien. En d'autres termes, évitez d'y aller par temps trop chaud sans chapeau, le soleil y est écrasant.


Programmation culturelle 2010 Exposition « A table au Moyen Âge » (15 avril-15 août) - Château de Langeais (comme la duchesse)
http://www.chateau-de-langeais.com/htmfr/actualite.php


Public familial.

Juin : dimanche, lundi, mardi.
Vacances d'été : tous les jours sauf le samedi.

Jardins de Villandry

http://testvillandry.ecritel.net/
du 28 mars au 30 juin 2010 : 9h00-19h00
du 1er juillet au 31 août 2010 : 9h00-19h30
du 1er au 30 septembre 2010 : 9h00-19h00
Pour Villandry, une visite virtuelle est disponible ici http://testvillandry.ecritel.net/visite-virtuelle/
Rendez-vous sur Hellocoton !

14/06/2010

Champagne !


Après quatre bonnes années de recherches assidues dans les fonds d'archives, j'ai trouvé le graal ! Faites sauter les bouchons !

Non, en vrai, des graals j'en ai trouvé pas loin d'une dizaine, sans compter tous les petits et gros corpus prodigieux. Oui-mais-là-ce-n'est-pas-pareil. Ce matin, j'ai eu entre les mains des textes que je croyais perdus à jamais.

Un érudit à la fin du XIXe siècle avait publié une série d'actes notariés concernant de grands noms du XVIIe siècle. Sans indiquer systématiquement le nom du notaire. Sinon, ce n'est pas drôle. Je savais donc qu'à la fin du XIXe siècle mon graal suprême existait. Vous me direz, "donc, s'il a franchi le XIXe siècle, c'est tout bon!". Erreur. Toutes sortes de choses peuvent arriver à des archives. Des incendies (on a ainsi perdu une grande partie de la législation française ancienne au XVIIIe siècle), des inondations, des rats et des vers (c'est charmant de retrouver la trace de ces petites bêtes dans l'épaisseur d'un volume), l'incurie des hommes... Heureusement, les notaires ont l'obligation désormais de verser leurs actes anciens aux archives nationales ou départementales. Même si ça, c'est le théorie. Il est arrivé il y a moins de vingt ans que des siècles d'archives notariales partent à la benne en papier à recycler (ne me cherchez plus, là, je viens de frôler la crise cardiaque à cette seule idée). Le pire, c'est que c'est vrai. Hahummm.

Bref. Tout cela, c'est sans compter avec les pilleurs d'archives. C'est un type de pillage un peu moins sexy que celui des tombes égyptiennes, mais pas moins redoutable (j'échange une momie qui sent mauvais contre les actes notariés de Louis XIV). On a retrouvé et on retrouve par conséquent sur le marché de petits dossiers, élégamment présentés, contenant des actes notariés divers. De jolies pièces pour amateurs de curiosités anciennes. Le dossier ici photographié renferme le testament d'un maître boulanger au temps d'Henri IV, avec le détail de ses pompes funèbres. Il a été prélevé dans les archives notariales uniquement pour assouvir le goût de certains pour l'exotisme d'une plongée dans le vieux Paris. Objectif extraordinairement utile, n'est-il pas?


Et comme les tombes égyptiennes, ce sont les études notariales où les souverains français ont fait enregistrer leurs actes qui ont été les plus visitées. Là où il faut un à deux cartons par an pour contenir les pièces d'un an d'activité, on se retrouve avec un pauvre carton pour six ou huit ans. La misère. La cerise on the cake, c'est quand des archives ont disparu à la suite d'une publication qui donnait les références des actes. Ce qui s'est produit dans les années 1920-30.

Pour en revenir à mes moutons, je pouvais craindre le pire. Et en fait, non. Mes hypothèses successives ont été plus ou moins bonnes. En gros, je me suis dit que si Me Machin a été le notaire de Mazarin, lequel ayant été très proche, mais alors très proche d'Anne d'Autriche, avec un peu de chance, dans la même étude que je trouverai les actes de ladite Anne. Je n'ai pas trouvé les actes de la reine mais de son rejeton. Si ça, c'est pas un graal, je rends mon crayon à papier ! J'avais renoncé ou presque à l'idée de retrouver le notaire de mon p'tit Loulou. C'était un tort (que l'on écrit avec un t car le tort tue, nom d'un chien!).

Alors ma mission est accomplie. J'attends les ordres du chef - le patron alias le grand manitou - mais je crois qu'il est content, mon colonel ! (Deezer n'a même pas en stock La Vie parisienne, pauvre Offenbach... mais heureusement j'ai trouvé mon bonheur en vidéo!)

Ah, j'oubliais. Si vous retrouvez dans votre grenier des documents de votre grand-maman racontant son quotidien ou autre chose utilisable peut-être par les historiens, par pitié, allez les proposer aux archives départementales du coin... Et ne bradez pas ça à des sinistres marchands !


Rendez-vous sur Hellocoton !

12/06/2010

Devenir canard


Ce matin-là, je n'en savais rien. J'étais encore pleine d'illusions, persuadée que faire de la recherche en histoire c'était un vrai bonheur, et le partager, ce bonheur, encore plus. Bon, d'accord, parfois on est un peu fatigué de ne pas avoir de poste fixe, de devoir tous les ans faire cinquante dossiers, et croiser les doigts pour que le téléphone sonne, qu'une université vous appelle. Il peut arriver d'être fatigué de passer un mois entier sur des calculs et de se rendre compte que l'on doit tout recommencer. Il y avait une erreur dans le registre. Fatigué d'une journée de travail, et pourtant aimer ce que l'on fait. Mais fatigué quand même.

On le dit. Visiblement trop.
C'est alors j'ai compris l'intérêt d'être canard. Vous me direz, quel est le lien entre les deux? Le lien, c'est "laisser couler" (sans réagir) comme la pluie coule sur les plumes du canard. Oui mais laisser couler quoi? Des phrases comme celles-ci:

"Alors, ta thèse, tu en es où? Difficile de s'y mettre, hein?"
Alors que l'on y bosse du matin au soir. Soupir.

Ou encore
"Quoi ? Tu n'as pas le temps d'adopter un clavecin ? Moi pendant ma licence, je m'occupais de mon bébé, je faisais partie d'un groupe de rock, ça m'a jamais empêché de vivre! Arrête de te chercher des excuses!"

Variante "Moi, mon frère il a fait sa thèse de physique en trois ans, et il avait même le temps de faire de la varappe".

Et enfin "Ma fille, elle a fait sa thèse en trois ans! Même que son directeur n'était pas d'accord, mais elle est courageuse, alors elle l'a terminé quand même en trois ans"
"Et ? Elle a été habilité***?"
(silence gêné) "Non. Mais c'est parce que son directeur était un imbécile".

Ben voyons.

Cela peut venir d'un père ou beau-père, d'une mère ou d'une belle mère, d'un frère, une soeur, un ami. Cela peut arriver dans tous les métiers. Je me demande si ce n'est pas plus perfide encore quand on fait de la recherche. Une cousine s'est bien vu déclarer par une employée d'une crèche: "Mais Madame, vous n'avez pas besoin d'une place en crèche, vous êtes chercheuse, et tout le monde sait bien que les chercheurs, ça ne fout rien!". Je vous laisse imaginer la tête de la cousine.

Toujours des gens bien intentionnés (n'est-ce pas), qui sont persuadés qu'au fond, si vous vouliez, vous l'auriez déjà terminée cette thèse. Si vous ne la terminez pas, ou si vous mettez un peu de temps, c'est que vous le voulez bien.

Ou encore si vous avouez, honte suprême, ne pas avoir beaucoup de temps libre, préparez votre métamorphose en canard. Foi de thésarde, c'est la seule solution pour ne pas se laisser abattre. Laissez glisser.

Et in petto, ajoutez si vous voulez, "Rigolera bien qui rigolera le dernier".

Inutile de leur expliquer à ces braves gens plein de bonnes intention que comparer des choux et des carottes, c'est con. En d'autres termes, comparer deux thèses dans deux domaines différents, quand on n'y connaît rien, c'est complètement crétin.

Que c'est tout aussi crétin de comparer un thésard qui à mi-temps enseigne et à mi-temps fait sa thèse (en cinq ou six ans) avec un thésard qui est à plein temps dans son labo.

Ce n'est pas qu'ils sont cons, ni crétins. Ils font comme tout le monde. Causer de ce qu'ils ne connaissent pas, pétris de bonnes intentions, sans envisager de pouvoir faire erreur.

Devenez canards, ou apprêtez-vous à le devenir, jeunes Padawans, assez inconscients pour vous jeter dans une thèse de Sciences humaines !

Mais je dis canard comme on pourrait dire stoïcien. En plus, ça fait chic, stoïcien, ça vous rapprochera de Louis XIV. Ni plus ni moins. Ce n'est pas moi, c'est Stanis Pérez qui l'a dit (là, on s'incline. J'adore ce type. Enfin ses articles).
Qu'est-ce que le stoïcisme? Voici la définition donnée par Guy Thuillier (encore un historien):

C'est une sorte de vision que l'on possède à un certain âge, qui est liée à une certaine expérience de la vie, à une certaine usure parfois: elle donne une certaine maîtrise de soi, elle permet de faire face à la souffrance, à l'échec, aux épreuves, à la peur, d'éviter la tyrannie de l'action, de prendre ses distances, elle donne des règles de vie pour le quotidien - ce qui n'est pas négligeable: l'habileté à prendre ses distances, à être indifférent, à résister à un malheur peut être d'un grand secours, le stoïcisme coutumier fournit une armature morale, et dans un métier éprouvant, ingrat, exigeant, il apporte des fondements solides à la vie intérieure en fixant les règles du jeux, en montrant les objectifs possibles - être libre, indifférent (aux passions), indépendant - qui permettent de trouver son chemin et donnent une certaine assurance.

C'est sans doute là l'effet pervers de la réforme des thèses. Trois ans, oui, durée "normale". Mais durée qui n'a de sens que si l'on fait à plein temps sa thèse. Personne n'a envie de se lancer dans une thèse - après s'être assuré un emploi pour manger, soit vers 26 ou 30 ans - et à cet âge, de vivre avec moins que le SMIC, quand on a déjà et enfin commencé à gagner sa vie. Il faut accepter de retourner vivre chez Papa-Maman, parce que l'allocation de recherche ne permet pas de vivre autrement. Mes parents étant loin de Paris, contrairement à mes archives, ça me faisait une belle jambe, de retourner vivre chez eux. À moins de travailler, en acceptant une charge d'enseignement. Donc de faire une thèse à mi-temps, en... six ans donc. Et de s'entendre dire "Mais depuis que je te connais, tu fais cette thèse, et si tu te dépêchais de la terminer?!".

Voilà, c'est dit. Toutes mes plumes de canard n'ont pas poussé, la bêtise humaine s'accroche encore à moi, mais la métamorphose est en cours.


*** entendez par là, habilitée à se présenter à un concours pour devenir enseignant dans le supérieur ou plus précisément maître de conférence.
Rendez-vous sur Hellocoton !

10/06/2010

Quelque chose de kafkaïen...

Quand Artémise vous explique que la BnF Richelieu, c'est le parcours du combattant, ce n'est rien qu'une mauvaise langue. D'abord, parce que ce qu'elle décrit, c'était avant, et dans notre société du XXIe siècle, on sait bien que ce qui était avant, c'est tout pourri (ah non? Mais si, ce qui est nouveau est beau, c'est ce que nous clament toutes les publicités de la terre.) D'accord, ce qu'elle dit sur la délivrance des cartes de lecteur, c'est vrai. S'y rajoute le magasinier-surveillant de salle, qui à ses heures perdues, scrute dès votre arrivée, la date d'expiration de votre carte (ou son aspect) et vous renvoie à l'administration parce que votre carte est de l'ancien format et pas du nouveau-qui-vient-de-sortir (tout rouge à l'époque). Et par conséquent Vous-comprenez-Madame (enfin, non, ça elle ne me l'avait pas demandé, cette charmante femme, je crois qu'elle s'en tamponnait le coquillard, que je la comprenne) "il faut une nouvelle carte". Ce qui m'a valu de perdre une heure de travail pour aller chercher à l'administration le nouveau sésame. Et j'ai appris les jours suivants, que le changement n'était pas exigé là, tout de suite, maintenant. Que l'on avait bien quelques semaines pour changer nos petits bidules de plastique. Ce qui fait qu'un mois avant la date de renouvellement annuelle de ma carte, j'ai refait faire une carte, pour satisfaire une magasinière à tendance psycho-rigide (que moi, à côté, je suis coulante comme un vieux camembert).

Mais maintenant, il n'y a plus qu'une seule plaque. Et à part ça, les magasiniers sont très sympathiques. Bon sauf celle-là, celle à la carte rouge, qui ne sait pas seulement répondre quand on lui dit bonjour. Elle ne doit pas savoir que le mot existe. C'est la même qui fait tourner chèvre de nombreux lecteurs, en rendant les fiches auxquelles il manque une date (jamais de la vie, elle ne l'ajoutera, non mais! Elle n'est pas payée pour ça, non plus!), ou quand l'heure de fin de commande est dépassée d'une demie-seconde.

Les présidents de salle sont plus compliqués à amadouer. Il faut montrer que l'on a un sujet fascinant, enfin, qui les intéresse personnellement. En mettant du temps, en campant sur place (ou juste devant la porte des manuscrits), à force de persévérance, on finit par y arriver. Si, si.

Et je vous passe ceux qui ignorent superbement quelle est la profession des lecteurs. "Quoi, MCF, c'est quoi MCF ? Ce n'est pas un métier, ça!" Là, généralement, un collègue du président de salle intervient pour expliquer que "MCF" veut dire "Maître de conférence" soit une des trois ou quatre professions les plus fréquentes chez les lecteurs de Richelieu. No comment.

En vrai, Artémise a raison dans les grandes lignes. Mais il y a pire (il y a toujours pire). Par exemple à la grande BnF (celle de Tolbiac), il y a des ouvrages "en mauvais état" (ah ce qualificatif...) qui ne sont communiqués que sur autorisation spéciale, et tenez-vous bien, pour une seule journée. Même s'il fait plusieurs tomes, votre vieux machin précieux. Et si jamais vous avez l'outre-cuidance de vouloir le consulter le lendemain... "Ah mais ce n'est pas possible, Madame! Il faut redemander une autorisation!" Là, on reste souvent abasourdi. L'autorisation que l'on a mis des jours à obtenir n'est plus valable. Il faut relancer la machine pour juste une seconde journée de consultation. Prolonger la consultation, mettre ce précieux document dans un coffre-fort en attendant le lendemain, non, non et non, pas possible.

Et là, en toute logique, vous bénissez deux choses:
- l'inventeur de l'appareil photo numérique
- celui ou celle qui vous prête, confie le sien. Ou vous-même, si vous vous en êtes offert un, dans cette éventualité précisément.

Cependant, vous pouvez vous heurter au président de salle, qui pousse de longs soupirs avant de vous laisser prendre ce cher ouvrage en photographie. Et si ça l'abîmait, hein ?
Comment, techniquement, vous ne voyez pas comment la chose est possible ? Ah mais peut-être que, si, enfin éventuellement...

Réfrenez l'envie violente que vous avez alors de 1/ lever les yeux au ciel 2/ soupirer de désespoir 3/ éructer de rage 4/ Expliquer que prendre en photo l'ouvrage évitera de nombreuses manipulations.

Restons calme. Ne nous fâchons pas. Pensez aux présidents de salle qui comprennent les avantages de la photographie. Il y en a, heureusement.
Rendez-vous sur Hellocoton !

14/05/2010

Le 14 mai 1610, rue de la Ferronnerie, il y a quatre cents ans


Si vous voyez quelqu'une dans la rue avec un crêpe noir, cela pourrait être moi. Il y a quatre cents ans mourrait Henri IV (alias Riton IV) et j'en suis encore toute chagrine. Goujat avec son épouse (et ses maîtresses aussi), mais roi d'exception, dont la légende a surtout été forgée depuis le XVIIIe siècle. Daniele Thomas, a soutenu en 1994, une thèse (L'iconographie d'Henri IV dans les ouvrages imprimés de 1589 à 1914 : évolution de l'image du premier Bourbon, roi de France et de Navarre", Université de Pau) qui met en lumière de façon très claire les évolutions de la légende du bon roi Henri. On peut aussi se reporter à la biographie de henri IV par Jean-Pierre Babelon (un peu ancienne à présent, 1982, hum, pas ébouriffante non plus, mais c'est la seule valable) et la biographie de Marie de Médicis, par Jean-François Dubost (pour le coup, l'oeuvre de Babelon prend un sacré coup de vieux et souffre de la comparaison), de 2009.

À sa mort, Henri IV n'est guère regretté par le peuple (ingrat!); il laisse un trésor à la Bastille, prouesse après la ruine de la France pendant les Guerres de religion, un pouvoir royal renforcé même si le pouvoir transmis à la reine en 1610 demeure fragile. L'histoire de la poule au pot provient d'après J. Cornette d'une visite du duc de Savoie dans les années 1590. Le duc, apprenant que les gardes du roi n'étaient payés que quatre écus par mois, proposa au roi, de leur offrir à chacun un mois de paye; ce à quoi le roi, humilié, répondit qu'il pendrait tous ceux qui accepteraient, et évoqua alors son souhait de prospérité pour les Français, symbolisé par la poule au pot.

Les faiblesses du pouvoir royal expliquent que, pour la première fois, le nouveau roi (Louis XIII encore mineur) se montre alors que le corps de son père est toujours exposé entre mai et juin 1610. Rassurez-vous, le corps a été embaumé, et l'on ne montre qu'un manequin d'osier au visage et aux mains de cires, revêtu des vêtements royaux. On lui présente néanmoins les repas... Jusqu'ici le nouveau roi ne se montrait pas avant les funérailles du précédent. Même s'il était pleinement roi, dès la seconde à laquelle le précédent souverain avait rendu son dernier souffle. 1610 est donc une date fondatementale dans l'histoire de France. D'ici à ce que tous les étudiants d'histoire de France et de Navarre (sic) la connaissent, ya encore du boulot, vu qu'un étudiant a trouvé le moyen en plein examen, après avoir étudié l'Europe de l'ouest au XVIe siècle de chercher laborieusement et vainement la date de 1515. J'ai failli faire le sketch de Robert Lamoureux, mais hum... je me suis retenue quand même.

Alors je soigne ma tristesse par une présentation des commémorations en l'honneur de mon Riton. La nouvelle revue électronique Europa Moderna, revue d'histoire moderne et d'iconologie prépare son prochain numéro avec un appel à contributions consacré aux années 1610-1615 et à l'après-assassinat de Henri IV. Vous trouverez ici un récapitulatif des évènements en France et dans le monde, avec de la musique, des expositions, une bibliographie. Je soupire de pouvoir acquérir deux ou trois CD (mon cri en ce moment "Du Caurroy ou je meurs") et faire un pélerinage rue de La Ferronnerie et passer des vacances à Pau... notamment pour aller voir l'exposition dont parle La République des Pyrénées.

J'oubliais le numéro que la revue L'histoire a consacré à mon Riton en février 2010, numéro 351.


Voilà! C'est tout pour aujourd'hui... Bon week-end !
Rendez-vous sur Hellocoton !